Sommaire
IUn espace aux fortes contraintesALes contraintes des mondes arctiquesBUn espace de plus en plus intégré aux grandes routes maritimesIIUn espace aux ressources convoitéesALes richesses des mondes arctiquesBUn espace divisé politiquementCUn espace de tensionsIIILes mondes arctiques : un enjeu pour les équilibres internationauxAUn espace et des populations vulnérablesBQuelle coopération internationale pour répondre aux enjeux environnementaux ?L'Arctique est un espace très contraignant au vu de son climat froid. La banquise, le permafrost et la nuit polaire rendent difficile l'occupation des mondes arctiques par les hommes. Toutefois, la présence d'importantes ressources (pêche, hydrocarbures), ainsi que l'ouverture de routes maritimes liées au réchauffement climatique en font une région qui suscite de plus en plus l'intérêt de ses États riverains.
En conséquence, des tensions naissent entre ces derniers, qui privilégient l'exploitation des ressources et la sécurisation militaire de leurs points de passage stratégiques. L'Arctique est aussi un espace très vulnérable, exposé aux pollutions et au réchauffement climatique. Des initiatives sont prises afin de protéger certains espaces des zones arctiques.
Un espace aux fortes contraintes
Les contraintes des mondes arctiques
L'Arctique, région située aux alentours du pôle Nord, est un espace de climat polaire : le froid y est permanent et peut atteindre -60°C en hiver.
Ces températures rigoureuses sont contraignantes :
- La plupart du temps, les terres sont couvertes de glace. Chaque année, pendant environ neuf mois, la glace recouvre une partie des mers et forme une banquise. La moitié de la banquise fond en été mais la partie centrale ne dégèle jamais.
- Certaines terres ne sont pas couvertes de glace toute l'année. Le permafrost est un sol gelé en permanence et parfois jusqu'à 600 mètres de profondeur comme en Sibérie. La surface peut dégeler en été et se transformer en marécage ; l'agriculture y est donc impossible.
- La végétation est donc extrêmement réduite : seule la toundra (végétation de mousses, lichens, fougères) caractérise certains espaces.
Le pergélisol (ou permafrost) est un sol gelé tout au long de l'année, empêchant toute forme d'agriculture.
Le pergélisol
Hannes Grobe via Wikimedia Commons
Il existe enfin un contraste beaucoup plus important entre la durée du jour et de la nuit : l'hiver, le soleil peut disparaître pendant plusieurs jours voire plusieurs mois à l'extrême nord de l'Arctique (nuit polaire).
L'Arctique est donc un espace peu habité avec 4 millions d'habitants surtout présents dans des villes. La plupart sont des descendant des Européens venus s'installer dès le Moyen Âge et d'autre peuples sont indigènes comme les Inuits. Ces populations ont développé leur civilisation et leurs pratiques de chasse et d'élevage.
Un espace de plus en plus intégré aux grandes routes maritimes
Le réchauffement de la planète a été particulièrement important dans les régions arctiques depuis le XXe siècle (+3 °C contre +0,6 °C dans le reste du monde), et il s'est accéléré depuis les années 1990.
Cette hausse des températures provoque une fonte des glaces et donc une réduction des espaces couverts de glace. Si les scientifiques débattent de la vitesse à laquelle la calotte glaciaire fond, ils s'accordent sur l'idée qu'elle est en voie de réduction rapide.
La fonte des glaces a pour conséquence directe d'ouvrir de nouvelles routes maritimes plus courtes entre l'Europe du Nord, l'Asie et les États-Unis. Ces nouveaux espaces navigables comporteraient de nombreux avantages :
- Ils permettraient notamment d'éviter des détours par les canaux de Suez, de Panama et par le cap Horn et le cap de Bonne Espérance.
- En plus d'être moins longues, ces routes maritimes passent plus près que les routes traditionnelles vers les principaux marchés de la planète comme l'Europe ou l'Amérique du Nord.
- Enfin, ils permettraient d'éviter le passage par des zones rendues périlleuses à la navigation à cause de la piraterie qui sévit, dans le golfe d'Aden notamment.
Par les routes du nord, les trajets entre l'Europe et l'Asie seraient réduits de 30 à 40%.
Les nouvelles routes maritimes en Arctique
Toutefois, ces nouvelles routes maritimes demeurent contraignantes et risquées :
- Le gain en distance pourrait être annulé par la nécessaire réduction de vitesse pour les navires empruntant ces routes.
- De plus ces navires devraient être plus petits, mieux équipés et comprendre un équipage plus qualifié.
- À cela s'ajoutent les difficultés d'intervenir pour aider un bateau en détresse dans la zone.
- Le risque de heurter une glace dérivante augmente sensiblement les risques d'accident et de pollution.
Un espace aux ressources convoitées
Les richesses des mondes arctiques
La région arctique dispose d'importantes ressources dans ses sous-sols marins et terrestres ainsi que dans son espace maritime.
Les estimations font de la zone arctique une des principales réserves d'hydrocarbures au monde :
- 13% des réserves de pétrole
- 30% des réserves de gaz naturel
Il existerait aussi de nombreux minerais présent dans le sol comme le nickel, le cuivre, le palladium, les diamants, le zinc, l'or, etc.
De nombreux projets existent quant à l'exploitation par le biais des plates-formes offshore dans des zones encore inexploitées. Mais il faut tenir aussi compte des contraintes qui rendent l'exploitation de ces richesses très coûteuse.
