Sommaire
IL'amélioration des conditions de vieALa prospérité économique au temps des Trente GlorieusesBLa naissance de la société de consommationCUne croissance ralentie à partir de 1970IIDe profondes transformations culturellesAUne société plus moderne1L'amélioration des droits des femmes2L'augmentation de la place accordée aux jeunesBUne société animée par de nouveaux débats1La conception de la famille2La place des religions3L'influence grandissante des médias4Une société sensibilisée à la protection de l'environnementLes années 1950 marquent le début d'une période d'amélioration des conditions de vie, avec la naissance de la société de consommation : les familles bénéficient de l'augmentation de leur pouvoir d'achat qui leur permet d'améliorer leur confort quotidien. La situation économique du pays est alors favorable, les richesses produites augmentent rapidement. Pour faire face aux besoins des entreprises du pays, la France fait venir une main-d'œuvre immigrée, tandis que de plus en plus de femmes font des études et exercent un emploi. Cette amélioration des conditions de vie matérielles s'accompagne de profondes transformations culturelles au sein de la société française. La croissance est stoppée dans les années 1970 par une profonde crise économique mondiale : les pays s'enrichissent moins vite, des entreprises se trouvent en difficulté, le chômage augmente, les divisions se creusent au sein de la société française.
Quelles sont les transformations de la société française depuis la Seconde Guerre mondiale jusqu'aux années 1980 ?
L'amélioration des conditions de vie
La période qualifiée de « Trente Glorieuses » débute au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et dure jusqu'aux années 1970. Elle est marquée par une croissance économique forte et la naissance de la société de consommation. Toutefois, la croissance ralentit après les deux chocs pétroliers des années 1970.
La prospérité économique au temps des Trente Glorieuses
La période qui s'étend des années 1950 au milieu des années 1970 est celle durant laquelle l'expansion économique est la plus rapide : on produit en grande quantité. Il y a beaucoup de travail, peu de chômage, on fait venir des étrangers comme main-d'œuvre.
Trente Glorieuses
Les Trente Glorieuses sont la période qui débute au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et qui s'étend jusqu'aux années 1970. Elle est marquée par une forte croissance économique.
La France, comme les autres pays européens occidentaux, bénéficie d'une rapide augmentation de ses richesses, grâce au développement de ses industries ainsi qu'à la multiplication des échanges en Europe et dans le monde.
Les richesses produites en France augmentent de 5 % par an de 1950 à 1973.
La période 1945–1973 se caractérise par le « plein-emploi ». Les Français n'ont pas de difficulté à trouver un travail. Le chômage existe mais il est très faible et les chômeurs ne le restent pas longtemps.
De 1945 à 1973, le taux de chômage est de 1,8 % en moyenne.
Durant les Trente Glorieuses, la France manque de main-d'œuvre. Elle encourage donc l'immigration. La main-d'œuvre étrangère (Portugais, Espagnols, Maghrébins, Africains) est le plus souvent employée sur les chantiers ou dans les usines, avec des conditions de travail et de vie quotidienne très difficiles.
Entre 1945 et 1975, le nombre d'immigrés double en France : il passe de 1,8 million à 3,9 millions.
La naissance de la société de consommation
L'amélioration des conditions de vie et les progrès de la médecine ont permis l'augmentation de l'espérance de vie et la diminution de la mortalité. La population a ainsi augmenté. Les Français consomment de plus en plus et modifient leurs achats. La part de leur budget consacrée aux dépenses indispensables (logement, nourriture) diminue car ils peuvent dépenser plus d'argent pour leurs loisirs ou leur confort de vie. C'est la naissance de la société de consommation.
On observe une augmentation de la population française. Elle s'est accélérée de la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu'aux années 1960, avec une natalité élevée.
L'augmentation de la natalité s'explique par :
- la confiance retrouvée des Français en un avenir meilleur ;
- l'amélioration des conditions de vie ;
- une politique d'aide aux familles ayant des enfants : les familles avec enfants paient moins d'impôts à partir de 1945. On appelle cette période le baby-boom.
