En 1991, plusieurs républiques appartenant à la Yougoslavie déclarent leur indépendance. C'est notamment le cas de la Bosnie-Herzégovine. La capitale de cette nouvelle république, Sarajevo, est encerclée par des groupes serbes bosniens qui refusent l'indépendance et entament un siège qui dure de 1992 à 1995.
Les bombardements sur la ville et les tirs de snipers rendent ce long siège très éprouvant pour les civils bloqués à l'intérieur de la ville.
L'échec de l'ONU et le bilan humain du siège déclenchent l'intervention de l'OTAN qui permet de mettre fin au conflit.
Les causes du siège
Bosnien
Les Bosniens sont les habitants de la Bosnie-Herzégovine, quelle que soit leur ethnie : bosniaque, serbe, croate, etc.
Le siège de Sarajevo intervient dans le contexte des guerres qui frappent l'ex-Yougoslavie dans les années 1990 :
- La Yougoslavie, littéralement le "pays des Slaves du Sud", comprenait de nombreuses nationalités (Serbes, Croates, Bosniaques, Monténégrins, etc.). La fédération était une mosaïque d'ethnies et de religions, qui implose suite à l'effondrement de l'URSS.
- Le leader communiste de Yougoslavie, Tito, meurt en 1980. Son successeur, Slobodan Milosevic, entreprend une politique visant à favoriser les Serbes au sein de la Yougoslavie. Il se pose en leader serbe orthodoxe face aux autres ethnies dont certaines sont de confession musulmane.
- En réaction, la Croatie et la Slovénie déclarent leur indépendance en 1991. La Serbie déclare la guerre contre ces deux États. Ce sont les premières guerres en Europe depuis 1945. Une force de l'ONU, la FORPRONU, est créée pour tenter de ramener la paix dans la région.
- L'indépendance de la Bosnie-Herzégovine est officiellement déclarée en avril 1992 suite à un référendum auquel les membres de la minorité serbe de Bosnie-Herzégovine ont refusé de participer. Son indépendance est reconnue sur la scène internationale.
- Lors du même mois d'avril 1992 commence le début des troubles à Sarajevo où des nationalistes pro-serbes ouvrent le feu sur des manifestants favorables à l'indépendance de la Bosnie-Herzégovine.
L'éclatement de la Yougoslavie
Le déroulement du siège
Durant les mois précédant le siège, des membres de l'armée yougoslave ainsi que des milices composées de Serbes de Bosnie se sont déployées sur les collines autour de la ville de Sarajevo et y ont installé du matériel d'artillerie.
Le gouvernement de Bosnie-Herzégovine obtient le retrait des troupes yougoslaves, mais cela n'a que peu d'incidence car la majorité des soldats présents autour de Sarajevo ont quitté l'armée régulière yougoslave pour rejoindre l'armée de la "République serbe de Bosnie", république pro-serbe qui a déclaré son indépendance de la Bosnie après qu'elle se soit séparée de la Yougoslavie. Son président autoproclamé Radovan Karadzic demande en effet le rattachement à la Serbie des territoires peuplés de Serbes, qui représentent 32 % de la population bosnienne. Les troupes de l'armée de la "République serbe de Bosnie" sont accusées d'avoir mené un nettoyage ethnique durant la guerre.
Les troupes pro-serbes, positionnées autour de la ville, établissent un blocus de la ville et la bombardent quotidiennement. Des snipers tirent aveuglément sur la population civile, dont la population serbe de Sarajevo, elle aussi victime du conflit. Les dommages sont énormes.
Carte postale du siège de Sarajevo
Les Casques bleus de la FORPRONU sont dépassés. Confrontés à une guerre qui oppose des groupes paramilitaires et non des États entre eux, ils ont peu de moyens d'agir et leur action se limite à la protection des civils. Ils parviennent seulement à garder l'aéroport de Sarajevo et à faire parvenir une aide humanitaire limitée. Certains Casques bleus ont été pris en otage par les milices serbes.
Un tunnel est construit sous les positions serbes pour permettre d'évacuer certains des habitants de la ville et pour acheminer l'aide humanitaire.
Le tunnel permettant d'acheminer les vivres aux habitants de Sarajevo assiégés
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La fin et les conséquences du siège
Suite aux attaques répétées contre les forces onusiennes, l'OTAN intervient en bombardant les combattants serbes qui perdent du terrain.
Les combats sont stoppés en 1995 et les accords de Dayton sont ratifiés mettant fin à la guerre.
Les dégâts après l'un des plus longs sièges de la période contemporaine sont très importants :
- 12 000 morts et 50 000 blessés
- Tous les bâtiments ont subi des impacts et plus de 40 000 ont été complètement détruits dont des écoles, des hôpitaux, la bibliothèque nationale, le Parlement, etc.
- La ville a perdu la moitié de sa population durant le siège (morts et réfugiés) et passe à 250 000, contre 500 000 avant le conflit.
- La ville de Sarajevo, territoire multiethnique avant la guerre, perd de sa diversité. Les Serbes bosniens qui représentaient le tiers de la population avant la guerre ne sont plus que 10 % dans les années 2000.
Incendie du Parlement de Sarajevo
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