Sommaire
IUn monde de plus en plus urbainAUne population mondiale en majorité urbaineBDes nouveaux défis sociaux et environnementauxIIDes espaces et des paysages urbains diversifiésALes espaces et les paysages des villes européennes et d'Amérique du NordBLes espaces et les paysages des villes des pays en développementLa majorité de la population mondiale vit aujourd'hui en ville. L'urbanisation est un phénomène ancien qui a d'abord concerné l'Europe et l'Amérique du Nord, et qui touche actuellement les pays en développement d'Amérique latine, d'Asie et d'Afrique. Cette urbanisation a modifié les paysages, qui présentent une grande variété selon les villes et les régions du monde.
Quelles sont les principales caractéristiques du phénomène d'urbanisation à l'échelle mondiale et quels sont les différents paysages urbains dans le monde ?
Un monde de plus en plus urbain
La population urbaine représente désormais plus de 50 % de la population de chacun des continents. L'urbanisation transforme les campagnes et soumet les pays à des défis sociaux et environnementaux.
Une population mondiale en majorité urbaine
Depuis 2008, plus de la moitié de la population mondiale vit en ville. Tous les continents ont désormais réalisé leur transition urbaine. L'urbanisation est inégale dans le monde. Le phénomène d'urbanisation s'explique principalement par l'accroissement naturel et l'exode rural.
Transition urbaine
La transition urbaine est le processus au cours duquel la population citadine devient plus nombreuse que la population rurale.
Aujourd'hui, 55 % de la population mondiale est urbaine.
Selon l'ONU, plus des \dfrac{2}{3} de la population mondiale (68 %) devrait être urbaine en 2050.
La croissance démographique des villes s'accompagne parfois de la constitution de mégapoles.
Mégapole
Une mégapole est une ville de plus de 10 millions d'habitants.
Si la tendance à la hausse est générale, l'urbanisation est inégale selon les régions du monde. Les pays riches et anciennement industrialisés sont plus urbanisés que les pays émergents ou les Pays les moins avancés (PMA) :
- Les taux d'urbanisation les plus élevés se trouvent aujourd'hui en Amérique du Nord, en Amérique latine et en Europe (taux supérieurs à 80 %).
- Les taux d'urbanisation de l'Asie et de l'Afrique sont d'environ 40 %.
Taux d'urbanisation
Le taux d'urbanisation est le pourcentage de la population qui habite en ville.
Les pays développés sont plus urbanisés que les pays en développement, mais ces derniers connaissent une croissance urbaine très importante. On parle d'« explosion urbaine ».
La croissance de la population urbaine en Asie et en Afrique entraîne la multiplication des mégapoles sur ces continents. Les prévisions statistiques actuelles prévoient une nette progression des villes africaines dans le classement des 10 villes les plus peuplées du monde en 2050 (Kinshasa et Lagos) puis en 2100 (Lagos, Kinshasa, Khartoum, Niamey).
Deux facteurs expliquent principalement le phénomène d'urbanisation :
- l'accroissement naturel ;
- l'exode rural.
Accroissement naturel
L'accroissement naturel est la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès.
Exode rural
L'exode rural correspond au départ des habitants des campagnes pour s'installer en ville.
L'exode rural a commencé dès le XIXe siècle en Europe et en Amérique du Nord, avec l'industrialisation et la multiplication des usines dans les villes, qui ont attiré de nombreux ruraux. Cet exode rural est en cours dans de nombreux pays d'Asie et d'Afrique.
L'exode rural en Asie est le plus massif que l'histoire ait jamais connu. La population urbaine de l'Asie du Sud et de l'Est a presque quintuplé depuis 1960.
L'accroissement naturel ralentit dans la plupart des pays en développement mais demeure fort en Afrique, avec une fécondité et un taux de natalité élevés.
Taux de fécondité
Le taux de fécondité est le nombre moyen d'enfants par femme en âge de procréer.
