Sommaire
ILes strophes et les versALe versBLa stropheIILes rimesADéfinition d'une rimeBLa qualité de la rime1La rime pauvre2La rime suffisante3La rime richeCLa disposition des rimes1Les rimes suivies ou plates2Les rimes croisées3Les rimes embrasséesDLe genre des rimes1Les rimes féminines2Les rimes masculinesIIILes sonoritésAL'assonanceBL'allitérationIVLes discordancesADéfinition d'une discordanceBL'enjambementCLe rejetDLe contre-rejetLes strophes et les vers
La poésie est traditionnellement versifiée, c'est-à-dire composée en vers, eux-mêmes généralement organisés en strophes.
Le vers
Il existe différents types de vers (ou mètres), définis par le nombre de syllabes qu'ils comportent. Pour compter les syllabes dans un vers, on utilise la règle de prononciation du « e » muet. Certains vers comportent une coupe au milieu du vers, la césure.
Vers
Le vers est une unité poétique qui correspond à une ligne. Il commence par une majuscule et s'achève généralement par une rime.
Il existe différents types de vers (ou mètres), définis par le nombre de syllabes qu'ils comportent. Dans la poésie traditionnelle, les mètres sont généralement pairs.
Types de vers | Nombres de syllabes |
---|---|
Hexasyllabe | 6 syllabes |
Octosyllabe | 8 syllabes |
Décasyllabe | 10 syllabes |
Alexandrin | 12 syllabes |
Par /les /soirs /bleus /d'é/té,/ j'i/rai/ dans/ les/ sen/tiers,
Arthur Rimbaud, « Sensation », Poésies, 1870-1871
12 syllabes par vers = alexandrin
Vers libres
Les vers libres sont des vers de longueur variable qui ne riment pas nécessairement entre eux. Ils sont néanmoins identifiables par le retour à la ligne et la majuscule en début de ligne. Ils apparaissent à la fin du XIXe siècle.
Pourtant, j'étais fort mauvais poète.
Je ne savais pas aller jusqu'au bout.
J'avais faim
Et tous les jours et toutes les femmes dans les cafés et tous les verres
J'aurais voulu les boire et les casser
Et toutes les vitrines et toutes les rues
Et toutes les maisons et toutes les vies
Blaise Cendrars, La Prose du transsibérien et de la petite Jeanne de France, 1913
Pour compter les syllabes dans un vers, il faut prendre en compte la règle de prononciation du « e » muet :
- devant une consonne, on prononce le « e » muet ;
- devant une voyelle et à la rime, on ne prononce pas le « e » muet.
Les nuages courai(ent) sur la lun(e) enflammée
Comme sur l'incendie on voit fuir la fumée
Alfred de Vigny, « La Mort du loup », Les Destinées, 1864
La prononciation des diphtongues doit être prise en compte : c'est l'association de deux voyelles qui peut être prononcée en une ou deux syllabes.
Diérèse
Une diérèse est une prononciation de la diphtongue en deux syllabes.
Le temple est en rui/ne au haut du promontoire.
José-Maria de Heredia, « L'Oubli », Les Trophées, 1893
La diphtongue se prononce en deux syllabes pour que le vers soit un alexandrin.
Synérèse
Une synérèse est une prononciation de la diphtongue en une seule syllabe.
Nous semblions entre les maisons […]
Lui les Hébreux moi Pharaon
Guillaume Apollinaire, « La Chanson du mal-aimé », Alcools, 1913
La diphtongue se prononce en une syllabe (et non deux) pour que le vers soit un octosyllabe.
Césure
Les octosyllabes, décasyllabes et alexandrins comportent une coupe au milieu du vers : la césure. Elle sépare le vers en deux hémistiches. Le mot situé juste avant la césure est mis en valeur par cette place.
Je suis belle, ô mortels ! /comme un rêve de pierre
Charles Baudelaire, « La Beauté », Les Fleurs du Mal, 1857
Interprétation
Il s'agit d'un alexandrin, chaque hémistiche est donc constitué de 6 syllabes.
Dans la poésie traditionnelle, il est admis que la césure ne doit pas se trouver au milieu d'un mot. Cependant, cette règle tend à être moins respectée à partir de la fin du XIXe siècle.
La strophe
Les vers sont regroupés en strophes, il en existe plusieurs types.
Strophe
La strophe est un ensemble de vers isolé par des blancs.
Il existe différents types de strophes, définies par le nombre de vers qu'elles comportent.
Noms | Nombres de vers |
---|---|
Distique | 2 vers |
Tercet | 3 vers |
Quatrain | 4 vers |
Quintil | 5 vers |
Sizain | 6 vers |
Dizain | 10 vers |
Sus, debout, la merveille des belles.
Allons voir sur les herbes nouvelles
Luire un émail dont la vive peinture
Défend à l'art d'imiter la nature.
