Sommaire
ILa négation lexicaleIILa négation syntaxiqueALa négation totaleBLa négation partielleIIILes cas particuliersLa négation lexicale
La négation peut être exprimée par le vocabulaire : préfixe négatif, préfixe non- ou encore un antonyme. On parle de négation lexicale.
La négation peut être exprimée par un préfixe négatif (a-, an-, anti-, dé(s)-, il-, im-, in-, ir-, mal-).
La première fois qu'Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide. Elle lui déplut, enfin.
Louis Aragon, Aurélien, 1944
La négation peut être exprimée par le préfixe « non- ». Le mot non joue le rôle de préfixe négatif lorsqu'il est placé devant certains noms (ou pronoms). Il est alors joint au nom (ou au pronom) par un trait d'union.
- la non-conformité
- le non-paiement
- un non-sens
- la non-violence
- politique de non-intervention
- un point de non-retour
- le non-respect des règles
- le non-moi
La négation peut être exprimée par des antonymes.
J'ai dit le bien et le mal avec la même franchise.
Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, 1782
La négation syntaxique
Au niveau syntaxique, la négation s'exprime dans une phrase négative, que la négation soit totale ou partielle.
La négation totale
Négation totale
La négation est totale lorsqu'elle porte sur l'ensemble de la phrase.
La négation totale peut-être exprimée par « ne… pas » (ou « ne… point » dans le langage littéraire).
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive [...].
Alphonse de Lamartine, « Le Lac », Méditations poétiques, 1820
La négation totale peut être exprimée par l'adverbe « non ».
— Ton cœur bat-il toujours à mon seul nom ?
Toujours vois-tu mon âme en rêve ? — Non.
Paul Verlaine, « Colloque sentimental », Fêtes galantes, 1869
Dans la langue littéraire, « ne » peut suffire à exprimer la négation.
Je ne sais ce que j'éprouve ; il me semble que mes mains sont couvertes de sang.
Alfred de Musset, On ne badine pas avec l'amour, 1834
Lorsque deux éléments sont coordonnés dans une négation totale, la conjonction de coordination « ni » est employée en lien avec « ne ».
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur [...].
Victor Hugo, « Demain, dès l'aube… », Les Contemplations, 1856
La négation partielle
Négation partielle
La négation est partielle lorsqu'elle porte sur une partie de la phrase.
La négation partielle peut être exprimée par « ne… rien ».
Ce sont des rivales qui ne se pardonnent rien.
Montesquieu, Lettres persanes, 1721
La négation partielle peut être exprimée par « ne… jamais ».
Savez-vous, Vicomte, pourquoi je ne me suis jamais mariée ?
Pierre Choderlos de Laclos, Les Liaisons dangereuses, 1782
La négation partielle peut être exprimée par « ne… plus ».
Je vous perds, mes enfants ; mais Jason vous perdra ;
Il ne vous verra plus...
Pierre Corneille, Médée, 1635
La négation partielle peut être exprimée par « ne… aucun(e) ».
Il ne laissait échapper aucune occasion de voir Mme de Clèves [...].
Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves, 1678
La négation partielle peut être exprimée par « ne… nul(le) ».
Je n'y ai eu nulle considération de ton service, ni de ma gloire.
Michel de Montaigne, « Au lecteur », Essais, 1580-1595
La négation partielle peut être exprimée par la préposition « sans ».
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.
Louis Aragon, Le Roman inachevé, 1956
Les cas particuliers
Négation restrictive
La négation restrictive, exprimée par « ne… que », n'est pas réellement une négation : elle excepte de la négation l'élément qui suit le mot « que ».
Tu n'aimes pas les hommes, Hugo. Tu n'aimes que les principes.
Jean-Paul Sartre, Les Mains sales, 1948
Le mot « principes » est exclu de la négation par « ne… que ».
Le mot « ne » peut être utilisé hors de la négation : c'est le « ne » explétif. Il est employé après certains verbes (craindre que, attendre que) et après certaines locutions (de peur que, à moins que, avant que etc.).
La vue de la petite madeleine ne m'avait rien rappelé avant que je n'y eusse goûté [...].
Marcel Proust, Du côté de chez Swann, 1913