Sommaire
ILa Chine maoïsteAUn pays sous influence soviétique1La révolution de 19492Le rapprochement avec l'URSSBUn communisme chinois1La rupture sino-soviétique2Un modèle communiste concurrent de l'URSS3La Chine dans le mondeCLa sortie de l'isolement1Le rapprochement avec l'Occident2Un pays peu puissantIIModernisation et ouverture (1976 - 1992)ALes politiques d'ouverture1Les Quatre Modernisations2L'ouverture internationale du paysBLa crise des années 1989 à 1992IIILa Chine, une grande puissance mondialeAUn géant économiqueBLe poids politique croissant de la ChineCLes limites de la puissance chinoise1Les limites économiques et sociales2Les limites politiquesEn 1949, le Parti communiste chinois dirigé par Mao, victorieux des nationalistes, instaure la République populaire de Chine. Sous-développée, la Chine reçoit le soutien de l'URSS. La coexistence pacifique puis la Détente entre les États-Unis et l'URSS ainsi que les orientations de la politique chinoise marquent une rupture entre la Chine et les Soviétiques. La Chine ouvre désormais une autre voie au communisme qui se caractérise par des réformes économiques (le Grand Bond en avant) et politique (la Révolution culturelle). Cependant, ces réformes ont pour conséquence un lourd bilan humain, économique et moral, la Chine est totalement isolée. Il faut attendre les années 1970 pour que la Chine sorte de son isolement politique. En 1971 - 1972, elle est reconnue de fait par les Américains.
La mort de Mao en 1976 et l'arrivée au pouvoir de Deng Xiaoping constituent une importante rupture. L'économie du pays est libéralisée et s'ouvre au monde. Le pays enregistre des progrès économiques importants et est désormais la deuxième puissance économique mondiale. Cependant, le pays, dont le poids politique s'est aussi affirmé, est encore confronté à de nombreux problèmes, dont le manque de démocratie.
La Chine maoïste
Un pays sous influence soviétique
La révolution de 1949
Depuis la proclamation de la République en 1912, la Chine est confrontée à une situation très instable politiquement.
Les nationalistes du Kuomintang, dirigés par Tchang Kaï-chek, s'opposent au Parti communiste chinois (PCC), dirigé par Mao Zedong. Les conflits sont stoppés pendant l'occupation japonaise, mais la guerre civile reprend dès 1946 et jusqu'en 1949. Les nationalistes se replient finalement sur l'île de Taïwan. Le 1er octobre 1949, la République populaire de Chine (RPC), marxiste, est proclamée par Mao Zedong.
Les pays occidentaux ne reconnaissent pas la RPC et considèrent que le régime nationaliste de Taïwan est le seul régime légitime. Ce sont d'ailleurs les nationalistes qui héritent du siège qu'a obtenu la Chine en 1945 au Conseil de sécurité de l'ONU.
Le rapprochement avec l'URSS
Les Chinois, communistes et isolés du monde occidental, se rapprochent de l'URSS dans le contexte de la guerre froide.
En 1950, ils signent un traité d'« amitié, d'alliance et d'assistance mutuelle » avec l'URSS de Staline qui envoie des techniciens en Chine et accorde des prêts au régime de Mao.
La Chine participe aux conflits de la guerre froide en Asie. Elle soutient le Viêt Minh en guerre contre les Français durant la guerre d'Indochine de 1946 à 1954. Elle intervient également dans la guerre de Corée aux côtés des communistes de 1950 à 1953 et contribue à l'obtention d'un cessez-le-feu.
La situation socio-économique du pays est désastreuse. Des désordres politiques sévissent depuis 1912 du fait de l'occupation du Japon pendant la Seconde Guerre mondiale et des conflits entre nationalistes et communistes. L'économie est essentiellement agricole, et la productivité est très faible. Mao entreprend l'installation d'un système économique communiste, très influencée par le modèle soviétique. Il déclare : « L'URSS d'aujourd'hui est la Chine de demain. »
Les redistributions de terres, déjà commencées avant 1949 dans les territoires que dirigeaient les communistes, se poursuivent. Le premier plan quinquennal est instauré en 1953. Comme pour l'URSS, la priorité est donnée à l'industrie lourde, dont les usines sont collectivisées. Le régime réussit à améliorer la situation et l'inflation est stoppée.
