Sommaire
ILes changements de PasoliniAL'intégralité du mytheBL'énigme du SphinxCŒdipe, un antihérosDL'amour charnelELa transformation du chœurIISur les pas de Sophocle : le religieux et l'engagement politiqueALa sacralitéBPasolini ou la nostalgie du sacréCUne œuvre politiqueIIICostumes, décors et musiqueALa théâtralité des costumesBLes décors surprenants et colorésCL'utilisation particulière de la musiqueIVUn autoportrait oniriqueALes éléments autobiographiquesBUn traitement oniriquePasolini adapte la pièce de Sophocle au cinéma, mais procède à de nombreux changements. Il reprend l'intégralité du mythe et ajoute une partie contemporaine. Il transforme également Œdipe en antihéros et supprime le chœur. Pasolini insiste particulièrement sur le côté charnel de la relation entre Jocaste et son fils.
Comme dans la tragédie, le réalisateur s'intéresse particulièrement à l'aspect religieux du mythe, déplorant la perte de sacralité de la société contemporaine. Dans son choix de décors, de costumes et de musique, Pasolini souligne son éclectisme et son originalité.
Les changements de Pasolini
L'intégralité du mythe
Pasolini raconte toute l'histoire d'Œdipe, de son enfance à son exil. La pièce Œdipe roi de Sophocle traite uniquement de la vie du personnage du moment où la peste s'étend sur Thèbes jusqu'à sa décision de s'exiler.
Pasolini déborde de l'espace-temps de la tragédie de Sophocle. Il puise plus largement dans la matière mythologique. La première partie évoque l'enfance du héros (époque moderne) puis abandon de l'enfant. On voit ensuite l'enfant sauvé, et on le retrouve jeune homme quand il apprend qu'il a été trouvé. Commence alors la quête d'identité. Pasolini met en scène Œdipe jusqu'à son mariage avec Jocaste. On retrouve ensuite le même schéma que dans la pièce. La fin du film montre l'exil d'Œdipe.
L'énigme du Sphinx
Sophocle ne met pas en scène le Sphinx, puisqu'il s'intéresse au règne d'Œdipe. Mais Pasolini, qui traite de toute l'histoire, le fait apparaître.
Dans la tradition, le Sphinx est un monstre fabuleux. Il est représenté sous la forme d'un lion ailé à tête et buste de femme. Dans le film, il porte un immense masque africain qui recouvre tout le haut de son corps. Contrairement au mythe originel, il n'y a pas d'énigme. Au contraire, le Sphinx semble vouloir connaître celle qui pèse sur Œdipe.
Il y a une énigme dans ta vie. Quelle est-elle ?
Pier Paolo Pasolini
Œdipe roi
1968
Le Sphinx pose une question personnelle à Œdipe, et non la célèbre énigme sur l'Homme. Il donne une chance au héros de réfléchir à son destin. Mais Œdipe réagit violemment, comme toujours dans le film de Pasolini, et tue le Sphinx au lieu de réfléchir à la question.
Œdipe tue le Sphinx sans résoudre l'énigme. La réinterprétation du mythe insiste sur la violence d'Œdipe. Il fuit son destin.
Œdipe, un antihéros
L'Œdipe de Sophocle, malgré ses failles, est un héros. L'Œdipe pasolinien ne lui ressemble pas. C'est d'abord un être inquiet dans le prologue, alors que le héros antique apparaît toujours sûr de lui.
Œdipe pleure quand son père le menace et ne veut pas que sa mère l'abandonne.
Par la suite, Œdipe se montre tricheur et colérique. Dans la pièce de Sophocle, le héros peut être violent, mais c'est un homme qui reste juste, il ne triche jamais.
Pasolini filme Œdipe poussant du pied le disque au jeu du lancer de disque pour le placer au bon endroit. Il est vainqueur mais pas grâce à sa valeur, puisqu'il a triché. Loin d'éprouver du remords, il frappe violemment l'homme qui l'accuse de tricherie.
