Sommaire
IUn espace contraignant et peu peupléAUn espace contraignantBUn espace peu peuplé traversé par des fluxIIUn espace morcelé et riche en ressourcesAUn espace morcelé en plusieurs ÉtatsBDe nombreuses ressourcesCL'exploitation des ressources naturellesIIIUne zone de tensionsLe Sahara est un espace contraignant qui se caractérise par un climat chaud et aride. Cet espace est peu peuplé et la répartition de la population est inégale. Cette zone connaît actuellement une importante croissance démographique et un phénomène d'urbanisation. De nombreux flux traversent cet espace.
Le Sahara, qui s'étend sur dix États, est aussi une zone riche en ressources naturelles telles que les hydrocarbures et les minerais. L'exploitation de ces richesses génère des flux qui intègrent le Sahara dans la mondialisation. Mais les bénéfices de cette exploitation ne profitent pas aux populations locales qui comptent parmi les moins développées au monde.
Enfin, de nombreux facteurs de tensions contribuent à faire de cette zone une zone de conflits.
Un espace contraignant et peu peuplé
Un espace contraignant
Le Sahara occupe 8,5 millions de km2, c'est-à-dire environ 30% du continent africain.
Le climat du Sahara est très contraignant :
- Il se caractérise par une forte aridité avec une moyenne annuelle de précipitation inférieure à 100 mm. Dans certaines zones, il ne pleut pas pendant plusieurs années. Les pluies prennent généralement la forme d'averses violentes.
- Au nord de la limite du Sahara, on retrouve un climat méditerranéen avec des pluies l'hiver. Au sud de la limite du Sahara s'étend la zone du Sahel avec des précipitations très irrégulières.
- Le Nil est le seul grand fleuve qui traverse le Sahara mais il existe des cours d'eau temporaires qui apparaissent pendant les épisodes pluvieux, les oueds.
- Le climat du Sahara est aussi caractérisé par des fortes chaleurs qui peuvent dépasser les 50°C (sous abri) et une forte amplitude thermique car il peut faire très froid la nuit.
Les paysages du Sahara sont marqués par l'aridité et la chaleur. À 80%, le Sahara est composé de zones rocheuses (les regs) et de zones de dunes de sable (les ergs).
Les dunes de sable représentent 20% de l'espace du Sahara.
Wonker via Wikimedia Commons
Un espace peu peuplé traversé par des flux
Le Sahara compte 8 millions d'habitants. La population est majoritairement urbaine. On compte plus de 20 villes de plus de 100 000 habitants.
Cette zone est caractérisée par une forte croissance démographique et par une forte urbanisation :
- La fécondité est très élevée.
- Les migrations vers les villes sont importantes.
La population est inégalement répartie. Elle est présente dans certains types d'espaces :
- Les zones littorales
- Les oasis
- Les villes près des gisements de matières premières
Il existe plusieurs ethnies dans le Sahara : les Maures, les Toubous, les Zaghawa, les Touaregs, etc. Ces derniers font partie du groupe des berbères et comptent 1,5 million d'habitants. Leur mode de vie nomade est quasiment éteint, seuls subsistent des communautés pastorales.
Nouakchott comptait 8000 habitants en 1960 et 800 000 en 2014
William Darcy Hall via Wikimedia Commons
Un espace morcelé et riche en ressources
Un espace morcelé en plusieurs États
Dix États se partagent le Sahara. Les pays majoritairement arabes : Maroc, l'Algérie, la Tunisie, la Libye et l'Égypte et les pays saharo-sahéliens : Mauritanie, Mali, Niger, Tchad et Soudan.
Les pays du premier groupe sont partagés par une zone peuplée et méditerranéenne au Nord et le Sahara au Sud, alors que les pays du deuxième groupe sont partagés entre une zone saharienne au nord et une zone sahélienne au sud.
Les recherches récentes (celles de C. Lefebvre, notamment) ont montré que les frontières dans le Sahara préexistaient avant la colonisation des Européens bien que ces derniers aient tout de même contribué à les modifier.
La maîtrise du territoire du Sahara par les États est variable :
- Elle est plus poussée pour les pays du nord de la zone qui ont des économies plus développées et des États plus forts (à l'exception de la Libye depuis la chute de Kadhafi) que pour les États du sud.
- Les États cherchent en effet à contrôler et intégrer les zones sahariennes pour des motifs stratégiques (contrôle de l'ensemble du territoire, lutte contre le terrorisme), économiques (valorisation des ressources) ou démographiques (équilibrage du peuplement).
