Sommaire
ILes États-Unis dans la guerre froideALes États-Unis, leader du bloc occidental1Les États-Unis en 19452Les débuts de la guerre froide3Coexistence pacifique et détente4Le soft power américainBLes États-Unis et la fin de la guerre froide1La puissance américaine affaiblie2Les États-Unis gagnent la guerre froideIILes États-Unis depuis 1991AUn nouvel ordre mondialBLes États-Unis depuis 20011Les attentats du 11 septembre 20012L'Amérique en difficulté3Le retour du multilatéralisme ?À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis sont de loin le pays le plus puissant au monde et jouissent d'un très grand prestige. La guerre froide les pousse dans une confrontation indirecte avec l'URSS, et ils interviennent dans de nombreux conflits afin d'empêcher la propagation du communisme.
La crise des missiles de Cuba conduit à une période de détente, mais ne signifie pas la fin des tensions. Les États-Unis interviennent massivement au Vietnam. Durant les années 1970, les États-Unis affrontent des critiques quant à leur politique et marquent un recul sur la scène internationale. Le retour de Reagan en 1981 permet un retour offensif des États-Unis. La guerre froide se termine en 1991.
Les États-Unis, devenus une hyperpuissance, apparaissent alors comme les garants d'un "nouvel ordre" mondial et prônent le multilatéralisme. Pourtant, les attentats du 11 septembre 2001 ont pour conséquence un retour de l'unilatéralisme des Américains qui veulent défendre leurs intérêts. Les critiques émises contre le pays et les difficultés rencontrées poussent l'administration Obama à changer de politique.
Les États-Unis dans la guerre froide
Les États-Unis, leader du bloc occidental
Les États-Unis en 1945
À l'issue du conflit, les États-Unis confirment leur rôle de première puissance mondiale.
- Ils possèdent les deux tiers des réserves mondiales d'or.
- Ils sont à l'origine de la moitié de la production industrielle mondiale.
- Ils sont la seule puissance à posséder l'arme nucléaire.
- Leur intervention décisive dans la guerre leur confère un grand prestige.
Les États-Unis appliquent désormais une politique interventionniste : ils souhaitent un monde pacifié dont ils édictent les règles.
- En 1945, les conférences tripartites (avec le Royaume-Uni et l'URSS) de Yalta et de Potsdam fixent les conditions du nouvel ordre mondial au lendemain de la guerre.
- La signature de la charte de San Francisco en juin 1945 permet la création de l'ONU, l'Organisation des Nations unies.
Les États-Unis dominent la création des institutions internationales économiques au lendemain de la guerre. En 1944, les accords de Bretton Woods permettent la création du Fonds monétaire international (FMI) qui garantit le Système monétaire international (ou SMI). Les monnaies sont indexées sur le dollar, lui-même indexé sur l'or. Ce système permet la stabilité des monnaies et fait du dollar la monnaie internationale.
En 1947, les États-Unis jouent un rôle prépondérant dans la création du GATT dont l'objectif est de limiter les entraves aux échanges commerciaux internationaux.
Les débuts de la guerre froide
Rapidement, après la Seconde Guerre mondiale, la guerre froide s'installe. Elle oppose les États-Unis "défenseur du monde libre" et l'URSS communiste.
Au lendemain de la guerre, les pays libérés par l'Armée rouge deviennent communistes.
Truman fait face à cet expansionnisme soviétique et édicte la théorie du containment (ou "endiguement" en français) qui vise à stopper la propagation du communisme. Le plan Marshall est mis en place afin d'aider financièrement les pays qui le souhaitent. Seize pays de l'Europe de l'Ouest l'acceptent.
Suite à la création du Deutsche Mark en Allemagne de l'Ouest (qui préfigure la naissance de la RFA), Staline décide la mise en place du blocus de Berlin en 1948. En réaction, les États-Unis organisent un pont aérien afin d'approvisionner la partie ouest de la ville.
En Asie, les États-Unis interviennent en Corée et aident les Français, impliqués dans la guerre d'Indochine pour lutter contre le communisme. Ils énoncent la théorie du refoulement ("rollback") qui consiste non seulement à stopper la progression des soviétiques mais aussi à les faire reculer. Ainsi, John Foster Dulles, secrétaire d'État aux Affaires étrangères, théorise la doctrine des "représailles massives".
