Sommaire
IL'inégalité de dynamisme des territoires françaisALes espaces privilégiés1Les métropoles2Les littoraux3Les régions frontalièresBLes espaces en difficulté1Les espaces ruraux2Les petites et moyennes villes3Les territoires ultra-marinsIILes politiques d'aménagement des territoires françaisALes enjeux de l'aménagement des territoiresBDes politiques menées à différentes échelles1Les politiques de l'Union européenne2Le rôle de l'État3Les politiques régionales et localesLa France est un pays moteur de l'Union européenne et une puissance mondiale. Sa réussite repose sur le dynamisme de son agriculture, de certains de ses secteurs industriels et sur l'activité touristique. Cependant, ce dynamisme ne profite pas de façon égale à tous les espaces de son territoire. Des politiques d'aménagement de ces territoires sont donc mises en œuvre pour atténuer les déséquilibres, avec à la fois la volonté de soutenir les espaces en difficulté et la nécessité de maintenir la compétitivité des espaces les plus dynamiques. Ces actions s'organisent à différentes échelles (européenne, nationale, régionale, locale).
Quels sont les espaces les plus dynamiques du territoire français et ceux qui sont davantage en difficulté ? Quelles sont les politiques menées pour réduire les inégalités territoriales ?
L'inégalité de dynamisme des territoires français
Les métropoles, les vallées fluviales, les littoraux et les espaces frontaliers sont les plus dynamiques du territoire. Les espaces ruraux peu peuplés, les régions industrielles en reconversion ou les territoires d'outre-mer sont confrontés à davantage de difficultés.
Les espaces privilégiés
Les espaces privilégiés sont ceux qui concentrent les espaces productifs industriels, agricoles, et de services les plus dynamiques. Il y a notamment les métropoles, les littoraux, et les régions frontalières.
Les métropoles
Les grandes aires urbaines sont des métropoles qui concentrent les habitants, les activités économiques les plus dynamiques, et qui contribuent au rayonnement de la France en Europe et dans le monde.
Paris est une métropole mondiale, la première de l'Union européenne et la deuxième d'Europe avec Londres. Elle est le cœur économique, politique et culturel du pays. Sa domination est symbolisée par le dynamisme de son quartier d'affaires de La Défense.
© Wladyslaw via Wikimedia Commons
La Défense est le premier quartier d'affaires de l'Union européenne, le second quartier d'affaires européen avec la City à Londres.
Paris est parfaitement connecté aux réseaux de transports internationaux grâce à ses deux aéroports internationaux : Roissy et Orly. Paris est également connecté aux métropoles françaises et européennes par les lignes à grande vitesse (LGV).
Comme capitale, elle accueille les grandes institutions françaises (le palais de l'Élysée, l'hôtel Matignon, l'Assemblée nationale, le Sénat).
Elle est un centre culturel majeur grâce à ses universités, ses grandes écoles. Elle est aussi une importante destination touristique, dont les monuments (la tour Eiffel, la basilique du Sacré-Cœur, Notre-Dame de Paris, le Louvre) sont reconnus dans le monde entier.
En 30 ans, l'Île-de-France a capté \dfrac{1}{3} des créations d'emplois, avec une forte concentration des sièges sociaux des grandes entreprises et des centres de recherche, la présence de nombreux secteurs industriels.
Les autres grandes aires urbaines françaises accueillent toujours plus d'habitants et d'entreprises dynamiques. Même dans les régions qui connaissent des difficultés économiques, les métropoles s'en sortent mieux.
Les 15 premières villes de France concentrent 82 % des créations d'emplois.
Les métropoles bénéficient du développement des entreprises innovantes, qui ont investi dans les hautes technologies, avec des centres de recherche, des universités, des grandes écoles et des laboratoires qui attirent une main-d'œuvre qualifiée.
Ces métropoles françaises sont de mieux en mieux connectées entre elles et reliées aux métropoles européennes grâce au réseau des autoroutes et des LGV (lignes à grande vitesse).
Lille est à 50 minutes de Roissy, 1 heure de Paris, 35 minutes de Bruxelles et 1 h 20 de Londres.
Les littoraux
Avec la mondialisation, les littoraux deviennent des interfaces essentielles pour le commerce maritime. Ils profitent aussi du développement du tourisme balnéaire de masse.