Œdipe est particulièrement violent dans le film. Cette violence se trouve dans la parole d'Œdipe dans la pièce, mais jamais dans les gestes, contrairement au film.
Dans le mythe, Œdipe tue son père après une dispute qui s'envenime. Sophocle évoque simplement ce moment dans la tragédie Œdipe roi, lorsqu'Œdipe raconte à Jocaste qu'il a tué un homme. On comprend qu'il y a eu provocation de la part de Laïos.
Dans le film, Œdipe semble presque fou au moment du meurtre. Il rit, puis il se met à crier et tue tous les soldats. Il s'acharne sur Laïos, le transperçant deux fois. Sa colère est complètement disproportionnée.
Dans la pièce de Sophocle, Œdipe est coupable dans les faits, mais innocent dans l'intention. Lorsqu'il raconte son histoire, on comprend qu'il n'a pas voulu tuer son père, il ne savait pas qui était Laïos. Traditionnellement, c'est ainsi qu'on raconte le mythe.
Dans le film, les circonstances du parricide sont différentes. Le père et le fils semblent se reconnaître, Pasolini insiste sur l'échange de leurs regards. Œdipe ne sait peut-être pas qu'il tue son père, mais il sait qu'il tue un roi (Laïos porte sa couronne).
Œdipe est également indécis. Il ne sait pas où aller, il laisse faire le hasard. Il ne contrôle pas son chemin, ne contrôle pas sa destinée. Il se laisse aller.
Lorsqu'il erre après avoir entendu la prophétie de l'oracle de Delphes, Œdipe se cache les yeux à plusieurs reprises, tourne sur lui-même, s'arrête, et choisit le chemin devant lequel il se trouve. Il laisse bien le hasard contrôler sa destinée.
L'amour charnel
Sophocle n'évoque pas la complicité charnelle de Jocaste et Œdipe, il demeure extrêmement pudique sur le sujet. Il présente le couple comme uni, heureux, mais pas amoureux ou passionné.
Pasolini insiste sur la complicité charnelle de Jocaste et Œdipe. Ils échangent des regards amoureux, ils sont souvent pris par la passion, ils s'embrassent, s'enlacent, font l'amour.
Contrairement à la pièce, le rôle de père d'Œdipe est à peine mentionné dans le film, et ses enfants en sont absents ; c'est son rôle d'amant qui est mis en avant.
Dans le film, Œdipe n'épouse pas simplement Jocaste car il a vaincu le Sphinx. Les deux personnages semblent se reconnaître et s'aimer tout de suite, Pasolini insiste sur leurs échanges de regards au moment de leur première rencontre.
La transformation du chœur
Le chœur, très important dans la tragédie de Sophocle, n'existe pas vraiment chez Pasolini. Il le remplace de différentes façons :
- Lors de ses apparitions royales, Œdipe est entouré de notables vêtus de bleu. Jamais ces hommes ne s'adressent à Œdipe. Le chœur devient la foule des pèlerins au pied du sanctuaire de Delphes, celle qui fuit Thèbes, ou celle qui meurt de la peste. C'est une foule immense qui symbolise les citoyens.
- Dans la pièce, le chœur symbolise le lyrisme. En choisissant l'image, Pasolini transpose le lyrisme dans le paysage, la lumière, et surtout la musique, omniprésente.
- Dans la pièce, le chœur rapporte ce qui se passe hors scène. Ici, Pasolini représente tout. Les images parlent d'elles-mêmes. Ce rôle n'est donc pas nécessaire.
Sur les pas de Sophocle : le religieux et l'engagement politique
Je me considère comme laïque et non croyant. Ma religion est d'un genre plutôt atypique : elle n'obéit à aucun modèle.
Pier Paolo Pasolini
Pasolini on Pasolini, Entretien avec Jon Halliday
1968
La sacralité
La tragédie de Sophocle pose la question du divin. Pasolini s'y intéresse également. Il considère que la sacralité est importante.
