Sommaire
ILes premiers Capétiens et l'ordre féodalALe roi, un seigneur à l'autorité fragileBL'extension du domaine royalIILe renforcement de l'État monarchiqueAL'affirmation de la puissance de la monarchieBLa mise en place d'une administration royaleIIILa guerre de Cent Ans et l'unification du royaumeALa guerre contre l'Angleterre et les difficultés de la monarchieBLa stabilisation du territoire nationalDu XIe au XIIe siècle, le gouvernement royal pose les bases d'un État moderne, en s'imposant progressivement face aux pouvoirs féodaux. Les premiers Capétiens éprouvent des difficultés à se distinguer des autres seigneurs. Ils étendent cependant leur domaine et développent un appareil administratif plus efficace pour le contrôler. À partir du XIIIe siècle, la justice du roi remplace peu à peu celle des seigneurs. La branche des Valois, qui renforce l'autorité monarchique en France, se heurte à la guerre de Cent Ans, dont l'issue victorieuse permet d'unifier définitivement le royaume.
Les premiers Capétiens et l'ordre féodal
Sous les premiers Capétiens, le royaume de France reste dominé par de grands seigneurs. Le roi gouverne seulement son domaine royal, qu'il étend progressivement.
Le roi, un seigneur à l'autorité fragile
Hugues Capet est élu par les grands seigneurs du royaume, qui sont en concurrence avec son autorité. Les seigneurs sont à la tête de puissants fiefs et n'obéissent pas au roi.
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Hugues Capet élu roi de France
Hugues Capet est élu roi de France par les grands seigneurs du royaume. Il met fin à la dynastie des Carolingiens et fonde celle des Capétiens.
Aux Xe et XIe siècles, le royaume de France reste dominé par de grands seigneurs, qui dirigent de très grands domaines (duchés et comtés). Le roi de France ne contrôle directement que son domaine royal, un territoire sur lequel il exerce son pouvoir et fait régner sa loi.
© Bourrichon via Wikimedia Commons
Les grands seigneurs gèrent leur terre sans l'interférence du roi. Ils attribuent des fiefs à d'autres seigneurs, qui deviennent leurs vassaux. En échange, les vassaux leur doivent fidélité, notamment en cas de guerre. Ces liens entre seigneurs ont pour conséquence d'amoindrir le pouvoir du roi.
Fief vassal
Un fief vassal est une terre accordée par un seigneur à homme qui lui est lié (un vassal) en échanges de services réciproques.
Pour recevoir son fief, le vassal prête un serment de fidélité lors de la cérémonie de l'hommage.
L'extension du domaine royal
Progressivement, les Capétiens étendent leur domaine royal, qu'ils gèrent directement, sans la concurrence des seigneurs.
Dès le XIe siècle, les successeurs de Hugues Capet s'emploient à agrandir leur domaine royal. Pour s'imposer, les rois organisent leur succession de leur vivant en faisant couronner leurs héritiers directs. Ils réalisent également des mariages politiques entre leurs fils et les filles de grands seigneurs. Leur domaine royal s'étend sur un espace de plus en plus grand dans le royaume.
Le renforcement de l'État monarchique
Aux XIIe et XIIIe siècles, les rois de France imposent leur autorité et leur légitimité aux seigneurs. Ils parviennent à mettre en place un État monarchique, fondé sur une administration mieux organisée et centralisée.
L'affirmation de la puissance de la monarchie
Philippe Auguste joue un rôle important pour affirmer la puissance de la monarchie, en imposant son autorité sur les grands seigneurs du royaume. La cérémonie du sacre contribue également à montrer son pouvoir politique et religieux aux grands du royaume.
Au XIIIe siècle, Philippe Auguste parvient à affirmer la puissance de la monarchie aux grands seigneurs français.
La bataille de Bouvines en 1214 est un tournant majeur pour l'affirmation de la puissance de la monarchie. De grands seigneurs (les comtes de Flandre et de Boulogne) s'allient à l'empereur Otton pour se venger de Philippe Auguste, qui a confisqué les fiefs de Jean sans Terre, le roi d'Angleterre. La victoire du roi de France lui permet de confisquer les terres du roi d'Angleterre et de ses alliés, ce qui agrandit considérablement son domaine royal, et lui permet d'imposer son autorité royale sur les autres seigneurs.
Philippe Auguste ramenant Ferrand de Portugal, comte de Flandre, et Renaud, comte de Boulogne, faits prisonniers à la bataille de Bouvines. Enluminure des Grandes Chroniques de France, XIVe siècle, Paris, © BNF (Département des manuscrits, Français 2813, folio 258 verso) via Wikimedia Commons
Les rois Capétiens ont installé une monarchie héréditaire. Ils se transmettent le pouvoir de père en fils. Ils jouissent d'un grand prestige, comme le souligne la cérémonie du sacre. Celle-ci leur confère une légitimité religieuse puisqu'ils sont couronnés par l'évêque de Reims dans sa cathédrale. Les Capétiens s'appuient ainsi sur l'Église pour affirmer leur puissance monarchique.