Les ressources halieutiques de la région arctique font l'objet d'une attention accrue, la fonte des glaces permettant l'accès à de nouvelles zones de pêche riches. Bien que l'ensemble des ressources de ce type ne soit pas connu, certaines espèces de la zone sont particulièrement convoitées comme la morue, le colin, l'aiglefin, le merlan bleu, le hareng et le capelan.
Ressources halieutiques
Les ressources halieutiques sont l'ensemble des ressources animales et végétales des milieux marins exploités par l'Homme.
Un espace divisé politiquement
L'évolution de la situation de la région arctique fait naître de nouvelles tensions et concurrences entre les États riverains : Canada, États-Unis, Danemark (Groenland), Norvège, Russie.
- La Russie est l'un des pays les plus concernés : sa façade maritime arctique est très importante, ses régions arctiques regroupent 2 millions d'habitants et elle se situe au cœur de plusieurs routes maritimes potentielles ou déjà utilisées (détroit de Béring, route du nord-est).
- Le Canada possède également des territoires qui font partie de la zone arctique, notamment le vaste archipel arctique canadien. Ces régions arctiques regroupent plus de 100 000 habitants. Le passage maritime du nord-ouest passe au cœur de cet espace.
- La région de l'Alaska, aux États-Unis, borde l'Arctique au niveau du détroit de Béring.
- Le Danemark est particulièrement concerné par les enjeux du monde arctique puisqu'il détient le Groenland, territoire cependant autonome depuis 1979.
- La Norvège et son archipel de Svalbard bordent enfin l'espace arctique en mer de Barents.
Un espace de tensions
Le droit de la mer des Nations unies définit les eaux territoriales des États et les Zones économiques exclusives (ZEE) qui s'étendent jusqu'à 200 miles des côtes. Nombreux sont les États qui ont contesté leur ZEE, ce qui est permis par la convention, arguant de la présence d'un plateau continental qui leur permet de revendiquer des ZEE au-delà des 200 milles. Ces revendications peuvent avoir pour objectif une recherche de prestige et d'affirmation par rapport aux autres pays de la zone mais recoupent souvent des intérêts économiques. Les tensions géopolitiques entre ces États concernent des enjeux croissants à mesure que le réchauffement climatique modifie la géographie de la région arctique.
Les États-Unis et le Canada ne sont pas d'accord sur la délimitation de leurs ZEE à la frontière entre le Yukon et l'Alaska, en mer de Beaufort.
L'île Hans fait l'objet de revendications de la part du Canada et du Danemark.
Les revendications territoriales en Arctique
Face à cette montée des tensions, l'espace arctique est de plus en plus militarisé. Initié par la Russie qui a affirmé cet espace comme une point stratégique de sa défense, les États-Unis lui ont emboité le pas et ont intégré la zone dans leur bouclier anti-missile. Les navires de guerre sont d'ailleurs particulièrement présents dans les mers arctiques.
Les mondes arctiques : un enjeu pour les équilibres internationaux
Un espace et des populations vulnérables
En plus d'être particulièrement affecté par le réchauffement climatique, l'Arctique est victime de pollutions nombreuses et importantes, transportées par les courants atmosphériques et océaniques, ou encore importées par les hommes.
- Les types de pollution sont nombreux : gaz à effet de serre, produits toxiques, déchets plastiques, déchets radioactifs.
- Les sources de cette pollution sont diverses : bases scientifiques et militaires implantées sur le continent arctique, activités d'exploitation d'hydrocarbures, extractions minières, stockage de déchets dans des fosses étanches.
Les populations autochtones sont les premières victimes de la pollution et du changement climatique.
- Leur mode de vie est mis en péril : la période de chasse est de plus en plus courte, la végétation se fait plus rare pour nourrir les élevages. La confrontation au modèle occidental affaiblit par ailleurs la pérennité de leur civilisation (problèmes d'alcoolisme, fin de la transmission de la langue).
- La pollution les affecte : les populations autochtones sont particulièrement touchées par la contamination aux métaux lourds.
Quelle coopération internationale pour répondre aux enjeux environnementaux ?
Plusieurs pays et organisations cherchent à préserver et protéger l'espace arctique à travers des initiatives et des projets spécifiques :
- L'archipel norvégien du Svalbard voit un nombre croissant de ses territoires protégés par un statut de réserve naturelle ou de parc national.
- Les États polaires lancent des projets de dépollution de bases militaires abandonnées ou de sites de pollution radioactive.
Toutefois, si de nouveaux espaces protégés sont créés, les espaces dédiés à l'exploitation minière ou d'hydrocarbures, particulièrement polluants, continuent également à se multiplier.
Afin de promouvoir et d'encourager les projets de protection de l'environnement arctique, des formes de coopération entre États ont vu le jour :
- En 1996, le Conseil de l'Arctique a été créé par huit États riverains ou proches de la région (Canada, Danemark, États-Unis, Finlande, Islande, Norvège, Russie, Suède), afin de discuter et d'encourager les projets de développement durable. Le conseil n'aborde pas les questions militaires.
- L'Union européenne a créé en 1997 un programme appelé "la dimension nordique", visant à faciliter la coopération entre l'UE, la Russie, l'Islande et la Norvège pour la protection de l'environnement et des populations de la région européenne arctique.