Sommaire
I1914 : l'entrée dans la guerreALes prémices de la guerre1Les rivalités en Europe2Les rivalités coloniales3Une Europe divisée en deux alliances politiquesBL'engrenage de l'été 1914CLe début de la guerre en Europe : une guerre de mouvement1Les offensives sur le front ouest2Les offensives sur le front estII1915–1917 : le blocage et la mondialisation du conflitAEn Europe, le début de la guerre de position1Les tranchées2Les souffrances des soldats3L'exemple de la bataille de la SommeBLa Première Guerre mondiale dans l'Empire ottoman1L'offensive des Dardanelles2Le soulèvement des tribus arabes contre l'Empire ottomanCL'implication des colonies dans la guerre1L'effort humain2L'effort économique et financierIII1917-1918 : la dernière année de guerreALe rôle des États-Unis1Le soutien des États-Unis aux Alliés2L'entrée en guerre des États-UnisBLe retrait de l'Empire russeCL'échec de la dernière offensive allemandeAprès la guerre de 1870 entre la France et l'Allemagne, les deux pays cherchent des alliés en Europe. Des tensions se font sentir partout sur le continent : les empires sont remis en question, des alliances se créent. C'est dans ce contexte qu'un événement secondaire dans les Balkans entraîne finalement l'Europe, puis le monde, dans une guerre d'une longueur et d'une violence inédites.
Quelles sont les étapes de la Première Guerre mondiale ?
1914 : l'entrée dans la guerre
Les prémices de la guerre
Les rivalités en Europe
Au début du XXe siècle, on observe des rivalités importantes sur le territoire européen. Elles sont essentiellement dues à la montée des nationalismes. Ces rivalités sont une cause majeure de la guerre.
Depuis le recul de l'Empire ottoman, la zone des Balkans est particulièrement instable :
- Les Russes soutiennent les minorités slaves de l'Empire austro-hongrois dans leurs revendications, notamment en Serbie.
- Les Italiens revendiquent des territoires comme la ville de Trieste ou l'Istrie.
En 1912 et 1913, une guerre opposant plusieurs pays des Balkans occasionne d'importants massacres de civils.
Photographie de victimes civiles extraite de l'enquête dans les Balkans, fondation Carnegie pour la paix internationale, 1914
© Wikimedia Commons
Par ailleurs, depuis la guerre de 1870, les rivalités entre la France et l'Allemagne persistent. En France, les Allemands sont perçus comme des ennemis héréditaires depuis l'époque de Louis XIV. Entre 1870 et 1914, des affaires d'espionnage attisent les tensions.
En 1894, le capitaine français Dreyfus, de confession juive et originaire des territoires conquis par l'Allemagne en 1870, est accusé d'espionnage au profit de l'Allemagne après la découverte d'un document français dans la poubelle de l'ambassade d'Allemagne à Paris.
Enfin, l'Allemagne et le Royaume-Uni entrent dans une concurrence économique et maritime. L'Allemagne se dote d'une puissante flotte de guerre et noue un accord commercial exclusif avec l'Autriche-Hongrie. Le Royaume-Uni se rapproche alors de la France et de la Russie.
L'Entente cordiale est signée avec la France en 1904.
Les rivalités coloniales
Pour affirmer leur puissance sur la scène mondiale, les pays européens cherchent à développer leurs empires coloniaux. Les rivalités entre les différents pays et empires européens dans les colonies sont une autre cause de la guerre.
Les puissances européennes cherchent en effet des débouchés pour leurs produits et leurs capitaux. Elles souhaitent également affirmer leur puissance par un rayonnement mondial. Pour cette raison, elles sont très actives dans leurs colonies et veulent s'en attribuer de nouvelles.
En 1905 et 1911, des tensions apparaissent entre la France et l'Allemagne à propos du contrôle du Maroc. L'Allemagne accepte de laisser le contrôle du pays à la France en échange de territoires en Afrique équatoriale française lui permettant d'agrandir sa colonie du Cameroun.
