Sommaire
ILes strophes et les versALe versBLa stropheIILes rimesADéfinition d'une rimeBLa qualité de la rime1La rime pauvre2La rime suffisante3La rime richeCLa disposition des rimes1Les rimes suivies ou plates2Les rimes croisées3Les rimes embrasséesDLe genre des rimes1Les rimes féminines2Les rimes masculinesIIILes sonoritésAL'assonanceBL'allitérationIVLes discordancesADéfinition d'une discordanceBL'enjambementCLe rejetDLe contre-rejetLes strophes et les vers
La poésie est traditionnellement versifiée, c'est-à-dire composée en vers, eux-mêmes généralement organisés en strophes.
Le vers
Il existe différents types de vers (ou mètres), définis par le nombre de syllabes qu'ils comportent. Pour compter les syllabes dans un vers, on utilise la règle de prononciation du « e » muet. Certains vers comportent une coupe au milieu du vers, la césure.
Vers
Le vers est une unité poétique qui correspond à une ligne. Il commence par une majuscule et s'achève généralement par une rime.
Dans la poésie traditionnelle, les mètres sont généralement pairs. Les plus courants sont :
Types de vers | Nombres de syllabes |
---|---|
Hexasyllabe | 6 syllabes |
Octosyllabe | 8 syllabes |
Décasyllabe | 10 syllabes |
Alexandrin | 12 syllabes |
Ce ro/ssi/gnol /mé/lan/co/lique
Du /sou/ve/nir/ de/ son/ mal/heur
Tâ/che/ de/ char/mer/ sa/ dou/leur,
Met/tant/ son/ his/toire /en /mu/sique.
Tristan L'Hermite, Les Plaintes d'Acante, 1633
8 syllabes par vers = octosyllabes
Pour compter les syllabes dans un vers, il faut prendre en compte la règle de prononciation du « e » muet :
- Devant une consonne, on prononce le « e » muet.
- Devant une voyelle et à la rime, on ne prononce pas le « e » muet.
L'Aurore sur le front du jour
Sème l'azur, l'or et l'ivoir(e),
Et le soleil, lassé de boir(e),
Commence son oblique tour.
Théophile de Viau, « Le Matin », 1621
La prononciation des diphtongues doit être prise en compte : c'est l'association de deux voyelles qui peut être prononcée en une ou deux syllabes.
Diérèse
Une diérèse est une prononciation de la diphtongue en deux syllabes.
Lors le Ly/on ses deux grands yeux vêtit
Et vers le Rat les tourna un petit
Clément Marot, La Suite de l'adolescence clémentine, 1534
La diphtongue se prononce en deux syllabes pour que le vers soit un décasyllabe.
Synérèse
Une synérèse est une prononciation de la diphtongue en une seule syllabe.
Cependant un san/glier, monstre énorme et superbe,
Tente encor notre archer, friand de tels morceaux.
Jean de La Fontaine, Fables, 1678
La diphtongue se prononce en deux syllabes (et non trois) pour que le vers soit un alexandrin.
Césure
Les octosyllabes, décasyllabes et alexandrins comportent une coupe au milieu du vers : la césure. Elle sépare le vers en deux hémistiches. Le mot situé juste avant la césure est mis en valeur par cette place.
Comme on voit sur la branche / au mois de mai la rose
Pierre de Ronsard, Sur la mort de Marie, 1578
Cet alexandrin est coupé par une césure après « branche ».
La strophe
Les vers sont regroupés en strophes, il en existe plusieurs types.
Strophe
La strophe est un ensemble de vers isolé par des blancs.
Sus, debout, la merveille des belles.
Allons voir sur les herbes nouvelles
Luire un émail dont la vive peinture
Défend à l'art d'imiter la nature.
François de Malherbe, « Sus, debout… », 1614
4 vers = quatrain
Il existe différents types de strophes, définies par le nombre de vers qu'elles comportent.
Noms | Nombres de vers |
---|---|
Distique | 2 vers |
Tercet | 3 vers |
Quatrain | 4 vers |
Quintil | 5 vers |
Sizain | 6 vers |
Dizain | 10 vers |
Les rimes
La rime est la répétition d'un ou plusieurs sons. On étudie la qualité de la rime, pauvre, suffisante ou riche. On étudie également la disposition des rimes : suivies ou plates, croisées et embrassées. Enfin, on étudie le genre des rimes.
Définition d'une rime
Rime
La rime est la répétition d'un ou plusieurs sons à la fin de deux vers (ou plus). Elle contribue au caractère musical de la poésie en créant un effet d'écho sonore. Pour étudier les rimes, on analyse leur qualité, leur disposition et leur genre.
Les mots situés à la rime sont mis en valeur.