De profonds changements affectent aussi la société. La jeunesse est encadrée dans des organisations. Les « unités de travail » s'occupent de l'approvisionnement en nourriture et de l'attribution des logements. Les « ennemis de classe », dont les élites, sont envoyés dans des camps, les laogai.
Un communisme chinois
La rupture sino-soviétique
Le communisme chinois s'éloigne rapidement du modèle soviétique.
En effet, la coopération entre l'URSS et la RPC ne survit pas à la fin du régime stalinien qui survient en 1953 à la mort de Staline.
La RPC critique la déstalinisation et la coexistence pacifique entre l'URSS et les États-Unis. En 1958, l'URSS critique en retour les orientations économiques et politiques prises par le régime chinois. En 1960, la rupture s'amplifie lorsque l'URSS rappelle ses experts de Chine.
Mao affiche sa volonté d'être le nouveau leader du monde communiste. En 1962, la Chine accuse l'URSS de trahison lorsque celle-ci cède sur les missiles à Cuba. En 1964, les Chinois lancent leur première bombe atomique, ce qui inquiète l'URSS. Des conflits éclatent à la frontière entre les deux pays en 1969.
Un modèle communiste concurrent de l'URSS
Mao souhaite que la Chine devienne un modèle dans le monde communiste.
Il lance deux réformes : le Grand Bond en avant et la Révolution culturelle.
Le Grand Bond en avant a lieu de 1958 à 1962. Il s'agit d'un ensemble de réformes économiques. Désormais isolée, la Chine doit « compter sur ses forces ». Toutes les terres et les biens sont mis en commun dans le cadre des communes populaires. L'objectif est de développer l'industrialisation dans les campagnes et d'encourager la vie collective dans le monde rural. Cependant, le Grand Bond en avant provoque une famine dont on estime qu'elle provoque 40 millions de décès.
La Révolution culturelle, quant à elle, est engagée à partir de 1966. Mao, contesté après l'échec du Grand Bond en avant et la rupture avec l'URSS, veut donner une nouvelle impulsion à la révolution chinoise. L'objectif est de mobiliser les masses et surtout la jeunesse qui est encadrée par les Gardes rouges. Les intellectuels et les cadres du parti sont attaqués. En 1969, des « jeunes instruits » sont envoyés dans les campagnes afin « d'apprendre des masses ». Les principes de l'idéologie défendue par Mao sont contenus dans le « Petit Livre rouge » que chaque Chinois doit posséder et dont il doit être capable de citer des extraits.
Le Grand Bond en avant et la Révolution culturelle constituent les fondements de la voie communiste chinoise, le maoïsme.
La Chine dans le monde
La Chine, en rupture avec l'URSS, veut développer une troisième voie et s'inscrit dans le mouvement des pays du tiers-monde.
Zhou Enlai (ministre des Affaires étrangères) participe à la conférence de Bandung en 1955. La Chine y apparaît comme un des leaders du tiers-monde. Elle soutient des pays qui reçoivent des aides comme la Somalie et la Guinée, mais également des pays qui suivent son modèle politique comme la Tanzanie et l'Albanie.
Cependant, la Chine se retrouve assez rapidement isolée sur la scène internationale. L'unité affichée avec les autres pays du tiers-monde ne résiste pas à l'intervention des Chinois au Tibet en 1950 et à l'exil du dalaï-lama en Inde en 1959. De plus, le pays est affaibli par le Grand Bond en avant et la Révolution culturelle.
La Chine garde toutefois une certaine influence idéologique, notamment auprès de milieux intellectuels occidentaux se revendiquant du maoïsme. Le « Petit Livre rouge », traduit dans de nombreuses langues, est largement diffusé.
Lors du mouvement social de mai 1968 en France, de nombreux étudiants, déçus du communisme soviétique, se réclament du maoïsme.
La sortie de l'isolement
Le rapprochement avec l'Occident
En 1964, de Gaulle, qui veut se démarquer des États-Unis dans le cadre de la guerre froide, reconnaît officiellement la RPC.
Un rapprochement s'effectue également avec les Américains pour plusieurs raisons. D'une part, la Chine est dans un état désastreux et a besoin d'aide. De plus, le régime chinois est menacé par le conflit engagé avec l'URSS, ennemie des États-Unis.