Les tensions dans les empires coloniaux en 1914
Une Europe divisée en deux alliances politiques
Au début du XXe siècle, les rivalités entre les puissances européennes divisent l'Europe en deux alliances politiques :
- La Triple-Alliance est formée au lendemain de la guerre de 1870 et comprend l'Empire allemand, l'Empire austro-hongrois et l'Italie.
- La Triple-Entente est signée entre 1892 et 1907 et comprend la France, le Royaume-Uni et la Russie.
Les deux systèmes d'alliance en Europe en 1907
Au cours de la guerre, de nouvelles alliances voient le jour. Le système des alliances devient alors complexe.
Le système des alliances au cours de la guerre
L'engrenage de l'été 1914
Le 28 juin 1914, l'héritier du trône d'Autriche-Hongrie est assassiné à Sarajevo par un étudiant serbe nationaliste. Le système des alliances politiques pousse les pays européens dans la guerre en seulement quelques jours.
Le 28 juillet, l'Empire austro-hongrois déclare la guerre à la Serbie. Les autres déclarations de guerre suivent rapidement. Le Royaume-Uni est réticent à s'engager. Mais les troupes allemandes envahissent la Belgique qui affichait pourtant sa neutralité dans le conflit, et poussent le Royaume-Uni à déclarer la guerre à l'Allemagne. De même, dans un premier temps, l'Italie refuse d'entrer en guerre en 1914 mais rejoint ses alliés de la Triple-Entente en 1915.
Le conflit est majoritairement soutenu par les populations européennes, des mouvements de liesse populaire se multiplient après les déclarations de guerre. Certains s'y opposent, comme l'Internationale socialiste qui déclare « la guerre à la guerre ». Face à la rapidité des événements, elle ne parvient pas à réunir ou à mobiliser ses partisans pour agir. L'action du Français Jean Jaurès, socialiste militant, multipliant les meetings en faveur de la paix, se solde par un échec lors de son assassinat le 31 juillet 1914.
Le début de la guerre en Europe : une guerre de mouvement
La guerre débute par des offensives allemandes et françaises. Chacun pense que la guerre sera courte.
Les offensives sur le front ouest
Sur le front ouest, l'offensive allemande repose sur le plan Schlieffen qui vise à prendre Paris le plus rapidement possible pour faire capituler la France. L'armée française lance également une offensive en Lorraine, croyant pouvoir sortir victorieuse en 3 semaines.
L'armée allemande contourne les forces françaises en passant par la Belgique. Le but est de vaincre la France en six semaines pour ne pas avoir à combattre la Russie en même temps. Mais les Allemands sont bloqués sur la Marne le 9 septembre par la contre-offensive organisée par le maréchal français Joffre.
« Une troupe qui ne peut plus avancer devra, coûte que coûte, garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer. »
Joseph Joffre s'adressant aux armées le 6 septembre 1914
L'offensive française de la « bataille des frontières », partant de la Lorraine et des Ardennes pour envahir l'Allemagne, échoue rapidement. Elle se replie le 24 août pour protéger Paris de l'avancée allemande. La « course à la mer », durant les mois de septembre et octobre 1914, est la dernière tentative de mouvement à l'ouest avant la stabilisation des fronts.
Les offensives sur le front est
Sur le front est, le « rouleau compresseur » russe parvient à envahir la Prusse-Orientale, mais il est sévèrement battu par l'armée allemande lors des batailles de Tannenberg et des lacs Mazures en août et septembre 1914.
Les Allemands libèrent une grande partie du territoire occupé, faisant 30 000 morts et 92 000 prisonniers russes. L'armée russe parvient toutefois à s'imposer contre les Allemands en Galicie suite à la bataille de Lvov.
1915–1917 : le blocage et la mondialisation du conflit
En Europe, le début de la guerre de position
La guerre s'enlise en Europe, elle se transforme en une guerre de position qui se déroule dans les tranchées.
Les tranchées
De la mer du Nord à la frontière suisse, sur 750 km, les armées s'enterrent dans des tranchées sous terre dans lesquelles vivent les soldats.