Interface
Une interface est une zone de contacts et d'échanges.
Mondialisation
La mondialisation est la multiplication des flux économiques, financiers, d'informations et de personnes à l'échelle mondiale.
Le territoire français a des ouvertures maritimes sur la Manche, la mer du Nord et la mer Méditerranée. L'essor du commerce maritime de marchandises favorise la littoralisation des activités industrielles, en particulier autour des ports.
Littoralisation
La littoralisation correspond à la concentration des habitants et des activités sur les littoraux.
Des ZIP (zones industrialo-portuaires) ont été créées à Fos-sur-Mer, au Havre, à Dunkerque et à Saint-Nazaire. Elles se caractérisent par la création de terminaux pétroliers, la présence de vastes zones sur lesquelles sont construites des cuves de stockage des hydrocarbures, des usines pétrochimiques et sidérurgiques.
Les littoraux profitent aussi du développement du tourisme balnéaire. Les littoraux méditerranéens ou du Sud-Ouest atlantique sont les plus attractifs car ils bénéficient de conditions climatiques favorables (héliotropisme).
Héliotropisme
L'héliotropisme est l'intérêt des populations pour les régions ensoleillées.
Tourisme balnéaire
Le tourisme balnéaire est le tourisme centré sur les activités de bord de mer.
Les littoraux concentrent 40 % des lits touristiques du pays et \dfrac{1}{3} des touristes. Le littoral méditerranéen est le plus fréquenté, avec plus de 40 % des touristes accueillis sur les littoraux.
Les régions frontalières
Les régions frontalières profitent de l'ouverture des frontières avec les pays voisins, de la multiplication des échanges et des mobilités transfrontalières.
La construction européenne entraîne la suppression des droits de douane, et la libre circulation des biens et des personnes entre la France et ses voisins. Les régions frontalières sont ainsi devenues des zones d'échanges et de forte mobilité des habitants.
Plus de 360 000 Français vont travailler dans des pays voisins, en Suisse, au Luxembourg, en Allemagne et en Belgique. En revanche, la France accueille moins de 30 000 travailleurs frontaliers.
Les régions frontalières sont bien connectées au réseau européen des autoroutes et des lignes à grande vitesse qui favorisent les mobilités et les échanges avec les pays voisins.
La LGV Est, qui relie Paris à Strasbourg, se prolonge en Allemagne. Le projet de LGV qui traversera les Alpes reliera Lyon à Turin.
Les régions frontalières françaises sont des territoires privilégiés par les entreprises des pays voisins pour y investir.
L'Allemagne est le premier investisseur étranger dans la région Grand Est. Les entrepreneurs allemands investissent en Alsace en raison de la proximité géographique, la pratique courante de l'allemand, la volonté de bénéficier de la qualité de la formation en France et afin de vendre davantage de produits en France.
Les espaces en difficulté
À l'écart de ces espaces privilégiés se trouvent les espaces ruraux peu peuplés et enclavés, les petites et moyennes villes, ainsi que les territoires d'outre-mer, trop éloignés de la métropole.
Les espaces ruraux
De nombreuses communes rurales se caractérisent par de faibles densités de peuplement, un faible accroissement naturel qui entraîne le vieillissement de la population, et un faible dynamisme économique.
Les espaces les moins dynamiques sont ceux les plus éloignés des infrastructures de transport rapide. Cet enclavement pénalise le peuplement, l'installation de nouvelles entreprises créatrices de richesse et d'emplois.
Les espaces ruraux du Massif central sont parmi les moins densément peuplés et les plus pénalisés par l'éloignement des régions frontalières, des littoraux, des LGV, et ce malgré l'ouverture d'une autoroute (A75) après la construction du viaduc de Millau (inauguration en 2004).
© Mike Switzerland via Wikimedia Commons
Les petites et moyennes villes
Beaucoup de petites et moyennes villes rencontrent des difficultés. Parfois à l'écart des axes de transport rapides, elles ne bénéficient pas d'activités économiques créatrices de beaucoup de richesse et d'emplois.
Les petites et moyennes villes manquent de fonctions métropolitaines, qui se concentrent dans des grandes aires urbaines voisines. Elles sont aussi parfois à l'écart des grands axes de transports rapides, qui privilégient la connexion des métropoles.
