Sommaire
ILe phénomène d'urbanisationAL'urbanisation et la transition urbaineBLes facteurs de l'urbanisationIILa croissance des villes et ses conséquencesAL'importance croissante des villes dans le mondeBLes conséquences de l'urbanisationIIILe poids croissant des métropoles dans le mondeAUn processus de métropolisation inégal1Le phénomène de métropolisation2Un processus de métropolisation inégalBLes fonctions des métropoles mondiales1Les fonctions économiques et financières2Les fonctions liées au savoir3Les fonctions politiques et diplomatiques4Les fonctions culturellesÀ l'échelle mondiale, les métropoles ont un poids considérable. Cela s'explique par un phénomène d'urbanisation croissant, qui n'est pas sans conséquence. Les villes occupent le devant de la scène mondiale, elles concentrent toutes les fonctions importantes.
Quelles places les métropoles occupent-elles dans un contexte d'urbanisation à l'échelle mondiale ?
Le phénomène d'urbanisation
Le phénomène d'urbanisation est très important dans le monde, il y a de plus en plus de villes et de plus en plus d'urbains. Cette urbanisation est liée à une transition urbaine en accélération depuis le XIXe siècle. Plusieurs facteurs expliquent l'attractivité des villes.
L'urbanisation et la transition urbaine
L'urbanisation désigne à la fois l'augmentation de la population qui vit en ville et l'extension des villes au détriment des espaces ruraux. On parle de transition urbaine pour désigner le processus au cours duquel la population citadine devient plus nombreuse que la population rurale. La transition urbaine, largement alimentée par l'exode rural, est liée au développement économique du pays.
Le processus de transition urbaine
Les facteurs de l'urbanisation
Plusieurs facteurs expliquent le phénomène d'urbanisation : la concentration des emplois, l'accroissement naturel et l'étalement urbain.
La ville attire, parce qu'elle est le lieu de la modernité, elle offre des perspectives d'emploi nombreuses et variées. Ces éléments favorisent l'exode rural.
Entre 2014 et 2018, 80 100 emplois ont été créés dans le secteur privé à Paris et dans ses alentours.
La population urbaine peut augmenter sous l'effet de l'accroissement naturel. C'est particulièrement visible dans les villes des pays en développement, où l'afflux massif de populations jeunes stimule la natalité.
Dans les grandes villes africaines, l'accroissement naturel explique en grande partie l'augmentation de la population urbaine.
Sous l'effet de leur croissance, les villes ont tendance à s'étaler dans l'espace : des petites villes ou des villages se retrouvent enserrés et intégrés à la banlieue.
Meyzieu, dans la banlieue lyonnaise, est un exemple d'étalement urbain.
La croissance des villes et ses conséquences
Depuis 2007, la ville est devenue le cadre de vie de plus de la moitié de l'humanité. Le processus d'urbanisation s'est accéléré au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Les villes grossissent de plus en plus, ce qui a des conséquences sur les hommes et sur l'environnement.
L'importance croissante des villes dans le monde
Les villes sont de plus en plus importantes dans le monde, il y a de plus en plus de citadins. On observe notamment une augmentation du nombre de villes avec plus de 10 millions d'habitants : les mégapoles. La plupart des très grosses mégapoles se situent dans les pays en développement. On observe un phénomène de macrocéphalie urbaine dans de nombreux pays : une mégapole domine toutes les autres. Dans les pays en développement, la croissance des villes est particulièrement importante.
4,2 milliards d'humains, (55 % de la population mondiale) vivent en ville. D'après l'ONU, 6,7 milliards d'individus devraient vivre en milieu urbain en 2050, soit plus des deux tiers de l'humanité.
À l'échelle mondiale, le phénomène d'urbanisation profite surtout aux grandes villes. Depuis la fin du XXe siècle, on observe une augmentation du nombre de mégapoles. On en comptait 5 en 1975, elles sont une trentaine aujourd'hui, elles devraient être 40 en 2030.
Dans le monde, on compte un peu plus de 500 villes de plus d'un million d'habitants. Leur croissance est tellement rapide qu'il est compliqué de les dénombrer avec exactitude. De plus, les recensements dans certains pays en développement sont très difficiles à établir.
