Sommaire
IDes espaces au cœur de la mondialisationADes espaces riches en ressources1Les ressources halieutiques2Les ressources énergétiques et minéralesBDes espaces essentiels aux échanges mondiauxIIDes espaces fragiles et exposés aux tensionsADes espaces confrontés aux risques naturels et aux pollutions1Les risques naturels2La pollution des mers et des océansBDes espaces au cœur des rivalités entre ÉtatsLes espaces maritimes contiennent des ressources halieutiques (pêche, aquaculture, algues), énergétiques (pétrole et gaz offshore) et minérales. Plus de 85 % du commerce mondial de marchandises s'effectue par voie maritime. Les espaces maritimes sont ainsi des espaces stratégiques de la mondialisation. Ils sont devenus un enjeu important des relations internationales, les grandes puissances cherchant notamment à contrôler les routes maritimes et à exploiter les ressources, ce qui provoque des tensions entre les États. Leur exploitation pose aussi de plus en plus fortement la question de leur fragilité et de leur protection face aux risques naturels et aux multiples pollutions.
Quelle est l'importance des mers et des océans dans la mondialisation ?
Des espaces au cœur de la mondialisation
Les ressources fournies par les espaces maritimes sont nombreuses et variées. Les espaces maritimes sont aujourd'hui essentiels aux échanges mondiaux, ils sont au cœur de la mondialisation.
Des espaces riches en ressources
On trouve des ressources halieutiques, des ressources énergétiques et des ressources minérales dans les espaces maritimes.
Les ressources halieutiques
Les ressources halieutiques concernent les ressources aquatiques prélevées par la pêche ou produites par l'aquaculture. L'activité de pêche est présente dans toutes les mers du globe, mais certains espaces maritimes, en particulier l'océan Pacifique, ont des stocks plus importants. Le sous-sol marin contient également de très importantes réserves énergétiques et minérales.
L'activité de la pêche est pratiquée dans toutes les mers du globe : c'est l'aquaculture.
Aquaculture
L'aquaculture est la culture de plantes aquatiques et l'élevage d'animaux aquatiques.
Certains espaces maritimes ont des stocks plus importants. La production halieutique n'est pas la même dans tous les espaces maritimes.
Production halieutique
La production halieutique est l'exploitation des ressources vivantes aquatiques. Elle inclut la pêche et l'aquaculture.
La pêche est une activité exercée dans toutes les mers et océans du globe, mais la zone où elle se pratique le plus est l'océan Pacifique. Les territoires de l'hémisphère Nord bénéficient d'un climat tempéré qui est plus favorable au développement de la flore et de la faune aquatiques.
L'océan Pacifique concentre près des \frac{2}{3} des stocks de poissons pêchés dans le monde.
Certains pays se sont spécialisés dans l'aquaculture. Le premier producteur mondial est la Chine, elle est à l'origine de plus de 30 % de la production mondiale. Certains pays du continent américain sont également de grands producteurs (les États-Unis, le Pérou, le Chili).
Les stocks de poisson sont plus importants dans les zones proches des littoraux. Les espaces maritimes les plus riches se situent le long des littoraux de la Chine, du Japon, de la Russie, du Pérou ou du Chili.
Environ 90 % de la production halieutique provient des zones littorales. L'essentiel des captures a lieu à moins de 500 mètres de profondeur.
Les ressources énergétiques et minérales
Le sous-sol marin contient de très importantes réserves énergétiques (pétrole et gaz). Ces ressources sont encore peu exploitées mais représentent un véritable potentiel pour le commerce international.
La production offshore de gaz et de pétrole correspond à 30 % de la production mondiale de pétrole et 27 % de la production de gaz, avec une tendance à l'augmentation.
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Les principales régions du monde où se situent les plateformes pétrolières offshore sont la mer du Nord, le Golfe du Mexique, le Golfe Persique, l'Extrême-Orient et l'Asie du Sud-Est.