Fonctions métropolitaines
Les fonctions métropolitaines correspondent aux fonctions de commandement, activités économiques qui reposent sur un haut niveau de qualification.
Amiens éprouve des difficultés à trouver sa place entre l'influence de Paris (situé à 141 kilomètres) et l'influence de la métropole lilloise (située à 140 kilomètres). Elle a perdu de nombreuses administrations et entreprises qui se sont installées à Lille et a perdu de multiples emplois dans le secteur industriel.
Les territoires ultra-marins
Les territoires ultra-marins connaissent des difficultés. Ils sont pénalisés par l'éloignement de la métropole. Leur dynamisme économique repose sur l'agriculture et le tourisme y est insuffisant.
Le chômage est important dans les territoires ultra-marins. Les activités industrielles sont insuffisantes. L'activité touristique est pénalisée par l'éloignement de l'Europe et par les conditions de vie modestes des habitants des pays voisins. Leur dépendance vis-à-vis des aides financières de l'État français et de l'Union européenne est forte.
Le chômage touche 30 % de la population des territoires ultra-marins.
Les politiques d'aménagement des territoires français
Les politiques d'aménagement des territoires français visent à réduire les inégalités et à maintenir la compétitivité des territoires dynamiques. Les acteurs de ces politiques sont l'Union européenne, l'État français et les collectivités territoriales.
Les enjeux de l'aménagement des territoires
Les objectifs des politiques d'aménagement des territoires ont évolué dans le temps. Historiquement, le premier objectif de l'aménagement du territoire a été la réduction des inégalités à l'échelle nationale. Aujourd'hui, l'accent est mis sur le maintien de la compétitivité des territoires privilégiés face à la concurrence mondiale, et la promotion du développement durable.
Les territoires faibles ou enclavés sont soutenus par des aides à la revitalisation rurale (maintien de services publics) ou à la reconversion pour les anciens espaces industriels.
Des politiques sont mises en œuvre pour maintenir et valoriser l'activité agricole en favorisant la modernisation des exploitations agricoles et la construction d'infrastructures de transport destinés à réduire l'isolement des campagnes, en encourageant l'installation de jeunes agriculteurs dans les campagnes. Les territoires enclavés sont soutenus par des aides au maintien de services publics.
Dans le contexte de la mondialisation, un nouvel objectif est apparu dans les années 1990 : le développement de la compétitivité des territoires dynamiques. Cet objectif de l'aménagement semble parfois en contradiction avec celui de réduire les inégalités. En effet, privilégier les espaces compétitifs revient souvent à développer les territoires qui sont déjà les plus performants au détriment des territoires en difficulté.
En France, 71 pôles de compétitivité ont été créés : ils rassemblent des entreprises, des laboratoires de recherche et des établissements de formation autour de projets économiques précis. L'objectif de ces pôles de compétitivité est de favoriser l'innovation par les échanges et l'émulation entre les différents acteurs.
L'aménagement des territoires favorise non seulement le développement des activités économiques, l'amélioration des conditions de vie de la population, mais aussi la protection de l'environnement.
La loi Montagne (1985) vise l'essor de l'activité touristique, avec le souci de la préservation des écosystèmes, des sites naturels, de la faune et de la flore.
Les politiques de soutien aux agriculteurs contiennent une « éco-conditionnalité » au versement des aides financières, qui sont versées à condition de respecter des normes qui permettent la protection de l'environnement.
Ces aides peuvent être versées s'il y a une diversification des productions et une valorisation de l'agriculture extensive.
La protection des paysages ruraux est également rendue possible par la création des parcs naturels régionaux et des parcs nationaux. Chaque parc régional est doté d'une charte qui permet de concilier la conservation des milieux et le développement économique.
Parc national
Un parc national est un territoire rural placé sous la tutelle de l'État, qui impose une réglementation stricte en ce qui concerne la présence humaine, la fréquentation, la construction du bâti et des infrastructures d'accueil.
Le parc national de la Vanoise a été le premier parc national à être créé, dès 1963.
© Wikimedia Commons
En France, 54 parcs naturels régionaux ont été créés depuis 1967.
Des politiques menées à différentes échelles
Les politiques d'aménagement du territoire français sont menées à plusieurs échelles. Certaines sont mises en place par l'Union européenne, d'autres sont menées à l'échelle nationale. Plus localement, l'État a transféré une partie de ses compétences aux collectivités territoriales. Les citoyens et les entreprises interviennent également.
