Sommaire
ILe statut inférieur de la femme sous la Troisième RépubliqueALes améliorations du statut de la femmeBLes combats pour l'égalité civique et juridiqueCLe travail des femmesIILa situation des femmes après 1945AUne place à part dans la sociétéBLes luttes féministesCLe maintien de profondes inégalitésLa place de la femme dans la république est l'histoire d'un long combat pour l'égalité. Les femmes sont durant toute la Troisième République en statut d'infériorité face aux hommes, malgré quelques améliorations. Les combats féministes sont dans un premier temps centrés autour de la question de l'obtention du droit de vote. Le droit de vote acquis, les luttes ne cessent pas et portent sur la possibilité de disposer de son corps et sur l'égalité dans la société. Des avancées notables sont réalisées, comme le droit à l'avortement, mais de profondes inégalités demeurent.
Le statut inférieur de la femme sous la Troisième République
Les améliorations du statut de la femme
La société patriarcale a toujours tenu les femmes dans un rôle subalterne. La Troisième République rompt en partie le Code civil instauré par Napoléon, qui attribue aux femmes un rôle de soumission à leur mari :
- En 1895, une femme peut retirer de l'argent à la banque.
- En 1907, une femme peut disposer librement de son salaire.
- L'école républicaine et l'obligation scolaire avec les lois de Ferry participent à l'émancipation des femmes.
- Elles peuvent passer le même baccalauréat que les hommes en 1902.
- Il faut cependant attendre 1924 pour que les programmes scolaires des filles soient identiques à ceux des hommes.
Société patriarcale
La société patriarcale est une société dans laquelle l'autorité sur la famille et dans la société est détenue par les hommes.
L'article 213 du Code civil de Napoléon précise que "le mari doit protection à sa femme, la femme obéissance à son mari".
Les combats pour l'égalité civique et juridique
Les femmes n'ont pas le droit de vote et les premiers combats féministes portent sur l'accès au droit de vote :
- L'Union française pour le suffrage des femmes (UFSF) est créée en 1909. Elle rencontre beaucoup de mépris dans une société dominée par les hommes qui les affublent du surnom de "suffragettes".
- En 1919, un débat est mené sur le droit de vote des femmes mais ne permet aucune avancée.
- Durant l'entre-deux-guerres, le combat se poursuit et s'intensifie, notamment sous l'action de Louise Weiss et de son mouvement "femme nouvelle".
- En 1939, les femmes obtiennent la capacité juridique.
Le travail des femmes
Le rôle traditionnellement attribué aux femmes dans la société est un rôle de second plan. La société entretient un idéal de "femme au foyer" qui s'occupe de l'éducation des enfants et qui doit faire montre d'un caractère discret et soumis à son mari. Pourtant, contrairement aux idées reçues, les femmes ont toujours travaillé, bien qu'elles soient moins bien payées que les hommes.
Le taux d'activité des femmes dépasse les 50 % avant la Première Guerre mondiale. Pendant le conflit, elles sont fortement sollicitées pour soutenir l'effort de guerre. Mais la fin de la guerre signifie pour beaucoup de femmes le retour à la maison.
Les lois natalistes de 1923 confirment le rôle de la femme "mère au foyer".
Le Front populaire nomme trois femmes sous-secrétaires d'État mais malgré ces nominations, de nombreux métiers restent de fait ou de droit inaccessibles aux femmes.
La magistrature est interdite aux femmes jusqu'en 1946.
La situation des femmes après 1945
Une place à part dans la société
Les femmes ont été nombreuses dans les rangs de la Résistance.
Le 23 mars 1944, l'Assemblée consultative siégeant à Alger adopte le principe du droit de vote des femmes. De Gaulle confirme par une ordonnance le fait que les femmes peuvent voter et être élues. Elles votent pour la première fois en 1945.
Bien qu'elles disposent du droit de vote et que les premières femmes députés soient élues en 1946, la politique reste une affaire d'hommes. Ils représentent l'écrasante majorité des élus.
Dans l'imaginaire collectif, le rôle des femmes reste encore celui de l'épouse docile qui doit s'occuper de ses enfants. La contraception et l'avortement restent interdits et les lois natalistes votées durant les Trente Glorieuses favorisent la "femme au foyer".
L'école et l'accès à l'enseignement supérieur continuent d'être un vecteur d'émancipation. En 1964, pour la première fois, les femmes bachelières sont plus nombreuses que les hommes.
Les luttes féministes
Le combat des femmes ne s'est pas éteint avec l'attribution du droit de vote. De nombreux combats pour obtenir l'égalité sont menés dans les années 1960 et 1970.
En 1967, la loi Neuwirth accorde l'accès aux moyens contraceptifs, dont la pilule.
Cependant, l'avortement reste interdit et pénalisé. Le Manifeste des 343 est publié en 1971 dans les colonnes du Nouvel Observateur. De nombreuses femmes, dont Simone de Beauvoir, Françoise d'Eaubonne ou encore Gisèle Halimi déclarent avoir pratiqué l'avortement. En 1972, le procès à Bobigny d'une femme, ayant avorté suite à un viol, et de ses quatre complices connaît un fort retentissement en France.
Finalement, la loi Veil de 1975 dépénalise le droit à l'avortement (loi sur l'IVG) et le gouvernement socialiste le rembourse en 1982.
Cependant, durant les décennies 1960 et 1970, le combat des femmes ne se limite pas au combat pour disposer librement de son corps. Les militantes du Mouvement de libération des femmes (MLF), dont fait partie Simone de Beauvoir, luttent aussi contre le "plafond de verre", c'est-à-dire le fait que les femmes continuent à ne pas pouvoir accéder aux niveaux supérieurs de la société.
Le maintien de profondes inégalités
Les femmes ont accédé à l'égalité juridique mais, dans la pratique, de nombreuses inégalités demeurent.
Plusieurs lois ont été votées ces dernières décennies afin d'améliorer leur situation :
- Loi Roudy contre les discriminations au travail en 1983
- Loi sur la parité en politique adoptée en 2000
- Loi de 2006 pour l'égalité salariale
Pourtant, la situation reste inégalitaire et les femmes sont encore victimes de la misogynie :
- Les salaires des femmes sont 20 % inférieurs à ceux des hommes.
- Elles occupent 80 % des emplois précaires et à temps partiel.
- Les femmes sont plus touchées par la précarité que les hommes, notamment les femmes célibataires qui ont en charge leurs enfants.
- Une femme meurt tous les trois jours en France sous les coups de son compagnon.
- La publicité, les médias et l'éducation continuent de véhiculer des stéréotypes qui assignent à la femme un rôle secondaire.