Sommaire
ILes facteurs de l'accroissement des flux et leur polarisationAL'accroissement des fluxBLes facteurs de l'accroissement des fluxCLa polarisation des flux dans le mondeIILa métropolisation et la littoralisation des espaces productifsALes métropoles privilégiées par la mondialisationBLes littoraux, des espaces productifs majeurs à l'échelle mondialeÀ l'échelle mondiale, on observe un accroissement des flux de différentes natures. Les raisons en sont multiples. Ces flux sont polarisés par les espaces les plus riches : les métropoles et les littoraux.
Comment la mondialisation favorise-t-elle la concentration des espaces de production dans les métropoles et sur les littoraux ?
Les facteurs de l'accroissement des flux et leur polarisation
L'accroissement de flux divers à l'échelle mondiale s'explique notamment par la libéralisation des économies, le développement des transports et la DIPP. Les flux restent polarisés par les espaces les plus riches.
L'accroissement des flux
Les échanges commerciaux (marchandises, services, informations) connaissent une forte progression dans le monde.
Les flux de marchandises (produits primaires ou produits manufacturés) représentent 77 % des échanges mondiaux. Leur volume a été multiplié par 8 depuis les années 1980, surtout pour les produits manufacturés. La progression des échanges est globale mais n'est pas linéaire en cas de crise. Après la crise de 2008, les échanges mondiaux se sont contractés entre 2011 et 2016.
Les flux immatériels, flux de services (finances, transports, services aux entreprises) représentent 23 % des échanges mondiaux. Ils connaissent une forte croissance, notamment pour les flux de capitaux : on parle de financiarisation du monde.
Les flux d'informations explosent grâce au réseau Internet. On compte 4 milliards d'internautes dans le monde.
Les facteurs de l'accroissement des flux
La croissance des flux à l'échelle de la planète s'explique principalement par la libéralisation des échanges, les progrès dans les transports et enfin la nouvelle Division internationale du travail.
La libéralisation des échanges explique en partie l'accroissement des flux. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale (1945), de nombreux États ont accepté de réduire leurs tarifs douaniers dans le cadre des accords du GATT. Cela a continué depuis 1995 avec les accord de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Les pays négocient également la baisse des tarifs douaniers dans le cadre d'organisations régionales (Union européenne, MERCOSUR, ALENA) et par le biais de traités bilatéraux à l'image du CETA signé entre l'Union européenne et le Canada.
Les progrès dans les transports facilitent les échanges :
- Le transport aérien s'est fortement développé : il permet une mise en relation rapide de divers espaces de la planète.
- Le transport maritime assure 90 % des échanges de marchandises dans le monde. Son coût a fortement diminué en raison de différents progrès : les navires se sont spécialisés (méthanier, vraquier, porte-conteneurs), la conteneurisation s'est généralisée à l'ensemble de la planète, la taille des navires et des installations portuaires a augmenté. Le rapport coût-distance-temps s'est nettement amélioré depuis une trentaine d'années.
- Pour les matières premières, en plus des navires, les réseaux de tubes (oléoducs, gazoducs) se sont fortement étendus.
- Les réseaux de télécommunication se sont densifiés avec le déploiement de câbles sous-marins en fibre optique et de data centers, permettant des échanges de données toujours plus rapides et volumineux. Ils facilitent les transactions financières en quelques secondes.
L'accroissement des échanges s'explique également par la DIPP, la décomposition d'un processus de production en plusieurs tâches (ou étapes) effectuées par une FTN, ses filiales et/ou des entreprises sous-traitantes, dans différents lieux sur la planète. Certains pays se sont positionnés comme des « ateliers du monde » ce qui a poussé à la mise en place de nouveaux systèmes productifs à l'échelle mondiale.
La polarisation des flux dans le monde
En dépit de l'émergence de certains États et de leur intégration dans la mondialisation, les flux commerciaux restent très polarisés en Amérique du Nord, en Europe et en Asie orientale.
La polarisation des flux d'échanges dans le monde
La distribution géographique des flux d'échanges est fortement polarisée à l'échelle mondiale. Trois pôles concentrent plus de la moitié de ces échanges :
- l'Union européenne, premier pôle commercial de la planète ;
- l'Asie orientale : Chine, Corée du Sud, Japon ;
- l'Amérique du Nord.
Dans le domaine financier :
- Près de 29 % des IDE sont captés par deux pays : les États-Unis et la Chine. Les dix premières bourses mondiales, dont New York (NYSE et NASDAQ), Tokyo, Shanghai, Hong Kong, Londres, Euronext (Paris-Amsterdam), Shenzhen, Toronto et Francfort, assurent 80 % de la capitalisation boursière mondiale.
- Les autres pays du monde peinent à se faire une place dans le commerce mondial. Certains pays émergent, mais leur poids dans le commerce mondial reste modeste : l'Inde, pourtant 6e économie mondiale, représente moins de 3 % du commerce mondial. Les 47 Pays les moins avancés (PMA) génèrent moins de 1 % du commerce mondial.