Les tranchées sont utilisées depuis l'Antiquité. Elles ont été « modernisées » lors de la guerre russo-japonaise de 1905, mais c'est pendant la Première Guerre mondiale qu'elles sont systématisées.
D'abord spontanément creusées par les soldats pour se protéger des projectiles durant l'été 1914, les tranchées deviennent habituelles dès l'automne 1914, soulignant le passage d'une stratégie offensive à une stratégie défensive.
Les tranchées se composent de la façon suivante :
- Les tranchées de première ligne, destinées à contenir l'ennemi, sont reliées à celles de soutien de la deuxième ligne par des boyaux perpendiculaires.
- Les tranchées de deuxième ligne sont elles-mêmes reliées à celles de réserve.
- À l'avant de la tranchée de première ligne, les positions avancées servent de poste d'observation.
- Entre les réseaux de tranchées ennemies, on trouve une zone très dangereuse d'une profondeur allant de plusieurs centaines de mètres à quelques dizaines de mètres. Elle est rapidement dénommée le « no man's land ».
Les souffrances des soldats
Le quotidien des soldats dans les tranchées est très difficile et les souffrances sont multiples : ils sont victimes d'attaques quotidiennes et vivent dans des conditions sanitaires et psychologiques très difficiles.
Les soldats doivent faire face aux tirs quotidiens de l'artillerie ennemie, arme principale de cette guerre. D'abord équipées de canons de campagne mobiles à tir rapide mais de faible portée, conçus pour soutenir des troupes en mouvement, les armées s'équipent bientôt de canons lourds capables de tirer à longue distance sur des cibles enterrées.
Le canon de campagne mobile français dit « de 75 »
© Wikimedia Commons
Soumis à ces bombardements quotidiens, les soldats sont aussi confrontés aux assauts qui les placent face aux mitrailleuses. En général, lors des batailles de la guerre de position (la Somme, Verdun, le Chemin des Dames, etc.), l'avantage va à la défense : les soldats restent dans les tranchées et mitraillent l'armée qui se trouve en face.
Les mitrailleuses sont récentes au moment où commence la guerre. Elles sont modernisées tout au long du conflit.
Les soldats sont aussi victimes des gaz toxiques. Ils sont utilisés dès 1914 par l'armée française sous la forme de grenades suffocantes non létales. À partir d'avril 1915, l'armée allemande en utilise à grande échelle sous la forme de bonbonnes de chlore pressurisées : une fois que le contenu est libéré, il se diffuse au gré du vent et a des effets dévastateurs sur les soldats.
Attaque au gaz par bonbonnes
© Wikimedia Commons
En mars 1916, les premiers obus chimiques, de conception française, font leur apparition sur les champs de bataille.
La Cheppe. Camp d'Attila. Bombes à gaz suffocants, Raoul Berthelé, 1916
© Wikimedia Commons
En moyenne, on estime que 9 000 soldats français et 1 300 soldats allemands meurent chaque jour au front.
Outre les souffrances physiques liées aux combats, les soldats sont aussi victimes du stress lié à la peur et à l'isolement. Ils souffrent de la fatigue, du froid, de la faim et de la soif dans les tranchées infestées par les parasites (poux, puces, rats).
« 17 mars 1915.
Tout, tout est fait pour décourager. La terre est semée de trous d'obus, les arbustes sont déchiquetés de balles de shrapnels (…) Là, 3 ou 4 poilus lisent un journal, où il n'est que de bombardements, de charges à la baïonnette, de cadavres boches gazés, de tranchées sautant par l'effet du miraculeux 75, que sais-je ? Toujours la boucherie enfin ! Toujours la mort, le charcutage, la viande humaine. (...) je crois qu'il ne faudrait pas bien longtemps de cette vie des bois et des tranchées pour remonter au chimpanzé ! »
Étienne Tanty
Les Violettes des tranchées : Lettres d'un poilu qui n'aimait pas la guerre, © Italiques
2002
L'exemple de la bataille de la Somme
Les batailles de la Première Guerre mondiale sont aussi inefficaces que meurtrières : on parle de guerre d'usure. La bataille de la Somme, qui a lieu en 1916, est une bataille emblématique de la violence de la guerre et de la souffrance des soldats.
