Sommaire
ILe statut inférieur de la femmeAL'exclusion politiqueBLes inégalités juridiquesIILa place des femmes dans la sociétéAUn agent économique majeurBDes conditions de vie différentesIIIL'apparition de revendicationsAL'émergence du féminismeBDes avancées limitéesIVSchéma bilanLes femmes ont longtemps été considérées comme des individus mineurs placés sous l'autorité de leur père ou de leur mari. La Révolution française, si elle leur confère le statut de citoyennes, ne leur donne cependant aucun droit politique. Napoléon consacre dans le Code civil la domination de l'homme sur la femme. Les revendications féministes ne permettent pas une modification notable de leur rôle dans la société malgré quelques timides avancées.
Le statut inférieur de la femme
L'exclusion politique
D'un point de vue politique, les Françaises subissent une exclusion manifeste :
- Elles ne bénéficient pas du droit d'expression politique (le suffrage) alors même qu'elles ont joué un rôle non négligeable dans la Révolution, comme en témoignent les journées d'octobre 1789 ou de 1792.
- Elles n'en sont pas moins impliquées dans les affaires politiques : elles assistent aux travaux des assemblées. Olympe de Gouges milite pour la reconnaissance du rôle des femmes et rédige même la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, en 1791, que la Convention refusera d'adopter.
- La révolution de 1848 n'instaure le suffrage universel que pour les hommes malgré les revendications des femmes.
Portrait d'Olympe de Gouges par Alexander Kucharsky, fin du XVIIIe siècle
Alexander Kucharski, Portrait d'Olympe de Gouges, © Pateca via Wikimedia Commons
Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, 1791, © Wikipédia
Suffrage universel
Le suffrage universel est le droit de vote accordé à tous les citoyens majeurs ; il est instauré pour les hommes en 1848 et n'est étendu aux femmes qu'en 1944.
Les inégalités juridiques
Sur le plan juridique, les femmes sont aussi très largement discriminées :
- Elles sont placées sous l'autorité de leur père ou de leur mari par le Code civil de Napoléon. Elles ne peuvent détenir de comptes d'épargne avant 1881 et ne peuvent retirer de l'argent sans l'autorisation de leur mari avant 1910.
- Seules les veuves peuvent jouir d'une certaine indépendance, même si elles restent sous la surveillance du conseil de famille.
- L'inégalité juridique est manifeste sur la question du mariage : ainsi, l'adultère, qui est qualifié de délit par le Code pénal, entraîne une amende pour le mari volage, mais une peine de prison pour la femme.
La place des femmes dans la société
Un agent économique majeur
Les femmes occupent cependant une place majeure dans le système économique, même si toutes les professions ne leur sont pas ouvertes :
- À la campagne, elles participent activement aux travaux des champs, notamment aux récoltes, et sont très présentes sur les marchés où elles commercialisent les produits de la ferme. C'est dans le secteur agricole que les femmes travaillent majoritairement.
- Elles sont également actives dans les activités industrielles et surtout dans le textile : elles tissent pour le compte de donneurs d'ordres et intègrent progressivement les usines lors de la révolution industrielle. Elles jouent ainsi un rôle non négligeable dans les mines de charbon où elles assurent une bonne partie du travail de surface. Elles sont de plus en plus nombreuses après l'interdiction du travail des enfants à la fin du XIXe siècle.
- Enfin, elles sont très présentes dans la domesticité (femmes de chambre, cuisinières, gouvernantes, etc.) et dans les commerces, notamment dans les grands magasins qui naissent au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, ce dont témoigne le roman Au Bonheur des Dames d'Émile Zola.
Couverture de la première édition du roman Au Bonheur des Dames d'Émile Zola, 1883.
Couverture de la première édition du roman Au Bonheur des Dames d'Émile Zola, 1883, © William C. Minor via Wikimedia Commons.
Des conditions de vie différentes
Les femmes connaissent des situations bien différentes dans une société marquée par de fortes inégalités socio-économiques :
- Qu'elle soit paysanne, ouvrière ou domestique, la femme populaire mène souvent une existence difficile, exerçant des activités pénibles et devant assurer la bonne tenue du ménage. Le bal populaire est souvent sa seule distraction.
- La bourgeoise ou l'aristocrate vit dans un monde plus préservé. Elle anime des salons, veille à recevoir avec finesse les amis et relations de son mari en dirigeant d'une main de maître son personnel de maison et assure la bonne éducation (intellectuelle, morale et religieuse) de ses enfants. Elle participe aux mondanités et profite du théâtre ou de l'opéra, passe quelques mois à la campagne dans la résidence d'été… Le modèle de la bourgeoise devient un idéal qui se répand dans toutes les couches de la société.
- La prostituée, quant à elle, fait l'objet du rejet de la société, même si elle joue un rôle important dans la société moralisante du XIXe siècle.
- Les romans de Zola, Balzac ou Flaubert sont de fidèles reflets de ces conditions féminines plurielles.
Gravure anglaise de 1871 illustrant les conditions de vie des bourgeoises et des femmes du peuple
© Dcirovic via Wikimedia Commons
L'apparition de revendications
L'émergence du féminisme
L'empire et la Restauration étouffent les avancées en faveur des femmes. Louis XVIII abolit même le divorce en 1816.
Le féminisme se développe lentement :
- Durant la monarchie de Juillet, notamment dans les milieux socialistes et utopistes (saint-simoniens et fouriéristes), certains revendiquent l'égalité complète entre l'homme et la femme.
- La révolution de 1848 offre aux femmes l'occasion de revendiquer de nouveaux droits : droit de vote, droit au travail, égalité des salaires, droit à l'éducation, droit au contrôle des naissances, droit à l'amour libre, etc.
- Ces revendications sont progressivement encadrées par des organisations féministes qui se développent à la fin du siècle comme en témoignent la Société pour l'amélioration du sort des femmes créée en 1878 et la Ligue française pour le droit des femmes créée en 1882.
- Le Conseil national des femmes françaises, fondé en 1901, profite de la promulgation de la loi sur le droit d'association pour structurer davantage encore le mouvement féministe qui n'en reste pas moins limité à la bourgeoisie citadine évoluée.
Féminisme
Le féminisme est un mouvement politique et social visant à obtenir l'égalité de traitement entre les sexes et la fin des discriminations.
Hubertine Auclert est une féministe qui milite pour le droit de vote des femmes.
Amour libre
L'amour libre est le refus du mariage, qui est considéré comme une forme d'esclavage et une intrusion de l'État et de l'Église dans les relations amoureuses.
Des avancées limitées
À défaut d'obtenir le droit de vote en 1848, les femmes obtiennent le droit au travail et peuvent finalement accéder aux ateliers nationaux ouverts en février 1848.
À partir de 1850, grâce à la loi Falloux, elles peuvent envisager une scolarisation, mais il faut attendre la loi Duruy de 1867 pour que l'État s'engage à ouvrir des écoles de filles en nombre équivalent aux écoles de garçons.
Ces avancées restent limitées puisque les femmes sont orientées vers des écoles pratiques qui leur enseignent la puériculture et les travaux ménagers, conformément au rôle que la société leur confère. Les femmes qui prétendent passer le baccalauréat doivent surmonter bien des obstacles : il faut attendre 1861 et 1863 pour voir les deux premières femmes bachelières. Elles feront exception.