Sommaire
ILa seigneurieALa naissance des villagesBLe seigneur, propriétaire des terresCDes statuts paysans qui évoluentIIVivre dans une seigneurieALe seigneur et son entourageBLa vie au villageL'apparition des villages dans le contexte d'un essor démographique à partir du Xe siècle permet la mise en place de grands domaines dirigés par des seigneurs : les seigneuries.
Dans ces seigneuries, les paysans sont soumis à l'autorité du seigneur et lui doivent du travail, des produits de l'agriculture et de l'argent. La seigneurie est aussi un espace de vie. Les nobles, comprenant les seigneurs et les chevaliers, vivent dans des châteaux et mènent une vie fastueuse.
Les paysans, pour qui la vie quotidienne est difficile, ont aussi des loisirs et se rencontrent dans l'enceinte du village.
La seigneurie
La naissance des villages
À partir du Xe siècle, l'Europe occidentale connaît un essor démographique qui s'explique par plusieurs facteurs.
L'application de nouveaux procédés et de nouvelles techniques se développe :
- L'araire est remplacé progressivement par la charrue.
- Le fumier est utilisé.
- La technique de la jachère est améliorée grâce à l'assolement triennal.
- Le cheval est davantage utilisé.
- De nouvelles terres sont mises en culture grâce aux défrichements.
Araire
L'araire est un instrument qui fend la terre afin de créer un sillon dans lequel seront plantées les graines.
L'araire est utilisé depuis 4000 avant J.-C. en Mésopotamie. Cet outil ne fait que des sillons peu profonds et ne retourne pas la terre. Il est progressivement abandonné au profit de la charrue.
Un araire au XIe siècle
Homélie de Saint Grégoire de Nazianze, Paris BNF
Charrue
La charrue est un instrument agricole qui permet de retourner la terre avant de planter les graines.
La charrue remplace progressivement l'araire car elle est plus efficace. Elle permet de retourner la terre et donc de planter les graines plus profondément dans le sol. Elle permet également d'enfouir les résidus des cultures précédentes, comme les mauvaises herbes, sous la terre.
Une charrue à la fin du XIIIe siècle
Encyclopédie médiévale de Viollet Leduc
Jachère
Les terres mises en jachère sont des terres laissées au repos après une récolte le temps qu'elles retrouvent leur fertilité.
Lorsqu'une terre a été cultivée et que la récolte a été effectuée, la terre a perdu beaucoup de minéraux qui ont permis aux plantes de pousser. Il est donc impossible de replanter immédiatement après la récolte. La mise en jachère permet à la terre de s'enrichir à nouveau en minéraux. La jachère dure généralement un an, ce qui pose un problème pour les paysans qui ne peuvent pas cultiver la terre en jachère pendant ce temps.
Assolement triennal
L'assolement triennal est l'alternance de trois types de cultures sur une même parcelle.
Avant le développement de l'assolement triennal, les paysans mettaient la moitié de leurs terres en jachère afin qu'elles se reposent. L'assolement triennal permet d'alterner les plantes sur une même parcelle et de les laisser au repos moins de temps, donc de cultiver davantage :
- Une première culture épuise le sol en profondeur.
- Une seconde culture épuise le sol en surface.
- Enfin, la troisième année, la terre est laissée en jachère.
Ce procédé permet d'utiliser une même parcelle deux années sur trois alors qu'avant elle n'était utilisée qu'une année sur deux.
Défrichement
Le défrichement est le fait d'abattre des arbres et de détruire des broussailles afin de mettre de nouvelles terres en culture.
Les défrichements sont nombreux à partir du Xe siècle et permettent de mettre de nombreuses terres en culture.
En conséquence de ces améliorations, la population augmente et les habitations paysannes se regroupent pour former des villages dès le début du Xe siècle.
Ces villages se développent respectivement autour d'une église et d'un château.
Le seigneur, propriétaire des terres
La plupart de ces terres appartiennent à des seigneurs. Ils possèdent de vastes domaines, comprenant des terres agricoles, des villages, des étangs et des bois. Ces domaines sont appelés des seigneuries.
Ces seigneuries sont composées de deux parties distinctes :
- La réserve regroupe les terres exploitées directement pour le seigneur. Les paysans y travaillent gratuitement.
- Les tenures sont les terres louées aux paysans par le seigneur.
Les paysans sont assujettis au seigneur à qui ils doivent des impôts, des produits de l'agriculture et du travail :
- Les paysans sont soumis à la justice du seigneur. Ce pouvoir de commandement s'appelle le droit de ban.