La naissance de la société de consommation se caractérise par l'augmentation du pouvoir d'achat des Français.
Société de consommation
Une société de consommation est une société qui se caractérise par la multiplication des achats de biens et de services.
Les Français améliorent leurs conditions de vie matérielle par :
- la multiplication des appareils électroménagers ;
- l'amélioration du confort des logements ;
- l'accès aux loisirs.
© Centre d'observation de la société, Insee
La multiplication des grandes surfaces met à la disposition des familles de plus en plus de produits alimentaires.
Par ailleurs, les congés payés passent :
- de 2 à 3 semaines en 1956 ;
- puis à 4 semaines en 1968 ;
- et enfin à 5 semaines en 1982.
Au milieu des années 1960, plus de la moitié des ménages possède un réfrigérateur, une automobile, un lave-linge, un téléviseur. À partir des années 1990, la consommation des familles évolue fortement vers l'achat de biens de haute technologie (ordinateurs, téléphones portables).
Une croissance ralentie à partir de 1970
À partir des années 1970, les difficultés économiques et la forte hausse du chômage freinent l'amélioration des conditions de vie. On observe alors une augmentation des inégalités entre les Français.
Les progrès n'effacent pas les fortes inégalités de pouvoir d'achat entre les ménages. Une minorité de Français demeure exclue de ce confort, malgré les aides de l'État (allocations d'aide au logement, création du RMI).
- En 1970, les 10 % de Français les plus pauvres ont un revenu mensuel moyen 4,7 fois inférieur à celui des 10 % les plus riches.
- En 1990, les revenus des 10 % les plus pauvres sont encore plus de 3 fois inférieurs à ceux des 10 % les plus riches.
La croissance économique est stoppée par les chocs pétroliers de 1973 et 1979.
L'augmentation des richesses produites en France n'est que de :
- 3 % par an de 1973 à 1980 ;
- 2,5 % par an de 1981 à 1990.
Ces chocs pétroliers se caractérisent par une forte hausse des prix du pétrole. La conséquence en est l'augmentation des coûts de production des entreprises. La croissance ralentit : les pays s'enrichissent, mais moins vite, des entreprises se trouvent en difficulté financière.
À partir du choc pétrolier de 1973, le chômage se développe rapidement en France à cause des difficultés financières des entreprises. Elles font faillite, multiplient les licenciements ou installent leurs usines dans des pays où la main-d'œuvre coûte moins cher. L'augmentation du chômage est également aggravée par la mécanisation et la robotisation dans les usines de production, qui réduisent les besoins de main-d'œuvre.
Population active
La population active représente la population qui exerce un emploi ou qui est à la recherche d'un emploi.
Face à ces difficultés, l'État limite l'immigration économique, tout en reconnaissant le droit au regroupement des familles lors de la loi du regroupement familial en 1976.
Il y a aujourd'hui environ 5 millions d'immigrés en France.
De profondes transformations culturelles
La société française connaît de profondes transformations culturelles. Elle devient plus moderne avec l'amélioration des droits des femmes et une plus grande attention portée aux jeunes. De nouveaux débats créent des divisions : la conception de la famille, la place des religions, l'influence des médias ou la dégradation de l'environnement.
Une société plus moderne
La société française se veut moins patriarcale : les femmes bénéficient de nombreux progrès qui réduisent les inégalités avec les hommes, les jeunes bénéficient de davantage de droits.
L'amélioration des droits des femmes
L'amélioration des droits des femmes concerne la vie familiale, le monde du travail et leur place dans la vie démocratique du pays. Cependant, les progrès observés n'effacent pas certaines inégalités qui persistent.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, des combats féministes sont menés afin d'obtenir plus d'égalité entre les hommes et les femmes.
