Sommaire
ILes grandes évolutions démographiquesALes mécanismes de la transition démographiqueBLes transformations de la structure de la population et le vieillissementIIL'impact démographique sur les comportements économiquesALa théorie du cycle de vieBL'épargne et la croissance économiqueIIILe financement des retraites et du système de santéALes systèmes de retraiteBLes limites du système de retraiteCLe système de santéDLa gestion du système de santé dans le cadre d'asymétries d'informationIVSchéma-bilan d'économie et démographieLes grandes évolutions démographiques
Les mécanismes de la transition démographique
La transition démographique est une évolution majeure de la dynamique démographique mondiale de long terme. Les pays développés ont connu cette phase de transition au cours du XIXe siècle, et les pays du reste du monde l'ont connue jusque dans les années 2000. La croissance démographique a été sans précédent aux XIXe et XXe siècles et la population mondiale est passée de 1 à 7,5 milliards d'individus. Progressivement, toutefois, le régime démographique moderne s'est étendu avec des taux de natalité et de mortalité bas. Désormais, la croissance démographique est faible, voire négative dans la plupart des pays développés qui ont achevé leur transition démographique.
La transition démographique
La transition démographique désigne le passage par étapes d'un régime démographique à mortalité et natalité élevées à un régime démographique à natalité et mortalité faibles.
La mortalité baissant avant la natalité, il en résulte un accroissement "naturel" de la population, mais l'accroissement total de la population dépend aussi des flux migratoires.
Ainsi, que ce soit sur longue ou courte période, la variation totale de la population correspond à l'addition du mouvement naturel (différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès dans un pays donné) et du mouvement migratoire (différence entre le nombre d'immigrants et d'émigrés dans un pays donné). Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, on observe des dynamiques démographiques divergentes, notamment en Europe :
- Jusqu'en 1965, l'Europe est touchée par un phénomène de baby-boom et la croissance démographique européenne est alors tirée par le solde naturel.
- Depuis les années 2000, les flux migratoires expliquent les deux tiers de la croissance de la population européenne.
En France, la population stagne dans la première moitié du XXe siècle, puis augmente de 50% depuis 1950. Alors que le reste des pays européens connaît un taux de fécondité relativement bas, la croissance naturelle de la population française assure une grande partie de la croissance de la population européenne. L'indice conjoncturel de fécondité augmente régulièrement et atteint aujourd'hui plus de 2 enfants par femme, l'un des plus élevés d'Europe.
Le recul de la mortalité s'explique par trois facteurs :
- La baisse de la mortalité infantile : dans les pays développés, la mortalité infantile est désormais très faible, plus faible qu'elle ne l'a jamais été dans l'histoire. En France, 4‰ (soit 0,4%) des nourrissons meurent avant l'âge d'un an en 2010, alors que ce taux était de 46‰ en 1950. Dans les pays en développement, elle baisse fortement, même si elle reste encore élevée, notamment en Afrique (elle est par exemple de 80‰ au Burkina Faso).
- Les progrès médicaux : les vaccins, l'amélioration des conditions d'hygiène et des pratiques médicales, ainsi que la meilleure prise en charge des personnes âgées ont permis de diminuer la mortalité.
- La hausse du niveau de vie : les individus vivent mieux qu'il y a 50 ans. De plus, l'enrichissement collectif a permis de financer des dispositifs d'assurance sociale. L'espoir de réserver un avenir meilleur à sa descendance limite le nombre d'enfants par famille.
La natalité a fortement baissé, principalement à cause des transformations culturelles et sociales depuis le XIXe siècle :
- La hausse du niveau de vie a permis aux individus de vivre mieux, en meilleure santé et moins dangereusement. L'enrichissement collectif a permis de financer des dispositifs d'assurance sociale permettant un meilleur accès de tous aux soins médicaux.
- La hausse de la scolarisation et de l'emploi féminin ont également contribué au recul de l'âge des femmes lorsqu'elles ont leur premier enfant et à la baisse de la natalité.
- La connaissance et la diffusion de moyens de contraception a permis de contrôler et de limiter le nombre de naissances.
Les transformations de la structure de la population et le vieillissement
Outre le ralentissement de la croissance démographique lié au ralentissement de la natalité et de la mortalité, on observe une modification de la structure par âge de la population et une accélération du vieillissement démographique dans les pays développés.
