Sommaire
IDe la Révolution russe au totalitarisme soviétiqueADe Lénine à StalineBLe régime stalinienIILe nazisme en AllemagneAL'arrivée d'Hitler au pouvoirBLe régime naziCLes alliances du régime naziIIILa France des années 1930ALa crise des années 1930BLe Front populaireCLa France face aux totalitarismesIVSchéma bilanL'Europe de l'entre-deux-guerres est marquée par l'émergence d'un nouveau type de régime politique : les régimes totalitaires. Ce sont des régimes qui visent à contrôler toute la société et à remodeler les individus en fonction d'une idéologie d'État. L'URSS de Staline, l'Allemagne d'Hitler ou encore l'Italie de Mussolini sont des régimes totalitaires. La France de l'entre-deux-guerres est frappée, au même titre que l'ensemble des pays industrialisés, par une importante crise économique. Cette crise économique engendre une crise politique avec l'agitation des ligues d'extrême droite. Le Front populaire, qui regroupe les partis de gauche, remporte les élections et réalise des avancées sociales importantes. Mais la France doit aussi faire face aux régimes totalitaires européens.
De la Révolution russe au totalitarisme soviétique
De Lénine à Staline
En février 1917, les Russes, exaspérés par les conséquences économiques et sociales de la Première Guerre mondiale et par le pouvoir autoritaire du tsar Nicolas II, renversent le régime et installent un gouvernement provisoire qui entend établir une démocratie parlementaire basée sur les modèles français et britannique. Mais contrairement à la volonté du peuple, le gouvernement provisoire continue la guerre.
Rentré d'exil en avril 1917, Lénine, le chef du parti bolchévique, entend aller plus loin en créant un régime communiste ayant pour objectif de construire une "société sans classes". Il organise un coup d'État, c'est la révolution d'Octobre :
- Une fois au pouvoir, il entreprend de collectiviser les terres et de nationaliser les usines qui seront dirigées par des conseils (soviets). Il sort la Russie de la guerre.
- En 1921, il lance la NEP (Nouvelle politique économique) qui s'apparente à une pause dans l'établissement du communisme en Russie. Il crée, en 1922, l'URSS, l'Union des républiques socialistes soviétiques.
Lénine
© L. Léonidov via Wikimedia Commons
Le régime stalinien
En janvier 1924, malade, Lénine meurt. Après une lutte pour sa succession, Staline devient le seul maître de l'URSS.
Staline
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Staline met en place un régime totalitaire :
- Dès la fin des années 1920, il relance et systématise la collectivisation : il crée des sovkhozes (des fermes d'État modèles) et des kolkhozes (des fermes collectives) dans lesquels les paysans doivent travailler en commun. Les réfractaires (les koulaks) sont assimilés à des ennemis de classe et subissent la répression : c'est la dékoulakisation. Les conséquences de cette politique sont terribles, notamment en Ukraine où la population subit une grande famine.
- Staline met par ailleurs en place des plans quinquennaux dont l'objectif est d'industrialiser l'URSS à marche forcée. Des objectifs de production contraignants sont fixés par l'État ; on parle d'économie planifiée.
- Les opposants sont pourchassés par une redoutable police politique, le NKVD. Des procès politiques dont les procès de Moscou (1936 – 1938) sont organisés au terme desquels les opposants sont condamnés aux travaux forcés dans les camps sibériens (le Goulag, qui comptera plusieurs millions de prisonniers).
- La société est par ailleurs étroitement contrôlée : le PCUS (Parti communiste de l'Union soviétique) encadre les individus. Des organisations de jeunesse, les komsomols, veillent à l'éducation idéologique et à l'embrigadement des jeunes gens.
- Enfin, Staline instaure un culte de la personnalité : il est célébré comme un héros et est surnommé le petit père des peuples.
Régime totalitaire
Un régime totalitaire est un régime politique qui entend contrôler tous les secteurs de la société et imposer une idéologie visant à créer un homme nouveau. Ces régimes mettent en place une répression brutale et détruisent tous les fondements de l'État de droit.
Prisonniers du Goulag en train de construire le canal reliant la mer Blanche à la mer Baltique.
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Le nazisme en Allemagne
L'arrivée d'Hitler au pouvoir
Hitler arrive au pouvoir dans un contexte de rancœurs nourries de la défaite de 1918, du traité de Versailles et de la crise économique :
- L'Allemagne est vaincue lors de la Première Guerre mondiale et doit signer l'humiliant traité de Versailles. Nombre d'Allemands considèrent ce traité comme un "diktat" ; certains entendent s'investir pour redonner au pays toute sa puissance et tout son lustre. Le Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP) est ainsi créé dès 1920 et Hitler en prend la direction.
- Suite à un coup d'État qui échoue, Hitler rédige en prison Mein Kampf ("mon combat"), ouvrage dans lequel il présente son programme et son idéologie.
- Longtemps ultra-minoritaire, le NSDAP voit sa popularité augmenter à la fin des années 1920 et au début des années 1930 à la faveur de la terrible crise économique, sociale et politique que subit le pays dans le sillage du krach de Wall Street survenu le 24 octobre 1929 (le "jeudi noir").
- Lors des élections de juillet et de novembre 1932, le NSDAP remporte près d'un quart des suffrages, ce qui conduit le président Hindenburg à nommer Hitler chef d'un gouvernement de coalition (droite conservatrice et extrême droite) ; c'est le 30 janvier 1933 qu'Hitler devient chancelier.
Hitler
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Le régime nazi
Hitler installe un régime totalitaire en Allemagne :
- Il met en place le régime nazi fondé sur une idéologie nationaliste, pangermaniste, raciste et antisémite.
