La dialectique du maître et de l'esclave
Georg Wilhelm Friedrich Hegel
Georg Wilhelm Friedrich Hegel
Phénoménologie de l'esprit
1807
Hegel développe la dialectique du maître et de l'esclave dans son ouvrage Phénoménologie de l'esprit. Il montre que le travail, au départ « subi » par un être dépendant, forme et éduque le travailleur. Celui-ci acquiert des savoirs et des savoir-faire qui constituent une formation essentielle. Le maître, au contraire, sombre dans l'oisiveté, l'ennui et la guerre destructrice. Ainsi, le travail, devenu rapidement une dépendance, est aussi, par le progrès technique, la conquête d'une liberté, celle de la connaissance. Sans devenir « l'esclave de son esclave », le maître devient dépendant dans la mesure où il ne travaille pas car il a besoin du savoir technique de son esclave.
« Le maître se rapporte médiatement à la chose par l'intermédiaire de l'esclave ; l'esclave, comme conscience de soi en général, se comporte négativement à l'égard de la chose et la supprime ; mais elle est en même temps indépendante pour lui, il ne peut donc par son acte de nier venir à bout de la chose et l'anéantir ; l'esclave la transforme donc seulement par son travail. Inversement, par cette médiation, le rapport immédiat devient pour le maître la pure négation de cette même chose ou la jouissance ; ce qui n'est pas exécuté par le désir est exécuté par la jouissance du maître ; en finir avec la chose : l'assouvissement dans la jouissance. Cela n'est pas exécuté par le désir à cause de l'indépendance de la chose ; mais le maître, qui a interposé l'esclave entre la chose et lui, se relie ainsi seulement à la dépendance de la chose, et purement en jouit. Il abandonne le côté de l'indépendance de la chose à l'esclave, qui l'élabore. »
Georg Wilhelm Friedrich Hegel
Phénoménologie de l'esprit
1807
L'aliénation
Karl Marx
Karl Marx
Manuscrits
1844
Pour Marx, le travail aliène l'être humain, et particulièrement le prolétaire qui n'a que sa force de travail à donner contre un salaire et devient ainsi une marchandise. L'être humain travaille pour subvenir à ses besoins, il soumet l'environnement autour de lui, mais devient lui-même aliéné par la répétition des mêmes gestes, du même labeur chaque jour.
« L'aliénation de l'ouvrier dans son produit signifie non seulement que son travail devient un objet, une réalité extérieure, mais que son travail existe en dehors de lui, indépendamment de lui, et devient une puissance autonome face à lui, que la vie qu'il a prêtée à l'objet s'oppose à lui, hostile et étrangère. »
Karl Marx
Manuscrits
1844
Le travail pour échapper à l'ennui
Emmanuel Kant
Emmanuel Kant
Réflexion sur l'éducation
1803
« La question de savoir si le Ciel n'aurait pas pris soin de nous avec plus de bienveillance, en nous offrant toutes les choses déjà préparées, de telle sorte que nous ne serions pas obligés de travailler, doit assurément recevoir une réponse négative : l'homme, en effet, a besoin d'occupations et mêmes de celles qui impliquent une certaine contrainte. Il est tout aussi faux de s'imaginer que si Adam et Ève étaient demeurés au Paradis, ils n'auraient rien fait d'autre que d'être assis ensemble, chanter des chants pastoraux, et contempler la beauté de la nature. L'ennui les eût torturés tous aussi bien que d'autres hommes dans une situation semblable. L'homme doit être occupé de telle manière, qu'il soit rempli par le but qu'il a devant les yeux, si bien qu'il ne se sente plus lui-même et que le meilleur repos soit pour lui celui qui suit le travail. »
Emmanuel Kant
Réflexion sur l'éducation
1803