Sommaire
ILa mondialisation des échanges et le commerce internationalALa libéralisation et l'internationalisation des échangesBLes théories du commerce international1La théorie des avantages absolus et comparatifs2La théorie des dotations factorielles3La théorie du commerce intra-branche et des économies d'échelleCLes limites du libre-échange et les stratégies des FMN1Les avantages du libre-échange2Les limites du libre-échange et le protectionnisme3Les stratégies des FMNDSchéma bilan sur la mondialisation des échanges et le commerce internationalIIL'Union européenne dans la globalisationAL'intégration européenneBLa zone monétaire européenneCUne coordination des politiques qui reste difficileDSchéma-bilan sur l'Union européenne dans la globalisationLa mondialisation des échanges et le commerce international
La libéralisation et l'internationalisation des échanges
L'essor des échanges internationaux connaît à partir du XIXe siècle une accélération considérable. Dès 1945, l'internationalisation des échanges prend une telle ampleur que la croissance des échanges est plus rapide que la croissance des PIB.
L'internationalisation des échanges
L'internationalisation est un processus caractérisant le développement des relations économiques et des échanges commerciaux entre les nations.
Cette ouverture croissante des économies s'accompagne à partir des années 1960 du développement des firmes multinationales dont le commerce en consommations intermédiaires entre filiale et sièges accroît encore la dimension internationale des échanges.
Firme multinationale (FMN)
Une firme multinationale est une grande entreprise nationale qui possède ou contrôle plusieurs filiales de production dans plusieurs pays. Elle est composée d'une société-mère (dans le pays d'origine) et d'entreprises détenues ou contrôlées à l'étranger, appelées filiales.
L'internationalisation des échanges s'est accompagnée d'une libéralisation des marchés (abaissement des droits de douanes et des taxes) ainsi que d'une accélération et d'une diversification des échanges (essor des services notamment). Les pays émergents se sont progressivement intégrés au commerce mondial et se sont spécialisés dans certaines activités (produits pétroliers, agroalimentaires, manufacturés).
Enfin, des zones de libre-échange se sont développées dans les années 1980 - 1990 :
- UE (Union européenne)
- ALENA (Amérique du nord et Mexique )
- MERCOSUR (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay)
- ASEAN (Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande)
Cet accroissement des échanges internationaux et l'interdépendance des échanges entre pays et entreprises donnent naissance à la mondialisation économique appelée aussi globalisation.
Mondialisation économique
La mondialisation économique va au-delà de l'internationalisation des échanges, elle désigne le passage d'un cadre national à un cadre international pour les agents économiques, et une interdépendance croissante entre les acteurs économiques à l'échelle du globe.
Les théories du commerce international
Les économistes cherchent à comprendre de quelle manière s'organisent les échanges internationaux et à mettre en évidence les déterminants qui expliquent les spécialisations dans les échanges.
Trois théories principales tentent d'éclairer les déterminants de l'échange :
- la théorie des avantages absolus et comparatifs
- la théorie de la dotations factorielle
- la théorie du commerce intra-branche et des économies d'échelle
La théorie des avantages absolus et comparatifs
Dès l'époque moderne, les économistes anglais Adam Smith et David Ricardo établissent les fondements de la théorie classique du commerce et démontrent que les échanges internationaux peuvent permettre d'accroître la richesse d'un État.
Adam Smith montre que les nations ont un intérêt à échanger en achetant ce que les autres peuvent produire moins cher et en échangeant les produits pour lesquels ils disposent d'un avantage absolu.
Avantage absolu
On dit qu'un agent économique, ou une économie, dispose d'un avantage absolu sur un autre dans la production d'un bien lorsque cet agent est plus productif dans la production de ce bien.
