Sommaire
ILa mise en place du totalitarisme soviétiqueALa succession de Lénine et la mise en place d'un régime totalitaireBLa concentration des pouvoirs et le contrôle de la populationCLe contrôle des richessesIILa domination du nazisme en AllemagneALa prise de pouvoir des nazis1De la crise économique et sociale à la victoire du parti nazi2L'instauration de la dictatureBUn régime raciste et conquérant1La politique antisémite2La politique pangermanisteIIILe Front populaire en FranceALa France confrontée à la criseBLe Front populaire au pouvoirDurant l'entre-deux-guerres, des régimes totalitaires s'imposent en URSS et en Allemagne. À la mort de Lénine en 1924, Staline lui succède. C'est le secrétaire général du parti communiste depuis 1922. Il s'impose comme seul chef de l'URSS en éliminant son rival Trotski, chef de l'Armée rouge. En Allemagne, la république de Weimar, qui a succédé à l'empire au lendemain de la Première Guerre mondiale, est affaiblie par la crise économique et sociale qui touche le pays. Hitler et le parti nazi en profitent pour prendre le pouvoir. La France est également confrontée à des difficultés économiques et sociales, mais le Front populaire permet de la préserver du totalitarisme.
Quelles sont les caractéristiques des régimes totalitaires qui s'imposent en URSS et en Allemagne ? Comment la France fait-elle face à la menace totalitaire ?
La mise en place du totalitarisme soviétique
Le pouvoir du tsar est renversé en 1917 par les révolutions de février et d'octobre. Lénine, chef du parti bolchévique, prend le pouvoir. À sa mort en 1924, Staline et Trotski s'affrontent pour lui succéder. Staline s'impose définitivement en 1927. Staline met en place un régime totalitaire : il concentre tous les pouvoirs et contrôle la population.
La succession de Lénine et la mise en place d'un régime totalitaire
À la mort de Lénine, Staline s'impose face à Trotski qu'il fait chasser du gouvernement, exclure du parti communiste, condamner à l'exil puis bannir d'URSS. Il impose alors un régime totalitaire.
À partir de sa prise de pouvoir en 1917, Lénine met en place une politique autoritaire pour imposer le communisme en Russie. Il doit faire face à l'opposition des partisans du tsar, qui aboutit à une guerre civile entre l'Armée rouge, dirigée par Trotski, et l'Armée blanche. L'Armée rouge l'emporte en 1921 après des combats violents qui conduisent Lénine à renforcer son pouvoir. Il impose le parti communiste comme parti unique et crée une police politique qui surveille la population.
1922
Création de l'URSS
En 1922, Lénine crée l'URSS par l'union de la Russie et des républiques voisines.
À la mort de Lénine en 1924, Trotski, chef de l'Armée rouge, et Staline, secrétaire général du parti communiste depuis 1922, s'opposent pour prendre le pouvoir en URSS. Staline parvient à éliminer Trotski. Il le fait d'abord exclure du parti communiste, puis il l'exclut de l'URSS en 1927. Enfin, il le fait assassiner au Mexique en 1940.
Staline impose un régime totalitaire qui concentre tous les pouvoirs.
Régime totalitaire
Un régime totalitaire est un régime politique dans lequel un chef et son parti concentrent tous les pouvoirs et imposent leur idéologie par la propagande, l'encadrement de la population et la répression de toute opposition.
La concentration des pouvoirs et le contrôle de la population
Le régime stalinien se caractérise par la confiscation des pouvoirs par Staline et par le parti communiste. La population perd toute liberté et subit les violences du régime stalinien, qui utilise la propagande pour manipuler les esprits et la terreur pour éliminer les opposants.
Staline se proclame « le plus grand capitaine de tous les temps et de tous les peuples ». Dans les faits, il est le seul chef du pays et se comporte comme un tyran. Il élimine toutes les formes de contestation possibles :
- Le parti communiste est le seul parti autorisé.
- Il n'y a plus de démocratie.
- La population perd sa liberté d'expression.
La police politique (NKVD) surveille la population, toute critique à l'égard du régime est interdite.
La propagande permet d'endoctriner la population et de manipuler les esprits.
Propagande
La propagande est une action visant à influencer l'opinion publique, par l'utilisation de différents moyens (affiches, films, manifestations, etc.).
