Sommaire
IUn monde divisé en deux campsALe bloc de l'Ouest et le bloc de l'EstBLe territoire allemand dans un monde bipolaireIILa guerre froide : une guerre idéologique, technologique et militaireAUne guerre idéologiqueBUne guerre technologiqueCUne guerre militaireIIILa fin de la bipolarisation du mondeAL'émergence d'un « tiers-monde »BLa dislocation du bloc de l'EstLa Seconde Guerre mondiale se termine par la victoire de deux grandes puissances, les États-Unis et l'URSS. La volonté d'instaurer une paix durable est affirmée et semble se concrétiser par la création de l'ONU. Cependant, des tensions apparaissent rapidement entre les deux puissances. Dès 1947, la guerre froide commence. On parle d'un monde bipolaire, divisé entre le bloc occidental mené par les États-Unis, et le bloc soviétique mené par l'URSS. Les deux blocs sont séparés par un « rideau de fer ». Les deux puissances ne s'affrontent jamais directement, mais cette rivalité provoque de nombreux conflits et des tensions dans le monde entier, jusqu'à la dislocation du bloc de l'Est en 1991.
Quels sont les conflits qui caractérisent la guerre froide de 1947 à 1991 ?
Un monde divisé en deux camps
Dès le lendemain de la guerre, une grande partie du monde se coupe en deux blocs. Le bloc occidental est dominé par les États-Unis, le bloc soviétique est dominé par l'URSS de Staline. Le découpage du territoire allemand est le symbole de ce nouveau monde bipolaire.
Le bloc de l'Ouest et le bloc de l'Est
Le bloc de l'Ouest réunit les pays d'Europe occidentale, parmi lesquels la France et le Royaume-Uni, autour des États-Unis. Le bloc de l'Est regroupe autour de l'URSS les pays européens libérés de la domination nazie par l'armée soviétique, parmi lesquels la Pologne.
Le bloc de l'Est est communiste. Il est conduit par l'URSS. Il comprend la Pologne, la Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie, la Tchécoslovaquie. Il est aussi soutenu par des pays hors d'Europe comme la Corée du Nord, Cuba et la Chine.
Le bloc de l'Ouest, mené par les États-Unis, comprend notamment le Royaume-Uni, la France, l'Italie, les pays scandinaves. Il est également soutenu par des pays hors d'Europe comme les pays d'Amérique centrale et du Sud (sauf Cuba), l'Australie, le Japon, le Canada, la Turquie, le Pakistan, l'Iran, l'Arabie saoudite et l'Afrique du Sud.
L'Europe est coupée en deux par une frontière fortifiée par des lignes de barbelés et des champs de mines. Cette frontière est surveillée par des troupes militaires du côté des États européens de l'Est, qui la veulent infranchissable.
Le territoire allemand dans un monde bipolaire
Le territoire allemand est occupé par les armées des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France et de l'URSS après la capitulation allemande du 8 mai 1945. Deux États allemands sont ensuite créés : la RFA à l'ouest et la RDA à l'est. Les deux États sont séparés par un « rideau de fer ».
En 1945, le territoire allemand est sous la domination des puissances qui ont libéré l'Europe de l'occupation nazie. Il n'y a plus d'État allemand, plus de gouvernement en Allemagne. Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France favorisent la création d'un nouvel État allemand libre, qui regroupe leurs trois zones d'occupation : la République fédérale d'Allemagne (RFA), ou Allemagne de l'Ouest.
1949
Création de la RFA
La RFA est créée en septembre 1949.
L'URSS fait de même avec la création de la République démocratique allemande (RDA), ou Allemagne de l'Est. Malgré son nom, la RDA est un État totalitaire, soumis à la domination soviétique.
1949
Création de la RDA
La RDA est créée en octobre 1949.
La capitale de l'Allemagne, Berlin, est également partagée en quatre zones, placées sous domination des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France et de l'URSS. Les tensions y sont vives durant toute la guerre froide.
La frontière qui divise l'Europe est qualifiée de « rideau de fer » par le Premier ministre britannique Winston Churchill en 1946.
En 1948-1949, Staline, qui souhaite prendre le contrôle total de Berlin, décide d'établir un blocus qui empêche l'accès terrestre à Berlin-Ouest. Les États-Unis réagissent par la création d'un pont aérien qui permet de ravitailler la ville par voie aérienne. Staline lève le blocus en mai 1949.
De nombreux Berlinois de l'Est fuient vers l'Ouest, où les conditions de vie sont plus confortables : la démocratie permet une amélioration du confort matériel à l'Ouest. En 1961, l'URSS décide alors de construire un mur, le « mur de Berlin », séparant les deux parties de la ville.