L'impression de gigantisme des villes est renforcée par le fait que dans plusieurs pays en développement on observe un phénomène de macrocéphalie urbaine : une mégapole, par sa taille et par ses activités, domine très nettement toutes les autres villes du pays.
Au Pérou, la capitale Lima compte 9 millions d'habitants, soit près du tiers de la population péruvienne totale. Par ailleurs, elle est 8 fois plus peuplée que la deuxième ville du pays : Arequipa.
Lima, une ville qui concentre le tiers de la population du Pérou
Cityscape and overview of Lima, Peru, © FreePhotos
Plus de 4 mégapoles sur 5 se situent dans les pays en développement et connaissent une forte croissance car leur population croît très vite.
Londres, Sao Paulo et Mumbai ont vu leurs populations croître à des rythmes différents.
D'ici une quinzaine d'années, les villes indiennes et chinoises devraient occuper les premières places et d'autres villes comme Le Caire, Dhaka (Bangladesh) ou Lagos (Nigeria) devraient intégrer le top 8 des villes les plus peuplées.
Aujourd'hui, 3 citadins sur 4 habitent dans un pays en développement. La croissance urbaine est particulièrement forte en Asie et en Afrique. Selon l'ONU, un tiers des nouveaux urbains seront situés dans seulement trois pays : l'Inde, la Chine et le Nigeria, du fait du poids démographique de ces États.
Certains pays connaissent une croissance rapide de leurs villes, mais ils sont encore loin d'avoir achevé leur transition urbaine : la majorité de leur population vit encore à la campagne. Ainsi, les ruraux sont encore majoritaires au Bangladesh (64 %), en Inde (66 %), au Kenya (73 %).
En fonction du processus de transition urbaine des différents pays, on peut dégager quatre situations possibles pour l'évolution des villes au cours des prochaines décennies.
Une croissance urbaine différenciée
Les conséquences de l'urbanisation
La croissance des villes a plusieurs conséquences : l'étalement des villes consomme de l'espace, la croissance de la population urbaine entraîne des défis de logement et de logistique et enfin l'environnement est de plus en plus pollué par les villes. Non maîtrisée, cette croissance entraîne également la création de bidonvilles où des humains vivent dans des conditions insalubres.
Les villes consomment de l'espace en s'étalant. Des chercheurs ont montré qu'elles consommeront 120 millions d'hectares entre 2012 et 2030, soit l'équivalent d'un pays comme l'Afrique du Sud. Dans le monde, c'est donc l'équivalent de 1,7 fois la surface de Paris qui est urbanisée chaque jour, soit 18 terrains de football chaque minute. Ce phénomène a lieu au détriment des terres agricoles pourtant indispensables à l'alimentation des populations.
La croissance de la population urbaine génère des défis à relever :
- en matière de logement ;
- en matière de raccordement aux réseaux de distribution d'eau et d'électricité ;
- en matière de gestion des déchets et des eaux usées ;
- en matière de transports, qui sont souvent saturés.
L'urbanisation a surtout des conséquences environnementales : pollution de l'air, des sols, des eaux, surconsommation énergétique, destruction de la biodiversité par le grignotage urbain.
Enfin, la croissance urbaine n'est pas partout maîtrisée, notamment dans les pays du Sud. En 2014, 881 millions d'humains vivaient dans un bidonville selon l'ONU, soit 1 urbain sur 3 dans les pays en développement. Cela montre que la croissance urbaine reste inégalement maîtrisée dans le monde.
Bidonville à Manille (Philippines)
Jörg Dietze, Slum in Manila during flooding, octobre 2009, © Flickr
Le poids croissant des métropoles dans le monde
À l'échelle de la planète, le processus de métropolisation est important bien qu'inégal. La métropolisation consiste en la concentration des richesses, des activités de haut niveau et de fonction de commandement dans les villes. Les villes regroupent différentes fonctions (politiques, économiques, culturelles, etc.) ce qui leur donne un poids conséquent dans le monde.
