Sommaire
IL'urbanisation récente de la ChineAUne population urbaine liée à l'exode rural1Une population essentiellement urbaine2Une urbanisation liée à l'exode ruralBLes conséquences de l'urbanisation1L'étalement des villes et la réorganisation du réseau urbain2Des inégalités sociales3Des inégalités spatiales4La réduction des campagnesIIUn territoire dominé par les grandes métropolesADes métropoles intégrées à l'archipel métropolitain mondialBLe poids de ShanghaiIIILa littoralisation des espaces productifsALa concentration des habitants et des activités sur les littorauxBLe littoral chinois : une interface majeure de la mondialisation1Une interface de puissance régionale2Une interface mondialeL'affirmation de la Chine comme grande puissance économique s'accompagne d'importantes mutations : développement des villes et des littoraux, transformation des espaces ruraux. Ces mutations ne se font pas sans tensions.
Quelles sont les principales mutations territoriales qui accompagnent l'affirmation de la Chine comme grande puissance économique ?
L'urbanisation récente de la Chine
L'urbanisation de la Chine est récente, la population chinoise est majoritairement urbaine depuis 2011 seulement. Elle est toutefois très rapide et transforme le territoire.
Une population urbaine liée à l'exode rural
Une population essentiellement urbaine
La population chinoise est essentiellement urbaine aujourd'hui : plus de 800 millions de Chinois vivent en ville en 2018.
L'évolution du taux d'urbanisation en Chine
© Banque mondiale, 2019
Si le taux d'urbanisation de la Chine reste inférieur à celui des pays les plus développés (plus de 80 à 90 %), l'augmentation de la population vivant en ville a été très forte depuis les années 1980, passant de moins de 20 % à près de 60 % actuellement.
Les provinces les plus marquées par l'urbanisation se situent le long des littoraux et dans les régions qui ont le plus profité de l'industrialisation de la Chine et de son ouverture à la mondialisation.
La superficie de la ville de Shanghai a été multipliée par 25 depuis 1980. Elle a été décuplée entre 1980 et 2010, puis elle a encore plus que doublé au cours des dix dernières années.
La superficie de la ville de Shanghai depuis 1980
© Géoconfluences
Une urbanisation liée à l'exode rural
La croissance démographique des villes-centres et des villes nouvelles résulte moins de l'accroissement naturel que de l'arrivée de nouveaux habitants venus des campagnes.
L'évolution de la population rurale chinoise depuis 1960
© Banque mondiale, 2019
Les populations rurales ont quitté les campagnes avec l'espoir de trouver un emploi et de meilleures conditions de vie dans les villes où les entreprises avaient besoin d'une main-d'œuvre abondante.
Le nombre de migrants ruraux est passé de 2 millions au milieu des années 1980 à environ 300 millions en 2018.
Les ruraux se sont d'abord installés dans les villes du Sud et du littoral, c'est-à-dire les villes les plus prospères. Les migrants privilégient désormais les villes plus proches de leur domicile, de façon à garder un lien familial et social avec leur village.
Les conséquences de l'urbanisation
Les conséquences de l'urbanisation en Chine sont l'étalement des villes et la réorganisation du réseau urbain, ainsi que l'augmentation des inégalités sociales et spatiales. Les campagnes tendent à se réduire.
L'étalement des villes et la réorganisation du réseau urbain
Cette urbanisation s'est accompagnée d'un important agrandissement des surfaces occupées par les villes et d'une réorganisation du réseau urbain.
En périphérie des principales mégapoles se sont développées des villes satellites destinées à accueillir de nouvelles activités industrielles et de nouveaux habitants. Les paysages de ces villes se caractérisent par la multiplication de grands immeubles collectifs, quelques quartiers pavillonnaires, des parcs, des centres commerciaux et des zones industrielles et commerciales périphériques.
Pour relier ces villes aux villes-centres, l'automobile est le moyen de déplacement privilégié par les habitants. Un réseau dense d'autoroutes a été construit, ainsi qu'un réseau ferré (de type RER).
La ligne ferroviaire 9 relie la ville nouvelle Songjiang (la ville la plus peuplée de la banlieue éloignée de Shanghai, avec plus de 1,5 million d'habitants) à la ville-centre, Shanghai. 35 000 usagers l'empruntent chaque jour.
La station ferroviaire de Songjiang
© Wikimedia Commons
Des inégalités sociales
Les migrants venus des campagnes n'ont pour la plupart ni diplôme ni qualification. Ils apparaissent souvent comme des citoyens de seconde zone au sein des villes et subissent de nombreuses discriminations.
7 millions de migrants, soit un quart de la population totale de Shanghai, occupent des emplois pénibles, dangereux et mal rémunérés. Il n'y a pas de bidonvilles en Chine, mais les conditions de logement de ces migrants sont très précaires.