Endiguement
L'endiguement (containment) est une théorie politique des États-Unis au début de la guerre froide qui consiste à stopper l'expansion soviétique en intervenant dans les pays menacés de devenir communistes.
L'intervention américaine dans la guerre de Corée permet de stopper la progression des communistes. Cette intervention est programmée dans le cadre de l'endiguement.
Doctrine des "représailles massives"
La doctrine des "représailles massives" (ou doctrine Dulles) consiste à répondre de manière massive avec l'utilisation de l'arme nucléaire contre un pays qui attaquerait un membre de l'OTAN.
Selon certaines sources, Dulles aurait proposé aux Français l'utilisation de l'arme atomique dans le conflit contre les Viêt Minh en Indochine.
En 1949, l'URSS réalise ses premiers essais nucléaires et entre dans une "course à l'armement" avec les États-Unis. Ces derniers mettent alors en place des alliances militaires afin de contrer les Soviétiques dont la puissance croît :
- L'OTAN est créée en 1949. Il s'agit d'une organisation militaire qui rassemble de nombreux pays occidentaux pour la défense de l'Amérique du Nord et de l'Europe de l'Ouest.
- En 1954, l'Union de l'Europe occidentale (UEO) permet le réarmement de l'Allemagne de l'Ouest dans une union militaire européenne affiliée au bloc de l'Ouest.
- L'ANZUS, en 1951, rassemble dans une union militaire l'Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis.
- Le pacte de Bagdad, en 1955, allie aux Américains et aux Britanniques le Pakistan, la Turquie et l'Iran.
L'URSS riposte en instaurant le pacte de Varsovie, alliance militaire qu'elle domine.
Coexistence pacifique et détente
La mort de Staline en 1953 permet une relative amélioration des rapports entre les deux Grands et inaugure la période de la coexistence pacifique.
Pour autant, cela ne signifie pas la fin de l'opposition. En effet, la construction du mur de Berlin en 1961 provoque un regain de tension entre l'URSS et les États-Unis. Elle est suivie de la crise des missiles de Cuba en 1962, remportée par les États-Unis.
Suite à cette grave crise, les États-Unis et l'URSS prennent conscience de leur possibilité de destruction mutuelle et inaugurent une période qualifiée de Détente. Les États-Unis abandonnent alors la théorie des "représailles massives" et deviennent plus modérés face aux communistes. Kennedy élabore la théorie de la riposte graduée qui vise à répondre de manière adaptée à une menace potentielle.
Les deux adversaires entament des négociations pour stopper la course à l'armement dès les années 1960 et signent les accords de désarmement SALT I en 1972 et SALT II en 1979.
Riposte graduée
La riposte graduée est une théorie qui vise à répondre de manière adaptée à une potentielle menace. Elle permet l'abandon de la théorie des "représailles massives".
L'opposition se déplace dans d'autres domaines comme celui de la conquête spatiale. Au début des années 1960, l'URSS semble gagner cette course à l'espace.
En 1961, l'URSS réalise le premier vol habité en envoyant Youri Gagarine dans l'espace. Les États-Unis rattrapent leur retard et se posent sur la Lune en 1969.
À partir de 1971, Kissinger puis Nixon entament des discussions et établissent des relations diplomatiques avec la Chine afin de contrer l'URSS.
Le soft power américain
Soft power
Le soft power ou "puissance douce" est la puissance de persuasion d'un État. Cette capacité d'influence repose sur des moyens non coercitifs, au contraire du Hard power qui désigne l'influence militaire d'un État.
Le cinéma hollywoodien est l'un des moyens les plus efficaces du soft power des États-Unis.
Ainsi, durant le débarquement des Alliés, les soldats américains (GI's) ont permis aux Européens de découvrir de nouveaux produits comme les cigarettes blondes ou le Coca-Cola.
Désireux de rendre leur modèle attirant, ils présentent une vision idyllique de l'American way of life. Les cinémas, la musique, la diffusion de la langue anglaise et l'exportation des codes vestimentaires sont les principaux éléments du soft power américain. La culture, dans le contexte de la guerre froide, devient rapidement un outil au service de l'État afin de diffuser son idéologie.
Les firmes transnationales américaines sont également très puissantes et s'installent dans tout le monde occidental.
