Sommaire
IVoter sous la monarchie (1815 - 1848)ALa monarchie en France de 1815 à 1848BLe suffrage censitaireIILe suffrage universel à partir de 1848ALa naissance du suffrage universel sous la IIe RépubliqueBLe suffrage sous le Second EmpireIIISchéma bilanEn France, le XIXe siècle est marqué par une forte instabilité politique. Après l'euphorie de la Révolution française qui a vu la reconnaissance de la souveraineté populaire, incarnée par le rêve du suffrage universel, le retour à l'ordre s'opère et le peuple est invité à ne plus s'immiscer dans les affaires publiques lors de la restauration de la monarchie. Il faut attendre 1848 pour que tous les Français puissent véritablement s'exprimer par les urnes.
Voter sous la monarchie (1815 - 1848)
La monarchie en France de 1815 à 1848
En 1815, Napoléon Ier est contraint d'abdiquer après la défaite de ses armées face à l'Europe coalisée. La monarchie est restaurée en France et Louis XVIII, le frère de Louis XVI, s'installe à la tête du pays. Conscient qu'il ne peut revenir à l'Ancien Régime après la Révolution, il octroie une charte qui donne un certain nombre de droits et de libertés aux Français.
Cette monarchie constitutionnelle ne tarde pas cependant à être remise en question sous le règne de Charles X qui gouverne le pays à partir de 1824. En effet, celui-ci, ultra-réactionnaire, entend restaurer la monarchie absolue et rogne progressivement les libertés publiques consenties par Louis XVIII. Cela déclenche une révolution en juillet 1830 : les Trois Glorieuses.
Contrairement aux espoirs d'une partie de la population, la révolution de Juillet n'accouche pas d'une république mais d'une nouvelle monarchie, plus tempérée toutefois ; c'est la monarchie de Juillet, incarnée par Louis-Philippe. Mais ce régime est contesté et le peuple se révolte de nouveau en février 1848. Cette fois, les Français obtiennent l'instauration d'une république.
Le suffrage censitaire
À l'issue de la Révolution française de 1789, une Constitution est élaborée en 1793. Cette Constitution, jamais appliquée en raison des dangers encourus par la France alors en guerre contre l'Europe (c'est la Terreur), prévoyait l'instauration du suffrage universel.
Suffrage universel
Le suffrage universel est le droit de vote accordé à tous les citoyens sans distinction de richesse.
La Restauration monarchique met en place un suffrage censitaire :
- Il s'agit de ne conférer le droit de vote qu'à une minorité de citoyens actifs dont la "valeur" est supposée être prouvée par leur niveau d'imposition, le cens. Le principe est le suivant : on estime qu'un citoyen aisé sera plus responsable qu'un citoyen pauvre, car le niveau de richesse témoignerait d'un certain niveau d'instruction et donc d'un certain degré de maturité politique.
- Il s'agit surtout de priver le peuple du droit d'expression politique et d'éviter toute tentation républicaine, les élites étant jugées plus conservatrices.
Suffrage censitaire
Le suffrage censitaire est le droit de vote accordé aux citoyens qui paient un certain montant de cens (impôt) ; on distingue alors les citoyens actifs (qui peuvent voter) des citoyens passifs (qui ne peuvent pas voter).
Au début de la Restauration, seulement 1 % des Français ont le droit de vote. Le corps électoral s'élargit sous la monarchie de Juillet mais reste limité par le cens.
Le suffrage universel à partir de 1848
La naissance du suffrage universel sous la IIe République
En février 1848, à l'issue des journées révolutionnaires, la République est proclamée à Paris. Immédiatement, le suffrage universel (masculin) est mis en place et ne sera plus jamais remis en question, même si le Second Empire de Napoléon III le limite :
- Au nom de la souveraineté du peuple, on estime que tout citoyen doit jouir sans restriction du droit d'expression politique pour désigner ses représentants et ses gouvernants.
- Ce suffrage permet aux Français d'élire leurs députés à l'Assemblée nationale et leur président de la République.
La première élection présidentielle est ainsi organisée en décembre 1848 ; elle porte au pouvoir Louis-Napoléon Bonaparte, le neveu de Napoléon Ier, pour un mandat de quatre ans, au terme duquel il n'est pas censé pouvoir se représenter. Or, ce dernier souhaite pouvoir rester en fonction. Il organise donc le coup d'État du 2 décembre 1851 par lequel il s'accapare le pouvoir et neutralise ses adversaires. Il organise une consultation populaire (plébiscite) qui lui permet de proclamer le rétablissement de l'Empire. Le Second Empire se maintient jusqu'en 1870, date à laquelle il est aboli, emporté par la défaite militaire face à la Prusse de Guillaume Ier et de Bismarck.
Gravure de Bosredon, Le Vote ou le fusil, 1848, © Cliché Bibliothèque Nationale de France
Gravure de Bosredon, Le Vote ou le fusil, 1848, © Cliché Bibliothèque Nationale de France
Henri Félix Emmanuel Philippoteaux, Lamartine devant l'Hôtel de Ville de Paris le 25 février 1848 refuse le drapeau rouge, 1848, © Musée Carnavalet, Paris
Henri Félix Emmanuel Philippoteaux, Lamartine devant l'Hôtel de Ville de Paris le 25 février 1848 refuse le drapeau rouge, 1848, © Musée Carnavalet, Paris
Le suffrage sous le Second Empire
Sous le Second Empire, le suffrage universel n'est pas aboli, Napoléon III ne souhaitant pas revenir sur un acquis de la révolution de 1848 et souhaitant établir un lien direct entre lui et son peuple :
- Il fait approuver par les Français son coup d'État et le rétablissement de l'empire au moyen de plébiscites organisés en décembre 1851 et en novembre 1852.
- Par ailleurs, le pouvoir organise des élections législatives, mais celles-ci sont étroitement contrôlées. Les candidats officiels sont largement favorisés : ils bénéficient du privilège d'avoir des affiches blanches afin d'être facilement identifiables par des électeurs dont un bon nombre sont analphabètes.
- Cependant, à partir de 1860, le régime se libéralise et des élections plus libres sont organisées. Des députés de l'opposition sont élus en 1863. Ces réformes sont approuvées par les Français lors du plébiscite de mai 1870 par lequel Napoléon III entend enraciner et pérenniser son régime réformé.
Plébiscite
Un plébiscite est une consultation populaire en vue d'approuver (ou de refuser) les grandes orientations politiques d'un régime ; c'est une sorte de référendum.