- Dès février 1933, il écarte l'opposition communiste et socialiste et enferme ses membres dans des camps de concentration. Le parti nazi devient le parti unique et Hitler cumule, dès 1934, les fonctions de chancelier et de président : il est le Führer, le chef incontesté qui bénéficie du culte de la personnalité.
- Les Juifs ne tardent pas à voir leurs conditions de vie se détériorer. Les lois de Nuremberg de 1935 les marginalisent et les excluent de la communauté nationale. Les mariages "mixtes" sont interdits, les Juifs ne peuvent plus rendre hommage au drapeau ou à l'hymne, ils ne peuvent employer des domestiques "aryens" et sont progressivement exclus d'un certain nombre de professions. Ils subissent par ailleurs des brimades. La Nuit de cristal de novembre 1938 marque le point d'orgue de ces violences physiques et psychologiques. Les Juifs quittent massivement l'Allemagne au cours des années 1930.
- Hitler revient sur le traité de Versailles : il réarme l'Allemagne, remilitarise la Rhénanie dès 1936 et envahit l'Autriche en mars 1938 (Anschluss). Il revendique également les Sudètes en Tchécoslovaquie et Dantzig en Pologne.
- La société est embrigadée notamment par les Hitlerjugend (Jeunesses hitlériennes) et le Deutsche Arbeitsfront (Front allemand du travail) qui rassemble salariés et employeurs sous le contrôle du NSDAP. La propagande est omniprésente, dirigée par Goebbels, et la répression est sévèrement opérée par la Police secrète d'État (Gestapo) dont l'action est complétée par celle des organisations paramilitaires (la SA et la SS).
Pangermanisme
Le pangermanisme est une politique visant à regrouper l'ensemble des Allemands (Germains) dans un même État.
Les alliances du régime nazi
Le régime nazi entend faire sortir l'Allemagne de son isolement diplomatique et se démène pour nouer des alliances avec les pays qui partagent sa vision ou qui ont des intérêts communs avec elle :
- Hitler se rapproche de Benito Mussolini, le Duce italien, avec qui il noue une alliance idéologique et stratégique : c'est l'Axe Rome-Berlin, scellé dès 1936.
- Parallèlement, Hitler se rapproche du Japon : le pacte anti-Komintern est signé en novembre 1936. On parle d'Axe Rome-Berlin-Tokyo à partir de 1937.
Plus surprenant, Hitler décide de signer le pacte germano-soviétique le 23 août 1939. Ce pacte de non-agression stipule que les deux pays se partageront la Pologne sur laquelle chacun a des visées territoriales.
Les régimes totalitaires, par-delà leurs différences idéologiques, se coalisent donc contre les démocraties libérales.
Mussolini et Hitler
© Muzej Revolucije Narodnosti Jugoslavije via Wikimedia Commons
La France des années 1930
La crise des années 1930
La France, comme de nombreux pays dans le monde, subit les effets de la crise économique américaine qui a débuté en 1929 :
- La crise touche la France à partir de 1932, son économie perd en compétitivité et s'effondre. Des entreprises sont en faillite et le chômage frappe la population.
- Face à la crise, les gouvernements se succèdent mais ne règlent pas la situation.
- Cette politique suscite un vif mécontentement qui culmine le 6 février 1934, journée au cours de laquelle les ligues d'extrême droite manifestent violemment devant l'Assemblée nationale. Le gouvernement Daladier doit démissionner.
- La gauche crie au "coup de force fasciste".
Le Front populaire
Après le 6 février 1934, la gauche s'organise et crée le Front populaire qui rassemble le PCF de Maurice Thorez, la SFIO de Léon Blum et le Parti radical d'Édouard Daladier :
- Le Front populaire naît officiellement le 14 juillet 1935.
- Aux élections législatives de mai 1936, le Front populaire gagne les élections. Léon Blum est nommé président du Conseil.
- Les Français se mobilisent et organisent des grèves d'accompagnement afin de soutenir le nouveau gouvernement : ce sont les grandes grèves de 1936.
- Le gouvernement prend de nombreuses mesures sociales : les accords Matignon offrent aux salariés des augmentations de salaire et améliorent leur représentativité dans les entreprises. Le gouvernement nationalise des entreprises stratégiques (transports ferroviaires, banques, etc.), il réduit la durée du temps de travail hebdomadaire à 40 heures et instaure les premiers congés payés.
- Une politique est menée en faveur des classes populaires dans les domaines du sport et de la culture dont l'accès est facilité. La durée de la scolarité obligatoire est allongée.
La France face aux totalitarismes
La France, victorieuse en 1919, doit faire face à la montée des régimes totalitaires qui manifestent une haine évidente à l'égard des démocraties libérales. La France, gagnée par le pacifisme depuis la fin de la Première Guerre mondiale, ne s'oppose pas aux régimes totalitaires :
- Le réarmement de l'Allemagne, la remilitarisation de la Rhénanie et l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne ne suscitent que des protestations de principe, alors même que ces coups de force sont en infraction flagrante par rapport au traité de Versailles.
- Lors de la guerre d'Espagne qui débute en 1936, la France, comme la Grande-Bretagne, fait le choix de la non-intervention, preuve de sa réticence à affronter directement les régimes totalitaires.
- En 1938, lorsque Hitler revendique les Sudètes tchécoslovaques, la France et la Grande-Bretagne se résignent à accepter et signent un humiliant traité lors de la conférence de Munich.
- Le 1er septembre 1939, lorsque l'armée allemande envahit la Pologne, la France et l'Angleterre déclarent la guerre à l'Allemagne.