David Ricardo montre que même en l'absence d'avantage absolu le commerce reste profitable et que chaque pays doit prendre en compte les prix relatifs et se spécialiser dans la production pour laquelle son avantage comparatif est le plus grand ou pour laquelle sa production a le moins grand désavantage comparatif. La théorie des avantages absolus et comparatifs amènent les premiers économistes classiques à défendre le libre-échange et fonde le courant libéral en économie.
Avantage comparatif
Un avantage comparatif désigne la base de spécialisation par laquelle un pays a intérêt à se spécialiser dans la production où il possède le plus grand avantage (il est relativement le meilleur) ou le plus petit désavantage (il est relativement le moins mauvais).
La théorie des dotations factorielles
Les analyses d'Adam Smith et de David Ricardo sont approfondies au XXe siècle par les travaux des économistes Heckscher, Ohlin, et Samuelson qui cherchent à expliquer la spécialisation des échanges dans certains produits. Leur théorie nommée aussi "théorème HOS" montre que la spécialisation s'explique par la dotation factorielle, c'est-à-dire la dotation en facteurs de production. Le théorème HOS énonce qu'un pays X a intérêt à se spécialiser dans la production qui nécessite le plus le facteur de production dont le pays X dispose en abondance, car c'est ce facteur qui est relativement le moins cher pour ce pays.
Dotation factorielle
La dotation factorielle représente la quantité de facteurs de production (travail, capital, terre) présents dans un pays.
La théorie du commerce intra-branche et des économies d'échelle
Dans les années 1960 - 1970, les économistes Linder et Lassudrie-Duchêne montrent que le marché extérieur devient progressivement un prolongement du marché intérieur. Les pays échangent alors des biens semblables mais différenciés (selon la qualité, la sophistication, l'origine). Ce commerce intra-branche joue un rôle considérable dans les échanges entre pays développés et la demande de différence de la part des consommateurs conduit à une concurrence monopolistique qui devient importante.
Concurrence monopolistique
La concurrence monopolistique est une situation dans laquelle les produits sont tellement différenciés que les entreprises disposent d'un certain monopole sur leurs propres produits.
Cette nouvelle théorie est affinée par Paul Krugman, économiste américain et prix Nobel en 2008, qui montre qu'avec les avantages comparatifs le système d'échange international repose aussi sur l'existence d'économies d'échelle et l'existence de situations de concurrence imparfaite.
Dans une situation d'économie d'échelle, une entreprise en accroissant le volume de ses productions obtient des coûts unitaires de production de plus en plus faibles. Dans cette situation, un producteur ou un nombre limité de producteurs devient plus efficace, car il peut produire à lui seul un grand volume de production et obtenir un coût unitaire plus faible que ses concurrents. Lorsqu'un producteur est déjà implanté sur un marché et profite des économies d'échelles, il est alors très difficile pour un concurrent de se lancer sur le marché car il faudrait qu'il produise autant que le premier pour pouvoir avoir des coûts aussi bas et proposer des prix concurrentiels.
Cette situation est qualifiée par Krugman de concurrence imparfaite, car elle a pour conséquence de réduire le nombre d'offreurs (entreprises) sur un marché national. Les échanges internationaux, en ouvrant le marché national aux entreprises étrangères dans la même situation, permet alors de diversifier les produits notamment dans le commerce intra-branche.
Les limites du libre-échange et les stratégies des FMN
Les avantages du libre-échange
Les travaux des économistes montrent que le commerce international présente de nombreux avantages à la fois pour les producteurs et consommateurs mais également des limites qui conduisent à restreindre le libre-échange dans certaines situations.
Pour les consommateurs, les avantages du libre-échange et du développement du commerce international sont les suivants :
- Accéder à une plus grande variété de produits
- Diminuer les prix par la concurrence internationale
Pour les producteurs, le développement du commerce international présente aussi un certain nombre d'avantages :
- L'ouverture de nouveaux débouchés à la production.