24 mars 1944
Droit de vote accordé aux femmes françaises
Le 24 mars 1944, le droit de vote est accordé aux femmes, qui votent pour la première fois en 1945.
De nombreux combats pour obtenir l'égalité sont également menés dans les années 1960 et 1970 :
- En 1965, une loi autorise les femmes à exercer une profession sans l'autorisation de leur mari.
- En 1967, la loi Neuwirth accorde l'accès aux moyens contraceptifs, dont la pilule.
- La loi Veil de 1975 ouvre le droit à l'avortement (loi sur l'IVG) et le gouvernement socialiste met en place son remboursement en 1982.
Simone Veil devient une figure féministe importante en politique, elle s'est battue pour que l'IVG soit autorisée.
Les droits des femmes s'améliorent sur le plan des études :
- En 1964, pour la première fois, les femmes bachelières sont plus nombreuses que les hommes.
- En 1975, une loi instaure l'obligation de mixité scolaire.
Les droits des femmes s'améliorent également sur le plan du travail.
Pourtant, la situation reste inégalitaire :
- Les femmes ont des salaires inférieurs à ceux des hommes et leur situation professionnelle est souvent plus fragile.
- Les femmes sont plus touchées par la précarité que les hommes (notamment les femmes célibataires qui ont leurs enfants à charge).
- Les femmes occupent 80 % des emplois précaires et à temps partiel.
- Dans les années 1950, le salaire des femmes est en moyenne inférieur à celui des hommes de plus de 30 %.
- Au début du XXIe siècle, il est encore en moyenne inférieur de 20 % à celui des hommes.
L'augmentation de la place accordée aux jeunes
Les jeunes bénéficient de l'amélioration des possibilités de faire des études, ainsi que de la plus forte confiance qui leur est accordée dans le monde du travail comme dans la vie politique du pays.
Les jeunes revendiquent plus de droits et jouent un rôle politique de plus en plus important depuis les manifestations de mai 1968. En 1974, le président Valéry Giscard d'Estaing modifie l'âge de la majorité qui passe alors de 21 ans à 18 ans.
Le niveau scolaire des jeunes augmente nettement. Dans les années 1970, presque tous les jeunes de 15 ans sont scolarisés.
La part des jeunes de moins de 15 ans scolarisés est de 91,7 % en 1970 contre 53 % en 1958.
Le nombre d'étudiants double entre 1970 et 1995.
En 1970, 638 000 jeunes sont inscrits dans les universités. En 1995, ils sont 1 362 500.
Cette élévation du niveau de qualification correspond non seulement à un besoin d'émancipation de la jeunesse mais aussi à l'évolution du monde du travail qui impose la poursuite des études.
Plus instruits, les jeunes sont aussi plus acteurs de la vie politique. Les manifestations étudiantes et lycéennes se multiplient dans les années 1980-2000.
Plus émancipées grâce à leur parcours scolaire et universitaire, les jeunes femmes sont désormais des actrices importantes de la vie publique.
Une société animée par de nouveaux débats
L'évolution des mentalités s'accompagne de nouveaux débats. Ces débats traduisent les progrès de la tolérance, mais créent aussi des tensions et des divisions au sein de la société française.
La conception de la famille
La conception de la famille s'éloigne peu à peu de la vision traditionnelle avec un père et une mère mariés et avec des enfants.
Le mariage traditionnel d'un homme et d'une femme n'est plus le modèle absolu de la cellule familiale. Il est maintenant possible de contracter un pacs, et la légalisation du mariage pour les couples de même sexe permet aux couples homosexuels de s'engager officiellement. Ces nouvelles conceptions de la famille s'éloignent de la vision traditionnelle au nom du principe de tolérance et du recul des discriminations.
1999
Création du pacs
Le pacs est créé en 1999.
2013
Mariage pour tous
Le mariage pour les couples de même sexe est légalisé en 2013.