Ce vieillissement résulte du vieillissement des générations issues du baby-boom ("le papy-boom") et de l'allongement de l'espérance de vie. On distingue :
- Le vieillissement par "le bas" : le recul de la natalité et de la fécondité réduit la part des jeunes dans la population.
- Le vieillissement par "le haut" : le recul de la mortalité aux âges les plus avancés, conjugué à l'augmentation de l'espérance de vie à la naissance, augmente le nombre de personnes âgées au sein de la population.
La modification de la structure démographique selon l'âge a de grandes conséquences sur l'organisation socio-économique d'une société.
L'une des principales conséquences porte sur la redistribution des richesses. La population en âge de travailler crée la grande majorité des richesses, qui sont en partie redistribuées au reste de la population. Lorsque la part de la population en âge de travailler diminue dans la population, elle doit donc créer relativement plus de richesses pour subvenir aux besoins de toute la population.
Population active
La population active désigne l'ensemble des personnes en âge de travailler qui exerçent ou cherchent à exercer une activité professionnelle.
Le nombre d'actifs dépend de variables démographiques, mais aussi de variables juridiques et sociales.
Le nombre d'actifs augmente lorsque des générations plus nombreuses sont en âge de travailler.
Le nombre d'actifs est impacté par le recul de l'âge à la retraite.
Le nombre d'actifs est impacté par l'entrée sur le marché du travail des femmes. Cela augmente la population active, mais celle-ci diminue si les individus poursuivent des études plus longues.
La population active tend à vieillir, c'est-à-dire que l'âge moyen de la population active augmente. Cela se fait "par le haut" de la pyramide des âges avec l'élévation de l'âge à la retraite (en France, la réforme de 2010 a porté l'âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans) et "par le bas" avec l'augmentation de la durée des études qui fait que les nouvelles générations entrent plus âgées dans la population active.
On peut s'interroger sur les effets du vieillissement de la population sur la productivité (l'efficacité des travailleurs et donc leur capacité à créer des richesses) et la croissance économique (l'augmentation des richesses créées). En moyenne, le salaire des actifs en emploi augmente avec l'âge, mais on peut se demander si ce salaire suit une augmentation de la productivité des salariés. Or, les effets du vieillissement de la population sur la productivité sont très mal connus. On peut soutenir d'une part que les salariés peuvent perdre en productivité avec l'âge, du fait notamment de leur vieillissement physique. Cependant, au fil de leur carrière, les salariés accumulent aussi du capital humain, qui résulte des effets d'apprentissages et d'expériences.
L'immigration est enfin un facteur qui peut permettre à un pays de diminuer l'écart entre actifs et inactifs et de diminuer le ratio de dépendance, car les migrants sont souvent plus jeunes que la moyenne de la population d'accueil. La politique d'immigration est donc une question centrale pour les pays européens, qui connaissent un vieillissement démographique rapide. Sans immigration, la population active européenne diminuerait (de 100 millions d'ici 50 ans) et le nombre de personnes de plus de 65 ans (ainsi que le ratio de dépendance) augmenterait sensiblement.
L'impact démographique sur les comportements économiques
La théorie du cycle de vie
La théorie du cycle de vie est développée par l'économiste américain Franco Modigliani en 1954. Il décrit le comportement d'épargne et de consommation d'un individu au cours de sa vie. Le cycle de vie est modélisé en trois phases :
- Avant et au début de la vie active : les revenus sont faibles, voire nuls tant que l'individu ne travaille pas. Les individus utilisent ces revenus pour consommer et n'épargnent pas, voire ils s'endettent (par exemple pour acheter une maison). Le taux d'épargne est donc négatif.
- La vie active : ayant des revenus réguliers, l'individu en consomme une partie et utilise le reste pour rembourser ses dettes puis épargner en vue de la retraite. Le taux d'épargne est positif et les individus se constituent peu à peu un patrimoine.
- Après la vie active : les individus n'ont plus de revenus, et ils consomment peu à peu leur stock de patrimoine. Ils ont donc un taux d'épargne négatif.