- Le renforcement des économie d'échelles (les nouveaux débouchés permettent d'augmenter le volume de production et de diminuer les coûts de production)
- Les échanges technologiques autour des nouveaux produits
D'une manière plus générale, le développement du commerce international pousse les entreprises à améliorer leur compétitivité prix et leur compétitivité hors-prix.
Compétitivité-prix
La compétitivité prix est la capacité d'une entreprise à proposer un bien ou un service à un prix inférieur au concurrent, à qualité égale.
Compétitivité hors-prix
La compétitivité hors-prix est la capacité d'une entreprise à offrir des produits différenciés des concurrents : qualité, innovation, design, marque, etc.
Les limites du libre-échange et le protectionnisme
Protectionnisme
Le protectionnisme désigne une doctrine et des politiques économiques reposant sur l'application de mesures tarifaires et non tarifaires visant à protéger ou favoriser les producteurs nationaux face à la concurrence étrangère.
Le commerce international et son développement via le libre-échange présente toutefois des inconvénients, pour les producteurs comme pour les consommateurs :
- Risque de disparition de productions locales face à la concurrence étrangère
- Risque de "dumping social" engendrant une baisse de salaire et une dégradation des conditions de vie et de travail
- Risque de délocalisation d'activité et destruction des emplois locaux
- Risque d'atteinte aux droits des consommateurs et de remise en question des normes nationales au nom du libre-échange
Délocalisation
La délocalisation est une pratique consistant à fermer une unité de production sur le territoire national pour en ouvrir une autre à l'étranger, afin de produire à des coûts moindres.
Dumping social
Le terme de "dumping social" désigne la stratégie d'un pays qui choisit de réduire les normes, les réglementations concernant le travail ou encore la protection sociale afin d'attirer les investissements au détriment des autres États.
Le "dumping social" est avant tout un concept issu du monde politique, et les économistes évitent d'utiliser ce terme (l'INSEE, notamment, ne l'emploie pas), car les effets réels de la concurrence internationale sur l'emploi sont mal connus.
Pour tenter de protéger leur marché de certains des désavantages du libre-échange, de nombreux pays utilisent plus ou moins ponctuellement des mesures protectionnistes qui peuvent être des barrières tarifaires (taxes appliquées sur des produits étrangers entrants) ou le plus souvent des barrières non tarifaires comme :
- Des restrictions quantitatives (quotas, contingentements) sur les volumes d'importations
- Des mesures de commerce administré limitant par accord les exportations d'un pays vers un autre
- Des mécanismes anti-subventions ou anti-dumping interdisant l'importation de certains produits
- L'imposition de normes diverses, techniques, sanitaires ou autres limitant les possibilités d'importations de produits
La mise en place de telles politiques protectionnistes peut se faire entre autres pour des raisons politiques, stratégiques ou culturelles (protéger des industries naissantes ou stratégiques de la concurrence, préserver un patrimoine particulier). Cependant le protectionnisme est une mesure défensive qui présente également plusieurs limites pour les économies nationales car :
- Les producteurs ne sont pas incités à l'innovation puisqu'ils disposent d'un marché protégé et ne sont pas menacés par la concurrence.
- Les consommateurs ne bénéficient pas de l'effet de la concurrence sur les prix.
- Les consommateurs ont un choix plus restreint car les variétés étrangères ne peuvent être vendues sur le marché national, ou à un prix prohibitif.
- Les autres pays peuvent également mettre en place des mesures protectionnistes ce qui limite le développement économique.
Les stratégies des FMN
L'essor des firmes multinationales (FMN) joue un rôle considérable dans la mondialisation des échanges. Désormais les stratégies des FMN jouent un rôle clé dans le système des échanges internationaux.
Investissement direct à l'étranger (IDE)
Un IDE est une exportation de capitaux (donc un investissement) qu'une unité institutionnelle (entreprise, fonds de pension) effectue dans le but d'acquérir, créer ou développer une unité institutionnelle résidente d'une économie étrangère. L'unité qui réalise l'IDE devient propriétaire d'une partie de l'unité-cible et veut avoir une influence significative sur sa gestion.