Lors de la cérémonie, tous les grands du royaume sont présents et le roi reçoit ses attributs royaux, comme le sceptre, qui symbolise son pouvoir de justice.
Sacre de Louis VI le Gros, roi de France, © BNF (Français 2615, fol. 161) via Wikimedia Commons
La mise en place d'une administration royale
Pour contrôler un domaine royal qui s'agrandit, les Capétiens mettent en place une administration royale chargée de le représenter.
À partir de Philippe Auguste, le domaine royal continue de s'étendre considérablement par différents moyens (mariages, guerres, confiscations). La justice du roi tend ainsi à remplacer celle des seigneurs.
Le petit-fils de Philippe Auguste, Louis IX (dit aussi « Saint Louis »), agrandit le domaine royal en annexant le Languedoc. Il impose sa monnaie dans tout le royaume et met en place des représentants de son pouvoir dans les différentes provinces. Les baillis et les sénéchaux exercent leur autorité dans le domaine royal et prélèvent les impôts au nom du roi. Louis IX impose également sa justice aux grands seigneurs.
Louis IX condamne le grand seigneur Enguerrand de Coucy à une amende, pour avoir fait pendre trois jeunes nobles injustement : c'est la scène représentée sur l'enluminure ci-dessous qui date du milieu du XIVe siècle. Après sa mort, le prestige religieux de la dynastie des Capétiens est très important, en raison de la canonisation de Louis IX, qui devient « Saint Louis ». L'Église décide d'en faire un saint en raison de ses combats pour la religion lors des croisades et pour sa défense des causes justes.
Saint Louis condamne le sire Enguerran de Coucy pour avoir fait pendre trois jeunes nobles. Enluminure du manuscrit du chroniqueur Guillaume de Saint-Pathus, Vie et miracles de saint Louis, XIVe siècle, © BNF (Français 5716, fol. 245 verso) via Wikimedia Commons
La guerre de Cent Ans et l'unification du royaume
Entre les XIVe et XVe siècles, la guerre de Cent Ans entre les Français et les Anglais menace l'existence même de la monarchie. D'abord en difficulté, les Valois parviennent à consolider leur pouvoir et les bases d'un État moderne.
La guerre contre l'Angleterre et les difficultés de la monarchie
Suite à la mort sans héritier de Charles IV, le roi d'Angleterre revendique la couronne du royaume de France. Cela provoque une guerre entre les héritiers Valois et l'Angleterre.
À la mort de Charles IV en 1328, les Capétiens n'ont plus d'héritier direct. Le roi d'Angleterre Edouard III revendique alors le trône, en tant que neveu du défunt Charles IV.
Les grands du royaume réfutent l'ascendance féminine du roi d'Angleterre (sa mère est la sœur de Charles IV) et ne veulent pas passer sous son autorité. Ils attribuent la couronne de France à Philippe de Valois, le cousin de Charles IV. Edouard III, qui possède de nombreux fiefs en France, refuse de prêter hommage à ce dernier. Un très long conflit commence alors.
Ce conflit est d'abord très mal engagé pour la France, qui subit de lourdes défaites à Crécy (1346), Poitiers (1356) et Azincourt (1415). Ces batailles reposent notamment sur la supériorité technique des armées anglaises. Une partie du royaume passe sous l'autorité directe du roi d'Angleterre et le traité de Troyes en 1420 écarte Charles VI du trône de France, au profit du roi d'Angleterre.
En 1429, Jeanne d'Arc rencontre Charles VII, le dauphin du roi, qui s'est autoproclamé roi en 1422.
Les régions fidèles au roi de France sont alors réduites.
© Aliesin via Wikimedia Commons
À la tête d'une armée, Jeanne d'Arc reprend Orléans aux Anglais et parvient à faire couronner Charles VII en 1429 dans la cathédrale de Reims. Capturée par les Bourguignons alliés aux Anglais, elle est condamnée à être brûlée vive en 1431. Charles VII poursuit la reconquête du royaume et la guerre se termine en 1453.
La stabilisation du territoire national
Marquée par l'épreuve de la guerre de Cent Ans, l'administration de la monarchie se renforce. Charles VII crée une armée professionnelle et son successeur Louis XI poursuit l'extension du domaine royal.
Charles VII parvient à gagner la guerre contre les Anglais en utilisant une armée professionnelle et permanente, qui combat auprès des vassaux du roi. Il la finance en levant un impôt régulier : la « taille royale ».
Taille royale
La taille royale est un impôt sur la richesse, payé au roi chaque année par ceux qui ne sont ni religieux ni nobles.
Louis XI succède à son père Charles VII et poursuit la conquête de territoires et l'extension du domaine royal. Le royaume est alors mieux contrôlé, hormis dans ses marges qui sont plus autonomes (Bretagne et Bourgogne). Le roi d'Angleterre n'a alors plus aucun fief en France.