Sommaire
IMadame de LafayetteAEnfance et apprentissageBLe mariage et la vie de salonCLa carrière de femme de lettresIIBertrand TavernierAEnfance et formationBLa carrière cinématographiqueMadame de Lafayette est une femme de lettres du XVIIe siècle qui est née à Paris où elle a passé la plus grande partie de sa vie. Mariée très jeune à un homme plus âgé et veuf, le couple a deux garçons mais les deux époux mènent très vite des vies séparées. Elle se consacre à l'écriture, participe aux salons littéraires et devient l'une des plus grandes romancières de son époque. Elle est notamment à l'origine de La Princesse de Clèves, considéré comme le premier roman moderne. Son influence sur la littérature est primordiale, elle est un des auteurs les plus importants et les plus reconnus en France.
Bertrand Tavernier est un réalisateur né pendant la Seconde Guerre mondiale. Il baigne dans la culture dès sa prime jeunesse et s'intéresse très vite au cinéma. Il débute comme critique avant d'entrer sur les plateaux de cinéma. Dès son premier long métrage il rencontre le succès et depuis il a réalisé près de trente films.
Madame de Lafayette
Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, comtesse de Lafayette
Wikimedia
Enfance et apprentissage
Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, future comtesse de Lafayette, est née le 18 mars 1634 à Paris. Son père est écuyer du roi et s'appelle Marc Pioche. Sa mère est la duchesse Rose-Madeleine d'Aiguillon. Elle est la fille d'un des médecins de Louis XIII et de sa suivante la duchesse d'Aiguillon. Marc Pioche est issu d'une noblesse qu'on appelle la "noblesse de robe", c'est-à-dire qu'elle a été créée au XVIIe siècle. Il a donc des origines bourgeoises qu'il aimerait faire oublier.
Lorsqu'il épouse Rose-Madeleine d'Aiguillon, il se fait appeler "De La Vergne" et achète un terrain à Paris près du Luxembourg. Il va cumuler les placements immobiliers permettant à sa famille de s'enrichir. Marie-Madeleine a deux jeunes sœurs qui sont envoyées en couvent afin qu'elle puisse avoir une dot plus importante et être favorisée.
Après la mort de son père, sa mère épouse le chevalier Renaud-René de Sévigné en 1650 et devient ainsi baronne de Champiré-Baraton. Marie-Madeleine se rapproche alors de Madame de Sévigné. Elle devient dame d'honneur de la reine Anne d'Autriche de 1650 à 1655.
Le mariage et la vie de salon
En février 1655, Marie-Madeleine épouse un beau parti, le comte de Lafayette, un veuf de trente-huit ans. Elle a alors vingt-et-un ans et devient Madame de Lafayette. Deux garçons naissent de cette union, Louis de Lafayette en 1658 et Armand-Renaud de Lafayette en 1659. Ils s'installent en Auvergne sur les terres du comte mais elle effectue de nombreux aller-retours sur Paris, faisant désormais partie de la haute société de la Cour. À l'hiver 1658, Madame de Lafayette retourne s'installer définitivement à Paris. Elle reverra très peu son époux qui meurt en 1683.
Madame de Lafayette fréquente assidûment les salons littéraires, elle a même ouvert le sien dans son hôtel de Vaugirard où viennent La Rochefoucauld, Ménage ou encore La Fontaine. Elle devient notamment amie avec Gilles Ménage, un grammairien qui lui enseigne beaucoup. C'est l'année de son mariage qu'elle rencontre le duc de La Rochefoucauld alors qu'il prépare ses Réflexions ou sentences ou Maximes morales. Ils deviennent très proches, se verront même tous les jours jusqu'à la mort de ce dernier, ce qui a poussé certains à affirmer qu'ils n'étaient pas simplement amis. Grâce à lui, elle découvre Racine, Corneille et Boileau.
M. de La Rochefoucauld m'a donné de l'esprit, mais j'ai réformé son cœur.
Madame de Lafayette
Madame de Lafayette traduit ici le lien qu'elle entretient avec La Rochefoucauld.
À la mort de Rochefoucauld, Madame de Sévigné écrit d'ailleurs, en évoquant le lien qui l'unissait à Madame de Lafayette : "Je crois que nulle passion ne peut dépasser la force d'une telle liaison."
Madame de Lafayette décède le 25 mai 1693 à Paris.