Les stratégies des FMN s'inscrivent aujourd'hui autour de trois principaux axes :
- L'inscription au sein de la DIPP
- Le développement du commerce intra-firme et entre firmes
- La création de débouchés nouveaux par le commerce international
La production des firmes multinationales est désormais pensée à l'échelle mondiale. Elle est fragmentée entre différents pays qui sont les plus compétitifs sur un segment particulier de la chaîne de production. Les FMN jouent sur les coûts de production en établissant des filiales qui réalisent des étapes du processus de production là où les coûts pour chaque étape de production sont moindres, en profitant des avantages des différents pays (salaires, savoir-faire, matières premières, fiscalité, etc.).
Division internationale du travail (DIT)
La Division ou Décomposition internationale du travail consiste à répartir les différents stades de production d'une même FMN entre différents pays en fonction des avantages de chacun.
Les FMN peuvent également avoir recours à l'externalisation. Cela permet notamment de déplacer les risques et faire reposer la production sur un plus grand nombre d'acteurs. Il s'agit alors de commerce entre firmes. Par ailleurs, le commerce intra-firme présente l'avantage particulier de pouvoir utiliser les prix de transfert, c'est-à-dire les prix des biens et services faisant l'objet de transactions au sein de la FMN. Ces prix sont déterminés par la firme et sont différents des prix du marché, permettant ainsi de modifier les prix de transfert selon les conditions fiscales ou réglementaires des pays où elle est présente.
Externalisation
L'externalisation est un processus par lequel une entreprise confie à des sous-traitants (nationaux ou étrangers) une partie de sa production qui était jusque-là réalisée par elle-même.
Les FMN cherchent enfin à alléger leurs coûts mais aussi à obtenir des débouchés. Elles peuvent ainsi s'implanter au plus près des consommateurs : cela permet de connaître le marché et de le conquérir plus rapidement. Elles peuvent également chercher à s'implanter au plus près des compétences ou des technologies dont elles ont besoin. Les firmes doivent alors aussi tenir compte des coûts de transport. Si ceux-ci sont élevés, elles ont intérêt à développer des filiales au plus près des consommateurs.
Schéma bilan sur la mondialisation des échanges et le commerce international
La mondialisation des échanges et le commerce international
L'Union européenne dans la globalisation
L'intégration européenne
L'idée d'unir les États d'Europe est ancienne, mais ce sont les deux guerres mondiales qui poussent un certain nombre de penseurs et de décideurs (les "pères fondateurs" de l'Europe) à relancer le projet européen. Les principales dates de la construction économique de l'Union européenne sont :
- 1951 : création de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA) par l'Allemagne, le Benelux, la France et l'Italie
- 1957 : signature du traité de Rome instituant la Communauté économique européenne (CEE)
- 1962 : mise en place de la PAC (Politique agricole commune)
- 1992 - 1993 : signature, à Maastricht, du traité sur l'Union européenne (UE), qui remplace la CEE et fixe l'objectif du passage à une monnaie unique. Mise en place du marché unique, la libre circulation des marchandises, des services, des personnes et des capitaux est instaurée.
- 1998 - 1999 : mise en place de la Banque centrale européenne (BCE)
- 2002 : mise en circulation de l'euro
La création de l'Union européenne répond à un projet à la fois politique, économique et culturel d'intégration progressive et originale des pays de l'Europe occidentale entre eux. L'intégration économique comprend plusieurs degrés mis en évidence par l'économiste Béla Balassa. On distingue traditionnellement :
- La zone de libre-échange : suppression des barrières douanières entre les pays membres
- L'union douanière : suppression des barrières douanières et instauration d'un tarif extérieur commun
- Le marché commun : union douanière plus libre circulation des facteurs de production (travail et capital)
- L'union économique : marché commun plus mise en place de politiques communes
- L'union économique et monétaire : union économique plus mise en place d'une monnaie unique
- L'union politique serait un sixième degré dont l'objectif serait la construction d'un gouvernement commun et une harmonisation des lois et fiscalités.