L'épargne
L'épargne correspond à la part du revenu qui n'est pas consommée. Elle permet la constitution d'un patrimoine (biens immobiliers, placements financiers, etc.) qui lui-même générera des revenus (loyers, intérêts, dividendes).
Le modèle du cycle de vie permet de comprendre les effets des évolutions démographiques sur le taux d'épargne global d'une société.
- Les pays qui ont une population jeune ont un taux d'épargne relativement faible, car leur population est majoritairement composée d'individus qui s'endettent avant ou au début de leur vie active, ou ont des dettes à rembourser.
- Les pays dont la population active est vieillissante ont un taux d'épargne élevé car il s'agit principalement de personnes qui ont constitué un patrimoine pendant leur vie active. Cependant, à partir de la fin de la vie active, l'épargne diminue. Les pays avec une population très vieillissante et qui se compose de plus en plus de retraités voient donc leur épargne diminuer.
Les disparités démographiques entraînent donc des équilibres épargne-investissement différents selon les pays. On peut noter plusieurs limites à l'approche par le cycle de vie :
- Il ne prend pas en compte l'existence de systèmes de retraites qui assurent un revenu aux retraités.
- Il ne tient pas compte de variables comme les taux d'intérêt, qui influencent le taux d'épargne (le taux d'intérêt rémunère l'épargne des agents). Lorsque le taux d'intérêt augmente, il devient plus intéressant d'épargner que de consommer, et l'épargne des individus augmente.
- Il ne prend pas en compte les effets de génération (le parcours des différentes générations, leurs "vécus", montrent des taux d'épargne différenciés).
L'épargne et la croissance économique
Le rôle de l'épargne dans l'économie reste par ailleurs l'objet de vifs débats. Selon l'analyse classique et néoclassique, l'épargne est une décision individuelle qui représente un renoncement à la consommation immédiate et permet d'investir. L'épargne est la mise à disposition, pour les entreprises, de capitaux financiers nécessaires pour l'achat de machines, de locaux, etc. L'investissement est donc la condition de l'accumulation du capital, que les néoclassiques considèrent comme la première source de croissance économique : acquérir de nouveaux moyens de production, que ce soit pour augmenter les capacités de production ou les améliorer, permet de produire plus.
Le lien avec la théorie du cycle de vie a souvent été tenté. Une population jeune serait ainsi un frein à la croissance, le taux d'épargne étant relativement bas. Dans les faits, les pays à population jeune sont souvent les pays en développement où la croissance est forte. Il existe plusieurs raisons à cela :
- Une population jeune est le signe d'une population qui augmente donc d'un facteur travail qui augmente (plus il y a de travailleurs potentiels, plus la production peut augmenter).
- La finance est mondialisée (globalisée) ainsi la faible épargne d'un pays peut être compensée par l'utilisation d'une épargne étrangère.
- Enfin, l'épargne peut ne pas être la source de la croissance mais plutôt sa conséquence, comme le postule Keynes et les keynésiens.
Au contraire de l'économie classique, Keynes raisonne sur une économie où tous les facteurs ne sont pas employés, et où il est possible d'augmenter (ou de diminuer) la production sans faire varier la quantité de facteurs. Il explique qu'on ne peut pas uniquement considérer que l'épargne contraint l'investissement, mais aussi que l'investissement contraint l'épargne.
La décision d'investir pour produire plus peut créer de l'épargne. En effet, une augmentation de l'investissement a pour conséquence une augmentation de la production, donc une augmentation des revenus des agents qui consomment et épargnent ces surplus de revenus, ce qui compense l'investissement initial.
Au final, il y a une relation dynamique entre l'épargne et la croissance : l'épargne est source de croissance et la croissance est source d'épargne.
Le financement des retraites et du système de santé
Les systèmes de retraite
Système de retraite par capitalisation
Le système de retraite par capitalisation est un système de retraite dans lequel les individus actifs épargnent une partie de leur revenu afin de constituer un capital qui produit des intérêts. À l'âge de la retraite, ils perçoivent un revenu tiré de ce capital et des intérêts, en une seule fois ou sous la forme d'une rente qui leur est versée jusqu'à leur décès.
Dans le régime de retraite par capitalisation, chaque individu place son épargne dans des actifs financiers tout au long de sa vie active afin de vivre lors de sa retraite des revenus produits par cette épargne ou de la revente du capital accumulé.