Les Allemands lancent une attaque contre les Français à Verdun en février 1916. Les Britanniques sont alors sollicités sur le front de la Somme pour compenser l'absence de soldats français envoyés à Verdun. Dans la Somme, le front fait une cinquantaine de kilomètres et s'étend d'Amiens à Péronne. Les Britanniques démarrent l'offensive le 24 juin 1916 : ils bombardent les lignes allemandes. Le 1er juillet, la bataille commence.
Une tranchée britannique près de la route Albert-Bapaume à Ovillers-la-Boisselle, durant la bataille de la Somme, John Warwick Brooke, juillet 1916
© Wikimedia Commons
Très vite, la bataille s'embourbe. Les Britanniques sont décimés par les mitraillettes des Allemands. Pendant 5 mois, les armées vont s'affronter lors d'attaques et de contre-attaques inefficaces et meurtrières. Les soldats sont à bout.
Dans la Somme, en juillet 1916, 1 500 000 obus sont tirés par les Britanniques, ce qui représente une trentaine d'impacts par 1 000 m2.
Entre juillet et novembre 1916, 1,5 million de soldats anglais et français sont mobilisés dans la Somme.
La bataille de la Somme se termine le 18 novembre. La ligne de front a très peu bougé, les Alliés n'ont pas repris beaucoup de villages. Le bilan humain est terrible : un million de soldats auraient été tués.
Les offensives comme celles lancées à Verdun ou dans la Somme ont pour objectif de sortir de la guerre de position et de relancer la guerre de mouvement. Elles échouent et se terminent toujours avec un bilan humain terrible.
La Première Guerre mondiale dans l'Empire ottoman
La Première Guerre mondiale se déroule également en Orient. Dès 1914, l'Empire ottoman intègre la Triple-Alliance et se bat du côté des Allemands contre les Français et les Anglais.
L'offensive des Dardanelles
Les Anglais attaquent l'Empire ottoman dans le détroit des Dardanelles en 1915. Cette offensive est longue et meurtrière, et la guerre s'enlise comme en Europe.
Le front est et le front ouest sont bloqués. La Triple-Entente en profite pour lancer une offensive navale sur les Dardanelles en février 1915 contre l'Empire ottoman. Cette offensive est menée par 18 cuirassés. Elle a pour objectif de forcer les détroits pour atteindre Istanbul et briser le blocus de la mer Noire qui empêche le ravitaillement de l'Empire russe. Cette opération est un échec à cause de l'artillerie des forts turcs. Des troupes anglaises venues d'Australie et de Nouvelle-Zélande débarquent alors sur la péninsule de Gallipoli en avril et s'enterrent dans des tranchées pour les assiéger. En décembre, les Alliés repartent car ils ne parviennent pas à progresser : ils ont perdu 46 000 soldats.
L'offensive des Dardanelles
Canon anglais en batterie lors de la bataille de Gallipoli, Ernest Brooks, juin 1915
© Wikimedia Commons
Le soulèvement des tribus arabes contre l'Empire ottoman
Thomas Edward Lawrence, un Anglais, coordonne le soulèvement de tribus arabes contre l'Empire ottoman en 1916. Cet événement affaiblit l'Empire.
Thomas Edward Lawrence, plus connu sous le nom de Lawrence d'Arabie, est un officier de liaisons anglais. Le soulèvement des tribus arabes contre les Turcs de l'Empire ottoman, à l'appel de l'émir de La Mecque, permet aux Anglais de progresser. En effet, les troupes de l'Empire sont très sollicitées et se battent à la fois contre les tribus arabes et l'armée anglaise. Elles perdent des territoires en Palestine et en Mésopotamie que les Anglais gagnent.
