Sommaire
ILa définition et la mesure de l'emploi et le chômageALes définitions de l'emploi et du chômageBLa mesure de l'emploi et du chômageIILes causes du chômage structurelALe chômage provient d'un déséquilibre du marchéBLes causes du chômage structurelIIILes effets des institutions sur le chômage structurelALes effets positifs de l'institutionnalisation du marché du travailBLes effets négatifs de l'institutionnalisation du marché du travailIVLes causes du chômage conjoncturelALes conjonctures du marché du travailBLes causes du chômage conjoncturelVLes politiques de lutte contre le chômageALes politiques de diminution du coût du travailBLes politiques de relance conjoncturelleCLes politiques de flexibilisation et la formation contre les rigidités du marché du travailLa définition et la mesure de l'emploi et le chômage
Les définitions de l'emploi et du chômage
La population active est l'ensemble des personnes ayant ou cherchant un emploi déclaré et rémunéré. L'emploi typique regroupe les personnes qui travaillent à temps plein, ont un contrat à durée indéterminée (CDI) et une protection garantie par les cotisations et la convention collective tandis que la précarité correspond à l'absence d'une ou plusieurs des sécurités permettant aux personnes et aux familles d'assumer leurs responsabilités élémentaires et de jouir de leurs droits fondamentaux.
Une personne est considérée comme chômeur si elle remplit simultanément les critères suivants : avoir 15 ans ou plus, être sans emploi, avoir effectué une démarche active de recherche d'emploi et être disponible pour travailler dans les deux semaines à venir.
Il existe un halo autour du chômage, qui regroupe les personnes qui déclarent rechercher un emploi, mais elles ne sont pas disponibles dans les quinze jours pour occuper un emploi et n'ont pas fait de démarche active de recherche d'emploi.
Le sous-emploi regroupe les personnes qui ont un emploi et qui travaillent involontairement moins que ce qu'elles souhaitent car elles sont à temps partiel subi.
Le chômage structurel est lié aux déséquilibres des structures socio-économiques comme les déséquilibres démographiques, le déclin d'activités traditionnelles, le changement dans la structure des emplois et l'inadéquation entre la formation et les attentes des employeurs, etc.
Le chômage conjoncturel résulte d'un ralentissement de l'activité économique.
Le chômage technologique est dû à la mise en place de nouveaux procédés de production, qui économisent de la main-d'œuvre.
Le chômage technique est une inactivité forcée dans l'entreprise en raison de circonstances particulières et indépendantes de l'entreprise.
Le chômage partiel est une inactivité forcée et décidée par l'entreprise pour réduire la production lorsque la conjoncture est défavorable.

La mesure de l'emploi et du chômage
Taux de chômage = \dfrac{\text{Nombre de chômeurs}}{\text{Population active}} \times 100
La population active regroupe les actifs occupés et inoccupés.
Le taux d'activité = \dfrac{\text{Nombre d'actifs (actifs occupés et chômeurs)}}{\text{Population en âge de travailler}} \times 100
La population active occupée est égale à l'emploi global.
Le taux d'emploi = \dfrac{\text{Population active occupée}}{\text{Population active en France}} \times 100
Les causes du chômage structurel
Le chômage provient d'un déséquilibre du marché
Le travail est considéré comme une marchandise et le marché du travail est un marché comme un autre. Le salaire réel est donc le prix du travail par confrontation entre l'offre et la demande de travail, et qui permet d'équilibrer les deux.
Cette vision du marché du travail souligne alors les capacités autorégulatrices du marché :
- si l'offre de travail est supérieure à la demande de travail, alors le taux de salaire réel diminue ;
- si la demande de travail est supérieure à l'offre de travail, alors le taux de salaire réel augmente.
L'intersection des courbes d'offre et de demande de travail détermine alors le taux de salaire d'équilibre et le niveau d'emploi d'équilibre. C'est pourquoi il y a du chômage quand l'offre de travail est plus élevée que la demande de travail. Cela se produit quand le taux de salaire réel est supérieur au taux de salaire d'équilibre.
Néanmoins, deux types de chômage peuvent exister :
- un chômage transitoire ou frictionnel : il s'agit un chômage à court terme lié au temps d'adaptation nécessaire des mouvements d'ajustement de l'offre et de la demande (le temps pour qu'une personne licenciée retrouve un emploi) ;
- un chômage volontaire : pour les économistes néoclassiques, il y a chômage volontaire lorsque des individus ne trouvent pas d'emploi parce qu'ils demandent un taux de salaire supérieur au taux de salaire d'équilibre du marché.
Les causes du chômage structurel
L'hétérogénéité du travail segmente le marché.
Le modèle de base considère le travail comme un facteur de production homogène. Or, l'hétérogénéité des niveaux de qualification, les spécificités des professions et le genre segmentent le marché du travail. Le facteur travail n'est donc pas homogène.
Le marché du travail serait donc divisé en segments étanches et inégalitaires :
- le marché primaire : constitué d'emplois stables, qualifiés et bien rémunérés ;
- le marché secondaire : constitué d'emplois précaires, peu qualifiés et mal rémunérés.
Le marché du travail présente une asymétrie de l'information.
Il existe une asymétrie d'information entre l'employeur et l'employé : l'employeur rémunère l'employé pour qu'il travaille, mais il ne peut pas observer directement les efforts fournis par ce dernier.
Le salaire d'efficience est le salaire nécessaire pour inciter un travailleur à être aussi productif que possible. Si le salaire est plus élevé que le salaire concurrentiel, alors le salarié a intérêt à garder cet emploi et à ne pas risquer de tomber au chômage. L'employé fournit alors un effort maximal. Le salaire d'efficience permet donc de réduire les asymétries d'information sur le marché du travail, mais il explique aussi la rigidité des salaires et le chômage involontaire.
Le chômage structurel provient d'un problème d'appariement.
L'appariement résulte de la rencontre sur le marché du travail entre un chômeur et un employeur qui a un poste vacant. La qualité du processus d'appariement désigne donc la capacité du marché du travail à faciliter la mise en relation des chômeurs et des employeurs.
La structure de l'emploi évoluant avec les transformations économiques, technologiques et sociales, il apparaît toujours un temps où l'offre n'est pas adaptée à la demande. Chômeurs et employeurs n'arrivent donc pas à se retrouver. On parle ici de chômage frictionnel dû à l'inadaptation de l'offre à la demande.