Les médias (la presse, le cinéma) sont au service du pouvoir et cachent ou transforment la réalité pour qu'elle devienne favorable à Staline. Un art officiel est imposé, avec des statues, des portraits de Staline, qui se multiplient dans les espaces publics.
Les enfants sont endoctrinés à l'école.
Endoctrinement
L'endoctrinement est la manipulation des esprits et des comportements.
Dans les programmes scolaires, Staline est mis en valeur. Les élèves apprennent des chansons et des poèmes à la gloire de Staline. Les enfants sont également endoctrinés pendant les loisirs dans les organisations de jeunesse. Tout est organisé pour démontrer la supériorité de Staline. Le culte de sa personnalité est imposé à la population. Staline est surnommé « le petit père des peuples », il est célébré comme un héros.
Culte de la personnalité
Le culte de la personnalité est l'ensemble des pratiques imposées à la population pour rendre hommage au chef.
La terreur soumet la population par la violence et élimine les opposants. De faux procès sont organisés à Moscou pour éliminer toutes les personnalités considérées comme faisant obstacle au pouvoir de Staline et du parti communiste. Les accusés sont exécutés ou déportés dans des camps de travail forcé, en Sibérie, les goulags, où plus de 18 millions de personnes ont été enfermées.
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Durant la Grande Terreur (1936-1938), plus de 1 000 personnes sont exécutées chaque jour.
Le contrôle des richesses
Le totalitarisme imposé par Staline en URSS se caractérise par le contrôle des richesses produites dans l'agriculture et dans l'industrie. Ce contrôle passe par la mise en place de la collectivisation des terres et de plans quinquennaux.
Les paysans perdent tous leurs biens et sont condamnés à travailler dans des fermes d'État, faute de quoi ils subissent la violence du régime : c'est la collectivisation des terres.
Collectivisation
La collectivisation est la suppression de la propriété privée et la mise en commun des moyens de production dans les campagnes.
Dans les campagnes, les koulaks doivent abandonner leurs exploitations privées et travailler au sein des kolkhozes et des sovkhozes.
Koulak
Un koulak est un paysan propriétaire.
Kolkhoze
Un kolkhoze est une ferme collective dans laquelle les terres, le matériel et le bétail sont mis en commun.
Sovkhoze
Un sovkhoze est une ferme d'État dans laquelle les paysans sont salariés.
Ceux qui tentent de s'opposer sont torturés, fusillés ou déportés. Les paysans sont condamnés à la misère et des millions de personnes meurent de famine, notamment en Ukraine, entre 1931 et 1933.
Selon les estimations, entre 5 et 8 millions de personnes meurent de famine entre 1931 et 1933.
Plans quinquennaux
Les plans quinquennaux fixent des objectifs de production sur une période de 5 ans.
Avec les plans quinquennaux, Staline impose au pays ses choix économiques. L'industrie lourde et les infrastructures de transport deviennent la priorité. Les entreprises qui ne respectent pas ces plans et les quantités à produire sont sanctionnées. Dans le même temps, le stakhanovisme est instauré pour stimuler le travail des ouvriers : les plus efficaces sont présentés comme des héros qui sont honorés et récompensés par l'État.
Stakhanovisme
Le stakhanovisme est une propagande fondée sur la valorisation d'un ouvrier, Stakhanov. Il est présenté comme un mineur ayant extrait en une seule nuit 14 fois plus de charbon que ce qui lui était exigé. Cette histoire est fausse mais contribue à la manipulation de la population.
La domination du nazisme en Allemagne
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, l'Allemagne est une république, très vite affaiblie par la signature du traité de Versailles en juin 1919. Une crise économique et sociale profonde touche le pays. Dans ce contexte, le parti nazi et son dirigeant Hitler parviennent à gagner les élections législatives. Hitler prend le pouvoir légalement avant d'instaurer une dictature.
La prise de pouvoir des nazis
Après l'échec d'Hitler aux élections présidentielles, les nazis gagnent les élections législatives de 1932, en profitant de la crise économique et sociale qui touche l'Allemagne, déjà affaiblie par la Première Guerre mondiale.
De la crise économique et sociale à la victoire du parti nazi
Affaiblie par la Première Guerre mondiale et par les conditions de paix qui lui sont imposées par le traité de Versailles (juin 1919), l'Allemagne est fortement touchée par la crise économique et sociale qui traverse l'Europe dans les années 1930. La crise favorise la progression rapide du parti nazi aux élections législatives, jusqu'à sa victoire en 1932, qui permet à Hitler de devenir chancelier en 1933.
