Sommaire
IComment définir et mesurer la mobilitéALes différents types de mobilité socialeBLes tables de mobilité1La construction des tables de mobilité2Les limites des tables de mobilitéIILes caractéristiques de la mobilité sociale contemporaineALes spécificités de la mobilité des hommes et des femmesBUne société mobile n'est pas forcément fluideIIILes facteurs de la mobilité socialeALes facteurs de la mobilité structurelleBLes facteurs de la mobilité netteComment définir et mesurer la mobilité
Les différents types de mobilité sociale
La mobilité sociale correspond à un changement de catégorie sociale, mesuré généralement par la PCS. Il existe plusieurs types de mobilité :
- La mobilité géographique, qui décrit un changement de localisation, mais pour un poste qui peut être identique.
- La mobilité intragénérationnelle ou professionnelle, qui correspond à un changement de PCS au cours de sa carrière.
- La mobilité intergénérationnelle, qui correspond à un changement de catégorie sociale entre deux générations. Elle peut être horizontale ou verticale. Si la mobilité est horizontale, il n'est pas possible de hiérarchiser la catégorie sociale des parents et des enfants. Si la mobilité est verticale, elle peut être ascendante (occuper une PCS plus élevée dans la hiérarchie sociale que celle de son père) ou descendante. En l'absence de mobilité sociale, on parle de reproduction sociale.

Les tables de mobilité
La construction des tables de mobilité
Les tables de mobilité sont construites tous les dix ans environ à partir de l'enquête Formation et qualification professionnelle (FQP) réalisée par l'Insee. Il s'agit d'interroger les hommes ou les femmes actif(ve)s, souvent âgé(e)s de 40 à 59 ans sur leur profession actuelle ainsi que sur celle de leur père lorsqu'ils avaient 20 ans. Ces données permettent de croiser, dans un tableau à double entrée, la position d'un individu avec celle de son père.
Une table de destinée donne, pour chaque PCS des pères, la répartition des professions occupées par les fils ou les filles. Il s'agit ici de savoir ce que sont devenus les enfants issus des différentes catégories socioprofessionnelles. On se pose donc la question : « Que sont devenus les individus issus d'une certaine catégorie sociale ? ». On se demande quel est leur destin social.
Une table de recrutement classe pour chaque PCS les fils ou les filles en fonction de leur origine sociale, c'est-à-dire de la PCS de leur père. Il s'agit dans cette table de connaître, au sein d'une catégorie sociale actuelle, l'origine socioprofessionnelle des individus qui la composent (cette origine socioprofessionnelle est souvent mesurée par le groupe socioprofessionnel du père). On se pose donc la question : « D'où viennent les individus qui composent une certaine catégorie sociale ? ». On se demande quel est le recrutement social dans une catégorie donnée.

Les limites des tables de mobilité
Les tables de mobilité présentent certaines limites :
- La difficulté de hiérarchiser certains groupes socioprofessionnels entre eux, ce qui est pourtant utile à une étude significative de la mobilité sociale comme les artisans-commerçants et chef d'entreprises.
- Elles ne concernent que des actifs occupés ou des anciens actifs occupés, classés selon leur précédente activité professionnelle. Mais ces personnes peuvent être au chômage, en emploi atypique ou devenues inactives. Ces fractures économiques et sociales, qui n'apparaissent pas dans la classification en PCS, ne sont pas prises en compte dans l'analyse de la mobilité sociale.
- Pendant longtemps, les tables de mobilité ont été construites à partir de la profession des hommes de 40 à 59 ans et de celle de leurs pères. Elles ne donnaient donc une vision que partielle de la mobilité sociale, laissant de côté les trajectoires des femmes.
- La mobilité objective peut être différente de la mobilité subjective. Si on occupe la même profession que son père, mais avec un statut précaire, les tables de mobilité considèrent qu'il s'agit d'immobilité sociale. Cela peut expliquer un sentiment de déclassement qui correspond à la situation d'individus qui connaissent une réussite professionnelle ou sociale moins favorable que celle de leurs parents.