Les effets des institutions sur le chômage structurel
Les effets positifs de l'institutionnalisation du marché du travail
Le marché du travail est encadré par des règles et des contraintes légales :
- Le contrat de travail engage l'employeur et le salarié, qui effectue un travail au profit du chef d'entreprise en échange d'une rémunération.
- Les partenaires sociaux représentent l'ensemble des syndicats patronaux et de salariés. Ils permettent le dialogue social, c'est-à-dire une discussion entre les différents acteurs de l'entreprise et l'État, afin de gérer pacifiquement les conflits.
- Une convention collective est un accord signé entre les partenaires sociaux d'une branche d'activité et concerne principalement l'évolution des salaires et les conditions de travail. Ces négociations collectives sont influencées par l'État et la loi et ne peuvent qu'améliorer la situation des salariés par rapport à la situation minimale prévue par la loi.
L'État a un pouvoir de contrainte qui s'applique à tous les partenaires sociaux et peut obliger les parties à négocier collectivement des accords. Il intervient ainsi sur les négociations salariales.
Donc l'État, les organisations syndicales et les partenaires sociaux interviennent dans les négociations salariales. Ils définissent des normes d'emploi comme la fixation d'un salaire minimum. Le salaire minimum légal correspond à un niveau de salaire en deçà duquel un employeur ne peut rémunérer un salarié et il est fixé par l'État.
L'institutionnalisation de l'État apparaît comme positive, car elle offre de meilleures conditions de travail et de vie aux salariés et permet des négociations.
Les effets négatifs de l'institutionnalisation du marché du travail
Le marché du travail atteint un équilibre sur le long terme, s'il est en situation de concurrence pure et parfaite.
Le chômage peut alors prendre deux formes :
- un dysfonctionnement temporaire, qui est le chômage frictionnel ;
- un chômage persistant volontaire, car les individus refusent de voir à la baisse leurs prétentions salariales et n'acceptent pas le salaire du marché.
Pour les néoclassiques, la rigidité des salaires imposée par l'État sous la forme d'un salaire minimal, ou par les syndicats qui refusent une baisse de salaire, est la cause du chômage structurel.
De ce fait, le SMIC crée une situation d'excédent d'offre de travail, car le salaire minimum est supérieur au salaire d'équilibre.
Ainsi l'institutionnalisation du marché du travail présente des rigidités pouvant être à l'origine du chômage.

Les causes du chômage conjoncturel
Les conjonctures du marché du travail
Les conjonctures sont les phases ascendantes et descendantes de l'activité économique qui constituent ce que l'on appelle « cycle économique ».
Lors des phases d'expansion, la production croît, augmentant ainsi les besoins en facteur de production, dont le travail. De ce fait, pendant cette période, la demande de travail augmente. Pour rencontrer l'offre, les salaires vont augmenter, attirant ainsi des travailleurs.
À l'inverse, lors d'une récession, la production diminue et donc l'emploi aussi. La demande de travail va alors baisser du fait du sur-emploi des facteurs de production. D'une part, la demande de travail baisse, ce qui va faire baisser les salaires et, d'autre part, des travailleurs vont se retirer du marché.