Au début des années 1930, les États-Unis sont affaiblis par une crise boursière, financière (faillite de nombreuses banques), économique (faillite et fermeture de nombreuses entreprises) et sociale (forte hausse du chômage).
24 octobre 1929
« jeudi noir »
Le jeudi 24 octobre 1929, les cours des actions s'effondrent à la bourse de New York. C'est le début de la crise boursière qui déclenche ensuite les difficultés financières, économiques et sociales aux États-Unis.
La crise se diffuse en Europe : les États-Unis réduisent leur commerce avec les pays européens et leur demandent de rembourser les crédits accordés pendant ou après la Première Guerre mondiale. L'Allemagne est ainsi touchée par une forte hausse du chômage, qui atteint plus de 6 millions de personnes en 1932.
Le parti nazi (NSDAP) s'impose en 1932 comme la première force politique de l'Allemagne, loin devant le parti communiste, ce qui lui permet de remporter les élections législatives. Hitler est ainsi nommé chancelier, c'est-à-dire chef du gouvernement, par le président Hindenburg.
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30 janvier 1933
Hitler au pouvoir en Allemagne
Hitler devient chancelier le 30 janvier 1933.
L'instauration de la dictature
Chancelier, Hitler supprime dès 1933 les libertés et la démocratie en Allemagne, puis accapare la totalité des pouvoirs. C'est l'instauration de la dictature nazie qui réprime avec violence tous ses opposants.
Le 27 février 1933, un incendie au Parlement, le Reichstag, choque la population. Les nazis accusent les communistes, alors qu'en réalité, les nazis sont à l'origine de cet incendie. Hitler utilise cet événement pour supprimer les libertés et interdire les autres partis politiques. Le parti nazi devient le parti unique. À la mort du président Hindenburg en 1934, Hitler cumule les fonctions de chancelier et de président. Hitler contrôle tous les pouvoirs et la république est supprimée. Il devient le Führer (le guide) du IIIe Reich (troisième empire). La dictature nazie est en place.
Dictature
Une dictature est un régime politique dans lequel le pouvoir est détenu par une personne ou par un groupe de personnes qui l'exerce de façon arbitraire et autoritaire.
Les opposants sont persécutés, ils sont exécutés ou déportés dans des camps de concentration. La Gestapo est la police politique chargée de les pourchasser, avec l'aide des soldats de la SA et de la SS. Le régime utilise aussi la propagande et le culte de la personnalité d'Hitler pour endoctriner les populations. Les jeunes sont embrigadés dans les Jeunesses hitlériennes.
Un régime raciste et conquérant
Avant sa victoire aux élections législatives, le parti nazi développe une idéologie antisémite, qu'il met en œuvre dès qu'il accède au pouvoir. L'antisémitisme se double d'une politique pangermaniste qui se nourrit des conditions de paix imposées à l'Allemagne par le traité de Versailles.
La politique antisémite
Dès leur arrivée au pouvoir, les nazis veulent exclure les citoyens de religion juive de la société allemande. Les juifs sont soumis à de multiples violences.
Antisémitisme
L'antisémitisme est une idéologie raciste à l'égard des citoyens de religion juive.
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L'idéologie nazie affirme l'existence d'une race aryenne considérée comme supérieure aux autres peuples. Hitler et les nazis considèrent que les citoyens de religion juive sont inférieurs et doivent être mis à l'écart du pays. Les lois de Nuremberg de 1935 ôtent aux Allemands de religion juive tous leurs droits de citoyens. Ils perdent leur citoyenneté allemande. Une série d'interdictions les vise :
- Ils ne peuvent plus rendre hommage au drapeau ou à l'hymne national.
- Ils ne peuvent plus employer comme domestiques des citoyens allemands.
- Les mariages « mixtes » entre Juifs et Allemands sont interdits.
- Ils doivent renoncer à l'exercice de multiples professions.
Les Allemands de religion juive subissent ensuite de multiples violences. Nombreux sont ceux qui fuient l'Allemagne dans les années 1930.
9 et 10 novembre 1938
Nuit de cristal
Lors de la Nuit de cristal, les 9 et 10 novembre 1938, des Allemands de religion juive sont massacrés, de nombreux autres sont envoyés dans des camps de concentration, tandis que des synagogues et des commerces sont détruits.