François de Malherbe, « Sus, debout… », 1614
4 vers = 1 quatrain
Les rimes
La rime est la répétition d'un ou plusieurs sons. On étudie la qualité de la rime, pauvre, suffisante ou riche. On étudie également la disposition des rimes : suivies ou plates, croisées et embrassées. Enfin, on étudie le genre des rimes.
Définition d'une rime
Rime
La rime est la répétition d'un ou plusieurs sons à la fin de deux vers (ou plus). Elle contribue au caractère musical de la poésie en créant un effet d'écho sonore. Pour étudier les rimes, on analyse leur qualité, leur disposition et leur genre.
Les mots situés à la rime sont mis en valeur.
La qualité de la rime
La rime pauvre
Rimes pauvres
Les rimes pauvres comportent un seul son commun.
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.
Paul Éluard, Capitale de la douleur, 1926
La rime suffisante
Rimes suffisantes
Les rimes suffisantes comportent deux sons communs.
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913
La rime riche
Rimes riches
Les rimes riches comportent trois sons communs ou plus.
Vertige ! voici que friss/o/nne
L'espace comme un grand bai/s/er
Qui, fou de naître pour pers/o/nne,
Ne peut jaillir ni s'apai/s/er.
Stéphane Mallarmé, « Autre éventail », Poésies, 1899
La disposition des rimes
Les rimes suivies ou plates
Rimes suivies
Les rimes suivies (ou plates) sont disposées selon le schéma : AABB.
Dans Venise la rouge, A
Pas un bateau qui bouge, A
Pas un pêcheur dans l'eau, B
Pas un falot. B
Alfred de Musset, Contes d'Espagne et d'Italie, 1829
Les rimes croisées
Rimes croisées
Les rimes croisées sont disposées selon le schéma : ABAB.
Elle était déchaussée, elle était décoiffée, A
Assise, les pieds nus, parmi les joncs penchants ; B
Moi, qui passais par là, je crus voir une fée, A
Et je lui dis : Veux-tu t'en venir dans les champs ? B
Victor Hugo, « Elle était déchaussée, elle était décoiffée… », Les Contemplations, 1856
Les rimes embrassées
Rimes embrassées
Les rimes embrassées sont disposées selon le schéma : ABBA.
Dans ma cervelle se promène, A
Ainsi qu'en son appartement, B
Un beau chat, fort, doux et charmant. B
Quand il miaule, on l'entend à peine A
Charles Baudelaire, « Le Chat (2) », Les Fleurs du Mal, 1857
Le genre des rimes
Les rimes féminines
Rimes féminines
Les rimes féminines sont les rimes se terminant par un « e » muet.
Je partirai ! Steamer balançant ta mâture,
Lève l'ancre pour une exotique nature !
Stéphane Mallarmé, « Brise marine », Poésies, 1899
Les rimes masculines
Rimes masculines
Les rimes masculines sont les rimes ne se terminant pas par un « e » muet.
Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Deux formes ont tout à l'heure passé.
Paul Verlaine, « Colloque sentimental », Fêtes galantes, 1869
Dans la poésie traditionnelle, un principe d'alternance des rimes masculines et féminines est respecté. Si la rime A est féminine, la rime B est masculine, la rime C est féminine, etc.
Comme je descendais des fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.
rime féminine
rime masculine
Arthur Rimbaud, « Le Bateau ivre », Poésies, 1870-1871
Les sonorités
Au sein même du vers, le poète peut créer des effets de musicalité par des répétitions de sonorités : l'assonance et l'allitération.
L'assonance
Assonance
Une assonance est la répétition d'un son vocalique (voyelle).
Je n'ai plus que les os, un squelette je semble,
Décharné, dénervé, démusclé, dépulpé
Pierre de Ronsard, Derniers vers, 1586
L'allitération
Allitération
Une allitération est la répétition d'un son consonantique (consonne).
« Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? »
Racine, Andromaque, Acte V, scène 5, 1668
Les discordances
L'enjambement, le rejet et le contre-rejet sont des discordances poétiques courantes.
Définition d'une discordance
Discordance
Une discordance est un décalage entre la construction grammaticale de la phrase et la structure du vers : lorsque la structure syntaxique ne coïncide pas avec le vers, on parle de discordance.
L'enjambement
Enjambement
Dans le cas de l'enjambement, la phrase se prolonge d'un vers à l'autre de manière continue et fluide.
Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon cœur
D'une langueur
Monotone.
Paul Verlaine, « Chanson d'automne », Poèmes saturniens, 1866
Le rejet
Rejet
Dans le cas du rejet, un mot ou groupe de mots bref est placé au début d'un vers alors qu'il dépend grammaticalement du vers précédent.
C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Arthur Rimbaud, « Le Dormeur du val », Poésies, 1870-1871
Le contre-rejet
Contre-rejet
Dans le cas du contre-rejet, un mot ou groupe de mots bref est placé à la fin d'un vers, alors qu'il dépend grammaticalement du vers suivant.
Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
Charles Baudelaire, « Spleen », Les Fleurs du Mal, 1857
Le rejet et le contre-rejet sont généralement marqués par un signe de ponctuation qui les isole au début ou à la fin du vers.