Les politiques de l'Union européenne
L'Union européenne mène une politique dans le cadre de la stratégie « Europe 2020 ». Pour le développement économique, elle priorise le renforcement de la recherche et le développement des hautes technologies. En ce qui concerne la protection de l'environnement, elle encourage la lutte contre la pollution et contre le changement climatique. Toutes les régions françaises reçoivent une aide financière de l'Union européenne.
La politique européenne est organisée dans le cadre de la stratégie « Europe 2020 ».
Pour le développement économique des territoires, l'Union européenne donne la priorité au renforcement de la recherche, au développement des hautes technologies. Pour l'amélioration des conditions de vie des habitants, l'accent est mis sur les infrastructures de transport, l'aide à la mobilité de la main-d'œuvre, la lutte contre la pauvreté et les discriminations. Pour améliorer la protection de l'environnement, l'Union européenne encourage la lutte contre la pollution et contre le changement climatique.
- Dans le domaine des Nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC), l'Union européenne finance des programmes de raccordement des bâtiments publics (hôpitaux, universités) au très haut débit.
- Dans le domaine social, elle finance des projets pour faciliter l'insertion professionnelle des personnes handicapées.
- Dans la lutte contre le réchauffement climatique, elle finance la création de parcs d'éoliennes offshore.
Toutes les régions françaises reçoivent une aide financière de l'Union européenne. Les aides versées concernent à la fois le soutien aux territoires en difficulté et l'aide au maintien de la compétitivité des territoires dynamiques face à la concurrence mondiale.
La Réunion est la région ultra-périphérique la plus soutenue d'un point de vue financier. Les régions transfrontalières sont également soutenues pour accentuer les échanges entre pays voisins, par exemple par le financement de nouvelles infrastructures de transport.
Le rôle de l'État
L'État est l'acteur le plus important. Il oriente et coordonne les grands projets d'aménagement des territoires. Il intervient à toutes les échelles.
L'État intervient par l'intermédiaire du Commissariat général à l'égalité des territoires (CGET), un établissement public qui conçoit, prépare, met en œuvre et contrôle les politiques d'aménagement.
À l'échelle régionale, des Contrats de plan État-région (CPER) sont signés entre les régions et l'État, et des contrats de villes sont élaborés au niveau local, avec six objectifs majeurs :
- l'amélioration des mobilités ;
- le développement de l'enseignement supérieur et de la recherche ;
- la mise en œuvre de la transition écologique et énergétique ;
- la diffusion du numérique ;
- l'essor de l'innovation ;
- le développement durable des territoires.
Le Contrat de plan État-région pour la région PACA a organisé le financement d'un projet intitulé SABLES, qui vise le développement des biotechnologies liées à la santé et à l'agronomie dans le technopôle de Nice Sophia Antipolis.
Les politiques régionales et locales
L'État a transféré une partie de ses compétences aux collectivités territoriales (les régions, les départements et les communes) qui jouent désormais un rôle déterminant dans l'aménagement des territoires. Les citoyens et les entreprises disposent également d'un rôle dans l'aménagement du territoire.
Chacune de ces collectivités territoriales possède des compétences propres :
Collectivités territoriales | Compétences |
18 régions |
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101 départements |
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35 885 communes, parfois regroupées en intercommunalités |
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Les citoyens participent aussi à l'aménagement du territoire à travers leur implication dans des associations, des conseils de quartiers et des débats publics : c'est ce que l'on nomme la « démocratie participative ». Ils sont consultés dans le cadre d'enquêtes publiques avant la réalisation de projets d'aménagement et peuvent manifester leur mécontentement, notamment lors de manifestations contre la réalisation de certains projets.
Enfin, les entreprises jouent un rôle dans l'aménagement du territoire, en partenariat avec les pouvoirs publics, et contribuent à rendre les territoires attractifs.
La ligne à grande vitesse Sud Europe Atlantique ouverte en 2017 relie Tours à Bordeaux et permet de gagner une heure de trajet entre Bordeaux et Paris (2 heures au lieu de 3 heures). La construction de cette LGV dont le coût a été d'environ 8 milliards d'euros a été financée pour moitié par une entreprise privée, LISEA, et pour moitié par la SNCF, l'État français, les collectivités territoriales et l'Union européenne.