Un processus de métropolisation inégal
Alors que la croissance urbaine s'est renforcée dans le dernier tiers du XXe siècle, l'accélération de la mondialisation a engendré un phénomène de métropolisation important. Il est toutefois encore inégal dans le monde : toutes les grandes villes n'ont pas la même puissance ni la même influence.
Le phénomène de métropolisation
Le processus de métropolisation permet aux métropoles (« villes mères ») d'exercer un rayonnement à plusieurs échelles : nationale, régionale (plusieurs pays) voire mondiale. Les métropoles constituent des carrefours de communication et sont facilement accessibles et attractives. Elles concentrent également les fonctions de commandement.
« Métropole » signifie littéralement « ville mère » : la métropole exerce à la fois un pouvoir de commandement et un rayonnement sur d'autres territoires et d'autres villes. Elle organise le territoire qui l'entoure selon une logique centre-périphérie.
Les métropoles sont facilement accessibles car elles constituent de véritables carrefours de communication. Les denses réseaux de transports qui les desservent leur permettent d'être connectées à toutes les échelles. Les aéroports, les ports et les réseaux numériques les mettent en relation avec le monde tandis que les réseaux ferroviaires et routiers les relient à l'espace national ou continental.
Leur accessibilité contribue à leur attractivité : elles concentrent ainsi la majorité des investissements financiers de la planète. Plus leur rayonnement est important, plus elles jouent le rôle de centres d'impulsion dans la mondialisation.
En se renforçant, les métropoles voient leur population augmenter. Mais le nombre d'habitants ne suffit pas à lui seul à faire d'une ville une métropole. Ce sont avant tout les fonctions de commandement qu'elles détiennent qui expliquent leur puissance.
Il faut distinguer les mégapoles des métropoles. Une ville modeste peut être considérée comme une métropole avec un rayonnement mondial, alors qu'une mégapole a un rayonnement plus limité.
Avec 200 000 habitants, Genève (Suisse) est bien une métropole mondiale, mais ce n'est pas encore le cas de villes comme Lagos au Nigeria ou Dhaka au Bangladesh, qui comptent pourtant entre 12 et 14 millions d'habitants.
Un processus de métropolisation inégal
Le processus de métropolisation est inégal : il concerne les villes les plus dynamiques et se fait au détriment de villes plus modestes.
La métropolisation concerne les villes les plus dynamiques : ce sont les villes historiquement les plus puissantes comme Londres, New York, Paris ou Tokyo qui se renforcent. La mondialisation étant sélective, elle privilégie les territoires déjà connectés et qui proposent des services de haut niveau. Des métropoles émergent dans les pays du Sud lorsque ceux-ci connaissent un développement économique et s'intègrent dans les échanges mondiaux. Ces métropoles émergentes voient leurs quartiers d'affaires se développer. Ces derniers, avec leurs skylines, cherchent à refléter leur dynamisme et leurs ambitions mondiales. Ces villes accueillent des événements internationaux (conférences, sommets, manifestations culturelles et sportives) qui leur assurent une promotion sur la scène internationale.
En Chine, Shanghai, une ville longtemps en repli à l'époque de Mao, s'est fortement transformée depuis le début des années 1990. Elle est aujourd'hui la 4e place boursière mondiale. Avec son nouveau terminal à conteneurs de Yangshan, elle dispose du premier port mondial. En 2010, elle a organisé une exposition universelle qui a accueilli 70 millions de visiteurs. La skyline du quartier d'affaires de Pudong, avec la tour Shanghai (632 mètres de haut, deuxième plus haut gratte-ciel au monde), symbolise la puissance de la métropole chinoise.
La skyline du quartier des affaires de Pudong, reflet de la puissance de Shanghai
© Pxhere
La métropolisation se fait souvent au détriment des villes plus modestes : aux États-Unis, plusieurs métropoles d'envergure mondiale coexistent (New York, Washington, Los Angeles, Chicago, etc.). Dans d'autres États, une seule métropole écrase toute la hiérarchie urbaine du pays (Londres au Royaume-Uni, Istanbul en Turquie, Buenos Aires en Argentine, etc.).
