Les étapes d'intégration de Béla Balassa
Béla Balassa
Béla Balassa
The Theory of Economic Integration
1961
Béla Balassa est un économiste hongrois qui propose en 1961 un schéma d'intégration régionale. L'intégration régionale consiste en un mouvement de rapprochement économique politique ou social qui engage différents pays. Les différents niveaux d'intégration sont :
- La zone de libre-échange : élimination des droits de douane et des restrictions quantitatives à l'importation
- L'union douanière : zone de libre-échange avec politique commerciale commune et tarif extérieur commun
- Le marché commun : union douanière avec libéralisation des facteurs de production
- L'union économique : marché commun assorti d'une harmonisation des politiques économiques
- L'UEM : union économique avec monnaie ainsi que politique monétaire commune
- L'union politique : ultime étape avec cession de souveraineté des États en matière de politiques économiques, sociales, etc.
Le schéma suivant met en exergue les différents bénéfices attendus des étapes d'intégration.
L'union politique doit permettre de mettre fin aux différentes pratiques de dumping et les décisions en matière de politique sociale, de politique monétaire, de politique budgétaire doivent être prises au niveau supranational.
Le triangle des incompatibilités
Robert Mundell
R. Mundell
"Capital Mobility and Stabilization Policy under fixed and flexible exchange rates", Canadian Journal of Economic
1963
Robert Mundell, économiste canadien né en 1932, s'est penché sur la question des choix de régime de changes. Il élabore en 1963 une théorie sur le choix des régimes de change, qui a été résumée sous la forme d'un schéma : le "triangle des incompatibilités". Celui-ci met en évidence un dilemme auquel les pays sont confrontés lors du choix d'un régime de change. Les pays ne peuvent pas, à la fois :
- Laisser librement circuler les capitaux entrants et sortants
- Avoir un taux de change fixe par rapport à d'autres monnaies
- Mener des politiques monétaires indépendantes
Parmi ces trois possibilités, les pays ne peuvent en mener que deux à la fois. Si les pays veulent pouvoir mener des politiques monétaires indépendantes et laisser circuler les capitaux, ils sont donc contraints de renoncer à un régime de change flexible.
Supposons qu'entre deux pays, les capitaux circulent librement et que les pays puissent mener des politiques monétaires indépendantes (situation 2 sur le schéma). Si un pays A décide de mener une politique monétaire expansive indépendante, en diminuant les taux d'intérêt, les capitaux vont sortir du pays A et être investis dans le pays B. En effet, puisque les taux d'intérêt ont baissé dans le pays A, il est moins intéressant d'investir dans le pays A, où les taux d'intérêt sont devenus plus faibles que dans le pays B. Alors, la demande de devises du pays B augmente relativement à celle du pays A. Donc, sur le marché monétaire, la valeur de la devise du pays B augmente par rapport à celle du pays A, puisqu'elle est plus demandée. Il est donc impossible de maintenir un taux de change fixe entre les deux monnaies.
En établissant une monnaie unique, les pays européens ont choisi de favoriser entre eux les deux pôles de la libre circulation des capitaux et du taux de change fixe (il est même le plus fixe possible, puisqu'ils ont la même monnaie). Ils ont abandonné l'objectif de politique monétaire autonome, puisqu'il n'existe plus qu'une seule politique monétaire pour tous les pays de la zone euro.
Vis-à-vis du reste du monde, la zone euro prise comme un bloc a choisi de favoriser la libre circulation des capitaux et la politique monétaire autonome (menée par la BCE). Elle a abandonné l'objectif de taux de change fixe : la valeur de l'euro fluctue selon l'offre et la demande sur les marchés monétaires mondiaux.