Dans quelles phrases repère-t-on des figures de style ?
« (1) Pour expliquer combien ce mobilier est vieux, crevassé, pourri, tremblant, rongé, manchot, borgne, invalide, expirant, il faudrait en faire une description qui retarderait trop l'intérêt de cette histoire, et que les gens pressés ne pardonneraient pas. (2) Le carreau rouge est plein de vallées produites par le frottement ou par les mises en couleur. (3) Enfin, là règne la misère sans poésie ; une misère économe [...]. (4) Si elle n'a pas de fange encore, elle a des taches. »
Honoré de Balzac, Le Père Goriot, 1835
« (1) Mon beau navire ô ma mémoire
(2) Avons-nous assez navigué
(3) Dans une onde mauvaise à boire
(4) Avons-nous assez divagué
(5) De la belle aube au triste soir »
Guillaume Apollinaire, « La Chanson du mal-aimé », Alcools, 1913
« (1) Il descend du Palais, et trouvant au bas du grand degré un carrosse qu'il prend pour le sien, il se met dedans : le cocher touche et croit remener son maître dans sa maison ; Ménalque se jette hors de la portière, traverse la cour, monte l'escalier, parcourt l'antichambre, la chambre, le cabinet ; tout lui est familier, rien ne lui est nouveau ; il s'assit, il se repose, il est chez soi. (2) Le maître arrive : celui-ci se lève pour le recevoir ; il le traite fort civilement, le prie de s'asseoir, et croit faire les honneurs de sa chambre ; il parle, il rêve, il reprend la parole : le maître de la maison s'ennuie, et demeure étonné ; Ménalque ne l'est pas moins, et ne dit pas ce qu'il en pense : il a affaire à un fâcheux, à un homme oisif, qui se retirera à la fin, il l'espère, et il prend patience : la nuit arrive qu'il est à peine détrompé. »
Jean de La Bruyère, « Ménalque, le distrait », Les Caractères, 1688
« (1) Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
(2) Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !
(3) Rien que la mort n'était capable
(4) D'expier son forfait : on le lui fit bien voir.
(5) Selon que vous serez puissant ou misérable,
(6) Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »
Jean de La Fontaine, « Les Animaux malades de la peste », Fables, 1678
« (1) Au bout de la rue Guénégaud, lorsqu'on vient des quais, on trouve le passage du Pont-Neuf, une sorte de corridor étroit et sombre qui va de la rue Mazarine à la rue de Seine. (2) Ce passage a trente pas de long et deux de large, au plus ; il est pavé de dalles jaunâtres, usées, descellées, suant toujours une humidité âcre ; le vitrage qui le couvre, coupé à angle droit, est noir de crasse.
(3) Par les beaux jours d'été, quand un lourd soleil brûle les rues, une clarté blanchâtre tombe des vitres sales et traîne misérablement dans le passage. (4) Par les vilains jours d'hiver, par les matinées de brouillard, les vitres ne jettent que de la nuit sur les dalles gluantes, de la nuit salie et ignoble.
(5) À gauche, se creusent des boutiques obscures, basses, écrasées, laissant échapper des souffles froids de caveau. »
Émile Zola, Thérèse Raquin, 1867