Sommaire
IL'essor des campagnes au Moyen ÂgeAL'essor des surfaces cultivées et des populationsBL'essor des techniques et l'amélioration des rendementsIILa domination des seigneurs sur les campagnesAL'organisation des campagnes en seigneuriesBLa vie des seigneursCLa vie des paysansIIIL'Église au centre de la vie des campagnesAL'Église, un propriétaire de terres majeur dans les campagnesBL'influence de l'Église dans les campagnesÀ partir du XIe siècle, la population d'Europe occidentale augmente. Il y a davantage de personnes à nourrir et la main-d'œuvre disponible pour travailler la terre est plus importante. Les paysans, dont la vie est particulièrement difficile, cultivent de nouvelles terres grâces aux défrichements massifs et améliorent leurs rendements agricoles avec l'amélioration des techniques. Dans le même temps, les seigneurs organisent leurs terres en seigneuries et assoient leur domination sur les paysans. L'Église est l'autre grand propriétaire des terres des campagnes, dans lesquelles elle exerce une influence croissante sur les populations.
L'essor des campagnes au Moyen Âge
Entre le XIe et le XIIIe siècle, la population augmente en Europe occidentale. Les surfaces agricoles progressent, sous l'effet des défrichements massifs, tandis que les techniques s'améliorent.
L'essor des surfaces cultivées et des populations
Les paysans cultivent de nouvelles terres grâce aux défrichements, qui font reculer les forêts. La population de l'Occident ne cesse de progresser et contribue à fournir une main-d'œuvre nombreuse.
Au Moyen Âge, la population européenne vit essentiellement dans les campagnes. En raison de la pression démographique qui s'accroît à partir du XIe siècle, les habitants des campagnes d'Europe occidentale défrichent massivement les forêts et assèchent les marais.
Défrichement
Un défrichement consiste à abattre des arbres et à détruire des broussailles pour rendre la terre cultivable ou pour y construire des villages.
De nouvelles terres agricoles sont ainsi conquises et de nouveaux villages sont construits.
L'essor des techniques et l'amélioration des rendements
Au Moyen Âge, l'agriculture connaît une petite révolution de ses techniques. Celles-ci permettent de mieux nourrir les populations rurales, grâce à l'amélioration des rendements agricoles.
À partir du IXe siècle, on assiste à une évolution rapide des techniques agricoles, qui repose sur plusieurs aspects :
- l'usage généralisé du fer dans l'outillage ;
- l'organisation des semailles selon des périodes précises ;
- le système d'alternance dite « triennale » des terres : des céréales de printemps sur une portion de terre, des céréales d'hiver sur une autre et du repos pour la troisième (que l'on appelle aussi « jachère ») ;
- l'utilisation de la force des animaux, notamment sur les charrues, qui permet de labourer la terre plus rapidement et plus profondément ;
- l'augmentation des superficies agricoles avec le défrichement.
Les Très Riches Heures du Duc de Berry, Mars, par les frères de Limbourg, 1412-1416, © Musée Condé via Wikimedia Commons
L'amélioration des pratiques agricoles permet d'augmenter les récoltes et les rendements et de soutenir la croissance démographique.
La domination des seigneurs sur les campagnes
À la tête de leur seigneurie, les seigneurs organisent leur domination sur les paysans. En échange de la protection des seigneurs, les paysans cultivent leurs terres, leur paient des impôts et effectuent des corvées.
L'organisation des campagnes en seigneuries
Dans les campagnes, les seigneuries sont mises en place pour répondre à l'insécurité. Le seigneur s'appuie sur son château, le village et ses terres pour exercer sa domination.
La chute de l'Empire carolingien entraîne une période importante d'insécurité en Europe occidentale. Avec l'augmentation des terres agricoles et la multiplication des villages, les seigneurs forment de grands domaines : les « seigneuries ».
Seigneurie
Une seigneurie est un domaine sur lequel le seigneur exerce son pouvoir. Elle est composée généralement d'un château, où vivent le seigneur et sa cour, d'un ou plusieurs villages, d'une église et de terres que les paysans cultivent.
La taille de ces domaines varie en fonction de la puissance du seigneur. Avec les progrès agricoles et l'augmentation du nombre de leurs terres, la richesse des seigneurs augmente entre le Xe et le XIIIe siècle.
Le château fort de Castelnau-Bretenoux a été construit à partir du XIIIe siècle sur une colline, pour dominer les terres et repérer facilement les éventuels ennemis. Le seigneur du lieu commande le château.
© Teysla via Wikimedia Commons/© Wikimedia Commons
La vie des seigneurs
Les terres appartiennent au seigneur. Il y construit son château, dans lequel il vit. Il doit protéger les habitants de son domaine, dont il a la responsabilité. Le seigneur passe donc une grande partie de son temps à s'entraîner et à chasser.
La société du Moyen Âge est souvent appelée « société féodale », ce qui signifie que chacun y joue un rôle bien défini. Elle est divisée entre :
- « ceux qui prient » (les hommes d'Église) ;
- « ceux qui combattent » (les chevaliers, le seigneur) ;
- « ceux qui travaillent » (les paysans).