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La guerre froide : une guerre idéologique, technologique et militaire
La guerre froide est avant tout un conflit idéologique : les États-Unis défendent le capitalisme et le libéralisme, l'URSS défend le communisme. Les deux blocs rivalisent sur le plan technologique, chacun cherchant à dépasser l'autre. Si les États-Unis et l'URSS ne s'affrontent jamais directement, la guerre froide est également une guerre militaire : de nombreux conflits dans le monde sont instrumentalisés par les deux puissances.
Une guerre idéologique
La guerre froide oppose le bloc occidental, capitaliste et libéral, au bloc soviétique, communiste et totalitaire. Chaque camp utilise la propagande pour imposer sa vision du monde. Chacun affirme défendre les libertés.
Les pays du bloc de l'Ouest sont derrière les États-Unis. Ils défendent la démocratie, le capitalisme et le libéralisme.
Capitalisme
Le capitalisme est un modèle économique et social qui s'appuie sur la propriété privée des moyens de production. Les moyens de production n'appartiennent pas aux travailleurs. Le but du capitalisme est de produire de la croissance économique.
Libéralisme
Le libéralisme est une doctrine défendant les libertés individuelles contre l'emprise de l'État.
Le bloc de l'Ouest suit la doctrine Truman qui cherche à lutter contre la diffusion du communisme. C'est la stratégie de l'endiguement, valorisée au nom de la défense de la démocratie, du capitalisme et de la liberté d'entreprendre.
Endiguement
L'endiguement est une stratégie suivie par les États-Unis et leurs alliés pour empêcher le développement du communisme dans le monde.
Pour freiner la diffusion du communisme en Europe, les États-Unis proposent aux pays d'Europe une aide économique et financière, le plan Marshall, afin de les aider à se reconstruire.
1947
Plan Marshall
Le plan Marshall est proposé par les États-Unis aux pays européens en 1947.
Les pays du bloc de l'Est défendent le communisme.
Communisme
Le communisme est un modèle économique et social qui repose sur la mise en commun des moyens de production et la répartition des biens produits suivant les besoins de chacun.
Le bloc de l'Est suit la doctrine Jdanov qui promeut la solidarité des pays communistes face au bloc de l'Ouest capitaliste et impérialiste. L'objectif de cette doctrine est de répandre le communisme dans le monde.
1947
Création du Kominform
Le Kominform est créé en 1947. Il s'agit d'une coordination des partis communistes du monde entier sous la direction de Moscou.
L'URSS crée le Conseil d'assistance économique mutuelle (CAEM) qui accentue le contrôle de l'URSS sur le développement économique des pays d'Europe de l'Est.
1949
Instauration du CAEM
Le CAEM est instauré en 1949.
Une guerre technologique
Les deux blocs se livrent une guerre dite technologique. Les États-Unis et l'URSS rivalisent dans la conquête de l'espace et dans la course aux armements nucléaires, afin de montrer leur puissance.
Les États-Unis et l'URSS sont en compétition. Chacun cherche à être le premier à envoyer une fusée dans l'espace, le premier à y envoyer un être vivant (un chien), le premier à y envoyer un homme et le premier à aller sur la Lune.
La conquête spatiale vise à démontrer la domination technologique de chacune des deux puissances. L'URSS devance les États-Unis avec l'envoi du premier satellite artificiel dans l'espace puis la mise en orbite du premier être humain. Toutefois, c'est un Américain qui fait le premier pas sur la Lune.
20 juillet 1969
Premier homme sur la Lune
L'Américain Neil Armstrong fait son premier pas sur la Lune le 20 juillet 1969.
Les États-Unis possèdent l'arme atomique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'URSS à partir de 1949. Les années de guerre froide se caractérisent ensuite par la multiplication des bombes nucléaires dans les deux camps. Chacun dispose de plusieurs dizaines de milliers de bombes nucléaires.
Une guerre militaire
De fortes tensions existent entre les États-Unis et l'URSS, notamment lors de la crise de Cuba, mais les deux pays ne s'affrontent jamais directement. Toutefois, de nombreux conflits armés sont utilisés par les États-Unis ou par l'URSS pour étendre leur puissance ou pour infliger une défaite à l'autre bloc, notamment la guerre de Corée et la guerre du Vietnam.
En 1949, les États-Unis, le Canada et des pays d'Europe de l'Ouest créent une alliance militaire, l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique nord). En 1955, l'URSS et ses pays satellites répondent par la création du pacte de Varsovie.