Les caractéristiques de la mobilité sociale contemporaine
Les spécificités de la mobilité des hommes et des femmes
Depuis la fin des années 1970, la mobilité sociale des hommes est restée stable, avec près des deux tiers appartenant à une catégorie socioprofessionnelle différente de celle de leur père. Chez les femmes du même âge, la mobilité a davantage progressé par rapport à leur mère que par rapport à leur père. Cependant, ces mobilités sont de moins en moins influencées par l'évolution de la structure socioprofessionnelle.
Pour les hommes, la mobilité ascendante est plus fréquente que la mobilité descendante, tandis que pour les femmes, l'ascension sociale est majoritaire par rapport à leur mère mais plus souvent descendante qu'ascendante par rapport à leur père. La reproduction sociale reste marquée chez les cadres et les ouvriers qualifiés pour les hommes, ainsi que chez les salariées non qualifiées pour les femmes.

Une société mobile n'est pas forcément fluide
La mobilité observée mesure la mobilité sociale totale parmi une population. Pour la calculer, il faut faire la somme de tous les individus qui ne sont pas situés sur la diagonale de reproduction sociale et calculer leur part dans la population totale.
On peut aussi s'intéresser à l'égalité des chances en fonction de l'origine sociale. Il faut alors mesurer la fluidité sociale qui correspond à une situation dans laquelle la position sociale d'un individu ne dépend pas de son milieu social d'origine. Grâce au calcul des odds ratio, on compare les chances qu'ont deux types d'individus d'origines différentes d'atteindre la même position sociale, en général de devenir cadre. Par exemple, on peut se demander dans quelle mesure un enfant de cadre a plus de chances de devenir cadre plutôt qu'ouvrier par rapport à un enfant d'ouvrier.

Les facteurs de la mobilité sociale
Les facteurs de la mobilité structurelle
Une part de la mobilité sociale vient de la mobilité structurelle due aux modifications générales de la structure sociale telles que la tertiarisation ou la hausse des qualifications. C'est pourquoi aujourd'hui de nombreux fils d'agriculteur ne peuvent plus occuper la même position sociale que leur père.
De plus, il y a un décalage entre l'évolution de la structure des diplômes et celle de la structure des emplois du fait que le niveau de diplôme progresse plus vite que le nombre d'emplois qualifiés et qui agit sur la mobilité subjective. Elle rend compte d'un sentiment de déclassement lié au décalage entre le diplôme obtenu et la position occupée. On parle, pour décrire ce phénomène, de paradoxe d'Anderson qui est le fait que malgré un niveau de diplôme supérieur à celui de leurs parents, les enfants ne parviennent pas à atteindre un statut social plus élevé que le leur. La massification de l'enseignement provoque donc une baisse du rendement des diplômes.

Les facteurs de la mobilité nette
Une part importante de la mobilité sociale vient de la mobilité nette qui correspond aux permutations entre enfants d'origines sociales différentes liée aux chances d'accéder ou non à une position sociale donnée. Elle demeure relativement faible car les enfants n'ont ainsi pas tous les mêmes ressources culturelles (capital culturel). De nombreux éléments peuvent intervenir : la capacité à aider scolairement ses enfants, des pratiques culturelles plus ou moins favorables à la réussite scolaire, comme la lecture, etc. Les inégalités économiques renforcent cet écart, en rendant plus ou moins accessible la poursuite d'études longues, ou encore le recours à l'éducation privée. Les configurations familiales agissent donc sur la mobilité nette comme la taille de la fratrie qui plus réduite est favorable à la mobilité. Le divorce des parents joue aussi sur la réussite scolaire des enfants de cadres en limitant leur capacité à reproduire la position parentale (moins bon suivi des devoirs, conditions financières dégradées, etc.). La famille a donc un impact sur la mobilité.
