Sommaire
ILe travail, transformation de la nature par l'hommeIILes effets du travail sur l'hommeIIILe travail et ses liens avec la libertéLe travail, transformation de la nature par l'homme
Anaxagore dit que l'homme pense parce qu'il a une main. La vérité est que l'homme a une main parce qu'il pense.
Aristote
Parties des animaux, trad. Frédéric Gain, Paris, éd. Le Livre de Poche, coll. "Classiques de la philosophie" (2011)
Le moulin à eau vous donnera la société avec le suzerain [le seigneur de la société féodale], le moulin à vapeur, la société avec le capitalisme industriel.
Karl Marx
Misère de la philosophie, Paris, éd. Payot, coll. "Petite bibliothèque Payot" (n° 294) (2019)
1847
Les effets du travail sur l'homme
Spartacus, esclave révolté, conduisit ses semblables près de la victoire sur l'armée romaine, avant d'être finalement vaincu. Il avait acquis sa force en luttant, non seulement contre les fauves comme gladiateur, mais encore comme soldat, puis prisonnier de guerre réduit au travail forcé.
La division du travail peut se faire en fonction des âges : les enfants peuvent pêcher, les personnes âgées les surveiller ou faire le guet.
Platon prend déjà l'exemple du cordonnier qui, recevant son pain du boulanger, n'a pas à le produire lui-même, de la même façon que le boulanger n'a pas à fabriquer ses chaussures. Cet échange est d'autant plus riche et complexe qu'il y a davantage de fonctions sociales. Cordonnier et boulanger peuvent échanger ce qu'ils produisent, non seulement entre eux (comme dans le troc) mais aussi avec le boucher ou le forgeron, d'où le commerce. On passe ainsi, à mesure que les techniques et les activités du travail se diversifient, de l'échange restreint à l'échange généralisé, ainsi que les a appelés Claude Lévi-Strauss.
Le travail et ses liens avec la liberté
La flexibilité du travail (mobilité, conditions horaires, changement de type d'activité dans une même entreprise ou au sein même d'une branche professionnelle) en dépit de ses inconvénients (délocalisation) suppose la liberté pour le salarié ou l'employé de "vendre" librement ses compétences, au lieu d'être fixé à un même emploi ou une même fonction dans un même lieu.
Dans les camps nazis, le travail relevait de l'esclavage, de la contrainte (déportation) alors que celui des "héros du travail" du marxisme paraît volontaire. Toutefois, il y avait aussi des camps de concentration soviétiques. L'idée que "le travail rend libre" (slogan inscrit à l'entrée du camp de concentration nazi de Dachau) sert aussi de propagande pour encourager le travail "volontaire" (stakhanovisme marxiste). Cette idée est donc, sous des formes diverses, propre à tout totalitarisme, donc contraire à la liberté de l'homme.
Dans la pensée de Hegel (dialectique du maître et de l'esclave) "le travail rend libre" mais seulement parce qu'il rend à l'esclave une liberté qu'il a déjà perdue, comme par exemple Spartacus se formant par la lutte et le travail, et finalement se révoltant contre le "totalitarisme" romain après l'avoir servi.