Sommaire
ILa difficile installation de la républiqueALe fragile retour de la républiqueBL'installation de la républiqueIIL'enracinement de la républiqueALa construction d'une culture républicaineBLa résolution des difficultés et des crisesEmpereur depuis 1852, Napoléon III engage la France dans une guerre contre la Prusse en juillet 1870. Celle-ci aboutit à sa capture et à sa capitulation le 2 septembre 1870 à Sedan. Le 4 septembre 1870, la république est proclamée. Dans les semaines qui suivent, Paris est assiégé par l'armée allemande, les conditions de vie de la population sont très difficiles. Le gouvernement mis en place négocie finalement la fin des combats en janvier 1871. Lorsque l'armistice (l'arrêt des combats) est signé le 28 janvier 1871, la république est très fragile. Elle réussit cependant peu à peu à surmonter les crises.
Comment les républicains parviennent-ils à installer durablement la république en France ?
La difficile installation de la république
Début 1871, les républicains favorables à la poursuite du conflit contre la Prusse perdent les élections et laissent le pouvoir aux monarchistes, partisans de l'arrêt des combats : la république est donc fragile face au risque du retour d'une monarchie. Puis les républicains parviennent finalement à prendre le pouvoir et à voter des lois qui confirment la fondation d'une république.
Le fragile retour de la république
La république est fondée dans le contexte de guerre contre la Prusse. Les républicains sont favorables à la poursuite des combats, tandis que les monarchistes sont pour leur arrêt. Au cours des élections législatives de février 1871, les monarchistes obtiennent la majorité des votes. Ils espèrent pouvoir mettre fin à la république et rétablir la monarchie.
La IIIe République naît au cours de crises qui la fragilisent. Les difficultés sont d'abord liées au contexte diplomatique et militaire avec la guerre contre la Prusse. La France subit de multiples défaites et les conditions de vie de la population se dégradent fortement. Les Français en ont assez de la guerre, raison pour laquelle ils votent aux élections de 1871 en faveur des monarchistes, favorables à l'arrêt des combats et à la capitulation.
En février 1871, Adolphe Thiers, opposé à la guerre, est choisi par les monarchistes pour devenir le chef du gouvernement. En août 1871, il devient le premier président de la IIIe République.
La guerre a des conséquences directes sur la vie politique du pays, bouleversée par une guerre civile. Des Parisiens, opposés à la capitulation face aux Allemands et à la nouvelle assemblée, se révoltent contre les soldats envoyés par Adolphe Thiers pour récupérer des canons qui ont servi contre les Prussiens. Tandis qu'Adolphe Thiers et l'armée se replient à Versailles, les Parisiens décrètent la Commune de Paris en mars 1871.
Commune
La Commune est un gouvernement révolutionnaire administré par les habitants de Paris de façon autonome, par opposition au gouvernement qui dirige le pays.
Les communards craignent le retour de la monarchie et veulent l'installation d'une république plus sociale, favorable au peuple.
Les communards revendiquent la gratuité de l'enseignement pour tous ainsi que l'amélioration des conditions de travail et de vie des ouvriers.
Louise Michel joue un rôle primordial dans la Commune. C'est une institutrice proche des milieux révolutionnaires et engagée dans de nombreuses actions de soutien au peuple. Elle a entretenu une correspondance avec Victor Hugo et a participé activement à la Commune dont elle devient un symbole.
Le gouvernement d'Adolphe Thiers organise la répression et met fin à la Commune après une semaine de massacres, la « Semaine sanglante » du 21 au 28 mai 1871. Cette répression fait de nombreuses victimes : entre 10 000 et 20 000 morts.
Le Monde illustré, 24 juin 1871, © Wikimedia Commons
De nombreux communards sont condamnés à la mort ou à l'exil.
Louise Michel est déportée en Nouvelle-Calédonie.
L'installation de la république
Les républicains parviennent peu à peu à s'imposer face aux monarchistes. Ils multiplient les lois qui installent véritablement la république et les principes républicains dans le pays.
En 1873, les monarchistes poussent Adolphe Thiers à la démission et le remplacent par le général Mac Mahon. Il veut rétablir la société d'Ancien Régime et préparer le retour d'un roi au pouvoir, mais les monarchistes sont divisés : certains voudraient comme roi le petit-fils de Charles X, ce que d'autres refusent.
Certains monarchistes finissent par rejoindre le camp des républicains. Ces derniers ont de plus en plus de succès auprès de la population et en profitent pour progresser au cours des élections qui ont lieu de 1873 à 1875 :
- Aux élections législatives de 1876, les républicains deviennent majoritaires à la Chambre des députés.
- En 1879, ils remportent de nouvelles élections et Jules Grévy, un républicain, devient président : la république est totalement aux mains des républicains.
Les républicains, de plus en plus nombreux parmi les députés, votent des lois qui installent définitivement la république et renforcent les libertés fondamentales.
L'enracinement de la république
Les républicains veulent non seulement rétablir la république mais aussi la renforcer et l'enraciner durablement dans le pays. Ils souhaitent construire et diffuser une culture républicaine au sein de la population. Ils doivent faire face à de multiples crises, qu'ils parviennent à surmonter.
La construction d'une culture républicaine
Les républicains construisent et diffusent une culture républicaine en créant des symboles issus de la Révolution française qui doivent réunir les citoyens. Ils font de l'école et de l'armée des moyens de promotion des valeurs républicaines au sein de la société, afin de renforcer l'unité de la nation et l'amour de la patrie.
