Sommaire
IL'installation de la IIIe RépubliqueALa situation instable en 1870 - 1871BLa république s'installe progressivementIILa culture républicaineALes principes fondateurs de la républiqueBLa diffusion de la culture républicaine à l'école, dans l'armée et au villageIIILa république surmonte les crisesALes crises secouent le régimeB1905, la séparation de l'Église et de l'ÉtatIVSchéma bilanLa IIIe République naît en 1870. Malgré une situation instable à ses débuts, la république s'installe progressivement. La culture républicaine se développe et se diffuse à l'école, à l'armée et dans les campagnes. La république fait face à des remises en cause et des crises qu'elle parvient à surmonter. En 1905, la séparation de l'Église et de l'État constitue l'aboutissement de la politique laïque de l'État.
L'installation de la IIIe République
La situation instable en 1870 - 1871
La république est instaurée en 1870 après la chute du Second Empire de Napoléon III suite à sa défaite face aux Prussiens. La république est cependant très fragile à ses débuts :
- Les élections de 1871 permettent la victoire des députés monarchistes et cléricaux qui souhaitent le retour de la monarchie.
- Le peuple parisien, opposé à la capitulation face aux Allemands et à la nouvelle assemblée, se révolte et décrète la Commune de Paris en 1871. La Commune est un gouvernement révolutionnaire organisé en autogestion, c'est-à-dire administré par les habitants de Paris eux-mêmes.
- Le gouvernement conservateur, réfugié à Versailles, met fin après une semaine de massacres à la Commune de Paris. Il condamne à mort ou exile les "communards" dans des bagnes.
Louise Michel et Nathalie Lemel sont deux femmes qui ont activement participé à la Commune de Paris. Elles ont été déportées en Nouvelle-Calédonie.
Une barricade durant la Commune de Paris
La république s'installe progressivement
Malgré la présence majoritaire des conservateurs et monarchistes au sein de l'Assemblée nationale, la république se maintient :
- Les monarchistes sont divisés et ils ne parviennent pas à réintroduire la monarchie.
- Les républicains sont de plus en plus nombreux parmi les députés et ils votent les lois constitutionnelles de 1875 qui consolident le régime républicain.
- Une crise éclate le 16 mai 1877 lorsque le président monarchiste Mac Mahon dissout la Chambre des députés désormais majoritairement composée de républicains. Suite à la dissolution, les républicains gagnent à nouveau et Mac Mahon démissionne.
- Cette crise installe définitivement la république et donne plus de pouvoir à la Chambre des députés.
La culture républicaine
Les principes fondateurs de la république
Les républicains se revendiquent de la Révolution française et des idées des Lumières. Ils considèrent la république comme le seul régime capable de garantir les libertés fondamentales. Ils s'opposent aux monarchistes et au clergé, dont les membres sont perçus comme des défenseurs de l'Ancien Régime.
Ils sont aussi influencés par le positivisme qui prône l'utilisation de la science et de la raison pour permettre aux hommes de progresser.
Ces principes se retrouvent dans les institutions de la IIIe République et dans les lois qu'elle vote :
- La IIIe République est une démocratie de type parlementaire. Le peuple souverain élit ses représentants au suffrage universel direct.
- Le régime garantit les libertés fondamentales. En 1881, le Parlement vote la liberté de la presse et la liberté de réunion. En 1884, les syndicats sont autorisés et, en 1901, les associations ainsi que les partis politiques peuvent se former.
La diffusion de la culture républicaine à l'école, dans l'armée et au village
Des symboles mettent en avant les valeurs républicaines et s'affichent aux yeux du plus grand nombre :
- La fête nationale est fixée le 14 juillet.
- La Marseillaise devient l'hymne national français.
- Le drapeau tricolore devient l'emblème de la république.
- Des statues de Marianne, allégorie de la république, sont installées dans les mairies.
Les républicains accordent un rôle primordial à l'instruction de tous. L'école est considérée comme le principal lieu de diffusion de la culture républicaine :
- En 1881 et 1882, Jules Ferry fait voter les lois qui rendent l'école laïque, gratuite et obligatoire.
- Les programmes scolaires transmettent les valeurs de la république et encouragent le patriotisme. Entre autres, on dispense aux élèves des cours de morale qui ont pour objectif de faire assimiler aux jeunes Français les principes républicains.
Les principes républicains se diffusent aussi avec le service militaire qui devient obligatoire en 1889. De nombreuses casernes sont construites.
Enfin, les campagnes sont elles aussi gagnées par la culture républicaine. Les villageois élisent leur maire au suffrage universel et des bâtiments comprenant la mairie et l'école sont édifiés au centre des villages.
La mairie et l'école de Clamanges édifiées en 1887
© François Goglins via Wikimedia Commons
La république surmonte les crises
Les crises secouent le régime
La république est confrontée à des crises, mais elle parvient à les surmonter et s'en retrouve consolidée :
- La droite antiparlementaire se réunit entre 1887 et 1889 derrière le général Boulanger qui échoue à renverser la république.
- L'antiparlementarisme se développe particulièrement en 1891 lors du scandale de Panama où des députés sont accusés dans une affaire de corruption.
C'est l'affaire Dreyfus (1894 - 1906) qui divise le plus les Français et dévoile au grand jour les sentiments antisémites d'une partie de la population française. Le capitaine Dreyfus est un officier juif accusé à tort de trahison au profit de l'Allemagne. Deux camps s'affrontent : les antidreyfusards, antisémites, qui pensent que l'armée n'a pas à revenir sur une chose qu'elle a jugée, et les dreyfusards, qui pensent que les valeurs républicaines de justice sont plus importantes. Dreyfus sera finalement réhabilité. La presse a joué un rôle fondamental dans cette crise. Les journaux ont pris parti.
La IIIe République surpasse ces crises et les radicaux menés par Clemenceau sont finalement élus.
En janvier 1898, dans le journal L'Aurore, Émile Zola publie un article dans lequel il prend la défense de Dreyfus et critique le rôle joué par l'armée dans cette affaire.
Caran d'Ache, Un dîner en famille
Caran d'Ache, Un dîner en famille, Le Figaro, 14 février 1898, © Gallica
1905, la séparation de l'Église et de l'État
La laïcité est un principe revendiqué par les républicains, car le clergé est accusé d'être un soutien de la monarchie et la religion est perçue comme un héritage du passé, maintenant les citoyens dans l'ignorance.
Les lois scolaires de Jules Ferry permettent la naissance d'une école laïque et, en 1886, le personnel enseignant est laïcisé.
La loi de séparation des Églises et de l'État en 1905 est l'aboutissement de cette politique visant à effacer l'influence de l'Église de la société française. Cette réforme est contestée par les catholiques français alors que les Juifs et les protestants l'acceptent. En effet, en instaurant la neutralité religieuse de l'État, la laïcité garantit l'égalité entre toutes les religions. Malgré les oppositions des catholiques, la séparation de l'Église et de l'État demeure.
Jean Jaurès et Aristide Briand jouent un rôle important dans la loi des Églises et de l'État de 1905.
Caricature de Charles Léandre dans Le Rire, représentant le ministre de l'Instruction publique séparant l'Église et l'État en 1905.
Charles Léandre, La Séparation de l'Église et de l'État, dans Le Rire, 1905, © Pmx via Wikimedia Commons