L'épuisement des réserves d'hydrocarbures et la volonté d'en réduire la consommation ont entraîné la recherche de sources d'énergies renouvelables. Les espaces maritimes présentent ainsi un potentiel important pour le développement de l'énergie éolienne.
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En 2018, les cinq premiers pays du monde pour la production d'électricité par des éoliennes offshore étaient : la Chine, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la Belgique et le Danemark.
Des espaces essentiels aux échanges mondiaux
Les échanges maritimes sont croissants et permettent de réaliser 80 % du commerce mondial. Les navires de marchandises traversent et relient les océans par des points de passage stratégiques : les détroits et les canaux. L'intensification des échanges maritimes a contribué à la hiérarchisation des ports de commerce, avec une domination de plus en plus forte des ports de trois grandes façades maritimes.
Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, le trafic maritime mondial a connu une forte croissance. La croissance des flux est permise par la construction de navires de plus en plus volumineux.
En 2019, le MSC Gülsün construit en Corée du Sud était le plus grand porte-conteneurs au monde. Il mesure 400 mètres de long pour 60 mètres de large. Il assure des liaisons entre l'Europe et l'Asie.
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L'intensification des échanges maritimes a contribué à la hiérarchisation des ports de commerce, avec une domination de plus en plus forte des ports d'Asie et de trois grandes façades maritimes, celle d'Amérique du Nord, la Northern Range en Europe et la façade Asie-Pacifique.
Façade maritime
Une façade maritime est une zone de contact et d'échange entre l'ensemble du monde et un territoire. Les interfaces maritimes sont composées de zones industrialo-portuaires.
La Northern Range rassemble des ports de la mer du Nord, dominés par celui de Rotterdam. La façade orientale de l'Amérique du Nord rassemble les ports de New York, de Baltimore, de Philadelphie et de Hampton Roads. La façade d'Asie de l'Est va de Tokyo à Hong Kong et englobe l'un des plus grands ports du monde, Shanghai.
Northern Range
La Northern Range est la deuxième façade maritime du monde. Elle désigne un ensemble de plusieurs ports, principalement des zones industrialo-portuaires mais aussi des ports de pêche et de plaisance, qui s'étend sur environ 1 000 kilomètres du Havre à Hambourg.
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Les ports disposent de nombreuses infrastructures modernes leur permettant d'importer, d'exporter et de stocker les marchandises : quais équipés de grues, espaces de stockage des conteneurs, citernes de stockage du pétrole, etc.
Les 25 premiers ports du monde se situent pour l'essentiel sur les principales façades maritimes. Ils polarisent plus de la moitié des flux mondiaux de marchandises.
Les routes maritimes les plus fréquentées relient les trois principaux pôles de commerce : l'Amérique du Nord, l'Europe et l'Asie orientale. Certains territoires tels que l'Afrique sont pour l'essentiel à l'écart de ce commerce maritime.
Les principales routes commerciales maritimes passent par des lieux stratégiques que sont les détroits et les canaux.
Canal
Un canal est un passage construit artificiellement pour relier deux océans.
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Le canal de Suez est le plus long canal artificiel sans écluse du monde (environ 190 kilomètres). C'est un point de passage pour les routes qui relient l'Europe et l'Asie, emprunté par des porte-conteneurs, des pétroliers et des méthaniers.
Détroit
Un détroit est un bras de mer entre deux terres rapprochées et qui relie deux mers.
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Le détroit d'Ormuz, long de 63 kilomètres et large de 43 kilomètres, est le lieu de passage de 40 % des flux maritimes de pétrole (en majorité à destination de l'Asie) et de \dfrac{1}{3} des flux mondiaux de gaz naturel.
Des espaces fragiles et exposés aux tensions
Les mers et les océans sont des espaces qu'il faut protéger des risques naturels et de la pollution générée par l'exploitation des ressources et le trafic sur les voies maritimes. Les espaces maritimes sont aussi devenus un enjeu important des relations internationales, car les grandes puissances cherchent à contrôler les routes maritimes et à exploiter les ressources.