Les fonctions des métropoles mondiales
Les métropoles sont des villes puissantes qui concentrent des fonctions de haut niveau dans plusieurs domaines : l'économie et la finance, le savoir, la politique et la diplomatie, et enfin la culture.
Les fonctions métropolitaines
Les fonctions économiques et financières
Les métropoles concentrent les fonctions économiques et financières. Elles accueillent les sièges sociaux des firmes transnationales, des activités de service de haut niveau (informatique) et des activités financières : banques, assurances et bourses. Le plus souvent, ces activités se regroupent dans des quartiers d'affaires.
Parfois, ces quartiers d'affaires sont appelés Central Business District (CBD) lorsqu'ils se localisent dans le centre comme Wall Street à New York ou la City à Londres.
La City, le premier quartier d'affaires de Londres
Colin & Kim Hansen, The City of London viewed from the balcony at City Hall, septembre 2015, © Wikipédia
Les fonctions liées au savoir
Les métropoles sont liées au monde du savoir, on peut parler de fonctions intellectuelles, avec des activités de recherche et de développement au sein de grandes universités, de centres de recherche, etc. Les entreprises se regroupent dans des technopôles, des espaces où se concentrent des instituts de formation, des laboratoires et des entreprises de haute technologie pour concevoir des produits de haute technologie.
Cette concentration permet une synergie entre ces différents acteurs comme dans la Silicon Valley au sud de San Francisco en Californie où l'on trouve les géants de l'informatique et du logiciel, comme Apple, Facebook, Google, Netflix, HP, Intel, Electronic Arts, etc.
Vue sur une partie de la Silicon Valley, région de San Jose en Californie
Coolcaesar, Silicon Valley, juin 2014, © Wikipédia
Certaines villes sont tellement puissantes économiquement que leur produit urbain brut (PUB) dépasse le PIB de certains États.
Tokyo et New York ont un PUB de plus de 1 500 milliards de $ ce qui les place devant des pays comme l'Espagne ou l'Australie. Avec plus de 860 milliards de $ de PUB, Los Angeles, troisième ville la plus riche au monde, se classerait entre les Pays-Bas et l'Arabie saoudite.
Les fonctions politiques et diplomatiques
Les métropoles sont souvent des capitales et concentrent les institutions gouvernementales (ministères, haute administration) et diplomatiques (ambassades, consulats).
Dans certaines métropoles se localisent des institutions internationales et les sièges d'ONG.
Washington accueille les sièges du FMI et de la Banque mondiale, Bruxelles accueille plusieurs institutions européennes.
Les fonctions culturelles
Enfin, les métropoles ont des fonctions culturelles. Elles cherchent à valoriser leur patrimoine historique et culturel pour capter des flux touristiques croissants dans le monde.
Les musées les plus visités de la planète se concentrent dans les grandes métropoles :
- le Louvre à Paris (10 millions de visiteurs en 2018) ;
- le Musée national de Chine à Pékin ;
- le Metropolitan Museum of Art de New York ;
- le British Museum à Londres.
Les flux touristiques sont très importants dans les métropoles.
Bangkok est la ville qui a accueilli le plus de touristes en 2017 avec 21,5 millions de visiteurs, devant Londres (19,9 millions) et Paris (18 millions).
Il peut exister des métropoles spécialisées dont les fonctions de commandement sont cantonnées à un ou deux domaines.
En Suisse, la ville de Genève, qui compte 200 000 habitants, est bien une métropole mondiale. Elle s'est spécialisée dans les fonctions diplomatiques en accueillant le siège de 22 institutions internationales dont l'OMC, l'OMS, le HCR, le CICR ainsi que 250 ONG.
Genève, une métropole mondiale qui concentre des fonctions politiques et diplomatiques internationales de premier plan
Stephane Pecorini, avril 2005, © Wikipédia
Dans certains États, des villes spécialisées peuvent devenir complémentaires.
Au Brésil, Sao Paulo concentre avant tout les fonctions économiques de premier plan, tandis que les fonctions culturelles se localisent à Rio de Janeiro, et les fonctions politiques à Brasilia.