Pasolini est très influencé par le catholicisme mais aussi par le marxisme en ce qui concerne l'aspect sacré de sa conception artistique. C'est son rapport à la réalité qu'il décrit comme sacré. Pour Pasolini, "tout est miraculeux". Sa recherche du religieux est une recherche de la réalité.
Je l'appelle sacralité ; et je peux la synthétiser de façon schématique et élémentaire comme suit : mon incapacité à voir dans la nature le naturel. À d'autres, les choses, la réalité apparaissent comme normales, naturelles. À moi, elle semble investie d'une espèce de lumière importante, particulière, qu'il est précisément préférable de définir comme sacrale. Et cela détermine mon style, ma technique.
Pier Paolo Pasolini
Lettre citée dans Pasolini de Nico Naldini (Gallimard 1991)
Pasolini ou la nostalgie du sacré
Le film est un moyen pour Pasolini de déplorer la perte de sacralité du monde moderne. Dans la pièce, Sophocle décrit Œdipe et Jocaste comme coupables d'hybris. Le chœur rappelle que le sacrilège est un crime. Mais à l'époque de Sophocle, la religion est primordiale. Œdipe et Jocaste croient que les dieux existent, ils remettent en cause la façon dont ils communiquent. Pasolini reprend le thème de la religion mais pour questionner l'athéisme de son époque. Dans son film, le couple formé par Œdipe et Jocaste ne remet pas en question les dieux, il n'y croit pas.
Les dieux sont absents du film. Il y a des références religieuses, mais elles sont détournées de leur valeur première.
Pasolini reprend l'imagerie des pieds de Jésus-Christ sur la croix, mais c'est Jocaste qui est dans cette position après sa nuit de noces avec Œdipe. Le symbole perd alors sa signification religieuse.
À la fin du film, la cathédrale est devenue un monument pour touristes. Elle a perdu sa valeur sacrée.
L'errance d'Œdipe, dans l'épilogue, peut s'expliquer ainsi : l'homme moderne, sans spiritualité, est condamné à l'errance. Pasolini souhaite rappeler que la sacralité est importante pour l'équilibre de l'homme, il faut y revenir.
Une œuvre politique
La culture moyenne est toujours néfaste.
Pier Paolo Pasolini
L'œuvre de Sophocle est politique, puisque le dramaturge questionne la place de l'homme au sein de la Cité, l'importance pour le souverain de rendre des comptes à son peuple. Pasolini livre également une œuvre politique, mais pas tant sur le rôle de l'homme d'État que sur le rôle de l'art en politique.
Pasolini définit Œdipe roi comme une œuvre nationale populaire inspirée d'Antonio Gramsci. Son but est de s'adresser au peuple. Pasolini refuse de créer pour ce qu'il appelle "la masse". Il veut créer pour le peuple qui souffre, un peuple d'ouvriers qui devient idéalisé.
Pasolini affirme qu'en apparence, ses films apparaissent antidémocratiques et aristocratiques. Mais finalement, c'est la culture de masse qui est oppressive et antidémocratique. En conséquence, comparé aux films de masse, son cinéma est démocratique. Pasolini ne crée pas pour "l'élite classique", mais pour les minorités ouvrières. Il veut décentraliser l'élite.
Toutefois, on peut relever l'hypocrisie du discours. Pasolini fait partie de l'élite bourgeoise qu'il fustige.
L'épilogue d'Œdipe roi obéit à des considérations idéologiques. Œdipe devient un poète révolutionnaire. Il dénonce l'exploitation du prolétariat par le capitalisme.
Pasolini évoque les différentes classes sociales et son projet politique dans Œdipe roi dans plusieurs textes et interviews. Il dit ainsi :
J'ai tourné le prologue en Lombardie pour évoquer mon enfance au Frioul, où mon père était officier, et la séquence finale, ou plutôt le retour d'Œdipe poète, à Bologne, où j'ai commencé à écrire des poèmes ; c'est la ville où je me suis retrouvé naturellement intégré dans la société bourgeoise ; je croyais alors que j'étais un poète de ce monde, comme si ce monde était absolu, unique, comme si n'avaient jamais existé des divisions en classes sociales. Je croyais dans l'absolu du monde bourgeois. Avec le désenchantement, ensuite, Œdipe laisse derrière lui le monde de la bourgeoisie et s'engage de plus en plus dans le monde populaire, des travailleurs. Il va chanter, non plus pour la bourgeoisie, mais pour la classe des exploités. De là, cette longue marche vers les usines. Où, probablement, l'attend une autre désillusion...