Des espaces confrontés aux risques naturels et aux pollutions
Dans les mers et les océans, il existe des risques naturels majeurs que les États concernés cherchent à réduire pour amoindrir la vulnérabilité de leurs habitants. Les mers et les océans sont aussi très pollués par les activités humaines.
Les risques naturels
Les principaux risques naturels sont les cyclones et les tsunamis, face auxquels la vulnérabilité des populations est inégale. Les populations le long du littoral sont particulièrement vulnérables. Les pays développés sont beaucoup moins touchés.
Les cyclones se caractérisent par des vents violents supérieurs à 117 km/h, avec des rafales qui peuvent dépasser 300 km/h et qui s'accompagnent de fortes précipitations, pouvant provoquer des inondations et des vagues de plusieurs mètres de hauteur.
Le risque de tsunami est lié à un séisme dans les océans. Plus la magnitude du séisme est importante, plus l'amplitude de l'onde créée et par conséquent la hauteur des vagues représente un aléa majeur pour les populations installées le long des littoraux.
Le 26 décembre 2004, un séisme de magnitude 9,5 dans l'océan Indien, au large de l'Indonésie, entraîne un tsunami qui provoque la mort de plus de 220 000 personnes qui habitaient sur les littoraux de l'océan Indien, dont 170 000 morts en Indonésie (victimes de vagues hautes d'une quinzaine de mètres).
Les populations les plus vulnérables face à ces aléas naturels sont celles qui habitent le long des littoraux, qui se caractérisent par de fortes densités de peuplement. La vulnérabilité des populations est plus forte dans les pays à faible niveau de développement.
Vulnérabilité
La vulnérabilité est la faiblesse d'une société face à un risque et aux conséquences d'une catastrophe éventuelle.
Les mesures de prévention sont moins efficaces dans les pays à faible niveau de développement. Les habitations comme l'ensemble des infrastructures y sont plus fragiles. Ces pays souffrent de carences sanitaires et techniques et du manque de moyens financiers. Ils ont souvent besoin d'une aide humanitaire internationale en cas de catastrophe.
Les pays développés sont moins vulnérables car la recherche scientifique y améliore la prévision de certains risques. Les zones dangereuses sont connues, des travaux sont mis en œuvre pour renforcer la sécurité. La population de ces pays connaît les risques auxquels elle est exposée et les comportements à adopter en cas d'alerte. Des plans de secours permettent de limiter le nombre de victimes en cas de catastrophe.
En 2004, le cyclone Jeanne touche Haïti et les États-Unis :
- En Haïti, le bilan humain est de 2 000 morts. Les inondations ont également laissé 300 000 personnes sinistrées, plusieurs dizaines de milliers de personnes sont sans eau potable ni nourriture. Plusieurs pays ont dû offrir leur aide à cette île, l'une des plus pauvres du monde.
- Les dégâts matériels ont été considérables aux États-Unis (6 à 8 milliards de dollars), toutefois les pertes humaines sont restées faibles (2 morts). Les mesures de prévention, l'organisation des secours et le bon état des équipements ont limité l'ampleur de la catastrophe.
La pollution des mers et des océans
Les mers et les océans sont très pollués par les activités humaines : multiplication des déchets plastiques, accident technologique, acidification des océans par les produits chimiques.
La pollution des océans par les déchets plastiques concerne l'océan Pacifique nord, l'océan Pacifique sud, l'océan Atlantique nord, l'océan Atlantique sud, l'océan Indien, la mer Méditerranée et la mer Noire. Cette pollution provient surtout de déchets ménagers mal collectés, mal recyclés ou abandonnés, portés par les vents, poussés par les pluies vers des rivières et des fleuves, pour être rejetés dans les océans.