La politique pangermaniste
Les nazis veulent construire « l'espace vital » du peuple allemand en se vengeant du traité de Versailles accepté par le gouvernement républicain en 1919. C'est ce que l'on appelle le pangermanisme.
Pangermanisme
Le pangermanisme est une politique fondée sur la volonté d'élargir le territoire allemand pour regrouper l'ensemble des Allemands dans un même État.
Une des obsessions des nazis est de venger l'Allemagne du traité de Versailles (1919). Hitler décide de ne pas respecter les conditions imposées par les vainqueurs de la Première Guerre mondiale et de remilitariser le pays. Il investit massivement dans la production d'armes et dans la formation de soldats, puis remilitarise la région de la Rhénanie en 1936.
Hitler noue ensuite des alliances avec l'Italie, le Japon, puis l'URSS de Staline. Il crée l'axe Rome-Berlin avec Mussolini en 1936, puis l'axe Rome-Berlin-Tokyo en 1937. En 1939, il se met d'accord avec Staline pour un futur partage du territoire de la Pologne.
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Dès 1938, Hitler mène une politique d'annexions afin d'agrandir ce qu'il qualifie d'« espace vital » allemand : il conquiert l'Autriche (Anschluss) en mars 1938 et les Sudètes (territoire situé en Tchécoslovaquie) en octobre 1938.
Le Front populaire en France
La France subit comme de nombreux pays européens la crise économique et sociale de l'entre-deux-guerres. Cette crise entraîne une montée de l'idéologie raciste, à laquelle des partis de gauche parviennent à faire face en créant le Front populaire.
La France confrontée à la crise
Les difficultés économiques et sociales entraînent la montée des tensions politiques et la menace de ligues racistes sur la république.
Comme les autres pays européens, la France est touchée par la crise économique et sociale, à partir de 1931. Les faillites se multiplient, le chômage augmente, les paysans subissent la baisse des ventes de leurs produits et la chute des prix. Dans ce contexte, les manifestations se multiplient pour dénoncer les licenciements et la misère du peuple.
La crise est également politique. De multiples gouvernements se succèdent et se révèlent impuissants face aux difficultés économiques et sociales du pays. Des organisations d'extrême droite profitent de la situation pour faire entendre leurs thèses racistes inspirées de l'idéologie nazie.
6 février 1934
Le 6 février 1934, les ligues racistes manifestent violemment devant l'Assemblée nationale.
Le Front populaire au pouvoir
Les partis communiste, socialiste et radical s'unissent face à la crise et face à la menace des ligues racistes pour proposer à la population un programme de relance de l'économie et de lutte contre la précarité. Ils parviennent ainsi à gagner les élections législatives de 1936 et à préserver la république. Si le Front populaire a réussi à préserver la république et la démocratie en France, il doit désormais affronter la menace totalitaire en Europe.
Pour faire face à la situation socio-économique mais aussi à la menace des ligues, trois partis de gauche décident de s'unir : les radicaux, le parti socialiste et le parti communiste créent en 1934 le Front populaire, qui gagne les élections législatives en 1936.
Suite à la victoire du Front populaire, Léon Blum, dirigeant de la SFIO, devient en 1936 le président du Conseil, c'est-à-dire le chef du gouvernement.
Dès les mois de mai et de juin 1936, alors que les grèves se multiplient, le gouvernement fait adopter des lois sociales qui améliorent les conditions de vie des Français, ainsi que leurs conditions de travail :
- Les salaires sont augmentés.
- Le temps de travail hebdomadaire est réduit à 40 heures.
- Les premiers congés payés (14 jours) sont instaurés.
Les accords de Matignon, signés le 7 juin 1936, entérinent la dissolution des ligues racistes, la création des conventions collectives, la mise en place de délégués du personnel, le renforcement du droit de grève et d'adhésion à un syndicat et l'augmentation des salaires.
Malgré tout, la France, comme le Royaume-Uni, ne parvient pas à empêcher les agressions nazies en Europe. Elle assiste passivement (malgré la volonté d'intervention des communistes) à la guerre civile espagnole. Hitler profite de cette guerre pour tester sa puissance militaire, avec le bombardement du village de Guernica en 1937.
Lors de la conférence de Munich, en 1938, la France et le Royaume-Uni cèdent, au nom du maintien de la paix en Europe, face à l'Allemagne qui revendique sa domination sur les Sudètes.