Pier Paolo Pasolini
Entretiens avec Jean Duflot
Antonio Gramsci est un écrivain et théoricien politique italien du début du XXe siècle. C'est lui qui a fondé le Parti communiste italien. Sous Mussolini, il est emprisonné. Il s'est penché sur les problèmes de la culture et de l'autorité. Il conçoit l'hégémonie culturelle comme un moyen de l'État pour maintenir le capitalisme.
Costumes, décors et musique
La réécriture du mythe se fait surtout dans le choix des décors, des costumes et de la musique. On ignore quels sont les choix dramaturgiques faits par Sophocle. Tout ce qui reste, c'est le texte. De sa mise en scène, on ne sait rien. En revanche, la mise en scène de Pasolini montre comment il se démarque de Sophocle, ou comment il s'en rapproche.
La théâtralité des costumes
Le film est très théâtral, ce qui est un hommage à Sophocle, et un rappel de ce que Pasolini lui doit. Cela se voit dans le choix des acteurs. En effet, Pasolini rassemble à la fois des stars (Silvana Mangano, Massimo Girotti, Alida Valli) et des figures du monde théâtral (Julian Beck qui joue Tirésias).
Le costumier est Danilo Donati. Pasolini choisit de renforcer le côté théâtral du film en choisissant des costumes particuliers. Les costumes sont symboliques, il est facile de comprendre ce qu'ils signifient. Ils peuvent même avoir un aspect grotesque. Pasolini dit d'ailleurs : "J'avais besoin d'accomplir, à l'intérieur du film, une sorte de désacralisation quasi-humoristique."
Cela rappelle évidemment qu'à l'époque de Sophocle les acteurs devaient porter des masques pour que le public sache quel personnage ils jouaient. Le surjeu des acteurs est un clin d'œil au théâtre de Sophocle, tout comme les costumes grotesques.
Les coiffes et les chapeaux des personnages sont très grands. La couronne d'Œdipe à Corinthe et à Thèbes est si grande que cela en devient ridicule. Ils sont inspirés de la Grèce antique. Le grand chapeau que porte Œdipe pendant son errance dans le désert est également inspiré de cette époque : c'est ainsi qu'Œdipe est représenté sur une coupe à boire.
Les masques de la Pythie et du Sphinx sont inspirés de la culture africaine. Ces masques les rendent visibles, dans le sens où ils sont étonnants et voyants, mais aussi invisibles, dans le sens où leurs visages sont cachés.
Polybe, Mérope, Laïos et Œdipe portent des couronnes extravagantes qui symbolisent le pouvoir. La barbe que porte Œdipe et Laïos est un postiche qui suggère la maturité et l'âge. C'est la même qui est utilisée pour les deux personnages, ce qui souligne l'idée de continuité (du pouvoir mais aussi de la dynastie, Œdipe étant le fils de Laïos).
Œdipe porte un manteau rouge à Corinthe, ce qui le distingue de ses camarades. À Delphes, il porte un vêtement blanc alors que les autres sont vêtus de noir : est-il pur ? Si oui, va-t-il perdre ensuite cette pureté ?
Les décors surprenants et colorés
Toutefois, Pasolini se démarque de Sophocle en ne situant pas le mythe dans un lieu défini. Le choix du décor est surprenant. En effet, Pasolini a filmé au Maroc, et non en Grèce. Il s'inspire ainsi très fortement de la culture africaine. Il crée un décor étrange, hybride, qui n'est pas réaliste. Le but est de rendre le mythe universel : il est vrai partout, en Grèce comme au Maroc. Le mythe n'existe pas dans un endroit précis, il est partout.
