Sommaire
IRoman et nouvelle au XVIIe siècleIILe mouvement précieuxIIILa morale et la vertuIVLa passion amoureuse et ses dangersVL'adaptation de Bertrand TavernierRoman et nouvelle au XVIIe siècle
[Les romans sont] des fictions d'aventures amoureuses, écrites en prose avec art, pour le plaisir et l'instruction des lecteurs. Je dis des fictions, pour les distinguer des histoires véritables. J'ajoute, d'aventures amoureuses, parce que l'Amour doit être le principal sujet du Roman.
Pierre-Daniel Huet
Traité de l'origine du roman
1670
L'amour est le sujet central de la fiction romanesque.
La Princesse de Clèves est considéré comme une nouvelle au XVIIe siècle alors qu'aujourd'hui on en parle comme du premier roman psychologique et historique de l'histoire littéraire française.
La fin principale du roman […] est l'instruction des lecteurs, à qui il faut toujours faire voir la vertu couronnée et le vice châtié.
Pierre-Daniel Huet
Lettre à Monsieur de Segrais : De l'origine des romans.
1678
Le genre romanesque se doit de respecter les mœurs et la morale.
Le mouvement précieux
L'esprit précieux marque la revanche de l'imagination, trop bridée par l'idéal classique ; c'est le baroque à côté de la pureté et de la sobriété ; c'est l'imagination romanesque face à la raison classique ; c'est l'esprit de finesse opposé à l'esprit de géométrie.
Georges Mongrédien
La VIe littéraire au XVIIe siècle
1947
L'œuvre de Madame de Lafayette est marquée par le mouvement précieux, la princesse de Clèves correspond ainsi à un idéal de vertu.
La morale et la vertu
Elle pensa combien cette action était contraire à sa vertu et qu'elle ne pouvait voir son amant qu'en le faisant entrer la nuit chez elle à l'insu de son mari, elle se trouva dans une extrémité épouvantable.
Madame de Lafayette
"La Princesse de Montpensier"
1662
[...] connaissant par sa vertu qu'il était dangereux d'avoir pour beau-frère un homme qu'elle eût souhaité pour mari.
Madame de Lafayette
"La Princesse de Montpensier"
1662
Elle lui représenta en peu de mots la différence de leurs qualités et de leur âge, la connaissance particulière qu'il avait de sa vertu et de l'inclination qu'elle avait eue pour le duc de Guise, et surtout ce qu'il devait à l'amitié et à la confiance du prince son mari.
Madame de Lafayette
"La Princesse de Montpensier"
1662
La passion amoureuse et ses dangers
La passion du comte le portait si naturellement à ne songer qu'à ce qui pouvait augmenter le bonheur et la gloire de cette princesse.
Madame de Lafayette
"La Princesse de Montpensier"
1662
Malgré toutes ces belles résolutions qu'elle avait faites à Champigny, elle commença à être persuadée de sa passion et à sentir dans le fond de son cœur quelque chose de ce qui y avait été autrefois.
Madame de Lafayette
"La Princesse de Montpensier"
1662
Je vous en ai payé d'une nuit dont je n'ai pas regret.
Bertrand Tavernier et Jean Cosmos
Réplique de Marie dans le film La Princesse de Montpensier
Le champ lexical de la vue est très présent dans la nouvelle, on relève de nombreuses utilisations du verbe "voir".
Le trouble et l'agitation étaient peints sur le visage de cette princesse.
Madame de Lafayette
"La Princesse de Montpensier"
1662
Dans la nouvelle, la passion amoureuse entraîne la jalousie et la violence du prince de Montpensier : "s'emporta contre elle avec des violences épouvantables, et lui défendit de parler jamais au duc de Guise."
Dans la nouvelle, la passion amoureuse entraîne le désespoir et la violence du duc d'Anjou : "dépit", "rage", "haine", "violent", "marque sanglante", "désespoir".
Comme François de Chabannes s'était retiré de la guerre, je me retirai de l'amour.
Bertrand Tavernier et Jean Cosmos
La Princesse de Montpensier
L'adaptation de Bertrand Tavernier
Les ellipses permettent à Madame de Lafayette de ne pas prendre parti sur des questions, religieuses notamment, qui étaient très présentes à l'esprit de ses lecteurs. Parmi les ellipses auxquelles nous sommes confrontés, l'auteur écrit que le comte de Chabannes "[...] abandonna le parti des huguenots, ne pouvant se résoudre à être opposé en quelque chose à un si grand homme et qui lui était si cher". Aujourd'hui, cette raison de changer de camp reste vague, abstraite, proche du roman courtois. [...] D'où la question de savoir ce qui, chez un être comme lui, à la fois guerrier, homme cultivé, d'une grande finesse d'esprit, courageux et profondément humaniste, déclenche un sentiment de honte si fort qu'il renonce à se battre. Didier Le Fur m'a parlé de trois actes qui sont un peu les équivalents des "crimes de guerre" d'aujourd'hui : la destruction d'un four à pain, la destruction d'une charrue et le meurtre d'une femme enceinte. Les trois actes pouvaient conduire leur auteur à la potence. J'ai tout de suite pensé au meurtre de la femme enceinte ; c'est cet acte infâme qui détermine son destin. J'avais le début du film.
Bertrand Tavernier
Le réalisateur explique ici comment lui est venue l'idée du début du film.
Pour des raisons économiques, la suppression de la scène de bal a permis de rendre plus crédible l'erreur de Marie confondant Anjou avec De Guise. Sortant du ballet précédant, elle "n'a pas eu le temps de s'apercevoir que tous les participants au ballet suivant - Anjou et ses mignons, Guise - sont tous déguisés en Maures".