Taux de natalité
Le taux de natalité est le nombre de naissances par an pour 1 000 habitants.
Des nouveaux défis sociaux et environnementaux
Avec l'augmentation de leur population, les villes s'étalent de plus en plus sur les campagnes, au détriment des terres agricoles. L'urbanisation entraîne une forte augmentation de la circulation automobile et de la pollution. Dans les pays en développement, la croissance urbaine trop rapide multiplie également les problèmes de logement et d'aménagement.
La croissance démographique dans les villes s'accompagne de l'étalement des agglomérations qui entraîne :
- la réduction des terres agricoles ;
- la dégradation des paysages des campagnes ;
- l'artificialisation des sols favorisant les inondations.
La ville de Bangkok en Thaïlande (11 millions d'habitants) est régulièrement confrontée aux inondations. L'extension de la ville, la multiplication des routes, des immeubles et des zones industrielles sur d'anciennes terres agricoles ne permettent plus aux sols d'absorber les eaux de pluie.
© Wikimedia Commons
L'urbanisation croissante induit une forte augmentation de la circulation automobile, puisque de plus en plus de familles sont logées loin de leur lieu de travail. Les grandes villes se caractérisent par leurs embouteillages quotidiens et une pollution atmosphérique très élevée.
Ce phénomène concerne les villes des pays les plus riches mais aussi les villes des pays émergents ou en développement. Dans ces pays, l'amélioration des conditions de vie d'une partie de la population permet à de plus en plus de familles d'acheter une voiture.
En Inde, la ville de New Delhi compte plus de 10 millions de voitures.
Dans de nombreuses villes des pays pauvres, les embouteillages sont provoqués par l'augmentation du nombre de voitures mais également par la mauvaise qualité des routes et le manque d'équipements pour réguler la circulation automobile.
© cegoh via pixabay.com
Dans les pays pauvres, la croissance des grandes villes s'accompagne de multiples problèmes liés au manque d'équipements :
- l'absence de réseaux de canalisation pour l'eau potable et les eaux usagées ;
- le manque d'égouts ou leur mauvais état ;
- la défaillance du traitement des déchets, etc.
© Jonathan McIntosh via Wikimedia Commons
La croissance extrêmement rapide des villes dans les pays pauvres entraîne l'apparition de bidonvilles gigantesques.
Bidonville
Un bidonville est un quartier pauvre où les maisons sont construites par les habitants avec des matériaux de récupération. On les appelle des « habitations informelles », les habitants ont rarement le droit de s'installer dans ces espaces.
Les nouveaux arrivants venus des campagnes s'y installent, dans des habitations précaires, construites en matériaux de récupération (planches, tôles), sans hygiène.
© A. Savin via Wikimedia Commons
Des inégalités se creusent dans les villes des pays riches. Certains quartiers sont touchés par le manque d'emploi, la délinquance, la dégradation des logements, l'insécurité, tandis que d'autres, en centre-ville ou dans les espaces périurbains, sont habités par des familles aisées.
Le quartier de Hackney à Londres est touché par la violence des gangs, liée au trafic de drogue. Le chômage des jeunes y est supérieur à 30 %. De nombreux commerçants ont fermé leurs boutiques, les usines qui fournissaient du travail ont fermé, les immeubles y sont souvent dégradés.
Des espaces et des paysages urbains diversifiés
Les espaces urbains sont pour la plupart organisés avec un centre-ville autour duquel se constituent des espaces périphériques, avec des banlieues et des quartiers périurbains de plus en plus éloignés. Selon les régions du monde, les paysages des centres-villes comme des espaces périphériques se caractérisent par une grande diversité.
Les espaces et les paysages des villes européennes et d'Amérique du Nord
Les villes européennes se caractérisent par leur centre historique, celles d'Amérique du Nord par leurs quartiers d'affaires et leurs banlieues très étendues.