Certains migrants logent dans des dortoirs collectifs sur leur lieu de travail.
Les migrants subissent de multiples discriminations :
- Une discrimination de la langue : Les migrants de provinces éloignées parlent parfois un dialecte différent de celui de la ville dans laquelle ils s'installent.
- Une discrimination médiatique : De nombreux médias associent les migrants au surpeuplement, à la délinquance, à la violence, créant un sentiment de défiance au sein de la population locale.
- Une discrimination administrative : Le hukou est à la fois un passeport et un livret de famille distribué aux habitants qui ont ainsi le statut de résident permanent. Les nouveaux habitants venus des campagnes qui ne disposent pas du hukou de la ville dans laquelle ils s'installent ont par conséquent moins de droits que les populations autochtones (accès limités aux services publics, protection sociale plus faible).
Des inégalités spatiales
L'urbanisation se fait au détriment des habitants des vieux quartiers centraux des grandes villes. Les grandes métropoles veulent être les vitrines de la croissance de la Chine. Les autorités font donc construire de nouveaux bâtiments modernes symboles des succès économiques, et les quartiers traditionnels sont détruits.
Les quartiers anciens qui ne sont pas détruits se retrouvent de plus en plus enclavés par les nouveaux bâtiments modernes. Les vieux quartiers sont occupés par des populations modestes, des migrants ruraux, tandis que les nouveaux immeubles modernes sont des tours de bureaux, des centres commerciaux et des immeubles résidentiels réservés à la nouvelle classe aisée.
Vue d'un centre commercial moderne depuis un quartier historique du centre-ville de Pékin
© Flickr
La réduction des campagnes
Le développement croissant des villes entraîne la réduction continue des terres cultivables. Depuis les années 1990, plusieurs millions de terres agricoles ont disparu du fait de l'urbanisation. Cette réduction est problématique à l'heure où la Chine est confrontée à un défi alimentaire majeur.
Les campagnes périurbaines sont les plus touchées. On y observe :
- des constructions d'immeubles ;
- la multiplication des industries ;
- la création de centres commerciaux ou de nouveaux espaces de loisirs ;
- les aménagements d'infrastructures de transport.
Cette réduction des terres agricoles accentue le défi alimentaire auquel la Chine est de plus en plus confrontée. Pour limiter l'impact de l'urbanisation et récupérer des terres cultivables perdues, des villages sont détruits et remplacés par de nouvelles parcelles agricoles. Des activités agricoles se développent également au cœur du tissu urbain, où la moindre petite parcelle encore cultivable est exploitée.
Un territoire dominé par les grandes métropoles
La Chine est dominée par des grandes métropoles qui ont une importance mondiale.
Des métropoles intégrées à l'archipel métropolitain mondial
Les trois principales métropoles chinoises sont Pékin, Hong Kong et Shanghai. Elles sont intégrées à l'archipel métropolitain mondial.
Les principales métropoles mondiales
- Pékin (aussi appelée Beijing, 20 millions d'habitants) est la capitale nationale. Elle est le siège des pouvoirs administratifs et politiques ainsi que des principaux pouvoirs décisionnels dans le domaine économique (ministères, banques, sièges sociaux de grands groupes industriels).
- Hong Kong (7 millions d'habitants) est un pôle économique qui joue un rôle important dans l'intégration de la Chine dans la mondialisation.
- Shanghai (plus de 24 millions d'habitants) est désormais la première métropole mondiale chinoise. Son dynamisme contribue à la littoralisation des activités en Chine mais profite également à des territoires de l'arrière-pays.
Depuis les années 1990, la métropolisation chinoise concerne également un réseau de plus petites villes côtières comme Canton, Dalian ou Tianjin. Ces villes contribuent à faire de la Chine une aire de puissance émergente dans la mondialisation. Les habitants constituent une main-d'œuvre bon marché pour les usines d'assemblage des multinationales étrangères.
Le poids de Shanghai
Shanghai est le moteur de la croissance chinoise, on y trouve le quartier des affaires de Pudong. C'est une mégapole, la plus peuplée de Chine, et la troisième plus grosse sur le plan mondial.
La croissance de la population de Shanghai a été spectaculaire.
La ville comptait 7,8 millions d'habitants en 1990. Aujourd'hui, elle en compte 24 millions.
Le PIB de Shanghai a atteint 400 milliards de dollars en 2016. La ville produit environ 5 % du PIB de la Chine.
Shanghai mise de plus en plus sur les nouvelles technologies dans le but de rester un moteur économique de croissance important.
Le parc technologique de Zhanjiang rassemble de multiples sociétés, chinoises ou étrangères, de grandes compagnies aussi bien que des start-up, qui multiplient les travaux de recherche et les avancées dans les domaines de la biotechnologie, de la chimie, de l'automobile et de l'informatique.