La crise la plus grave entre les deux camps est celle des missiles de Cuba, en 1962. Les Américains découvrent que les Soviétiques ont installé des fusées nucléaires pointées en direction des États-Unis sur l'île de Cuba, dirigée par le communiste Fidel Castro. La tension monte en intensité mais le président américain Kennedy obtient le retrait de l'URSS et permet d'éviter un conflit nucléaire. Une période de détente commence alors, marquée par la négociation d'accords de désarmement.
En réalité, les deux pays vont s'affronter de façon indirecte dans d'autres conflits.
La guerre de Corée commence en 1950. Elle oppose la Corée du Nord, communiste et alliée à l'URSS, à la Corée du Sud, alliée aux États-Unis. En 1953, à la fin de la guerre qui a fait 300 000 victimes, la Corée du Nord et la Corée du Sud sont définitivement séparées. La Corée du Nord impose un régime très violent à ses habitants. Aujourd'hui encore, la dictature coréenne perdure.
Après la décolonisation de l'Indochine en 1954, le Vietnam est divisé en deux :
- au nord, un régime communiste, soutenu par l'URSS ;
- au sud, un régime allié aux États-Unis.
Les communistes cherchent alors à contrôler la totalité du pays en menant une guérilla.
Guérilla
Une guérilla est l'action de combattants n'appartenant pas à l'armée d'un État, dont les atouts résident dans la capacité à se fondre dans la société et à être mobiles.
En 1961, les États-Unis envoient des troupes armées au Vietnam pour contrer la progression des communistes vers le Vietnam du Sud.
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Les troupes américaines sont mises en échec par les communistes, qui prennent alors le contrôle de tout le pays. L'intervention américaine est fortement contestée, notamment à cause de l'utilisation de napalm et de l'agent orange (un puissant herbicide ayant pour but de détruire les forêts dans lesquelles se cachent les combattants communistes). Les États-Unis doivent se retirer en 1975. C'est une défaite pour les États-Unis et une victoire pour l'URSS.
La fin de la bipolarisation du monde
La bipolarisation du monde est d'abord nuancée par la naissance du « tiers-monde ». Elle se termine par la dislocation du bloc de l'Est et de l'URSS : c'est la fin de la guerre froide, en 1991.
L'émergence d'un « tiers-monde »
Avec la décolonisation, les nouveaux États indépendants d'Asie puis d'Afrique tentent de pratiquer une politique de « non-alignement » : ils ne rejoignent aucun des deux blocs et maintiennent leur autonomie vis-à-vis des grandes puissances.
Lors de la conférence de Belgrade en 1961, les pays décolonisés créent le mouvement des « non-alignés ». Ils ne s'allient ni à l'URSS ni aux États-Unis, afin de garder leur autonomie.
Non-alignés
Les non-alignés sont les pays du « tiers-monde » qui refusent d'appartenir à l'un des deux blocs durant la guerre froide.
Ainsi, cela relativise l'idée d'un monde bipolaire : si les États-Unis et l'URSS restent les deux principales puissances sur la scène mondiale, d'autres pays et d'autres puissances apparaissent et échappent à la bipolarisation du monde.
La dislocation du bloc de l'Est
La guerre froide se termine avec la dislocation du bloc soviétique. Après l'arrivée de Gorbatchev au pouvoir en URSS, les manifestations pour la liberté se multiplient dans les pays européens de l'Est, jusqu'à l'ouverture du « rideau de fer » puis la chute du mur de Berlin, et la fin de l'URSS.
Mikhaïl Gorbatchev, qui est à la tête de l'URSS à partir de 1985, tente de réformer le pays en instaurant une politique qui vise à restaurer les libertés dans le pays.
En 1989, les contestations se multiplient contre le manque de libertés dans les pays d'Europe de l'Est, en particulier en RDA. Des pays ouvrent finalement le « rideau de fer » et des familles passent ainsi à l'Ouest, tandis que Gorbatchev accentue la pression sur le gouvernement est-allemand pour qu'il accepte les réformes.
Finalement, dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989, le gouvernement est-allemand annonce l'ouverture du mur de Berlin à la télévision et à la radio. Durant toute la nuit, les soldats qui surveillent les points de passage laissent passer les Allemands de l'Est. En quelques jours, environ 2 millions d'Allemands de l'Est se rendent à Berlin-Ouest.
1990
Réunification de la RFA et de la RDA
En 1990, la RDA et la RFA sont réunifiées pour reformer un État unique, l'Allemagne.
Progressivement, les pays dominés par les Soviétiques prennent leur indépendance, en particulier les pays qui avaient rejoint la Russie pour former l'URSS en 1922. L'URSS est finalement dissoute en 1991 : c'est la fin de la guerre froide et l'affirmation de la toute-puissance américaine.