Union économique et monétaire (UEM)
L'Union économique et monétaire (UEM) est un espace économique constitué par les membres d'une union économique qui abandonnent leur souveraineté monétaire au profit d'une souveraineté commune (politique monétaire et monnaie unique).
En ouvrant leurs marchés à la libre circulation des biens et des services, les États membres de l'Union européenne (28 actuellement) espèrent une intensification de la concurrence et une logique de spécialisation, pouvant conduire à des gains de productivité, des économies d'échelle et donc à une croissance plus dynamique.
La zone monétaire européenne
L'union douanière et la libre circulation des facteurs de production ont poussé la communauté européenne à développer l'intégration monétaire avec la mise en place d'une monnaie unique : l'euro.
Cette mise en place est progressive :
- 1971 : fin du système Bretton Woods (fin de la parité fixe or-dollar et mise en place de taux de change flottants) renforçant l'instabilité monétaire en Europe
- 1972 - 1978 : mise en place du "serpent monétaire européen"
- 1979 - 1993 : mise en place du "système monétaire européen"
Ces deux systèmes reposaient sur l'instauration d'un taux de change de référence entre les monnaies d'Europe, et d'une marge de fluctuation autour de laquelle la valeur des monnaies pouvaient varier.
Cependant, le choix de maintenir des taux de change fixe et une libre circulation des capitaux entre les pays européens empêchait qu'ils puissent mener librement des politiques monétaires indépendantes, ce qui a mené à la mise en place d'une monnaie unique. Instauré en 1998 la Banque centrale européenne (BCE) met en circulation l'Euro en 2002 et c'est désormais elle qui décide de la politique monétaire unique pour tous les pays de la zone euro.
Au sein de la zone euro, la mise en place d'une monnaie unique doit permettre :
- L'élimination des coûts de transactions (il n'est plus nécessaire de changer sa monnaie pour commercer dans la zone).
- La disparition des fluctuations de change liées à la spéculation ainsi qu'aux dévaluations compétitives (lorsqu'un pays faisait diminuer la valeur de sa monnaie par rapport à une autre afin de favoriser ses exportations).
- Le contrôle de l'inflation sous l'égide de la BCE qui régule la création monétaire.
- La transparence des prix qui doit améliorer la concurrence et favoriser une baisse des prix pour les consommateurs.
Pour entrer dans la zone euro, les pays doivent respecter des critères, dits "critères de convergence", concernant notamment leur politique budgétaire. Le respect de ces critères devait assurer qu'une politique monétaire commune servirait les intérêts de tous les pays. Ces critères ont été définis par le traité de Maastricht en 1992 et réaffirmés par le traité d'Amsterdam en 1997 (Pacte de stabilité et de croissance, PSC), notamment :
- Un taux d'inflation maîtrisé, proche des 2%
- Un déficit public inférieur à 3% du PIB (sauf situations exceptionnelles)
- Une dette publique inférieure à 60% du PIB
Dans ce cadre, les politiques conjoncturelles sont contraintes :
- La politique monétaire est dirigée par la BCE. Celle-ci fixe donc des taux d'intérêt directeurs pour l'ensemble des banques commerciales de la zone euro. La politique de la BCE vise avant tout à maîtriser l'inflation, afin de garantir une valeur stable à la monnaie.
- La politique budgétaire reste aux mains des États mais doit respecter le PSC.
La communauté européenne a par ailleurs nécessité une coordination des politiques, un partage de compétences, ainsi que la mise en place de politiques communes.
Le processus d'intégration européenne réduit progressivement le degré d'autonomie des États membres, les pays étant de plus en plus intégrés : l'interdépendance entre les États membres s'accroît.