- Les États construisent des routes, des voies ferrées, des aéroports et entreprennent des grands travaux (grande rivière artificielle en Libye, projet d'irrigation en Égypte, etc.).
Le Sahara morcelé en plusieurs États
De nombreuses ressources
Le Sahara dispose de nombreuses ressources :
- Des hydrocarbures (gaz et pétrole) en Libye, en Algérie et en Égypte.
- Des minerais, de l'uranium au Niger, du fer en Mauritanie, du phosphate en Tunisie et au Maroc.
- Des réserves d'eau avec de nombreuses nappes aquifères utilisées pour l'irrigation et pour l'approvisionnement des villes. Ces nappes sont toutefois menacées par la surexploitation.
L'instabilité de la région compromet l'exploitation d'autres ressources économiques comme le développement de l'énergie éolienne et solaire, le tourisme d'aventure (randonnées dans le désert) ou culturel.
Le Sahara a longtemps connu des flux commerciaux importants avec les routes transsahariennes (sel, or, esclaves, etc.). Aujourd'hui, les flux du Sahara sont moins importants et composés de flux illégaux (armes, drogue, clandestins) et de flux de matières premières (hydrocarbures, minerais).
D'importantes ressources en hydrocarbures dans le Nord du Sahara
historicair via Wikimedia Commons
L'exploitation des ressources naturelles
Grâce à l'exploitation de ses ressources, le Sahara est intégré dans la mondialisation. En effet, on observe de nombreux flux de matières premières à destination du monde entier. Les hydrocarbures sont transportés par des gazoducs et des oléoducs jusqu'aux ports d'où ils sont exportés.
Cependant, l'exploitation de ces ressources ne profite pas aux populations locales. L'exploitation est dominée par des FTN occidentales, des entreprises nationales et de plus en plus d'entreprises des pays émergents. Les revenus ne sont pas investis pour développer l'activité économique et construire des infrastructures utiles à la population (hôpitaux, écoles, etc.). Le niveau de développement de la zone est le plus bas au monde. Le Niger est le pays le moins développé au monde (dernière place en 2012) et le Tchad occupe la 184e place sur 187 pays classés.
De plus, les revenus issus de l'exploitation des ressources pétrolières provoquent une dépendance aux prix fixés par le marché mondial et sont donc irréguliers.
Site d'exploitation du gaz à In Amenas en Algérie par la multinationale British Petroleum
EPA
Une zone de tensions
De nombreux facteurs de tensions déstabilisent la région et dégénèrent parfois en conflit. La présence de ressources naturelles considérables amplifie les tensions. Les Occidentaux ont mené des interventions armées dans certains de ces conflits. La chute du régime de Kadhafi a profondément déstabilisé la région.
Le principal facteur de tensions actuel est la présence dans l'ensemble du Sahara d'Aqmi, Al-Qaïda au Maghreb Islamique et des différents groupes salafistes. Ces groupes, sous couvert de revendications religieuses, pratiquent des enlèvements, des attentats, du racket et des trafics illégaux (armes, drogues, clandestins, etc.).
À ce principal facteur, s'ajoutent des revendications territoriales :
- Au Sud du Maroc, les Sahraouis réclament l'indépendance de cette zone dominée par le Maroc.
- Les Touaregs souhaitent aussi la mise en place d'un État au Nord du Mali. Ils se sont associés en 2012 avec Aqmi pour obtenir un État au nord du Mali. L'intervention de l'armée française dans la zone les a fait reculer.
Le "printemps arabe", dans les pays au nord du Sahara, a aussi déstabilisé la région :
- Ce mouvement réclamant plus de justice sociale et plus de démocratie a débuté en Tunisie. Le pays est aujourd'hui une démocratie mais le maintien des inégalités sociales et les attentats de 2015 ont montré qu'il lui reste de nombreux défis à affronter pour accéder à la stabilité.
- Le "printemps arabe" a dégénéré en guerre civile en Libye. Les Français et les Anglais sont intervenus et ont permis la chute du régime de Kadhafi. Le pays est cependant encore très instable aujourd'hui et l'État ne contrôle que certaines parties du territoire, alors que d'autres sont aux mains de groupes armés, dont les salafistes.
- L'Égypte a connu aussi la chute de la dictature suite à un soulèvement populaire. Après une brève expérience démocratique qui a porté au pouvoir les islamistes, l'armée a repris le pouvoir et rétabli un régime autoritaire.
Il existe aussi des conflits ethniques, notamment dans les États au sud du Sahara dans lesquels se déroulent des conflits entre les populations arabes et musulmanes au nord et les populations noires et chrétiennes ou animistes au sud. Suite à ces conflits, le Soudan est désormais séparé en deux.