Il y a des contrastes très vifs entre les couleurs :
- Orange, rouge et ocre pour les décors naturels
- Bleu pour les costumes
- Couleurs vives des draps qui entourent les corps
L'univers coloré de Pasolini permet de rendre vivant le mythe.
L'utilisation particulière de la musique
La bande-son participe à la réécriture du film. Elle remplace le chœur de Sophocle mais aussi les dieux, et symbolise le destin. Les chants sont souvent utilisés en voix off. Leur langue est énigmatique. Ils créent une atmosphère intemporelle et mythique.
Pasolini a beaucoup théorisé sur la visée poétique et la réinterprétation du monde du cinéma, mais il n'a pas mis à plat sa technique esthétique. Il est conscient de la particularité de la bande sonore.
La musique s'adresse au spectateur et le met en garde, lui fait comprendre qu'il ne se trouve pas en présence d'une bagarre de style néoréaliste, folklorique, mais d'un combat épique qui débouche dans le sacré, dans le religieux.
Pier Paolo Pasolini
La musique représente les dieux.
La musique militaire du générique, qui connote la violence.
Pasolini utilise aussi le quatuor en ut majeur K 465 de Mozart, connu aussi sous le nom de "Dissonances". En effet, l'introduction du morceau est étrange et angoissante, et c'est ce passage que Pasolini choisit d'utiliser. Pasolini n'utilise pas toujours les mêmes passages du quatuor, il insiste parfois sur le violon, parfois sur la flûte. On peut associer l'idée de destin et de tragique à cette mélodie de Mozart.
Un autoportrait onirique
La très grande différence entre Sophocle et Pasolini est que le réalisateur a choisi de livrer une œuvre autobiographique, ce qui n'est pas le cas du dramaturge.
Je pense que je suis suffisamment vieux pour faire mon autobiographie, et Œdipe roi, c'est mon autobiographie. Je suis un petit-bourgeois et j'ai de la haine pour la petite bourgeoisie, et aussi pour moi. Alors je peux parler de la petite bourgeoisie et des petits-bourgeois seulement dans la mesure où la petite bourgeoisie devient mythique. Alors j'ai choisi le mythe d'Œdipe pour parler de moi et de mon problème, de ma psychologie de petit-bourgeois mais dans le mythe.
Pier Paolo Pasolini
Les éléments autobiographiques
Plusieurs films réalisés par Pasolini dans les années 1970 sont considérés comme autobiographiques :
- Œdipe roi
- Médée
- Carnets de notes pour une orestie africaine
Pasolini dit clairement qu'Œdipe roi raconte son complexe d'Œdipe : "Je raconte l'histoire de mon propre complexe d'Œdipe."
Œdipe peut être vu comme un double de Pasolini également dans le sens où il est comme le réalisateur, il construit l'intrigue : il décide des entrées et des sorties des autres personnages.
La fuite d'Œdipe entre Corinthe et Thèbes est la jeunesse errante de Pasolini. La difficile quête d'identité d'Œdipe reflète les difficultés de Pasolini.
Pasolini joue dans son propre film. Il est l'homme qui s'adresse à Œdipe pour lui demander de sauver la Cité, lorsque la peste fait rage.
Dans le film, le père est un officier, comme le père de Pasolini.
Un traitement onirique
Le film est marqué par l'onirisme, alors que la tragédie n'accorde pas d'importance aux rêves. La partie mythique de l'histoire est, d'après Pasolini, un long rêve. Le prologue s'arrête ainsi sur l'enfant, dans son berceau, qui crie "maman". Ce qui suit est l'inconscient de l'enfant, son rêve d'être avec sa mère et de tuer son père. L'épilogue est la sortie du rêve.
Ainsi, la plus grande partie du film serait un fantasme de l'enfant. Cela explique l'irrationalité de la logique, l'invraisemblance géographique mais aussi la fantaisie culturelle. Rêve et mythe ne font plus qu'un.