Les deux tiers des échanges de l'UE se réalisent avec des États membres. Les États doivent prendre en compte les effets de leurs politiques sur leurs partenaires commerciaux.
Une coordination des politiques qui reste difficile
L'Union européenne se heurte cependant à plusieurs difficultés :
- Faiblesse du budget : le budget de l'UE représente 1,1% du PIB européen, alors que les États-Unis ont un budget fédéral qui représente 25,4% de leur PIB. La faiblesse de ce budget et les limites fixées par le PSC compromettent la mise en place de politiques de relance de grande ampleur et rendent difficile le "rattrapage" économique des pays de l'Europe de l'Est en terme de productivité et de niveau de vie.
- Faible croissance économique : la croissance du PIB de l'UE est assez faible (entre 0,3% et 1,5% en moyenne) et le taux de chômage a augmenté régulièrement pour atteindre 10% en 2014. Si l'UE maintient globalement son déficit public à un niveau stable, la dette publique atteint presque les 90% du PIB.
- Difficile réforme des institutions : pour aller plus loin dans la supranationalité, il faudrait aujourd'hui réformer les institutions de l'UE, qui pour la plupart n'étaient pas prévues pour coordonner l'action d'un si grand nombre de pays. La question de l'Europe fédérale soulève celle de l'adhésion de 28 pays et une coordination politique à 28.
- Structure économique très différente des pays membres : les États membres de l'UE ne présentent pas les mêmes structures économiques, les mêmes ressources et les mêmes potentialités. La convergence économique semble de plus en plus difficile, car les pays présentent des caractéristiques divergentes : écarts de productivité, de production (en 2009, le PIB par habitant du pays le plus riche de l'UE était 17,5 fois plus élevé que celui du pays le plus pauvre de la zone), de niveau de vie, de chômage. Ces écarts nécessiteraient des politiques singulières et non communes.
Depuis 2010, l'Union européenne est également confrontée à une crise de son système monétaire et bancaire dans un contexte de ralentissement de la croissance économique :
- L'augmentation des déficits publics et la crise des dettes publiques (dite crise des dettes souveraines) a fragilisé le système bancaire, faisant craindre des défauts de paiement de la part de certains États.
- La politique de la BCE est l'objet de vives critiques car elle se fixe comme principal objectif la lutte contre l'inflation ce qui ralentit la croissance déjà faible.
- L'architecture institutionnelle de l'Union européenne et de l'UEM rend difficile l'établissement d'une policy-mix car la BCE conduit une politique qui reste indépendante des mesures budgétaires décidées par les États membres.
Policy-mix
Articulation des politiques monétaires et budgétaires en vue de stabiliser l'économie et relancer la croissance.
La crise de gouvernance économique de l'Union européenne est renforcée par l'hétérogénéité des pays membres de l'UE et de l'UEM et la difficulté de coordination des politiques économiques.
Les États membres se trouvent parfois en situation de concurrence les uns avec les autres et une coopération politique accrue est nécessaire pour mettre fin au dumping social et fiscal au sein de l'UE.
- Dumping social : certains États maintiennent des coûts du travail bas (avec des salaires ou une protection sociale faible). Pour les concurrencer, les autres États sont obligés de réduire à leur tour le coût du travail, ce qui dégrade les conditions de vie des travailleurs.
- Dumping fiscal : certains États accordent des avantages fiscaux aux entreprises afin qu'elles s'installent sur leur sol. En 2014, des journalistes ont ainsi révélé que le Luxembourg avait accordé ces avantages à de nombreuses entreprises européennes, qui évitaient ainsi de payer des impôts dans les pays où elles exercent leur activité.
Étant donné l'absence de barrières à l'échange entre les pays européens, une politique menée par un seul pays peut bénéficier à un autre pays qui ne ferait pas les mêmes efforts. On parle alors de politique non coopérative.