Sommaire
IL'histoire comme connaissanceALes fonctions de l'histoireBL'écriture de l'histoireIILe devenir historiqueALa lutte des classes : moteur de l'histoireBL'histoire comme progrès indéfini : le dessein de la NatureL'histoire comme connaissance
Les fonctions de l'histoire
L'histoire n'est pas moins fertile en instructions qu'en amusements : elle est même la plus instructive de toutes nos connaissances.
David Hume
Essai sur l'étude de l'histoire, trad. anonyme du XVIIIe siècle, Amsterdam, éd. J. H. Scheiner
1752
Dans cette citation, Hume souligne qu'outre son caractère divertissant, l'histoire doit servir à affiner notre jugement.
Les avantages que l'on recueille de l'histoire me semblent se réduire à trois chefs : elle charme l'esprit, elle perfectionne le jugement, elle nourrit la vertu.
David Hume
Essai sur l'étude de l'histoire, trad. anonyme du XVIIIe siècle, Amsterdam, éd. J. H. Scheiner
1752
Hume souligne ici les trois fonctions principales de l'histoire selon lui : son caractère divertissant, son aide dans le perfectionnement du jugement, son caractère édifiant.
C'est la tâche principale de l'annaliste [celui qui relate l'histoire année par année] de ne pas passer sous silence les vertus, et d'inspirer aux paroles et aux actions perverses la crainte de l'infamie réservée pour la postérité.
Tacite
Annales, trad. Pierre Grimal, Paris, éd. Folio (1993)
Ier siècle ap. J.-C.
L'historien doit, dans son récit, amener les hommes vers un perfectionnement moral. C'est pourquoi il doit rendre compte fidèlement des vertus des grands hommes, afin qu'ils soient imités. C'est aussi la raison pour laquelle il doit peindre leurs vices : pour détourner les hommes de ces comportements, mais aussi pour qu'ils craignent de passer à la postérité sous la figure d'un homme immoral.
L'écriture de l'histoire
Il s'en faut bien que les faits décrits dans l'histoire soient la peinture exacte des mêmes faits tels qu'ils sont arrivés : ils changent de forme dans la tête de l'historien, ils se moulent sur ses intérêts, ils prennent la teinte de ses préjugés.
Jean-Jacques Rousseau
Émile ou De l'éducation, Paris, éd. Garnier (1961)
1762
Rousseau souligne que le fait historique n'est pas donné mais construit par l'historien, qui fait le choix de retenir un événement comme fait historique. Or, ce choix porte la marque de ses intérêts et de ceux de son époque.
Chaque époque se trouve dans des conditions si particulières, constitue une situation si individuelle, que dans cette situation on doit et l'on ne peut décider que par elle.
Georg Wilhelm Friedrich Hegel
Leçons sur la philosophie de l'histoire, (Vorlesungen über die Philosophie der Weltgeschichte), trad. Jean Gibelin, éd. Vrin (1979)
1837
Pour Hegel, il ne faut pas oublier que chaque moment historique est unique et original. Il ne faut pas procéder à des analogies entre deux moments, ni même chercher des causes, car c'est méconnaître la singularité de l'histoire. Il faut donc faire attention en écrivant l'histoire de ne pas nécessairement expliquer un événement par un autre passé.
Le devenir historique
La lutte des classes : moteur de l'histoire
L'histoire de toute société jusqu'à nos jours est l'histoire de luttes des classes.
Karl Marx
Manifeste du parti communiste, (Manifest der Kommunistischen Partei), trad. Émile Bottigelli, Paris, éd. Flammarion (1998)
1848
Pour Marx, l'histoire, qui doit toujours être comprise du point de vue des structures sociales, progresse en fonction de la lutte des classes et du progrès technique, qui transforme les moyens de production, déterminant ainsi le changement d'une structure sociale à une autre (par exemple, du féodalisme au capitalisme).
L'histoire comme progrès indéfini : le dessein de la Nature
Les hommes pris isolément, et même des peuples entiers ne songent guère au fait qu'en poursuivant leurs fins particulières, ils s'orientent sans le savoir au dessein de la Nature, qui leur est lui-même inconnu, et travaillent à favoriser sa réalisation.
Emmanuel Kant
Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, trad. Luc Ferry, Paris, éd. Folio (2009)
1784
Si les hommes agissent individuellement en fonction de leur intérêt, ils participent sans le savoir au dessein de la Nature, qui est le développement de la liberté et de la moralité de l'humanité.