Le modèle familial change : le nombre de divorces augmente, de plus en plus d'enfants ont des parents séparés. De très nombreux couples ont des enfants sans se marier.
L'un des aspects négatifs de l'évolution du modèle familial est l'invisibilisation des personnes âgées. L'espérance de vie augmente mais les personnes âgées sont moins accompagnées.
La place des religions
La pratique religieuse ne concerne désormais qu'une minorité de la population mais les religions sont au centre de multiples débats et créent de profondes divisions au sein de la société.
La société française est marquée par le déclin important de la culture chrétienne. L'éducation religieuse qui concernait jusque dans les années 1960 la majorité de la jeunesse est désormais mise de côté par la grande majorité des familles. Ce recul du catholicisme laisse une place à l'affirmation de nouvelles religions, en particulier la religion musulmane, qui sont confrontées au principe de laïcité.
Environ 10 % des Français déclarent aujourd'hui être des catholiques pratiquants qui vont à la messe régulièrement le dimanche.
Les débats concernent tout particulièrement la mise en œuvre du principe de laïcité et la place accordée aux religions dans ce cadre. La laïcité garantit l'égalité des religions, elle permet à chacun de pratiquer librement sa religion dans le domaine privé mais impose le respect des règles de tolérance et condamne le prosélytisme. L'affirmation de ce principe se confronte à la volonté de certains responsables religieux de ne pas se soumettre à la neutralité ou à la discrétion dans les espaces publics.
L'influence grandissante des médias
La vie démocratique se caractérise par la place accrue des médias, qui ont une forte influence sur l'opinion publique.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les médias sont censurés et il faut attendre la Libération pour que la liberté de la presse soit réinstaurée. Cependant, jusqu'au début des années 1970, le pouvoir politique surveille et contrôle les médias. À la fin des années 1970, les « radios pirate » ou « radios libres » se multiplient.
La télévision est de plus en plus répandue à partir des années 1960-1970.
En 1982, François Mitterrand met fin au monopole d'État sur les médias audiovisuels. Depuis, les radios et les chaînes de télévision privées se multiplient. Le XXIe siècle est ensuite bouleversé par l'apparition et la diffusion d'Internet. Les médias jouent alors un rôle de plus en plus important dans la vie politique française.
Les médias ont désormais une forte influence sur l'opinion publique, en particulier la télévision qui est le média le plus utilisé par les citoyens pour s'informer. Un débat oppose ceux qui pensent que la télévision est utile face aux responsables politiques, et ceux qui estiment que les chaînes d'information ou les émissions politiques peuvent influencer trop fortement l'opinion publique, ou que la qualité de l'information est insuffisante.
Une société sensibilisée à la protection de l'environnement
L'essor de la production de richesse et de la société de consommation s'est accompagné d'importants dommages causés à l'environnement. Le développement durable et la lutte contre le changement climatique sont désormais au cœur des préoccupations.
Le début du XXIe siècle se caractérise par un vif débat sur le réchauffement climatique. L'opinion se divise sur la réalité de ce réchauffement et sur ses causes. Les uns pensent que le phénomène est naturel et cyclique, les autres accusent le mode de vie capitaliste (production intensive, consommation importante) qui multiplie les pollutions et accélère le phénomène.
Un autre débat concerne la société de consommation, qui provoque une forte pression sur les ressources naturelles et dégrade l'environnement. Les uns condamnent ses excès, les autres défendent le droit au confort matériel.
La population est cependant de plus en plus sensibilisée aux effets de la dégradation des écosystèmes. Elle oriente désormais de plus en plus ses choix de consommation vers des marchandises dont la production s'inscrit dans une logique de développement durable, plus respectueuse de la protection de la nature comme de la santé des consommateurs.
Les Français ont fortement accentué leur consommation de produits alimentaires issus de l'agriculture biologique ou raisonnée (qui n'utilise pas ou peu de produits chimiques), ce qui réduit également la pollution des sols et des nappes phréatiques.