Sommaire
IJeunesse et formationALes débutsBLes lectures et la musiqueCUne enfance solitaireIIUne vie sentimentale compliquéeIIIL'engagement politiqueIVL'œuvre littéraireAndré Gide est né en 1869 et mort en 1951. Son enfance est marquée par la mort de son père, une éducation chaotique et une peur de la sexualité à cause de la morale puritaine protestante de ses parents. Très tôt, il trouve refuge dans les livres et dévore des auteurs comme Victor Hugo ou Gustave Flaubert.
Auteur important du début du XXe siècle, il est capable de changer de genre et de s'adapter à différentes formes. Il transforme le genre romanesque avec Les Faux-Monnayeurs. Engagé politiquement, il suit les événements de son temps et n'hésite pas à prendre position. Sa vie sentimentale est compliquée et nourrit encore des interrogations. Lorsqu'il meurt, il laisse derrière lui sa fille Catherine.
Jeunesse et formation
Les débuts
André Gide est né le 22 novembre 1869 à Paris. Ses parents sont :
- Paul Gide, héritier d'une famille bourgeoise protestante originaire des Cévennes
- Juliette Rondeaux, fille d'une famille bourgeoise protestante originaire de Rouen
La scolarité d'André Gide est chaotique. Dès 1877, il est renvoyé de l'École alsacienne en raison de ses "mauvaises habitudes" : il a été surpris par un professeur en train de se masturber. Il va changer plusieurs fois d'établissement et même avoir des précepteurs particuliers. Il passe également par plusieurs pensions, dont la pension Keller qui servira de modèle à la pension Vedel dans le roman Les Faux-Monnayeurs.
L'année de son baccalauréat, il est en classe de philosophie au lycée Henri-IV. Il échoue d'abord à la première session de juillet mais obtient son diplôme en septembre après avoir révisé seul durant l'été.
Les lectures et la musique
Dès son plus jeune âge, André Gide lit beaucoup d'ouvrages de genres différents. Ses lectures sont très diverses, mais les plus formatrices sont :
- La Bible
- La Divine Comédie de Dante
- Les poèmes de Charles Baudelaire
- Les poèmes de Paul Verlaine
- Les œuvres de Victor Hugo
- Les romans d'Honoré de Balzac
- Les romans de Gustave Flaubert
- Les romans de Stendhal
- Les romans d'Émile Zola
Les lectures d'André Gide ne sont pas uniquement littéraires. Il s'intéresse également à la philosophie et particulièrement à Schopenhauer. Comme lui, il pense que le monde est trompeur et que seul l'artiste est capable de voir au-delà des illusions.
André Gide aime également la musique. Il joue du piano dès 1874. L'un de ses professeurs, monsieur de Lanux, va servir de modèle pour le personnage de La Pérouse dans Les Faux-Monnayeurs.
Une enfance solitaire
Je n'avais aucun camarade.
André Gide
Si le grain ne meurt
1926
L'enfance d'André Gide est marquée par la solitude et la tristesse :
- Il a treize ans lorsqu'il perd son père.
- Il découvre son homosexualité à une époque et dans un milieu où cela est fortement réprouvé.
- Il ne cesse de changer d'établissement scolaire et ne peut se lier à aucun camarade.
L'amitié a une valeur particulière pour André Gide car il a souvent été seul. Il va donc s'attacher fortement aux quelques personnes dont il parvient à se rapprocher :
- Pierre Louis rencontré à l'École alsacienne
- L'écrivain Paul Valéry
- L'écrivain Paul Claudel
Une vie sentimentale compliquée
Mon éducation puritaine avait fait un monstre des revendications de la chair.
André Gide
Si le grain ne meurt
1926
La vie sentimentale d'André Gide est particulièrement mouvementée. Élevé par des parents profondément protestants, on lui apprend que l'homosexualité est un très grand crime. Il a plusieurs souvenirs traumatiques dont les deux principaux sont :
- Son renvoi de l'école pour masturbation
- La menace de mutilation du médecin de famille
André Gide va être tiraillé toute sa vie entre son désir pour les hommes et son besoin d'un amour idéal. Il a treize ans quand il "tombe amoureux" de sa cousine Madeleine. Il développe l'idée d'un mariage avec elle. Les deux jeunes gens se marient en 1895, mais leur union restera un "mariage blanc" jusqu'à la mort de Madeleine en 1938.
C'était le ciel, que mon insatiable enfer épousait.
André Gide
Si le grain ne meurt
1926
André Gide parle ici de Madeleine comme d'un être angélique qui représente un idéal. Il s'associe à l'enfer tandis qu'il la compare au paradis.
André Gide est brisé par la morale puritaine de ses parents et de son milieu social. Il ne parvient pas à s'en libérer. C'est en 1893, lors d'un voyage en Tunisie, qu'il connaît ses premières expériences homosexuelles. Il retournera plusieurs fois en Afrique du Nord pour avoir des relations avec de jeunes hommes. Il dissocie ainsi amour chaste et amour charnel, amour pour une femme et amour pour un homme.
Toutefois, après sa rencontre en 1895 avec Oscar Wilde, grand écrivain anglais lui aussi homosexuel, il apprend à assumer son désir.
Madeleine supporte cette situation longtemps mais est marquée par la relation que son époux entretient avec Marc Allégret, un fils de pasteur. Elle brûle toutes les lettres de son mari.
Malgré son homosexualité, André Gide connaît des relations avec des femmes, et en 1923 il a une fille Catherine de son union avec Élisabeth Van Rysselberghe. Il reconnaît l'enfant quinze ans plus tard, après la mort de Madeleine.
L'engagement politique
André Gide est un auteur très engagé politiquement. Dans les années 1920, ses séjours en Afrique lui font prendre conscience des mauvais effets du système colonialiste. Il écrit ainsi :
- Voyage au Congo en 1927
- Le Retour du Tchad en 1928
Il est violemment attaqué par les nationalistes pour ses prises de position. Il se rapproche de plus en plus du Parti communiste français et part visiter l'URSS en 1936. Les raisons pour lesquelles André Gide s'est senti proche du Parti communiste sont :
- Son opposition au nazisme
- Son opposition au fascisme italien
- Ses thèses égalitaires
Il est mitigé par son voyage. Il trouve la société russe trop uniforme et il est inquiet de l'absence d'esprit critique de ceux qu'il a rencontrés. Il écrit Retour de l'URSS en rentrant en France, ouvrage qui est reçu comme une trahison par les communistes.
Après la défaite de la France lors de la Seconde Guerre mondiale, André Gide apporte d'abord son soutien au maréchal Pétain avant de prendre ses distances.
L'œuvre littéraire
André Gide est à l'origine d'une œuvre foisonnante et protéiforme. De 1891 jusqu'à sa mort en 1951, il n'a pas cessé d'écrire. Il touche à différents genres littéraires et compose :
- Des articles comme "Dostoïevski" en 1923
- Des essais comme Le Traité du Narcisse en 1891
- Des poèmes comme Les Nourritures terrestres en 1897
- Des pièces de théâtre comme Saül en 1903
- Des récits comme Thésée en 1946
- Une autobiographie avec Si le grain ne meurt en 1918
- Un roman, Les Faux-Monnayeurs, en 1925
André Gide a également correspondu avec de nombreuses personnes. C'est un "témoin capital" de son époque, intéressé par de nombreux sujets et capable de prendre sa plume pour rédiger différents types de textes. On y retrouve des éléments récurrents qui constituent le "style de Gide" :
- L'utilisation de la première personne
- La mise en abyme
- Une attention poétique à la langue
André Gide reste un auteur important et mystérieux du XXe siècle.