Dans cette répartition des rôles, le seigneur doit protéger tous ceux qui vivent sous sa domination dans sa seigneurie. En cas de danger, les paysans peuvent venir se réfugier dans l'enceinte du château. Sur ses terres, c'est le seigneur qui a le pouvoir de justice.
Le seigneur passe la plus grande partie de son temps à s'entraîner au combat à cheval et à la chasse. Le seigneur combat le plus souvent avec des chevaliers, qu'il a adoubés lors d'une cérémonie et qui lui doivent fidélité.
Adoubement
L'adoubement est une cérémonie au cours de laquelle un jeune homme devient chevalier et reçoit son équipement de la part du seigneur.
© Picryl.com
La vie des paysans
Le seigneur commande et impose de nombreuses redevances aux paysans, qui travaillent durement sur les terres qui leur sont allouées. Parfois, ils doivent aussi travailler gratuitement.
Le seigneur est le propriétaire de toutes les terres de la seigneurie. Il loue des tenures aux paysans, en échange de redevances et de corvées.
Tenures
Les tenures sont les terres louées par le seigneur aux paysans.
Redevance
Une redevance est une somme qui doit être payée.
Corvée
Une corvée est un travail gratuit que les paysans sont obligés de faire pour leur seigneur.
Le seigneur garde également pour lui-même des terres appelées « la réserve », qu'il fait cultiver par des paysans salariés et des paysans soumis à des corvées. Ceux-ci ont donc une dure vie de labeur. Ils sont aussi soumis aux aléas climatiques, qui peuvent mettre en péril leurs récoltes.
Pour cultiver des terres, les paysans paient le cens. Cette taxe peut être réglée au seigneur en monnaie ou en nature (une partie de la récolte). À cela s'ajoutent d'autres taxes, que le paysan paie pour utiliser certains outils collectifs : les « banalités ».
Banalités
Les banalités désignent un ensemble de taxes que les paysans doivent régler au seigneur, en échange de l'usage d'outils lui appartenant : moulin, pressoir, four, etc.
Dans les villages, des lieux de sociabilité permettent aux paysans d'échanger et de se rencontrer : l'église, le four, où l'on cuit le pain qui est l'aliment principal des paysans, etc.
L'Église au centre de la vie des campagnes
L'Église domine de nombreuses terres. Les abbés et les évêques sont aussi de grands seigneurs et exercent une influence croissante sur les campagnes.
L'Église, un propriétaire de terres majeur dans les campagnes
L'Église possède de nombreuses terres. Les abbayes se multiplient dans les campagnes et les paysans se regroupent autour d'elles et forment de nouveaux villages.
À partir du XIe siècle, en même temps que naissent des villages dans les campagnes, la construction d'églises connaît un grand essor. Les villages se structurent souvent autour des églises et des abbayes.
L'Église joue un rôle économique et social majeur dans les sociétés du Moyen Âge. Elle possède le tiers des terres cultivées d'Europe et perçoit à ce titre des redevances de la part des paysans présents sur ces terres. Les évêques, qui sont les supérieurs des prêtres, et les abbés, qui dirigent les abbayes, sont à la tête de vastes domaines. Ils sont donc également des seigneurs.
L'Église perçoit de la part des paysans un impôt payé en nature à partir de leurs récoltes : la « dîme ».
Église
Avec une majuscule, l'Église désigne l'institution exerçant l'autorité religieuse, mais aussi la communauté des chrétiens. Dans l'Occident chrétien, le pape est le chef de l'Église, et celle-ci est divisée en deux parties : le clergé régulier, composé de moines vivant reclus du monde dans des abbayes, et le clergé séculier, composé de prêtres et d'évêques, qui sont au contact des fidèles.
L'abbaye de Silvacane (Bouches-du-Rhône) a été construite au XIIe siècle, dans un endroit très éloigné des villages. Les moines se consacrent à la prière et mettent en valeur de nouvelles terres, à partir des nombreux points d'eau alentour.
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L'influence de l'Église dans les campagnes
L'Église exerce une grande influence dans les villages. Le bâtiment principal des villages est souvent l'église. Les habitants s'y retrouvent pour prier ou assister à des cérémonies ou des sacrements. Sur les murs ou les vitraux des églises, on inscrit des messages religieux à destination des croyants.
Les chrétiens sont monothéistes et croient en Dieu et en Jésus-Christ. L'Église enseigne aux fidèles qu'ils doivent se comporter en bons chrétiens pour pouvoir accéder au Paradis. Pour ce faire, les chrétiens adoptent un certain nombre de pratiques religieuses :
- aller à la messe tous les dimanches ;
- recevoir les sacrements (baptême, mariage, etc.) ;
- pratiquer la charité à l'égard des plus pauvres ;
- rejeter le Diable et ses tentations.
Les fidèles ne sachant pas lire au Moyen Âge, les murs et les vitraux des églises contiennent des messages en lien avec les principes religieux du christianisme.
© Velvet via Wikimedia Commons/© Daniel Villafruela via Wikimedia Commons