La carrière de femme de lettres
Un petit livre qui a couru il y a quinze ans et où il plut au public de me donner part, a fait qu'on m'en donne encore à La Princesse de Clèves. Mais je vous assure que je n'y en ai aucune et que M. de La Rochefoucauld, à qui on l'a voulu donner aussi, y en a aussi peu que moi ; il en fait tant de serments qu'il m'est impossible de ne pas le croire, surtout pour une chose qui peut être avouée sans honte. Pour moi, je suis flattée que l'on me soupçonne, et je crois que j'avouerais le livre, si j'étais assurée que l'auteur ne vînt jamais me le redemander. Je le trouve très agréable, bien écrit sans être extrêmement châtié, plein de choses d'une délicatesse admirable et qu'il faut même relire plus d'une fois. Et surtout, ce que j'y trouve, c'est une parfaite imitation du monde de la cour et de la manière dont on y vit. Il n'y a rien de romanesque et de grimpé ; aussi n'est ce pas un roman: c'est proprement des mémoires, et c'était, à ce que l'on m'a dit, le titre du livre, mais on l'a changé.
Madame de Lafayette
Lettre au chevalier Lescheraine
13 avril 1678
Ici, Madame de Lafayette nie avoir écrit La Princesse de Clèves tout en louant l'ouvrage. Cet extrait permet de souligner qu'il était difficile au XVIIe siècle d'admettre qu'on écrivait, quand bien même le récit avait été favorablement reçu.
La carrière littéraire de Madame de Lafayette semble débuter véritablement en 1659 alors qu'elle participe au recueil Divers Portraits. Dans Le Grand dictionnaire des précieuses, publié en 1661, Madame de Lafayette apparaît sous le pseudonyme de Féliciane. Elle est décrite comme étant : "civile, obligeante et un peu railleuse", raillant "de si bonne grâce qu'elle se fait aimer de ceux qu'elle traite le plus mal, ou du moins ne s'en fait pas haïr."
Madame de Lafayette n'a pas publié sous son nom. Elle utilise des pseudonymes ou pratique l'anonymat. C'est la raison pour laquelle des rumeurs lui ont associé des récits de Segrais, Huet ou encore La Rochefoucauld.
Isabelle, ou le journal amoureux d'Espagne est un récit anonyme du XVIIe siècle qui est souvent associé à Madame de Lafayette.
Le premier texte littéraire publié par Madame de Lafayette est "La Princesse de Montpensier", qui paraît le 20 août 1662. Elle craint alors pour sa réputation, écrivant à Huet, qui a passé la nouvelle à une de ses amies, qu'il ne faut pas qu'on apprenne qu'elle écrit.
Je ne vous l'avais point remise pour la donner comme une de mes œuvres. Elle croira que je suis un vrai auteur de profession de donner comme cela mes livres.
Madame de Lafayette
Lettre à Huet
Une autre déconvenue survient alors que son ami Ménage corrige sa nouvelle : un domestique qui a été chassé de chez lui en vole une copie. Elle écrit alors à Ménage : "Je vous conjure, si vous en entendez parler, de faire bien comme si vous ne l'aviez jamais vue et de nier qu'elle vienne de moi, si par hasard on le disait." Cette peur d'être associée aux récits qu'elle écrit est d'autant plus surprenante que ses contemporains ne doutent pas qu'elle en soit l'auteur. Ainsi, Louis-Henri de Loménie, comte de Brienne, écrit dans ses mémoires : ""La Comtesse de Montpensier" c'est un roman fait par Madame de Lafayette."
En 1670, le roman Zayde paraît. Il relate une histoire espagnole dans la tradition du roman baroque. Contrairement à la nouvelle "La Princesse de Montpensier", très court (trente pages), celui-ci est assez long (deux-cent-cinquante pages). Il est constitué de plusieurs récits enchâssés et repose sur des quiproquos et des coïncidences surprenantes. Les sentiments y sont idéalisés. Ce récit diffère des autres œuvres plus sombres de Madame de Lafayette. On y ressent l'influence de Mademoiselle de Scudéry et des romans de La Calprenède.
En 1678, est publié La Princesse de Clèves. À l'époque déjà, le roman connaît un vif succès qui ne sera jamais démenti. Considéré comme le premier roman moderne, il définit ce à quoi va ressembler le roman psychologique pendant trois siècles. Pour cette raison, Madame de Lafayette est souvent considérée comme la créatrice du roman moderne. Son influence sur la littérature est primordiale.
