Courbe de Kuznets et courbe environnementale
Simon Kuznets
Simon Kuznets
Economic Growth and Income Inequality
1955
Gene M. Grossman, Alan B. Krueger
"Economic Growth and the Environment"
1994
Simon Kuznets (1901 - 1985) est un économiste d'origine russe en rupture avec de nombreux économistes car il s'appuie non seulement sur des modèles déductifs mais aussi sur la réalité empirique.
En 1950, il fonde l'Association internationale pour la recherche sur le revenu et la richesse des nations (IARIW). Les recherches de Kuznets portent ainsi sur les inégalités de revenus au cours du temps, qui augmentent de la fin du XIXe siècle lors de la Seconde Guerre mondiale, puis diminuent avant d'augmenter à nouveau dans les années 1970. Cette évolution forme une courbe en cloche, appelée "courbe de Kuznets". En forgeant ce modèle, il remarque que l'évolution des inégalités n'est pas la même dans les pays en développement.
Kuznets montre qu'il existe un lien de causalité entre la croissance et la répartition des revenus : dans un premier temps, l'accroissement des revenus augmente les inégalités puis à partir d'un certain seuil, celles-ci tendent à se réduire.
Grossman et Krueger s'inspirent en 1994 des travaux de Kuznets et mettent en évidence le lien entre le niveau de vie (PIB/habitant) et la dégradation de l'environnement. Ils dessinent une courbe de la même forme que celle de Kuznets.
La croissance économique tend à accroître la dégradation de l'environnement dans un premier temps jusqu'à un pic de pollution puis, grâce à l'accroissement des richesses et notamment aux effets technologique de la croissance, l'impact environnemental de la croissance décroit. De plus, les structures de la production se modifient. Le développement économique et la tertiarisation de l'économie sont favorables à une diminution de l'impact de la croissance sur l'environnement.
De même que les travaux de Kuznets, les théories de Grossman et Krueger ont été critiquées par d'autres économistes. Les travaux de ces derniers ne s'appuient que sur un nombre très limité d'indicateurs de la dégradation de l'environnement, qui ne tiennent notamment pas compte de la dégradation des stocks de ressources naturelles à long terme.
La taxe : le principe du pollueur-payeur
Arthur Cecil Pigou
Arthur Cecil Pigou
Economics of Welfare
1920
Arthur Cecil Pigou (1877 - 1955) publie en 1920 Economics of Welfare. En s'interrogeant sur la question des externalités négatives, il propose l'établissement de taxes imputables au pollueur. Imposées par les pouvoirs publics, ces taxes constituent pour le pollueur un coût supplémentaire. Pigou a été l'un des précurseurs de l'économie de l'environnement en mettant en place le principe "pollueur-payeur", qui consiste à faire payer le coût de l'externalité pour la collectivité par celui qui en est responsable. Lorsqu'un agent est responsable d'un effet externe négatif, le coût social supporté par la collectivité est supérieur au coût privé supporté par l'agent pollueur. La différence entre ce coût social et le coût privé représente le désagrément subi par les victimes de la pollution. Si l'État intervient par le biais d'une taxe, il impose aux responsables des effets externes de supporter les coûts des dégâts causés : l'écart entre le coût social et le coût privé disparaît. La taxe devient donc un moyen d'éliminer une défaillance du marché.
- À court terme, le producteur est ainsi incité à moins produire, donc à réduire les émissions polluantes.
- À moyen et long terme, il pourra également être encouragé à utiliser des technologies de production moins polluantes pour minimiser son paiement de la taxe. On parle alors d'internalisation des externalités, c'est-à-dire que le producteur intègre dans son calcul du coût privé le coût social environnemental via la taxe.
- De plus, le prélèvement d'une nouvelle taxe se traduit par de nouvelles recettes fiscales que les pouvoirs publics pourront affecter à la réparation, au moins partielle, des dommages causés. Ils peuvent aussi affecter une part de ces recettes à la réduction de la pression fiscale sur d'autres facteurs, notamment le travail, auquel cas l'emploi s'en trouvera stimulé : on parle alors de "double dividende".
Le théorème de Coase
Ronald Coase
Ronald Coase
"The Problem of Social Cost", The Journal of Law
1960
Ronald Coase (1910 - 2013) publie en 1960 "The Problem of Social Cost". Pour lui, la redéfinition des droits de propriété privée peut se substituer avantageusement à la taxe, en créant des droits d'émission et la création d'un marché de ces droits. Passer par le marché permet d'équilibrer librement l'offre et la demande. En effet, au lieu d'avoir recours à la taxation, ou à la réglementation pour corriger les externalités négatives affectant des biens publics, Coase préconise l'attribution de droits de propriété par l'État : lorsque les coûts de transactions (les coûts que représentent les échanges sur le marché) sont nuls, l'attribution de droits de propriété aboutit à une allocation optimale des ressources. Coase remet ainsi en cause le recours à la réglementation pour corriger les défaillances de marché et son théorème permet de justifier les politiques libérales.
Ainsi, le développement de marchés de quotas d'émission repose sur des hypothèses posées par Coase (que l'on a ensuite appelé "théorème de Coase", bien qu'il ne l'ait jamais formulé ainsi) :
- Le volume total d'émissions est fixé par une autorité qui distribue des quotas (les droits).
- Ces droits doivent être échangeables sur un marché sans coût de transaction.