Sommaire
IL'immigration en France jusqu'en 1945ALes débuts de l'immigration de masseBLe rejet des immigrés dans les années 1930IIL'immigration depuis 1945AL'immigration de masse durant les Trente GlorieusesBLe "problème de l'immigration"La France est un ancien pays d'immigration. Depuis le début du XXe siècle, les entreprises puis l'État ont largement fait appel aux immigrés pour venir travailler en France. Cependant, la crise de 1930 provoque des replis identitaires et des mouvements de xénophobie, accentués sous le régime de Vichy. Durant les Trente Glorieuses, les immigrés sont appelés massivement et participent à la reconstruction et à la modernisation du pays. À partir de la crise des années 1970, l'immigration de masse est stoppée et laisse place au regroupement familial. Le rejet de l'immigré se développe et la "question de l'intégration" envahit l'espace médiatique. Malgré ces ressentiments à l'encontre des immigrés, l'intégration s'effectue sans difficulté pour la majorité d'entre eux.
L'immigration en France jusqu'en 1945
Les débuts de l'immigration de masse
La France est un des premiers pays d'immigration en Europe à la fin du XIXe et au début du XXe siècle :
- Elle achève rapidement sa transition démographique et sa faible natalité la distingue de ses voisins.
- C'est un pays qui s'industrialise au XIXe siècle et qui a un besoin de main-d'œuvre dans les usines, les mines et dans l'agriculture.
Cette immigration est surtout européenne, les Belges et les Italiens sont les nationalités les plus représentées. Mais les immigrés viennent également d'Algérie.
La législation française développe le droit du sol et permet ainsi l'intégration des étrangers.
Étranger
Un étranger est une personne résidant dans un pays, sans en avoir la nationalité, même s'il est né dans ce dernier.
Immigré
Un immigré est une personne qui est née dans un pays étranger et qui a fait un voyage de migration. Il peut être naturalisé après son arrivée, c'est-à-dire avoir la nationalité française tout en restant immigré. Il n'est alors plus un étranger.
Droit du sol
Le droit du sol conditionne l'obtention de la nationalité à la naissance sur le territoire.
En 1889, les étrangers nés en France de parents étrangers peuvent accéder à la nationalité française. En 1927, la loi facilite les naturalisations.
Après la Première Guerre mondiale, l'État encourage l'immigration pour pallier la crise démographique que le pays vient de subir pendant le conflit. En effet, environ 20 % de la population active est morte. L'État signe avec plusieurs pays des conventions destinées à faire venir en France des travailleurs étrangers. Il s'agit majoritairement de migrants venus des pays européens : Italie, Espagne, Pologne, Allemagne, Suisse, Belgique, etc.
De plus, il accueille des réfugiés, tels que les Arméniens suite au génocide, des Russes suite à la Révolution russe, des Italiens et des Allemands qui fuient le fascisme et le nazisme, et enfin des Espagnols qui fuient la guerre civile de 1936. De nombreux immigrés espagnols républicains seront parqués dans des camps.
La France est le pays qui compte le plus d'immigrés en Europe dans l'entre-deux-guerres avec environ 2,3 millions de personnes en 1936.
Le rejet des immigrés dans les années 1930
Le rejet des immigrés ne date pas des années 1930. De manière générale, les crises économiques et les frustrations sociales sont l'occasion de replis identitaires et de développement de sentiments xénophobes. Ces tensions ne sont pas nouvelles, déjà en 1893, des Français massacrent des Italiens à Aigues-Mortes et font plusieurs dizaines de morts.
Dans les années 1930, la recrudescence de xénophobie s'explique par la crise économique qui touche le pays. Les étrangers sont accusés de prendre le travail des Français et beaucoup voient dans leur présence la cause de l'affaiblissement de la France. L'État entreprend des expulsions massives d'étrangers, parfois au mépris des conventions signées.
En 1935, des expulsions collectives de Polonais sont organisées.
L'hostilité envers les immigrés augmente et des groupes, dont les ligues d'extrême droite, affichent volontiers leur haine de l'étranger.
L'État prend des mesures visant à restreindre l'immigration, comme les lois Daladier en 1938, et le régime de Vichy développe une xénophobie officielle, accusant les étrangers d'être responsables du déclin de la France.
L'immigration depuis 1945
L'immigration de masse durant les Trente Glorieuses
La France fait largement appel à l'immigration de la fin de la Seconde Guerre mondiale au début des années 1970. Plus de 2 millions d'étrangers entrent sur le territoire durant cette période :
- La croissance économique des Trente Glorieuses explique ce recours massif à l'immigration. Les étrangers travaillent dans les emplois les moins qualifiés et les plus pénibles.
- Les étrangers proviennent d'Europe du Sud (Espagnols, Italiens, Portugais) et aussi du Maghreb et de l'Afrique noire.
- L'État crée l'Office national de l'immigration (ONI) afin d'encadrer ces arrivées mais cet office se révèle incapable de gérer l'ensemble des flux. Les entreprises recrutent directement cette main-d'œuvre dans les pays d'émigration et de nombreux travailleurs étrangers régularisent leur situation une fois qu'ils ont obtenu un contrat de travail.
- Les étrangers sont nombreux à vivre dans des logements insalubres et vétustes (foyers pour migrants, bidonvilles).
- Ils sont isolés et subissent le mépris d'une partie de la population française.
Le "problème de l'immigration"
En 1973, le choc pétrolier affecte la croissance économique de la France. Le président de la République Valéry Giscard d'Estaing suspend l'immigration de masse en 1974 et encourage les étrangers à retourner dans leur pays d'origine. Désormais l'immigration n'est plus économique, elle devient familiale suite à la mise en place du regroupement familial en 1974.
Le phénomène des immigrés clandestins se développe malgré les contrôles mis en place aux frontières européennes dans le cadre des accords de Schengen.
Puis apparaît le "problème de l'immigration". Une partie de l'opinion publique, relayée par des partis comme le Front national, assimile l'immigration à la délinquance. Ce rejet de l'immigration se poursuit jusqu'à aujourd'hui. Les discours contre l'immigration trouvent des échos dans les plus hautes sphères de l'État et les expulsions d'étrangers se multiplient tandis que le droit d'asile est fortement restreint.
Selon la Commission européenne, la France est en 2013 le pays qui, parmi les cinq pays européens qui enregistrent le plus de demandes d'asile, est celui qui l'accorde le moins facilement. En effet, 17 % des demandes ont une réponse positive en France contre plus de 50 % en Suède ou 26 % en Allemagne.
La marche pour l'égalité et contre le racisme (la "marche des beurs") en 1983 permet de mettre au jour les problèmes de racisme en France. Plusieurs associations luttent contre la discrimination (SOS Racisme, LDH, LICRA, etc.).
Un des problèmes les plus importants qui frappe les populations immigrées et étrangères en France est le problème du chômage et de la précarité sociale, beaucoup plus élevé chez les populations immigrées ou issues de l'immigration. Cependant, malgré les discours alarmistes, l'intégration se poursuit sans difficulté pour la plus grande partie des immigrés.
Selon l'INSEE, en 2014, la France compte 4,2 millions d'étrangers et 7,6 millions d'immigrés.
Quant aux enfants d'immigrés, malgré de nombreuses représentations erronées, ce sont des citoyens français à part entière. Comme le reste de la société, ils aspirent à vivre normalement sans être constamment ramenés à leur statut de descendants d'immigrés et cherchent avant tout à ne plus faire l'objet de discriminations dont ils sont encore trop souvent victimes.