Le plus souvent, les individus versent leur épargne à une caisse de retraite appelée fonds de pension. Il s'agit d'un organisme financier qui s'occupe de placer l'épargne qui lui est versée afin d'en tirer des rendements élevés, et de reverser des contreparties aux épargnants lorsqu'ils atteignent l'âge de la retraite.
Le système de retraite par capitalisation est le régime le plus répandu dans les pays anglo-saxons, et notamment aux États-Unis.
Système de retraite par répartition
Le système de retraite par répartition est un système de retraite dans lequel les actifs cotisent pour percevoir une rente à l'âge légal de la retraite.
Le régime de retraite par répartition repose sur le versement de cotisations sociales salariales et patronales versées au titre de l'assurance-vieillesse par les personnes en emploi. Ces cotisations sont immédiatement utilisées pour payer les pensions des personnes qui sont à la retraite au moment où les personnes en activité cotisent. Lorsque ces personnes en activité seront à leur tour à l'âge de la retraite, elles percevront des revenus tirés des cotisations sociales des personnes qui seront alors en activité, et ainsi de suite. C'est un système basé sur une solidarité intergénérationnelle (on ne cotise pas pour soi-même, mais bien pour ceux qui sont déjà à la retraite).
C'est la solution choisie par la France, et par la plupart des pays européens.
Les deux systèmes de retraite, par répartition et par capitalisation, sont souvent opposés. Cependant, ils peuvent être complémentaires. Aujourd'hui, dans la plupart des pays du monde, les deux systèmes coexistent, même si l'un a généralement une part largement plus grande que l'autre. Ainsi en France, le système par répartition est au centre du financement des retraites mais de plus en plus de français se tournent vers des systèmes d'épargne privée pour avoir des "retraites complémentaires".
Les limites du système de retraite
Il existe des limites aux systèmes des retraites. Le système de retraite par capitalisation revient pour les épargnants à placer leurs fonds sur les marchés de capitaux. Cette opération est par nature risquée, car si les entreprises dans lesquelles ces fonds sont placés font faillite, l'épargne est perdue. Il en va de même si les fonds servent à acheter des produits financiers qui perdent de leur valeur à cause d'une crise économique.
Les fonds de pension peuvent garantir au moins une partie des retraites en plaçant une part de l'argent qui leur est versé dans des produits réputés sûrs (par exemple des emprunts d'État).
De plus, le capital placé par les épargnants peut diminuer sous les effets de l'inflation (si le niveau général des prix double entre le moment où l'on place de l'argent et celui où on le reçoit, on peut acheter avec le même montant d'épargne deux fois moins de produits lorsque l'on récupère les fonds que lorsqu'on les a placés). Dans un système par répartition, les organismes d'assurance retraite peuvent choisir de revaloriser les retraites en augmentant les cotisations au rythme de l'inflation.
D'autre part, le système par capitalisation peut s'avérer très inégalitaire. Les travailleurs les plus pauvres n'ont pas la capacité de générer une épargne suffisante pour assurer leur retraite.
Le système par répartition présente lui aussi des limites. Comme la population vieillit, le système de répartition devient difficile à financer. Cela peut se comprendre par l'observation du ratio de dépendance.
Ratio de dépendance
Un ratio de dépendance est le rapport entre la population considérée comme dépendante et la population pouvant la soutenir par son activité.
La population considérée comme dépendante peut-être les retraités mais aussi les jeunes ou les inactifs.
En ce qui concerne les retraites en France, selon le Conseil d'orientation des retraites, il y avait 4 actifs cotisants pour 1 retraité en 1960, et seulement 1,8 pour 1 en 2010. Les révisions annoncent 1,2 pour 1 en 2050.
Une baisse du ratio se traduit souvent par une augmentation des cotisations qui peut inviter au travail non déclaré (travail au noir) ou qui peut frustrer les travailleurs obligés de cotiser plus sans savoir si eux-mêmes pourront bénéficier d'un tel système pour leur retraite et à quelles conditions.
Cela peut aussi se traduire par un allongement de la durée de cotisation et donc un recul de l'âge de départ à la retraite.