À titre posthume, plusieurs œuvres de Madame de Lafayette sont publiées, dont :
- Histoire d'Henriette d'Angleterre (1720)
- "La Comtesse de Tende" (1723)
- Mémoires de la Cour de France (1731)
Comme "La Princesse de Montpensier" et La Princesse de Clèves, ces œuvres témoignent du goût de l'auteur pour l'Histoire.
Lafayette a utilisé Histoire des guerres civiles de Davila et Histoire de France de Mézeray pour écrire "La Princesse de Montpensier".
Madame de Lafayette suit les principes de la nouvelle école de 1660, c'est-à-dire des auteurs comme La Fontaine, Boileau, Racine et Molière. Son écriture est marquée par la quête de vérité et de vraisemblance et le culte de la raison humaine.
Bertrand Tavernier
Bertrand Tavernier
Andy Miah via Wikimedia Commons
Enfance et formation
Bertrand Tavernier est né le 25 avril 1941 à Lyon. Son père est René Tavernier, un écrivain qui a notamment fondé la revue Confluences sous l'Occupation. Il a publié des auteurs comme Paul Éluard, Aragon et Michaux. Les parents de Bertrand Tavernier montent sur Paris en 1950, et l'enfant est envoyé à la pension Saint-Martin-de-France. Il en garde un très mauvais souvenir, étant l'objet d'humiliations.
Bertrand Tavernier se passionne très vite pour le cinéma. Il va souvent à la cinémathèque, et ce dès sa plus jeune adolescence. Il obtient son baccalauréat puis commence des études de droit la Sorbonne. Avec des camarades, il invente la revue cinématographique L'Étrave et fonde un ciné-club en 1961 : le Nickel Odéon. Ce sont surtout des films américains de genres qui sont un peu délaissés en France :
- Les westerns
- Les films noirs
- Les noirs, comédies musicales
On retrouve dans les films de Bertrand Tavernier son goût pour le cinéma américain.
La carrière cinématographique
Bertrand Tavernier entre dans le monde du cinéma par la porte de la critique. Il écrit d'abord des articles pour Télérama puis collabore comme critique avec de grandes revues :
- Les Cahiers du cinéma
- Cinéma
- Positif
- Présence du cinéma
Grand cinéphile, même lorsqu'il devient réalisateur il continue d'écrire des ouvrages sur le cinéma américain particulièrement et a donné des conférences sur le sujet.
Son dernier documentaire, sorti en 2016, s'intitule Voyage à travers le cinéma et permet à Bertrand Tavernier de présenter différentes scènes du cinéma français. Son métier de cinéaste lui permet ainsi de traiter de sa passion de cinéphile.
Sa première expérience sur un plateau de cinéma est avec le réalisateur Jean-Pierre Melville, dont il est l'assistant sur le tournage du film Léon Morin, prêtre, qui sort en 1961.
Il réalise pour la première fois en 1964 en commençant par de petits sketchs pour des films collectifs :
- Le court-métrage "Baiser de Judas" pour Les Baisers
- Le court-métrage "Une chance explosive" pour La Chance et l'Amour
Avant de se lancer dans un long métrage, il se fait scénariste pour deux films :
- En 1967, pour Coplan ouvre le feu à Mexico de Riccardo Freda
- En 1968, pour Capitaine Singrid de Jean Leduc
Pour son premier long métrage, L'Horloger de Saint-Paul, sorti en 1974, il reçoit deux prix :
- En 1973, le prix Louis-Delluc
- En 1974, le prix spécial du jury au Festival de Berlin
Il est également nommé à l'Ours d'or au festival de Berlin. Son entrée réussie dans le monde du cinéma va entraîner une carrière prolifique faite de nombreux films. En 32 ans de carrière, il a réalisé 29 longs métrages.
Dans son œuvre, le documentaire La Guerre sans nom, réalisé en 1992, tient une place particulière. Ce documentaire permet de donner la parole aux soldats ayant participé à la guerre d'Algérie alors que le sujet reste encore particulièrement tabou en France.
Bertrand Tavernier est producteur grâce à sa société Little Bear Productions, qu'il a financée avec le prix reçu au festival de Berlin pour son premier film.
Bertrand Tavernier est un réalisateur engagé. Il exerce des activités associatives en étant notamment le président de l'Institut Lumière, à Lyon. Il milite également aux côtés d'associations comme Amnesty International, la LICRA ou SOS Racisme.