Sommaire
IL'Allemagne et Berlin, symboles de la guerre froideAL'Allemagne au lendemain de la guerreBLes débuts de la confrontation Est-OuestIIL'Allemagne et Berlin, crise et réconciliationALe blocus de BerlinBLe mur de BerlinCL'Ostpolitik du chancelier Willy BrandtIIILa fin de la guerre froideL'Allemagne, dévastée suite à la défaite des nazis en 1945, est occupée par les États-Unis, les Britanniques, les Soviétiques et les Français. Divisée en quatre zones d'occupation, l'Allemagne devient rapidement un lieu symbolique de la guerre froide.
Le blocus de Berlin, puis la construction du mur sont les deux principales crises qui opposent deux Allemagnes, la RDA et la RFA.
La chute du mur de Berlin en 1989 marque la fin de la guerre froide.
L'Allemagne et Berlin, symboles de la guerre froide
L'Allemagne au lendemain de la guerre
En 1945, à la fin de la guerre, l'Allemagne est dévastée et occupée :
- L'Allemagne capitule le 8 mai 1945 après la prise de Berlin par les soldats soviétiques.
- De nombreuses villes allemandes ont subi des dégâts considérables et Berlin est détruite à 40 %.
- À Potsdam, en août 1945, l'Allemagne est divisée en 4 zones d'occupation par l'URSS, les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne.
- Un conseil de contrôle vise à assurer le gouvernement des Allemands. Il est dirigé par les commandants en chef des quatre armées d'occupation qui doivent prendre des décisions à l'unanimité.
La Conférence de Potsdam. De gauche à droite : Clement Attlee (GB), Harry Truman (EU) et Staline (URSS).
La séparation de l'Allemagne au lendemain de la conférence de Potsdam
Les débuts de la confrontation Est-Ouest
Les tensions se font de plus en plus vives entre d'un côté les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, et de l'autre côté l'URSS :
- Les tensions sont très fortes à Berlin qui, comme le reste de l'Allemagne, est coupée en quatre zones d'occupation. Or les trois zones occidentales forment un véritable îlot occidental de deux millions d'habitants au cœur d'une zone soviétique. Ce qu'on appelle désormais Berlin-Ouest est relié à la trizone occidentale par trois couloirs de circulation, terrestres et aériens.
- L'intervention des Soviétiques en Tchécoslovaquie lors du coup d'État de Prague en 1948 a pour conséquence la mise en place d'un régime communiste prosoviétique dans le dernier pays qui ne l'était pas à l'est de l'Europe.
- Impressionnés et traumatisés par le coup de Prague, les Occidentaux décident alors d'accélérer dans leur zone la reconstitution d'un État allemand économiquement et politiquement fort, pouvant faire barrage à l'URSS.
- Durant les années 1947 - 1948, les trois zones occidentales fusionnent dans le but de former un État fédéral.
- La création d'une nouvelle monnaie est annoncée, le Deutsche Mark.
- Les Soviétiques considèrent cette fusion comme une rupture des accords de Potsdam.
L'Allemagne et Berlin, crise et réconciliation
Le blocus de Berlin
Devant ce que les Soviétiques appellent une violation des accords de Potsdam, ils ferment les accès à Berlin-Ouest. Le 24 juin 1948 débute un blocus qui consiste à bloquer tous les accès routiers et ferroviaires de Berlin-Ouest, afin d'asphyxier la ville pour tenter d'en chasser les Occidentaux et d'annexer Berlin-Ouest.
La riposte des Américains est immédiate, très improvisée, mais aussi très efficace : Truman déclare qu'il n'y aura "ni abandon ni Troisième Guerre mondiale". Cette riposte consiste en la mise en place d'un gigantesque "pont aérien". Pendant 11 mois, un avion-cargo décolle toutes les trois minutes sur les trois aéroports disponibles. Au total, ce sont 275 000 avions qui transportent plus de 2,5 millions de tonnes de marchandises qui arrivent à Berlin-Ouest de juin 1948 à mai 1949.
Parallèlement, les États-Unis font savoir à Staline qu'ils utiliseront la force pour maintenir libre les couloirs aériens : la tension est alors très forte.
En mai 1949, Staline, impuissant à faire céder Berlin-Ouest, lève le blocus, reconnaissant ainsi implicitement sa première défaite dans la guerre froide.
Désormais, deux Allemagnes se font face. La République fédérale d'Allemagne (RFA) du côté ouest (appartenant au bloc occidental) et la République démocratique allemande (RDA) du côté est (appartenant au bloc communiste) sont créées respectivement en mai et octobre 1949.
Le pont aérien mis en place par les Américains
Le pont aérien lors du blocus de Berlin
Le mur de Berlin
La construction du mur constitue la seconde crise de Berlin :
- Entre 1949 et 1961, ce sont plus de 2 millions d'Est-Allemands (sur 17 millions) qui fuient la RDA en direction de la RFA en passant de Berlin-Est à Berlin-Ouest.