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La pollution provoque une mortalité importante au sein des populations de mammifères marins, de tortues et d'oiseaux. Toute la chaîne alimentaire de l'écosystème marin est atteinte. Certains animaux sont prisonniers des débris, d'autres meurent après l'ingestion de plastique, qui s'accumule dans leur système digestif. Ces animaux se nourrissent alors moins et finissent par mourir.
On estime que la mauvaise gestion des déchets ménagers ou municipaux était responsable en 2010 de 5 à 13 millions de tonnes de pollution plastique dans les océans.
Les marées noires se forment à la suite du déversement massif de produits pétroliers en mer suite au naufrage d'un navire ou aux fuites accidentelles émanant de plateformes pétrolières offshore. L'eau est alors recouverte d'une grande nappe d'hydrocarbures qui peut s'étendre jusqu'à une centaine de kilomètres.
La pollution des mers et des océans se manifeste également par la multiplication des risques biologiques, avec la multiplication de micro-organismes qui peuvent être porteurs de maladies et appauvrir les stocks de poissons ou menacer des mammifères marins.
Ce phénomène peut être observé le long des côtes de Floride (États-Unis), où l'état d'urgence a été déclaré en 2018 face au grand nombre de tortues, dauphins et poissons victimes d'une algue toxique.
Les mers et les océans sont également soumis au réchauffement climatique, qui provoque la diminution importante de la banquise, ce qui a pour effet l'élévation du niveau marin.
La banquise a perdu 900 000 km2 de surface de glace en 10 ans.
L'élévation du niveau des mers et des océans a de multiples conséquences. Des villes côtières sont de plus en plus vulnérables. La mer pourrait inonder des métropoles littorales, contaminer les ressources en eau douce par l'irruption d'eau salée et réduire les surfaces agricoles, poussant des populations entières à l'exil.
Des espaces au cœur des rivalités entre États
L'appropriation des espaces maritimes par les États a pour but le contrôle des routes maritimes et de l'exploitation des ressources. Cette ambition génère des tensions entre des États en désaccord sur l'étendue de leur zone économique exclusive (ZEE).
Zone économique exclusive (ZEE)
Une zone économique exclusive (ZEE) est un espace maritime qui longe les côtes d'un État. Elle s'étend jusqu'à 200 milles marins (370 kilomètres).
La ZEE d'un État lui permet de bénéficier de l'exploration, de l'exploitation et de la gestion exclusive de l'ensemble des ressources de cet espace maritime, sans pour autant y supprimer la liberté de navigation.
Certaines ZEE ont des limites qui ne sont pas encore officialisées. En effet, les pays riverains concernés n'ont pas trouvé d'accord fixant la limite séparant leurs deux zones, en raison de la volonté de chacun d'agrandir son territoire maritime.
Les tensions concernant la délimitation des ZEE sont souvent liées à l'exploitation des ressources halieutiques ou énergétiques. La raréfaction de certaines ressources naturelles incite de plus en plus d'États côtiers à revendiquer une extension de leurs droits.
Les tensions pour le contrôle et l'exploitation des ressources halieutiques sont particulièrement fortes en mer de Chine (qui contient plus de 10 % des stocks mondiaux de poissons). Elles opposent la Chine et ses voisins de l'Asie du Sud-Est.
Les États cherchent également à contrôler les détroits et les canaux internationaux, qui sont des points de passage incontournables sur les routes maritimes. Cela crée de nouvelles rivalités.
L'ouverture de routes maritimes en Arctique durant la période de fonte des glaces provoque des tensions, en particulier avec le Canada et la Russie.
Les tensions entre États entraînent parfois la militarisation des mers et des océans. Les principales puissances militaires maritimes sont les États-Unis et la Chine.
En 2018, la marine américaine a déployé onze porte-avions à travers le monde, contre deux pour la Chine et un seul pour les autres grandes puissances que sont La Russie, l'Inde, Le Royaume-Uni et la France.