- Le seigneur doit protéger les paysans, en contrepartie de quoi il leur réclame un impôt, la taille.
- Les paysans, en échange des tenures, doivent verser des redevances annuelles payées en nature (le champart) ou en argent (le cens).
- Ils doivent cultiver la réserve du seigneur et effectuer divers travaux d'entretien de la seigneurie, appelés les corvées.
- Enfin, ils sont obligés d'utiliser le moulin, le four ou le pressoir du seigneur et doivent payer une taxe. Ce sont des banalités.
La seigneurie de Wismes
Des statuts paysans qui évoluent
L'autorité du seigneur sur les paysans est forte. Les abus des seigneurs sont souvent mentionnés dans les sources historiques, parfois de manière exagérée.
Tous les paysans n'ont pas le même statut :
- Les serfs sont des paysans non libres, qui appartiennent à leur seigneur. Ils doivent notamment demander l'accord du seigneur pour se marier, quitter la seigneurie et léguer leurs biens.
- Les tenanciers (ou les vilains) sont des paysans libres.
Dès le XIIe siècle, on observe une amélioration du statut de certains paysans :
- Des révoltes éclatent à certains endroits pour dénoncer les abus des seigneurs.
- Certains villages s'organisent en communauté villageoise afin de faire face collectivement aux exigences du seigneur.
- Certaines communautés obtiennent des seigneurs des chartes de franchises qui limitent les charges les plus lourdes.
- Dans certains cas de défrichements voulus par le seigneur, celui-ci accorde des avantages aux paysans qui souhaitent s'installer sur ces nouvelles terres.
Charte de franchise
Une charte de franchise est un texte officiel qui précise les droits et les libertés accordés par un seigneur à ses paysans.
En 1205, le comte de Rethel accorde une charte de franchise pour les paysans du nouveau village qu'il souhaite fonder. Ce texte leur permet notamment d'exploiter gratuitement les bois ou encore de faire du commerce sans payer de taxe. Le nom de ce village fait référence à cette charte puisqu'il s'appelle Villefranche-sur-Saulce.
Vivre dans une seigneurie
Le seigneur et son entourage
Le seigneur s'entoure d'hommes en armes, les chevaliers. Ils doivent suivre une longue éducation militaire :
- À l'âge de sept ans, les futurs chevaliers sont placés chez un seigneur, un parrain ou un oncle chez qui ils apprennent le métier. Ils deviennent pages.
- À treize ans, ils deviennent écuyers et s'occupent des armes et des chevaux du seigneur.
- À dix-huit ans, ils sont faits chevaliers lors de la cérémonie de l'adoubement, cérémonie durant laquelle ils reçoivent leurs armes.
Les chevaliers et les seigneurs constituent la noblesse, un ordre qui les place au-dessus de la société.
Les membres de la noblesse se caractérisent par un mode de vie particulier :
- Ils résident dans un château fort.
- Ils participent à des tournois dans lesquels les chevaliers cherchent à attirer l'attention des dames et à gagner de l'argent en prenant d'autres chevaliers en rançon.
- Ils font des guerres.
- Ils pratiquent la chasse à courre.
- Ils font de grands banquets dans lesquels ils mangent du gibier et des poissons.
- Ils s'identifient à des valeurs telles que l'honnêteté, la loyauté et la générosité.
- Ils pratiquent l'amour courtois qui consiste à déclamer des poèmes aux dames qu'ils courtisent.
Château fort
Le château fort est le lieu de résidence fortifié de la noblesse.
Plan du château fort de Bonaguil
La vie au village
Malgré les progrès observés dans l'agriculture, la vie des paysans reste difficile :
- Souvent, les récoltes sont faibles et ne permettent pas de faire des réserves.
- L'alimentation des paysans est essentiellement composée de bouillies et galettes de céréales.
- Seuls les paysans les plus aisés possèdent quelques volailles ou cochons.
- Les paysans, souvent sous-alimentés, sont plus vulnérables aux maladies.
- Les famines peuvent facilement survenir.
Mais la vie des paysans ne peut se résumer aux mauvaises conditions de vie et au travail. La vie collective est très importante dans les villages :
- Des lieux permettent aux villageois de se rencontrer comme le moulin, le four, le cimetière et surtout l'église où les fidèles se réunissent le dimanche.
- Les jours de fête sont très nombreux et sont l'occasion pour les paysans de ne pas travailler et de se divertir.