L'implication des colonies dans la guerre
L'effort humain
Les empires coloniaux des puissances européennes contribuent humainement à l'effort de guerre. En effet, des milliers de combattants viennent des colonies anglaises, françaises ou allemandes.
607 000 combattants de l'armée française viennent des colonies, majoritairement d'Afrique du Nord et d'Afrique occidentale.
Le nombre de soldats provenant des colonies est croissant à mesure que la guerre avance :
- Côté français, les tirailleurs algériens et sénégalais sont considérés comme des troupes de choc et beaucoup sont sollicités à Verdun en 1916.
- Côté anglais, l'armée des Indes compte un million d'hommes en 1918, dont 870 000 indigènes qui servirent en Palestine et en Mésopotamie.
Carte postale avec des tirailleurs sénégalais
© Wikimedia Commons
L'effort économique et financier
L'effort demandé aux colonies est aussi économique et financier.
Les réquisitions françaises en Afrique débutent en 1916 afin que les productions agricoles et industrielles arrivent en Europe. Les populations sont soumises à des journées de solidarité et à des emprunts, ce qui rapporte plus de 600 millions de francs pour la poursuite de la guerre.
En 1914, la quasi-totalité du continent africain, en dehors de l'Éthiopie ou du Liberia, est sous domination européenne. Le conflit s'y exporte dès 1914, d'abord autour de la conquête des colonies allemandes de l'Afrique orientale du Togo et du Cameroun. Cette conquête dure deux ans et mobilise des dizaines de milliers de combattants.
Certains pays profitent du conflit mondial pour satisfaire leur volonté expansionniste, comme le Japon qui entre en guerre contre l'Allemagne en août 1914 pour mettre la main sur ses colonies asiatiques.
1917-1918 : la dernière année de guerre
Le rôle des États-Unis
Le soutien des États-Unis aux Alliés
Dès le début du conflit, les États-Unis aident les Alliés économiquement (ils fournissent le matériel nécessaire à la poursuite de la guerre) et financièrement (ils prêtent de l'argent).
En 1916, les États-Unis sont ainsi le principal fournisseur des importations françaises :
- 91 % des armes ;
- 50 % des céréales ;
- 49 % du fer, de la fonte et de l'acier.
Entre 1914 et 1916, le commerce de la Triple-Entente avec les États-Unis passe de 824 millions de dollars à 3 214 millions tandis que le commerce avec la Triple-Alliance passe de 169 millions à 1,1 million.
Le Trésor américain (ou banque fédérale) se porte au secours des finances des Alliés et prête de l'argent sans limite. De plus, l'agriculture du pays alimente les villes françaises et britanniques, évitant la famine aux populations.
L'entrée en guerre des États-Unis
Les États-Unis rallient la Triple-Entente en avril 1917. Ils entrent en guerre aux côtés des Français et des Anglais et précipitent la défaite des Allemands.
En janvier 1917, l'Allemagne n'autorise plus qu'un seul navire américain par semaine à traverser l'Atlantique dans le but de briser le blocus maritime organisé par les Britanniques. De plus, l'Allemagne s'allie avec le Mexique dans le but de le faire entrer en guerre contre les États-Unis. Ces raisons poussent les États-Unis à rallier la Triple-Entente et à s'engager dans le conflit.
L'armée américaine régulière est en sous-effectif depuis la guerre de Sécession : elle compte à peine 200 000 hommes. Le gouvernement restaure le service militaire, aidé par le maréchal Joffre qui fait une tournée en Amérique du Nord pour saluer le nouvel allié. La loi permet le recensement des hommes de 21 à 31 ans (puis de 18 à 45 ans à partir d'août 1918).
2 800 000 soldats américains s'engagent sous les drapeaux, accompagnés de près de 2 millions de volontaires.