En Europe, le centre des villes est constitué de bâtiments anciens qui constituent un cœur historique. À côté de ce cœur historique, dans les villes devenues des métropoles, on trouve un quartier d'affaires. Les villes européennes s'étalent de plus en plus et de nombreux citadins s'installent dans des quartiers périphériques.
© Karldupart via Wikimedia Commons
Les centres historiques des villes européennes datent de l'époque romaine, gallo-romaine ou médiévale. Ils se caractérisent par la densité du bâti, des ruelles étroites, parfois encore pavées, des rues piétonnes et la présence de commerces de proximité. On y trouve des petites places, des églises, des monuments historiques.
En Amérique du Nord, le centre des villes consiste souvent en un quartier d'affaires autour duquel se trouvent des quartiers souvent dégradés. La plupart des habitants vivent dans des banlieues qui sont très étendues.
© Tuxyso via Wikimedia Commons
Los Angeles était peuplée de 5 millions d'habitants en 1955, 9,5 millions en 1980, 12 millions en 2000 et 18 millions en 2020. Les habitants des banlieues résidentielles sont issus pour l'essentiel de la classe moyenne. Certaines banlieues sont très riches. La ville s'étend sur plus de 70 kilomètres du nord au sud et 50 kilomètres d'est en ouest.
Les quartiers qui sont autour du quartier des affaires sont habités par des populations modestes.
© Moto "Club4AG" Miwa via Wikimedia Commons
À Los Angeles, le quartier de Skid Row, dans le centre-ville, est fortement marqué par la désindustrialisation et de multiples usines abandonnées. Des milliers d'habitants, soumis au chômage ou à des emplois très précaires, sont contraints de vivre dans des tentes de fortune. Nombreux sont ceux qui n'ont plus accès à l'eau courante ni aux toilettes. La pauvreté génère une importante violence liée au trafic de drogue.
Les espaces et les paysages des villes des pays en développement
Les centres-villes sont parfois constitués d'un quartier historique autour duquel des quartiers résidentiels sont construits, à proximité de quartiers dégradés. Les périphéries de nombreuses villes de ces pays se caractérisent par des bidonvilles de plus en plus vastes.
Certaines villes d'Amérique latine, d'Afrique ou d'Asie ont un centre-ville historique, qui rappelle l'histoire coloniale de ces régions du monde.
Les villes d'Amérique latine possèdent des quartiers historiques issus des colonisations espagnole et portugaise qui ont débuté au XVIe siècle. Des villes d'Asie ou d'Afrique ont des quartiers coloniaux qui datent du XIXe siècle. L'architecture coloniale dans les centres-villes historiques d'Amérique du Sud se caractérise par des églises, des cathédrales, des bâtiments aux couleurs vives.
© Juan Fernando Ibarra via Wikimedia Commons
Dans les villes les plus dynamiques, on construit des quartiers d'affaires.
© Lokantha via Wikimedia Commons
Ce quartier d'affaires est le cœur économique, commercial et financier de New Delhi. On y trouve des magasins avec de grandes marques internationales, des boutiques de mode, des cinémas, des restaurants et des immeubles de bureaux.
Des quartiers résidentiels occupés par des familles aisées sont construits à proximité de quartiers dégradés occupés par des familles pauvres.
© Vilar Rodrigo via Wikimedia Commons
À Sao Paulo, le quartier de Paraisópolis est l'un des plus pauvres de la ville. Il regroupe près de 100 000 personnes dont certaines vivent au pied d'immeubles réservés aux familles les plus favorisées.
Les périphéries de nombreuses villes de ces pays se distinguent par des bidonvilles de plus en plus vastes.
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Le bidonville de Makoko au Nigeria est peuplé par un nombre d'habitants difficile à évaluer (certaines études évoquent 300 000 personnes). Les conditions de vie y sont très difficiles, notamment à cause de l'hygiène défaillante, due à l'absence de gestion des eaux usées et à la multiplication des déchets.