McCarthy lance la "chasse aux sorcières" et poursuit les militants et sympathisants communistes aux États-Unis entre 1950 et 1954. Le monde culturel, dont Hollywood, voit de nombreux artistes exclus de la société américaine.
Cependant, ce modèle est remis en cause durant la guerre froide. Beaucoup, dans le bloc de l'Ouest, perçoivent le soft power américain comme un rouleau compresseur détruisant les cultures locales et poussant les sociétés à la surconsommation. Les militants communistes, nombreux en France durant la guerre froide, lui reprochent d'être un outil au service de l'impérialisme américain.
Les États-Unis et la fin de la guerre froide
La puissance américaine affaiblie
Durant la fin des années 1960 et pendant les années 1970, les États-Unis sont confrontés à une crise morale et économique.
Tout d'abord, la guerre du Vietnam révolte l'opinion publique américaine. Le conflit, très télévisé, montre aux citoyens la violence des combats, les répercussions sur les populations civiles et la cruauté des moyens employés (comme le bombardement au napalm ou la pulvérisation d'agent orange). L'opinion publique oppose l'action des États-Unis aux valeurs que l'Amérique est supposée incarner.
La France prend ses distances avec les États-Unis. Elle réalise ses premiers essais nucléaires en 1960 et critique le rôle des États-Unis dans la guerre du Vietnam. Même si elle reste un soutien au monde de l'Ouest, notamment durant la crise de Cuba, elle sort du commandement intégré de l'OTAN en 1966.
De plus, les coûts de la guerre provoquent une diminution des stocks d'or américains et, en 1971, Nixon est obligé de suspendre la convertibilité du dollar instaurée à Bretton Woods en 1944.
Autre crise interne : le mouvement des "droits civiques", c'est-à-dire de la lutte des populations afro-américaines pour l'obtention de l'égalité des droits et la fin de la ségrégation. Le mouvement est mené par Martin Luther King et le Black Panther Party, mouvement révolutionnaire afro-américain, se développe à l'échelle nationale.
Dans le cadre de la guerre froide, enfin, les États-Unis perdent du terrain face à l'URSS :
- Le Cambodge, aux mains des Khmers rouges d'obédience maoïste, est envahi par le Vietnam, allié de l'URSS en 1979.
- L'URSS soutient des guérillas communistes en Angola et au Mozambique.
- L'Éthiopie devient communiste en 1974.
- Au Nicaragua, le dictateur pro-occidental est chassé et un régime marxiste est instauré en 1979.
- L'URSS envahit l'Afghanistan en 1979.
- Enfin, les États-Unis sont humiliés lors de la révolution d'Iran en 1979. Le shah d'Iran, pro-occidental est chassé du pouvoir qui est pris par l'ayatollah Khomeiny. L'ambassade américaine est attaquée et 52 Américains sont pris en otage.
Les États-Unis gagnent la guerre froide
Le président américain Jimmy Carter, au pouvoir depuis 1977, est accusé d'être responsable de l'affaiblissement des États-Unis. En 1981, Ronald Reagan est élu président des États-Unis avec un programme annonçant "America is back". Il veut que son pays reprenne l'offensive sur l'URSS qualifiée d'"Empire du mal".
Il relance l'offensive contre le bloc communiste :
- Il arme les rebelles afghans.
- Il aide la lutte armée au Nicaragua qui combat contre le régime marxiste au pouvoir.
- Il lance le programme d'Initiative de Défense stratégique (IDS), surnommé la "guerre des étoiles", visant à mettre en place un "bouclier spatial".
Ce retour offensif des États-Unis est facilité par le déclin de l'URSS. Au pouvoir depuis 1985, Gorbatchev veut réformer son pays confronté à une crise. Il rappelle les troupes soviétiques d'Afghanistan et signe avec les États-Unis un traité de désarmement nucléaire (c'est le traité de Washington de 1987).
Gorbatchev abandonne le contrôle soviétique sur les "démocraties populaires" d'Europe de l'Est et le mur de Berlin tombe en 1989. En 1991, l'URSS est dissoute, les États-Unis ont gagné la guerre froide.
Les États-Unis depuis 1991
Un nouvel ordre mondial
Suite à l'invasion du Koweït par l'Irak, une coalition internationale dominée par les États-Unis et sous mandat de l'ONU intervient pour libérer le pays en 1991.