La qualité de la rime
La rime pauvre
Rimes pauvres
Les rimes pauvres comportent un seul son commun.
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s'est vêtu de broderie,
De soleil luisant, clair et beau.
Charles d'Orléans, Rondeaux, XVe siècle
La rime suffisante
Rimes suffisantes
Les rimes suffisantes comportent deux sons communs.
Et l'Aube encor de ses tresses tant blondes
Faisant grêler mille perlettes rondes
Joachim Du Bellay, L'Olive, 1549-1550
La rime riche
Rimes riches
Les rimes riches comportent trois sons communs ou plus.
Tant que je vivrai en âge florissant,
Je servirai Amour, le dieu puissant
Clément Marot, L'Adolescence clémentine, 1532
La disposition des rimes
Les rimes suivies ou plates
Rimes suivies
Les rimes suivies (ou plates) sont disposées selon le schéma : AABB.
Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, A
Et les mots pour le dire arrivent aisément. A
Surtout, qu'en vos écrits la langue révérée B
Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée. B
Nicolas Boileau, L'Art poétique, 1674
Les rimes croisées
Rimes croisées
Les rimes croisées sont disposées selon le schéma : ABAB.
Où allez-vous, Anne ? que je le sache, A
Et m'enseignez, avant que de partir, B
Comme ferai, afin que mon œil cache A
Le dur regret du cœur triste et martyr B
Clément Marot, Épigrammes, 1538
Les rimes embrassées
Rimes embrassées
Les rimes embrassées sont disposées selon le schéma : ABBA.
Déjà la nuit en son parc amassait A
Un grand troupeau d'étoiles vagabondes, B
Et pour entrer aux cavernes profondes B
Fuyant le jour, ses noirs chevaux chassait A
Joachim Du Bellay, L'Olive, 1549-1550
Le genre des rimes
Les rimes féminines
Rimes féminines
Les rimes féminines sont les rimes se terminant par un « e » muet.
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Pierre de Ronsard, Odes, 1550
Les rimes masculines
Rimes masculines
Rimes masculines sont les rimes ne se terminant pas par un « e » muet.
Tu dis que George est paresseux ;
Ton discours est peu véritable ;
Car il est toujours parmi ceux
Qui sont les premiers à la table.
Rolland Viau, « Épigramme », Œuvres poétiques, 1621-1624
Dans la poésie traditionnelle, un principe d'alternance des rimes masculines et féminines est respecté. Si la rime A est féminine, la rime B est masculine, la rime C est féminine, etc.
Les sonorités
Au sein même du vers, le poète peut créer des effets de musicalité par des répétitions de sonorités : l'assonance et l'allitération.
L'assonance
Assonance
Une assonance est la répétition d'un son vocalique (voyelle).
Je n'ai plus que les os, un squelette je semble,
Décharné, dénervé, démusclé, dépulpé
Pierre de Ronsard, Derniers vers, 1585
L'allitération
Allitération
L'allitération est la répétition d'un son consonantique (consonne).
L'un miaule en grondant comme un tigre en furie ;
L'autre roule sa voix comme un enfant qui crie.
Nicolas Boileau, Satires, 1666
Les discordances
L'enjambement, le rejet et le contre-rejet sont des discordances poétiques courantes.
Définition d'une discordance
Discordance
Une discordance est un décalage entre la construction grammaticale de la phrase et la structure du vers : lorsque la structure syntaxique ne coïncide pas avec le vers, on parle de discordance.
L'enjambement
Enjambement
Dans le cas de l'enjambement, la phrase se prolonge d'un vers à l'autre de manière continue et fluide.
Mon Dieu ! que mes yeux sont contents
De voir ces bois, qui se trouvèrent
À la nativité du temps
Et que tous les siècles révèrent,
Être encore aussi beaux et verts
Qu'aux premiers jours de l'univers !
Saint-Amant, La Solitude, 1629
Le rejet
Rejet
Dans le cas du rejet, un mot ou groupe de mots bref est placé au début d'un vers alors qu'il dépend grammaticalement du vers précédent.
Le temps a laissé son manteau.
Rivière, fontaine et ruisseau
Portent, en livrée jolie,
Gouttes d'argent d'orfèvrerie.
Charles d'Orléans, Rondeaux, XVe siècle
Le contre-rejet
Contre-rejet
Dans le cas du contre-rejet, un mot ou groupe de mots bref est placé à la fin d'un vers, alors qu'il dépend grammaticalement du vers suivant.
Mais que dis-tu, mon cœur ? Aurais-tu consenti
Au perfide dessein de changer de parti,
Servant, comme tu fais, un objet adorable ?
Tristan L'Hermite, Les Amours de Tristan, 1638
Le rejet et le contre-rejet sont généralement marqués par un signe de ponctuation qui les isole au début ou à la fin du vers.