Le quartier des affaires de Pudong symbolise l'intégration de la ville au réseau des métropoles mondiales. En trente ans, ce quartier a connu une transformation spectaculaire, avec la construction de plus de 500 gratte-ciels. Pudong rassemble des bureaux et des sièges sociaux de grandes entreprises transnationales chinoises et étrangères. Des activités tertiaires se développent également, avec des centres commerciaux, des hôtels de luxe, de nombreux musées ou encore le Shanghai Disney Resort.
Le quartier des affaires de Pudong, Shanghai
© Wikimedia Commons
La littoralisation des espaces productifs
Les espaces productifs en Chine se concentrent de plus en plus sur les littoraux. Le littoral chinois est une interface majeure de la mondialisation.
La concentration des habitants et des activités sur les littoraux
Les espaces les plus peuplés de Chine sont les littoraux le long desquels se concentrent les grandes villes du pays. C'est dans ces territoires que se concentrent les activités économiques du pays.
La concentration de la population sur les littoraux s'explique par une géographie et des conditions climatiques complexes sur le reste du territoire : des montagnes, des collines ou des zones à risques.
Les densités de peuplement concentrées sur le littoral
La littoralisation a entraîné la construction de vastes ZIP (Zones industrialo-portuaires) agro-industrielles, devenues des pôles majeurs du commerce maritime mondial. Shanghai dispose de plusieurs ports, construits successivement :
- Le port historique de Wusongkou est situé à l'intérieur de l'agglomération. C'est un ancien port militaire et commercial, qui rassemble des chantiers navals et des entrepôts.
- Le port de Waigaoqiao est aménagé sur l'estuaire du Yangzi pour concurrencer celui de Hong Kong. Des chantiers navals et des espaces de stockage ont été construits, ainsi qu'une zone d'industries sidérurgiques, des raffineries de pétrole et des industries chimiques.
- Le port de Yangshan est construit au large du littoral et est relié à la ville par le pont le plus long du monde (pont de Donghai, 32 kilomètres). Ce port de commerce permet à Shanghai de détrôner Singapour comme premier port de conteneurs du monde. Depuis 2015, c'est le deuxième port mondial pour le volume total de marchandises.
Le port de Yangshan et le pont de Donghai
© Wikimedia Commons
Le littoral chinois : une interface majeure de la mondialisation
Le littoral de la Chine est une interface (zone de contact entre différents territoires) importante au niveau régional mais également au niveau mondial, ce qui en fait une interface majeure de la mondialisation.
Une interface de puissance régionale
La Chine est une puissance majeure de l'Asie orientale, elle multiplie les échanges avec ses voisins (Japon, Corée du Sud, Singapour et Taïwan).
Les pays d'Asie orientale réalisent plus de 40 % de leurs exportations vers la Chine et plus de 50 % de leurs importations en provenance de la Chine. Le trafic est particulièrement dense sur les mers de Chine méridionale et orientale.
L'essentiel des capitaux étrangers investis en Chine dans les régions littorales provient des firmes d'Asie orientale : les entreprises du Japon, de Taïwan, de Corée du Sud, de Singapour ont déplacé vers le littoral chinois leurs activités d'assemblage. Les produits « made in China » sont ensuite exportés vers les pays d'Asie, d'Amérique du Nord et d'Europe.
Aires de puissances et flux de marchandises en Asie orientale
Une interface mondiale
Le littoral chinois est également une interface mondiale qui permet à la Chine de s'affirmer sur le plan international et d'être un acteur majeur de la mondialisation.
Pour favoriser son intégration à la mondialisation, la Chine a d'abord créé des Zones économiques spécialisées (ZES), des espaces qui bénéficient de conditions juridiques spéciales. Ces zones sont attractives pour les IDE (Investissements directs étrangers). Les 4 premières ZES ont été instaurées dès 1979. La Chine compte désormais 6 ZES. Elles représentent :
- plus de 20 % du PIB chinois ;
- plus de 40 % des IDE en Chine ;
- plus de 60 % des exportations du pays.
La ZES de Shenzhen est devenue une mégapole de plus de 12 millions d'habitants et le principal pôle chinois dans le domaine de la haute technologie. Plus de 2 200 entreprises de ce secteur y sont installées, dont Huawei (téléphonie), Tencent (Internet) et des milliers d'usines qui produisent des composants électroniques, des écrans tactiles, etc.
Les métropoles chinoises qui contribuent à l'intégration de la Chine dans la mondialisation sont pour l'essentiel dotées de grands ports de commerce maritime.
Ces ports représentent plus de 80 % du commerce de marchandises dans le monde.
Les 10 premiers ports du monde en 2015-2017
© lantenne.com