Zhou Enlai fait des démarches auprès des Américains afin d'établir des relations diplomatiques. Kissinger, un diplomate américain, se rend en Chine en 1971, et le président Nixon fait une visite du pays en 1972. En 1971, la RPC intègre l'ONU à la place du régime nationaliste de Taïwan. Ce rapprochement facilite la fin de la guerre du Vietnam et permet la signature des accords de Paris en 1973. Les États-Unis reconnaissent officiellement la Chine en 1978.
Un pays peu puissant
Malgré la fin de l'isolement diplomatique, la Chine reste un pays très fragile au début des années 1970.
La politique du pays a entraîné la mort de plusieurs dizaines de millions de personnes et désorganisé le pays. De plus, son influence internationale et régionale est très faible. Ainsi, le régime maoïste du Cambodge est renversé par les Vietnamiens alliés aux Soviétiques.
Par ailleurs, la pauvreté et les conditions de vie très précaires touchent la grande majorité de sa population et sont aggravées par l'essor démographique qui amplifie les besoins en nourriture et en équipements.
Modernisation et ouverture (1976 - 1992)
Les politiques d'ouverture
Les Quatre Modernisations
En 1976, Mao et Zhou Enlai meurent.
En 1978, Deng Xiaoping prend le pouvoir : sa politique marque une rupture avec le régime précédent. Il dénonce le retard économique pris par la Chine. Il remarque que des pays voisins comme la Corée du Sud et Taïwan, caractérisés par une économie capitaliste, ont atteint un haut niveau de vie.
Deng Xiaoping propose alors plusieurs réformes visant à moderniser le système économique du pays et instaure un « socialisme de marché ». Il entreprend la mise en place des Quatre Modernisations dans l'agriculture, l'industrie, la recherche et la défense.
Dans l'agriculture, il permet le libre usage des terres sans pour autant en autoriser la possession privée. Dans l'industrie, il donne de l'autonomie aux entreprises d'État et autorise les entreprises privées. Il réhabilite et libère certains opposants politiques. Toutefois, il ne démocratise pas le pays.
L'ouverture internationale du pays
La politique de modernisation voulue par Xiaoping s'appuie sur une ouverture de l'économie chinoise à l'international.
Il veut attirer les capitaux étrangers et notamment ceux de la diaspora chinoise. Il profite de la main-d'œuvre chinoise abondante et peu chère pour faire de la Chine un « pays-atelier ». Il espère aussi pouvoir bénéficier d'un transfert de technologies.
Il crée des Zones économiques spéciales (ZES) installées le long des côtes orientales de la Chine.
Il multiplie également les accords commerciaux avec les pays étrangers et permet la réalisation d'échanges universitaires.
Par ailleurs, les exportations chinoises augmentent. La Chine, qui enregistre des taux de croissance avoisinant les 10 %, devient un acteur incontournable dans le commerce international. Elle fait d'ailleurs son entrée au sein de la Banque mondiale et du FMI en 1980.
Zones économiques spéciales (ZES)
Les zones économiques spéciales sont des espaces dans lesquels les entreprises bénéficient d'un régime juridique particulier avec notamment une fiscalité avantageuse.
Le district de Pudong à Shanghaï fait partie des ZES.
La crise des années 1989 à 1992
Malgré la modernisation et l'enrichissement de la Chine, les inégalités sociales perdurent et le régime rejette toujours la démocratisation.
À la fin des années 1980, les équilibres internationaux se modifient avec la crise que traverse l'URSS. En effet, les réformes entreprises par Gorbatchev dans le cadre de la glasnost provoquent une libéralisation de la vie politique en URSS avec la fin du parti unique, le rétablissement d'élections libres et l'instauration de la liberté d'expression. L'URSS vacille, les démocraties populaires se détachent du régime soviétique.
Les étudiants chinois espèrent une propagation de cette libéralisation à l'ensemble du monde communiste. Le 4 juin 1989, ils organisent sur la place Tian'anmen une manifestation qui est réprimée avec violence. Le bilan fait état de plus de 2 000 morts.
Les pays occidentaux stoppent leurs relations diplomatiques avec la Chine en guise de protestation. Cependant, les intérêts économiques ont raison de ces protestations et les relations sont rétablies en 1992.
La Chine, une grande puissance mondiale
Un géant économique
Les modernisations effectuées par le gouvernement chinois ont permis à la Chine de s'intégrer pleinement dans la mondialisation. Elle est désormais la deuxième puissance économique mondiale et représente 16 % du PIB mondial. On la considère comme le moteur économique principal de l'Asie de l'Est, la zone la plus dynamique au monde.