Le système de santé
La croissance démographique joue également un rôle important dans le financement du système de santé. Cependant, sous le poids des évolutions démographiques et économiques, le poids des dépenses de santé dans le budget public augmente :
- L'augmentation de l'espérance de vie et le vieillissement de la population révèlent des besoins de santé de plus en plus importants (les besoins augmentent dès 50 ans et ce durant tout le reste de la vie).
- L'augmentation des revenus et des niveaux de vie a conduit à une augmentation des dépenses de santé de la part des ménages.
- La montée du chômage et le ralentissement de la hausse des salaires réduisent l'assiette des cotisations.
- On assiste à une diminution de la part des salaires dans la richesse nationale au profit des revenus du capital, qui sont moins taxés pour financer la Sécurité sociale que le travail.
L'une des alternatives fondamentales est de savoir s'il vaut mieux avoir un système privé d'assurance santé (régulation marchande de l'assurance maladie) ou un système public (régulation administrée de l'assurance maladie).
La gestion des systèmes de santé oscille donc entre régulation marchande et régulation administrée :
- La régulation marchande consiste à introduire des mécanismes de marché dans l'économie de la santé. Elle peut notamment prendre la forme d'une privatisation de l'assurance maladie : on s'assure pour les dépenses de santé comme on assure sa voiture.
- La régulation administrée consiste à faire gérer l'économie de la santé par un organisme public. Elle répond à une vision de la santé comme une mission de service public fondée sur l'efficacité mais aussi l'équité (l'accès de tous aux soins).
La gestion du système de santé dans le cadre d'asymétries d'information
La gestion du système de santé est confrontée à l'existence d'asymétrie d'information.
Asymétrie d'information
L'asymétrie d'information correspond à une situation dans laquelle, lors d'une transaction, un des acteurs détient plus d'information que le ou les autres sur les conditions de l'échange (qualité des acteurs, qualité de ce qui est échangé, etc.), ce qui va conditionner l'échange.
Il existe une asymétrie d'information quand l'assuré connaît mieux les risques auxquels il va faire face que l'assureur. Cela conduit l'assuré à minimiser ces risques auprès de l'assureur, et cela conduit l'assureur à tenir compte de ce risque dans la détermination des termes du contrat d'assurance.
Le premier type d'asymétrie d'information est l'aléa moral.
Aléa moral
L'aléa moral désigne une situation dans laquelle un agent économique "assuré" va adopter un comportement plus risqué que s'il n'avait pas été "assuré".
Dans le cadre du système de santé français, le fait de savoir que les soins vont être remboursés où qu'ils coûteront bien moins que ce qu'il aurait fallu payer si le système de remboursement n'existait pas, peut inciter les agents économiques à en profiter plus que s'ils avaient à payer directement les soins (plus de visites chez le médecin, plus de jours d'arrêt, etc.). Ou encore, cela peut les inciter à adopter des comportements plus risqués face aux maladies, accidents, etc.
L'existence d'un aléa moral conduirait donc à la hausse des dépenses de santé et inviterait à une privatisation partielle ou totale du système en vue de responsabiliser les acteurs.
Mais un deuxième type d'asymétrie d'information va inviter à des conclusions inverses : la sélection adverse.
Sélection adverse
La sélection adverse (ou anti-sélection) est une situation dans laquelle l'existence d'asymétries d'information conduit au retrait d'agents économiques du marché.
Les assureurs ne connaissent pas les risques que présentent les assurés (ou pas complètement). Lorsque les assureurs vont proposer un contrat d'assurance (sachant qu'ils doivent maintenir la rentabilité de leur activité économique), ils vont tenir compte du fait qu'il existe des individus qui sont plus risqués. Or cette prise en compte implique de pratiquer des tarifs qui peuvent être plus élevés que nécessaire. Pour les agents économiques présentant le moins de risques, cela va poser un certains nombre de problèmes :
- Les "bons" agents économiques peuvent désirer se retirer du marché, c'est-à-dire ne pas vouloir s'assurer,
- Les "bons" agents économiques à faibles moyens financiers peuvent ne pas pouvoir s'assurer compte tenu d'une tarification trop élevée.
Un moyen d'échapper à ce problème consiste à adopter une gestion publique du système de santé, financée par prélèvements obligatoires.