Les causes du chômage conjoncturel
J.-M. Keynes a critiqué l'analyse libérale des néoclassiques et a cherché à montrer qu'il peut exister un équilibre de sous-emploi.
Un équilibre de sous-emploi est une situation durable dans une économie où des facteurs (capital et travail) sont disponibles, mais restent inemployés. Le chômage est donc involontaire.
Le niveau de production dépend de la demande effective, qui correspond à la demande anticipée par les producteurs et sur laquelle ils se basent pour fixer leur niveau de production.
La demande anticipée est la demande que les entrepreneurs anticipent.
Ainsi, le chômage keynésien correspond à une insuffisance de la demande de biens et services anticipée par les entreprises, ce qui les conduit à limiter leur production et donc l'emploi. Ainsi, l'intervention de l'État est nécessaire chez les keynésiens, contrairement aux néoclassiques où cela perturbe le bon fonctionnement du marché.

Les politiques de lutte contre le chômage
Les politiques de diminution du coût du travail
Pour les classiques, le chômage structurel provient essentiellement de la rigidité des salaires.
Donc, pour réduire le chômage classique, dit structurel, on peut :
- soit rétablir les conditions de la concurrence pure et parfaite sur le marché du travail ;
- soit diminuer le coût salarial en diminuant les salaires et en baissant les charges.
Pour les classiques, c'est donc une politique de relance de l'offre qui peut lutter contre le chômage.
Si on baisse le coût du travail, les entreprises vont embaucher, l'offre va augmenter et donc diminuer le chômage.
Cependant, la réduction des coûts du travail est cependant remise en cause par plusieurs phénomènes :
- Effet d'aubaine : une entreprise peut embaucher un chômeur à moindre coût.
- Effet de substitution : les contrats aidés sont ciblés sur certaines catégories de travailleurs. Elles sont avantagées donc relativement au détriment d'autres catégories de travailleurs.
- Coût élevé pour l'État : ces mesures représentent une perte de recettes pour l'État ce qui pèse sur les dépenses publiques.
- Effet pervers : il y a un ralentissement du pouvoir d'achat puisque la baisse du coût salarial par une diminution des salaires pèse sur la consommation, donc sur la production des entreprises, et par extension, sur l'emploi. Il peut donc y avoir un effet pervers qui fait que l'économie s'enferme dans une situation où la production et l'emploi sont faibles.

Les politiques de relance conjoncturelle
Lorsque l'offre est supérieure à la demande de biens et de services, on est alors en présence de chômage keynésien. Les ménages ne consomment pas assez, ce qui crée un problème de demande. Afin de lutter contre ce chômage, il faut donc mettre en œuvre des politiques conjoncturelles de relance par la demande, en agissant sur ses deux leviers majeurs : la consommation des ménages et l'investissement des entreprises.
Cela peut se faire par deux moyens privilégiés :
- La politique monétaire : une baisse des taux d'intérêts va permettre aux ménages de consommer à crédit et aux entreprises de financer plus facilement leurs investissements.
- La politique budgétaire : l'État peut dépenser plus d'argent dans l'économie par une politique de grands travaux (New Deal de 1933) ou par une augmentation des salaires dans la fonction publique (en France en 1981).
Cependant, si l'État mène une relance monétaire, il existe par ailleurs un risque de tensions inflationnistes (en raison de l'augmentation de la masse monétaire). L'augmentation des prix dégrade le bilan des entreprises et peut être néfaste pour la croissance.

Les politiques de flexibilisation et la formation contre les rigidités du marché du travail
Depuis les années 1970, le maintien d'un taux de chômage élevé malgré des périodes de croissance s'explique par un taux de chômage structurel.
Pour réduire le chômage, il faut :
- diminuer le temps d'ajustement entre l'offre et la demande de travail : le temps que le salaire s'ajuste en fonction des évolutions de l'offre et de la demande, ou le temps qu'un salarié retrouve un emploi ;
- rendre les mécanismes d'appariement plus efficaces ;
- centraliser toutes les offres d'emplois et les caractéristiques de tous les chômeurs pour trouver une offre correspondant à chaque profil.
La flexibilité du marché du travail représente l'ensemble des mesures mises en place afin d'adapter la production et l'emploi aux évolutions rapides de la demande. Ces politiques visent à lutter contre les rigidités du marché du travail en adaptant le volume de l'emploi (flexibilité externe), la qualité des emplois (flexibilité interne), les salaires (flexibilité salariale).
Une solution proposée : la « flexisécurité » qui est une stratégie visant à renforcer à la fois la flexibilité des travailleurs et la sécurité de l'emploi, c'est-à-dire garantir des revenus, avoir l'assurance de ne pas être au chômage sur une longue période, etc.
Les politiques de formation ont également un rôle important à jouer dans le domaine de l'emploi. Elles constituent un bon exemple d'activation des dépenses passives de traitement du chômage.
Cependant, ces politiques connaissent plusieurs limites : cela fragilise la position des salariés, qui sont de plus en plus souvent dans des situations précaires. Les contrats précaires favorisent un chômage répétitif et peuvent freiner l'intégration des travailleurs dans la société. L'augmentation du nombre de contrats précaires entraîne une segmentation du marché du travail.