Les républicains veulent construire une culture républicaine qui s'inscrive dans l'héritage de la Révolution française. Ils dotent ainsi la république de symboles issus de cette révolution.
Les symboles républicains apparaissent partout :
- Les communes installent des bustes de Marianne dans les mairies.
- Des statues de la république sont construites sur les places des villes et des villages.
- La devise est inscrite sur le fronton des mairies.
- Les symboles républicains apparaissent sur les monnaies et sur les timbres.
Les grands hommes qui ont œuvré pour la défense des valeurs républicaines sont honorés. Le Panthéon devient le tombeau des grands personnages de la république.
En 1885, Victor Hugo, écrivain qui s'est battu pour la république et qui a vécu en exil sous Napoléon III, est enterré au Panthéon au cours de funérailles nationales. Le gouvernement veut rassembler le peuple français autour des symboles et des valeurs de la république. On fait également entrer au Panthéon des penseurs des Lumières et des grands hommes de la Révolution française, comme Voltaire. Le cercueil de Victor Hugo est d'abord exposé sous l'Arc de Triomphe.
© Wikimedia Commons
Des écoles sont construites. Au nom de l'idéal d'égalité, le ministre de l'Instruction Jules Ferry fait voter des lois scolaires qui doivent garantir l'accès de tous les enfants à l'école. L'enseignement primaire valorise la liberté, l'esprit critique, comme un héritage de l'ambition des Lumières et de l'Encyclopédie.
1881-1882
École gratuite et obligatoire
En 1881, l'école devient gratuite. En 1882, elle est rendue obligatoire.
L'école enseigne l'amour de la patrie. Les républicains renforcent le sentiment patriotique, mais aussi un sentiment revanchard : les enfants apprennent à refuser la défaite de 1870 et l'amputation du territoire français avec la perte de l'Alsace et de la Lorraine. Ils nourrissent ainsi une haine des Allemands. L'instauration du service militaire obligatoire pour deux ans prépare également la revanche.
Le manuel scolaire Le Tour de la France par deux enfants, publié en 1877, est l'un des symboles forts de cet enseignement. Il raconte l'expédition à travers la France de deux jeunes orphelins d'Alsace-Lorraine qui ont fui Phalsbourg, ville annexée par les Prussiens, et qui parcourent la France.
L'enseignement de la langue française est imposé, tout comme la laïcité. Les républicains accusent le clergé d'avoir soutenu la monarchie, et la religion d'être un héritage du passé, qui fait obstacle à l'accès des citoyens au savoir.
Laïcité
La laïcité est le principe qui sépare les religions de l'État. Elle garantit l'égalité des religions, la liberté de pratiquer la religion de son choix, la liberté de croire ou de ne pas croire, tout en imposant la tolérance, la discrétion et la neutralité de l'État vis-à-vis des religions.
L'instruction religieuse est supprimée et les républicains imposent l'école laïque. La loi du 28 mars 1882 laïcise les locaux et les programmes scolaires ; celle du 30 octobre 1886 impose la laïcité des enseignants.
1905
Loi de séparation des Églises et de l'État
La loi de séparation des Églises et de l'État de 1905 officialise l'instauration de la laïcité en France. Cette réforme est contestée par les catholiques alors que les juifs et les protestants l'acceptent.
La résolution des difficultés et des crises
La république fait également face à des remises en cause et à des crises qu'elle parvient à surmonter et qui la renforcent. Elle est notamment confrontée à la crise boulangiste et à l'affaire Dreyfus qui divise les républicains en deux camps.
La IIIe République connaît d'abord des oppositions politiques, notamment de la part des monarchistes.
L'opposition monarchiste se manifeste avec la crise boulangiste, de 1886 à 1889. En 1886, Georges Boulanger est ministre de la Guerre.
Très populaire, Boulanger est défenseur de la patrie et souhaite obtenir une revanche contre l'Allemagne. Il inquiète les républicains, qui le renvoient du gouvernement. Il réunit autour de lui les opposants à la république, notamment les monarchistes, et devient député en 1889. Il milite alors pour le renversement de la république en demandant une nouvelle constitution. Les républicains parviennent finalement à l'écarter de la vie politique en l'accusant de complot contre la république et en lançant un mandat d'arrêt contre lui, auquel il échappe en s'exilant en Belgique.
La république est également confrontée à l'affaire Dreyfus, du nom d'un capitaine de l'armée française de religion juive, accusé en 1894 d'avoir transmis des documents secrets à l'Allemagne.
Caran d'Ache, Un dîner en famille, Le Figaro, 14 février 1898, © Gallica
Alfred Dreyfus est condamné au bagne en Guyane. En 1898, le vrai coupable est identifié mais Dreyfus n'est pas libéré car l'armée refuse de reconnaître son innocence. C'est le début de « l'affaire Dreyfus », qui divise les républicains et tout le pays en deux camps.
Les antidreyfusards refusent la remise en cause du procès de Dreyfus, par volonté de ne pas affaiblir l'armée ni l'État. Beaucoup font preuve d'antisémitisme.
Antisémitisme
L'antisémitisme est l'hostilité et le racisme envers les personnes de religion juive.
Les dreyfusards luttent pour la reconnaissance officielle de l'innocence de Dreyfus au nom du respect des valeurs républicaines. Les dreyfusards l'emportent finalement, et Alfred Dreyfus est gracié en 1899 par le président de la République. Il est réhabilité, donc reconnu officiellement innocent, en 1906.