Théorie de Karl Marx
Karl Marx
Karl Marx
Le Capital
1867, 1885 et 1894 (post mortem, publié par Engels)
Karl Marx
Manifeste du parti communiste
1848
Marx (1818 - 1883) est un penseur incontournable du XIXe siècle dont l'œuvre, qui touche à la fois à l'économie, à la philosophie et au droit, est sans cesse au centre de critiques et de débats. En fait, Marx se consacre à la philosophie jusque dans les années 1840, puis décide d'abandonner cette discipline pour se tourner plutôt vers l'économie politique : "les philosophes ne font qu'interpréter le monde, il s'agit de le transformer".
C'est sa rencontre avec Engels en 1844 qui pousse Marx à s'intéresser encore plus précisément aux mutations économiques et sociales provoquées par la révolution industrielle en Angleterre. Marx et Engels participeront aux mouvements révolutionnaires, dans le but de dénoncer le système capitaliste.
Pour Marx, le capitalisme est l'étape ultime du développement des forces productives. Il est caractérisé par l'opposition entre un petit nombre de propriétaires capitalistes qui détiennent les moyens de production (la bourgeoisie), et une masse de travailleurs exploités (le prolétariat). L'ouvrier est exploité et déshumanisé, car sa force de travail est considérée comme une marchandise que le capitaliste s'approprie comme il le ferait avec une machine. Par ailleurs, la bourgeoisie s'approprie la plus-value (la survaleur créée par le travail, c'est-à-dire la différence entre le coût du travail et la valeur créée). Le capitalisme est ainsi un système d'exploitation, aussi bien du capital que des travailleurs. Marx explique que l'existence d'intérêts antagonistes, notamment sur le partage de la valeur ajoutée entre les propriétaires du capital et les propriétaires de la force de travail, favorise l'émergence d'une lutte des classes. Les classes chez Marx sont des classes "pour soi" lorsqu'en plus d'être des classes "en soi" (c'est-à-dire définie par leur place dans le processus productif) elles prennent conscience de leur existence et de leur appartenance. Cela permet de créer une identité de classe, et cela peut donner lieu à (mais aussi se faire à travers) des mouvements de revendications collectives.
S'il se montre très critique envers le système capitaliste, qu'il voit comme une exploitation de l'Homme par l'Homme, Marx est persuadé (contrairement à la plupart des économistes classiques) que cette production industrielle permet des rendements croissants et donc un haut niveau de satisfaction des besoins. Il faut toutefois en profiter pour mettre en place une organisation sociale nouvelle, où le travailleur serait enfin libéré, grâce à la disparition de la propriété privée des moyens de production. Ainsi, l'aliénation du travailleur et les rapports de domination disparaîtraient enfin, au profit d'une société communiste juste où la propriété des moyens de production ainsi que la direction de la production seraient collectives.
On suppose un entrepreneur (un capitaliste) qui produit des tables. Il utilise des machines et des matières premières (capital constant : C) et de la force de travail (capital variable : V).
- Supposons que pour produire 1 table il faut C = 6 heures de travail et 10 heures de travail salarié. La valeur de la table est donc de 16 heures.
- Supposons maintenant que la valeur de la force de travail soit de 7 heures de travail ( V = 7 heures), cela signifie que le capitaliste va payer le travailleur 7 heures alors qu'il a travaillé 10 heures.
\text{Valeur table} = C + V + pl = 6 + 7 + 3 = 16 (Où pl est la plus-value)
La plus-value est donc la différence entre la valeur créée par la force de travail et ce qu'a coûté la force de travail. Il y a exploitation de la force de travail, mais pas de vol puisque la force de travail est payée à sa valeur.
Moyennisation de la société
Henri Mendras
Henri Mendras
La Seconde Révolution française 1965 - 1984
1988
En 1988, le sociologue Henri Mendras (1927 - 2003) publie La Seconde Révolution française. Il analyse les transformations de la société française entre 1965 et 1984 et met en évidence une transformation de la structure sociale.
Avec la disparition de la société paysanne traditionnelle, "l'embourgeoisement" des ouvriers, dont la part dans la population active décroit, et le gonflement d'une vaste classe moyenne, on ne peut plus selon lui représenter la société sous la forme classique d'une pyramide.
De plus, les inégalités de salaires tendent à se réduire, l'emploi féminin se développe, les situations familiales se diversifient : ce sont des facteurs qui favorisent un certain "émiettement des classes".
Il propose un schéma en forme de toupie (strobiloïde) dans lequel, hormis une petite élite (3% environ) et une frange d'"exclus" (7%), la société française se regrouperait au sein d'un vaste centre. À côté d'une vaste "constellation populaire" (50% de la population), Mendras dessine "une constellation centrale" (25%) en forte expansion (les cadres). Caractérisée par une mobilité sociale intense, cette constellation serait un lieu d'innovations sociales qui se diffuseraient à l'ensemble d'une société aux frontières entre groupes moins rigides.
Le sociologue prend l'exemple fameux du barbecue, forme conviviale et décontractée de repas entre amis, lancé par la constellation centrale et adopté par tous, même si les modalités de cette pratique varient.