La part des flux intra-régionaux (ou intra-zone) majoritaires à 52 % diminue. Les pays de l'Union européenne privilégient les échanges à l'intérieur de leur zone économique. Dans cet espace, les deux tiers des échanges sont intra-zone.
La métropolisation et la littoralisation des espaces productifs
Les espaces productifs sont concentrés dans les métropoles et sur les littoraux, qui sont privilégiés par la mondialisation. On parle de métropolisation et de littoralisation des espaces productifs.
Les métropoles privilégiées par la mondialisation
La croissance des flux profite avant tout aux métropoles qui accueillent les principaux espaces productifs de la planète et pilotent l'économie mondiale. En effet, la plupart des métropoles sont des hubs, des carrefours de flux et d'échanges. Les métropoles les plus dynamiques sont celles de l'Archipel mégalopolitain mondial. Les métropoles se transforment : agrandissement, étalement, etc.
La plupart des métropoles sont des hubs qui permettent aux entreprises de mieux s'insérer dans les réseaux mondiaux et de rayonner à toutes les échelles : nationale, continentale et mondiale. Ces métropoles sont donc attractives pour les entreprises. Elles concentrent les activités de haut niveau, des services aux entreprises (finance, assurance, publicité, marketing, consulting), des services rares dans les domaines de la conception, la recherche et l'innovation. Les FTN peuvent s'appuyer sur une main-d'œuvre qualifiée mais également sur un large marché de consommateurs aux revenus élevés.
Les littoraux, des espaces productifs majeurs à l'échelle mondiale
La mondialisation privilégie les façades maritimes qui jouent le rôle d'interfaces entre les arrière-pays et le reste du monde. Les ports se développent, le tourisme littoral également. Une compétition s'installe entre les différentes façades maritimes.
La mondialisation des échanges et la croissance des flux favorisent une maritimisation des activités productives. De grandes façades littorales sont devenues des territoires dynamiques de la mondialisation : elles jouent un rôle d'interface en permettant de connecter leur arrière-pays appelé hinterland au reste du monde. Ce sont les pôles d'échanges les plus dynamiques qui concentrent les façades maritimes les plus actives de la planète. Les plus importantes au monde sont :
- la façade de la mer de Chine ;
- la Northern Range en Europe du Nord ;
- le littoral japonais ;
- la façade de la Mégalopolis américaine ;
- la côte ouest nord-américaine.
La Northern Range est constituée d'un alignement de ports s'étendant du Havre jusqu'à Hambourg. Elle est la principale interface entre l'Union européenne et le reste du monde. Elle permet d'irriguer le vaste hinterland de l'Europe rhénane.
La Northern Range, une interface majeure entre l'Union européenne et le reste du monde
Croquis sur les ports de la rangée nord-européenne, juin 2013, © Wikipédia
D'autres façades maritimes sont en formation. Elles sont situées pour la plupart dans des pays émergents qui s'intègrent dans les échanges mondiaux de marchandises comme la façade littorale du Sud-Est du Brésil.
La plupart des grands ports mondiaux cherchent à devenir des hubs pour permettre une redistribution des flux, à l'échelle nationale ou continentale. Des plateformes logistiques multimodales s'y développent donc afin de faciliter le passage d'un mode de transport à l'autre : mer, voie fluviale, voie ferrée, route. Les vingt premiers ports mondiaux assurent la moitié du trafic mondial. Les ports asiatiques sont en plein essor et captent 40 % du trafic de conteneurs. Cette compétition mondiale oblige les ports à se moderniser afin d'optimiser les temps de chargement et de déchargement : ils s'équipent d'avant-ports pour accueillir les plus gros navires, les infrastructures se modernisent pour faciliter la multimodalité et s'automatisent pour permettre aux FTN de suivre en temps réel le transport de leurs marchandises et d'ajuster leur production.
Le port de Singapour est un hub portuaire d'envergure mondiale.
Singapour, hub mondial
© Wikimedia Commons
Les aménagements touristiques contribuent à rendre certains littoraux particulièrement dynamiques à l'échelle mondiale : Bassin méditerranéen, Caraïbes ou littoraux de la mer de Chine. Ces façades maritimes sont des territoires dynamiques de la mondialisation. Elles connaissent une forte croissance économique et démographique, avec la concentration d'activités productives. 40 % de la population mondiale vit à moins de 60 kilomètres de la mer. Ces espaces s'urbanisent : c'est souvent à proximité des littoraux que les mégalopoles se sont développées.
Au sud-est du Brésil, une mégalopole est en train d'émerger entre Sao Paulo et Rio de Janeiro sur près de 2 000 kilomètres. Elle deviendra la première mégalopole de l'hémisphère Sud.