L'arrivée au pouvoir de Clinton en 1993 permet la pratique de la politique de l'enlargement. L'objectif de cette politique est d'assurer la paix par la prospérité et le développement de l'économie de marché et non par une politique agressive. Les dépenses militaires américaines diminuent d'un tiers durant les deux mandats de Clinton, de 1993 à 2001.
Les accords d'Oslo sont signés en 1993 entre Israéliens et Palestiniens. Les États-Unis interviennent pour mettre fin à la guerre de Bosnie-Herzégovine et permettent la signature des accords de Dayton en 1995. D'anciens pays communistes comme la Pologne, la Hongrie ou la République tchèque intègrent l'OTAN en 1999.
Pour mener à bien cette politique de l'enlargement, les États-Unis continuent de promouvoir l'économie de marché. L'Uruguay Round (ou cycle d'Uruguay) qui vise à libéraliser les échanges débute en 1986 et se termine en 1994.
- Des accords de libre-échange sont instaurés en Asie-Pacifique (avec l'APEC) et dans la région nord-américaine (avec l'ALENA).
- L'Organisation mondiale du commerce (OMC) est instaurée en 1995 et accueille la Chine en 2001.
Toutefois, les États-Unis savent aussi défendre leurs intérêts et refuser le multilatéralisme :
- Les jugeant trop contraignants, ils ne signent pas les accords de Kyoto en 1997 sur la réduction des gaz à effet de serre.
- Ils ne participent pas à la Cour pénale internationale.
Les États-Unis depuis 2001
Les attentats du 11 septembre 2001
Le 11 septembre 2001, les attentats de New York et de Washington abasourdissent les Américains et le monde entier. Ces attentats sont revendiqués par Al-Qaïda, une organisation islamiste radicale dirigée par Ben Laden. George W. Bush parle de partir en "croisade" contre l'"axe du mal", dans lequel il inclut l'Afghanistan, l'Irak, la Corée du Nord et l'Iran.
Les États-Unis réagissent rapidement et, en octobre 2001, sous le cadre d'un mandat onusien, une coalition dominée par les Américains envahit l'Afghanistan qui héberge Al-Qaïda. L'intervention permet la chute du régime des talibans.
En 2003, les États-Unis qui soupçonnent Saddam Hussein de détenir des armes non conventionnelles interviennent en Irak et font chuter le régime de Saddam Hussein. Ce projet d'intervention, très critiqué par certains pays comme la France, est mené unilatéralement par les États-Unis (c'est-à-dire sans l'accord de l'ONU).
L'Amérique en difficulté
Sous l'administration de George W. Bush, les États-Unis essuient de nombreuses critiques. Leur intervention unilatérale révolte une partie de l'opinion publique, d'autant que les victoires américaines en Irak et en Afghanistan sont très relatives. En effet, l'Irak est en proie au chaos depuis la chute de Saddam Hussein et les talibans contrôlent toujours une grande partie de l'Afghanistan.
De plus, les méthodes utilisées par les États-Unis dans la prison d'Abou Ghraib et à Guantanamo, comme la torture, interpellent les défenseurs des Droits de l'homme.
La contestation de l'impérialisme américain touche l'Amérique latine. Des États se regroupent alors autour du président vénézuelien Hugo Chavez qui nationalise le secteur du pétrole dans son pays, au détriment des intérêts américains.
Par ailleurs, la crise économique de 2008 débute aux États-Unis et induit de fortes conséquences sociales dans le pays. Le mouvement altermondialiste critique le libéralisme économique prôné par les États-Unis.
Enfin, les pays émergents enregistrent une forte croissance et menacent le poids dominant des États-Unis dans l'économie mondiale. La Chine, deuxième puissance économique en 2010, devient le premier créancier des États-Unis.
Le retour du multilatéralisme ?
Barack Obama arrive au pouvoir en 2008 et entend rompre avec la politique unilatérale de George W. Bush. Il se déplace au Caire en 2009 où il prononce un discours visant à réconcilier les États-Unis avec le monde musulman. Il organise le retrait progressif des troupes américaines d'Irak et d'Afghanistan.
Les États-Unis laissent d'autres puissances diriger des guerres. Ainsi, la France et la Grande-Bretagne interviennent pour faire chuter le régime de Kadhafi en Libye et la France intervient au Mali pour lutter contre Aqmi.
Les États-Unis reprennent également les discussions avec le régime communiste de Cuba en décembre 2014.