« La guerre actuelle de l'Allemagne contre le commerce est une guerre contre l'humanité : c'est une guerre contre toutes les nations. Des navires américains ont été coulés et des vies américaines ont été perdues dans des circonstances qui nous ont profondément remués. Notre mobile ne sera pas la vengeance ni l'affirmation de la force physique de notre pays, mais seulement la revendication du droit (...). Je recommande au Congrès de déclarer que la conduite récente du gouvernement impérial allemand n'est, en fait, rien moins que la guerre contre le gouvernement et le peuple des États-Unis ; d'accepter officiellement la position de belligérant qui lui est ainsi imposée, et de prendre des mesures immédiates, non seulement pour mettre le pays dans un état plus complet de défense, mais aussi pour exercer toute sa puissance et employer toutes ses ressources afin d'amener à composition le gouvernement allemand et, par-là, de terminer la guerre. La neutralité n'est plus ni possible, ni désirable quand il y va de la paix du monde et de la liberté des peuples. Et la menace pour la paix et la liberté gît dans l'existence de gouvernements autocratiques, soutenus par une force organisée qui est entièrement entre leurs mains et non dans celles de leur peuple. (...) Nous sommes heureux de combattre ainsi pour la paix définitive du monde, pour la libération de tous les peuples, sans en excepter l'Allemagne elle-même, pour les droits des nations, grandes et petites, et pour le droit de tous les hommes à choisir les conditions de leur existence et de leur obédience. La démocratie doit être en sûreté dans le monde. La paix du monde doit être établie sur les fondements éprouvés de la liberté politique. »
Woodrow Wilson
Discours du président américain Wilson au Congrès
2 avril 1917
Dans ce célèbre discours, le président américain met en avant les raisons pour lesquelles les États-Unis doivent entrer en guerre, la plus importante mise en avant étant la liberté et l'importance de maintenir la paix.
Le retrait de l'Empire russe
En 1917, des révolutions éclatent dans l'Empire russe qui se retire alors du front.
Sur le front de l'Est, les défaites russes face aux Allemands et les difficultés d'approvisionnement entraînent rapidement la colère des soldats. À l'arrière, la population souffre de la faim à cause des privations. Soldats et civils ne comprennent plus la raison de cette guerre à laquelle ils n'ont pas consenti. C'est dans ce contexte qu'ont lieu les révolutions de 1917.
Ce sont les femmes qui initient la première révolution de février 1917, en réclamant du pain à Petrograd. Le peuple réclame la fin de la guerre et plus de justice. Cette révolution chasse le tsar du pouvoir et permet l'instauration d'un pouvoir dirigé par les élites bourgeoises. Le gouvernement met en place la démocratie mais choisit de continuer la guerre, en opposition avec la volonté du peuple.
En octobre 1917, la seconde révolution, dirigée par Lénine, conduit au retrait de la Russie du conflit. L'armistice est signé en décembre 1917 et la signature du traité de paix de Brest-Litovsk a lieu en mars 1918.
Les forces allemandes engagées sur le front de l'Est sont libérées et prêtes pour la reprise des offensives avant l'arrivée des soldats américains.
L'échec de la dernière offensive allemande
L'armée allemande lance une dernière offensive en mars 1918. Cette offensive échoue et la guerre se termine.
L'armée allemande entend profiter de sa supériorité numérique provisoire (les soldats allemands engagés sur le front russe peuvent maintenant venir en renfort en France) pour lancer une dernière offensive qui s'avère être un échec. Elle a lieu en mars 1918, c'est la bataille de l'Empereur. Après une progression spectaculaire de plus de 80 kilomètres au-delà de la Somme, elle est cependant stoppée, en grande partie parce que les Allemands manquent de matériel.
L'armée alliée, placée sous le commandement unique du maréchal Foch, lance alors la contre-offensive en juillet 1918. Près de 800 chars sont utilisés, surtout des modèles Renault, en renfort de l'infanterie. Des centaines d'avions assurent la prise de la ligne Hindenburg, dernière défense allemande tenue par une armée épuisée matériellement et moralement.
Soldats français et américains soutenus par des chars Renault sur le front de la Meuse
© Wikimedia Commons
Cet épuisement de l'armée allemande pousse le gouvernement allemand à demander la fin des combats. Le 11 novembre 1918, la guerre est terminée.