Depuis 2011, la Chine est également le premier pays exportateur et le second pays importateur. Ses ports de commerce maritime occupent les premières places dans le classement mondial. Plus grand pays-atelier au monde, elle développe aussi la production de biens de haute technologie.
Exportant plus qu'elle n'importe, la Chine est détentrice de nombreuses devises étrangères. Cela lui a permis de racheter une partie des dettes de plusieurs pays, dont celle des États-Unis, et de devenir ainsi l'un des plus gros créanciers au monde.
En 2001, la Chine intègre l'OMC.
Le poids politique croissant de la Chine
En Chine, l'idéologie officielle a évolué. Désormais, le nationalisme règne. Il est en effet difficile de continuer à se revendiquer du marxisme alors que l'économie est devenue capitaliste.
Le poids commercial croissant de la Chine, ses besoins d'approvisionnement en matières premières et sa rhétorique nationaliste ont pour conséquence une affirmation politique de la Chine à l'échelle régionale et mondiale :
- Elle bénéficie de la rétrocession de Hong Kong en 1997 et de celle de Macao en 1999.
- Elle entreprend une modernisation de son armée en développant le nucléaire militaire. Sa marine de guerre est déployée dans les mers voisines.
- La Chine joue également un rôle dans les institutions internationales. Avec les principaux pays émergents, elle fait partie du groupe des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et de l'Organisation de coopération de Shanghai qui regroupe des pays asiatiques.
- Le pays participe aussi à des missions de paix sous mandat de l'ONU.
- Par ailleurs, la Chine se lance dans l'exploration spatiale. En 2003, elle envoie son premier taïkonaute dans l'espace.
- Enfin, elle multiplie l'organisation de rencontres internationales prestigieuses sur son territoire.
En 2008, la Chine organise les Jeux olympiques puis, en 2010, l'Exposition universelle de Shanghai.
Les limites de la puissance chinoise
Les limites économiques et sociales
La Chine est la deuxième puissance économique mondiale grâce à son PIB mais elle continue de faire partie des pays émergents.
Elle doit affronter des problèmes sociaux de premier ordre. En effet, malgré des progrès considérables, une grande partie de la population chinoise vit toujours dans la pauvreté. Les inégalités sont en constante augmentation. Ainsi, des millions de travailleurs venus des campagnes vivent en ville dans le dénuement le plus total et le monde rural est encore sous-développé. On constate d'ailleurs que la Chine se classe au 101e rang mondial pour son niveau de développement (IDH) et au 93e pour son PIB par habitant.
De plus, la politique de l'enfant unique, instaurée en 1979, a permis au pays de réduire sa croissance démographique, mais il y a désormais un déséquilibre des sexes. En effet, les familles préfèrent que leur enfant unique soit un garçon, ce qui a provoqué de nombreux avortements d'embryons de sexe féminin. Cela entraîne également un vieillissement rapide de la population. Pour ces raisons, la Chine a assoupli la politique de l'enfant unique en 2013 et a annoncé son abolition en 2015.
Enfin, bien que le pays ait progressé dans sa connaissance en hautes technologies, il reste derrière les pays anciennement industrialisés.
Les limites politiques
Le principal problème de la Chine reste le poids prépondérant du PCC et le manque de démocratie :
- Les médias sont contrôlés et censurés.
- Le pays détient le record mondial du nombre de condamnations à mort (plusieurs milliers chaque année).
- Les journalistes et les militants des Droits de l'homme sont persécutés et enfermés.
Liu Xiaobo, prix Nobel de la paix en 2010, fut emprisonné de 2009 jusqu'à sa mort en 2017.
Ni l'ancien président de la RPC, Hu Jintao, ni le nouveau, Xi Jinping, n'ont entrepris de réelles réformes pour démocratiser le pays.
De plus, la Chine n'accepte aucune ingérence sur la question du Tibet, mais elle est confrontée, depuis quelques années, à des actions terroristes dans la province du Xinjiang.
Enfin, le pays est perçu comme une puissance menaçante :
- Des tensions éclatent régulièrement entre la Chine et le Japon à propos de la revendication territoriale des îles Senkaku.
- La Chine revendique toujours le retour de Taïwan au sein de la RPC.
- La Chine a également des revendications territoriales en mer de Chine orientale et occidentale.
- Il existe toujours des sujets de discorde avec l'Inde concernant des tracés frontaliers.