- Ces migrations privent l'Allemagne de l'Est d'une main-d'œuvre indispensable à sa reconstruction et montrent la faible adhésion de la population au régime communiste.
- Avec le soutien de l'URSS de Khrouchtchev, le successeur de Staline, les autorités est-allemandes entreprennent la construction d'un mur hermétique autour de Berlin-Ouest.
- Durant la nuit du 12 au 13 août, sous la surveillance de la police et de l'armée est-allemande, des grillages et barbelés sont posés, puis les maçons s'affairent à la construction du mur auquel est ajouté un important dispositif de sécurité.
- Un mur sépare désormais des familles, et de longues négociations sont entreprises afin de permettre des visites ponctuelles.
- Au fil des ans, c'est une véritable enceinte qui est construite : un mur de 46 kilomètres de long, de 2 mètres d'épaisseur, de 3 à 6 mètres de haut, avec un no man's land de 200 à 400 mètres avec miradors et barbelés tous les kilomètres. Les points de passage sont réduits à un tout petit nombre et sont sévèrement contrôlés.
- Erich Honecker, dirigeant de la RDA, parle d'un "mur anti-fasciste".
- Les Occidentaux renoncent à réagir, car leurs intérêts ne sont pas en cause. Il faut attendre le 26 juin 1963 pour que le président Kennedy apporte son soutien aux Berlinois en se rendant à Berlin-Ouest et en y proclamant son fameux discours "Ich bin ein Berliner", dans lequel il condamne ce "mur de la honte".
26 juin 1963
"Ich bin ein Berliner"
"Il y a beaucoup de gens dans le monde qui ne comprennent pas ou qui prétendent ne pas comprendre quelle est la grande différence entre le monde libre et le monde communiste.
Qu'ils viennent à Berlin !
Il y en a qui disent qu'en Europe et ailleurs, nous pouvons travailler avec les communistes. Qu'ils viennent à Berlin ! Lass sie nach Berlin kommen !
Notre liberté éprouve certes beaucoup de difficultés et notre démocratie n'est pas parfaite. Cependant, nous n'avons jamais eu besoin, nous, d'ériger un mur [...] pour empêcher notre peuple de s'enfuir. [...] Le mur fournit la démonstration éclatante de la faillite du système communiste. Cette faillite est visible aux yeux du monde entier. Nous n'éprouvons aucune satisfaction en voyant ce mur, car il constitue à nos yeux une offense non seulement à l'histoire mais encore une offense à l'humanité. [...]
Tous les hommes libres, où qu'ils vivent, sont des citoyens de Berlin. Par conséquent, en tant qu'homme libre, je suis fier de prononcer ces mots : Ich bin ein Berliner !"
Le président des États-Unis en visite à Berlin le 26 juin 1963
L'Ostpolitik du chancelier Willy Brandt
Ancien maire de Berlin-Ouest, Willy Brandt devient chancelier de RFA en octobre 1969. Il est convaincu du caractère durable de la division de l'Allemagne en deux États. Il souhaite un rapprochement et une coopération avec l'Europe de l'Est, normaliser et humaniser les rapports entre les deux Allemagnes, afin de préserver l'avenir interallemand. Il mène donc une politique réaliste "d'ouverture à l'Est", ou Ostpolitik, qui rassure l'URSS.
- En septembre 1971, un traité à quatre est signé sur Berlin : l'URSS promet un libre transit des marchandises et des personnes entre la RFA et Berlin-Ouest.
- En décembre 1972, c'est la normalisation des relations entre la RFA et la RDA : le "traité fondamental", dans lequel les deux États reconnaissent que la souveraineté de chacun se limite à leur propre territoire.
- En septembre 1973, la RFA et de la RDA sont admises simultanément à l'ONU.
C'est une étape décisive de la Détente, car la question allemande a été jusqu'alors un important sujet de friction entre l'Est et l'Ouest.
La fin de la guerre froide
L'année 1989, avec la chute du mur de Berlin, constitue le symbole de la fin de la guerre froide :
- En 1989, confronté à une grave crise interne, Gorbatchev annonce que l'URSS n'interviendra plus dans les démocraties populaires. À partir du mois d'août, les Allemands de l'Est peuvent passer à l'Ouest par la Hongrie qui a ouvert ses frontières vers l'Autriche.
- En trois semaines, 25 000 citoyens de la RDA rejoignent la RFA via la Hongrie et l'Autriche.
- Les manifestations se multiplient en Allemagne de l'Est. En octobre 1989, Gorbatchev indique aux dirigeants est-allemands qu'il exclue toute riposte de l'URSS. Ces derniers annoncent l'ouverture de la frontière avec la RFA.
- Malgré une tentative de reprise en main de la situation par les rénovateurs du parti communiste, les manifestants détruisent le mur dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989 et la réunification allemande a lieu le 3 octobre 1990.