Sommaire
ILes métropoles les mieux connectéesAL'Archipel métropolitain mondialBLes mégalopolesIILes atouts des métropoles les mieux connectéesADes atouts économiquesBDes atouts politiques et culturelsIIILes métropoles en marge de la mondialisationALes métropoles des pays richesBLes métropoles des pays émergents ou pauvresLa mondialisation se caractérise par la multiplication et l'intensification des échanges et des mobilités à l'échelle du monde. Certains territoires attirent davantage que d'autres les différents flux de personnes, de produits et de capitaux. Ces territoires concentrent les activités d'innovation, les pouvoirs économique, politique et culturel. Des villes occupent une place particulière dans ce phénomène et constituent des pôles majeurs de la mondialisation.
Quelles sont les villes les mieux et les moins bien connectées aux réseaux de la mondialisation ?
Les métropoles les mieux connectées
La mondialisation contribue au renforcement de la hiérarchisation des territoires. L'Amérique du Nord, l'Europe et l'Asie du Sud-Est sont les trois centres d'impulsion économique qui dominent le monde : c'est l'Archipel métropolitain mondial (AMM). Les mégalopoles de ces aires de puissance sont celles qui concentrent les pouvoirs.
L'Archipel métropolitain mondial
Les grandes métropoles mondiales, qui concentrent habitants et pouvoirs de commandement, sont reliées en réseau par les flux majeurs de population, de marchandises, de capitaux et d'informations. Leur puissance est symbolisée par leurs quartiers d'affaires.
Archipel métropolitain mondial (AMM)
L'Archipel métropolitain mondial (AMM) est un réseau formé à l'échelle mondiale par les grandes métropoles qui entretiennent des liens économiques et échangent des flux humains, financiers, commerciaux et d'informations.
Les métropoles les mieux connectées sont celles des pays riches et développés du Nord et, plus récemment, des pays émergents :
- Les villes des pays du Nord dominent depuis le début et le renforcement de la mondialisation.
- Les villes des pays émergents jouent un rôle croissant et sont les vitrines de pays qui sont de plus en plus intégrés à la mondialisation. On les trouve essentiellement en Asie ou en Amérique latine.
Les villes de la côte est des États-Unis réunies dans la Mégalopolis américaine sont en étroite relation avec les villes de la dorsale européenne (de Londres à Milan en passant par Francfort) et celles de la mégalopole japonaise dominée par Tokyo. Sao Paulo, Johannesburg, Pékin ou Shanghai sont les villes des pays émergents qui occupent une place forte dans la mondialisation.
Les mégalopoles
Certaines métropoles, les mieux connectées, constituent des mégalopoles. Les principales sont la mégalopole américaine, la mégalopole japonaise et la mégalopole européenne. Ce sont des pôles majeurs de la mondialisation.
Les trois principales mégalopoles sont :
- La Mégalopolis, sur la côte est des États-Unis : elle réunit plus de 55 millions d'habitants. Elle rassemble des métropoles mondiales telles que New York et Washington.
- La mégalopole japonaise : elle va de Fukuoka à Tokyo et s'étend sur environ 1 300 kilomètres. Elle regroupe plus de 100 millions d'habitants, soit 80 % de la population du pays. Les principales métropoles sont Tokyo, Osaka et Nagoya, reliées par des réseaux autoroutiers denses.
- La mégalopole européenne : elle s'étend sur plus de 1 500 kilomètres du bassin de Londres à la plaine du Pô (Italie). Elle réunit les villes où siègent les institutions de l'Union européenne (Luxembourg, Bruxelles, Francfort, Strasbourg).
Ces mégalopoles bénéficient d'interfaces maritimes qui sont des pôles majeurs de la mondialisation et des échanges commerciaux dans le monde, qui se font à plus de 80 % par voie maritime.
La mégalopole japonaise est une interface portuaire majeure dans la mondialisation. Les ports de la baie de Tokyo constituent un pôle portuaire majeur du commerce mondial de marchandises.
L'Archipel mégalopolitain mondial concentre l'essentiel des trafics maritime et aérien du monde, ce qui représente plus de 90 % des flux financiers.
Les atouts des métropoles les mieux connectées
Pour qu'une ville soit considérée comme une métropole mondiale, il faut qu'elle exerce un rayonnement d'envergure internationale et qu'elle possède une capacité à influencer le monde dans les domaines économique, politique et culturel.
Des atouts économiques
Les métropoles les mieux connectées concentrent d'abord les richesses et polarisent les échanges de marchandises et de capitaux.
Les métropoles les mieux connectées aux réseaux de la mondialisation disposent d'un produit urbain brut (ensemble des richesses produites par les entreprises implantées dans la ville) élevé, car les firmes transnationales y installent leurs bureaux, en particulier dans les quartiers d'affaires.
Firme transnationale
Une firme transnationale est une grande entreprise implantée dans plusieurs pays grâce à ses filiales dont elle contrôle tout ou partie (au moins 10 %) du capital.
Les firmes transnationales réalisent le tiers du commerce mondial d'exportation et emploient plus de 80 millions de salariés.
Les métropoles de la Mégalopolis concentrent un quart des richesses produites aux États-Unis. Les métropoles de la mégalopole japonaise constituent le cœur économique du Japon (plus de 80 % des richesses produites par le pays).
Les quartiers d'affaires des métropoles mondiales sont le cœur de la puissance économique de ces villes. On y trouve les bureaux des Firmes transnationales, mais aussi les banques et les grands centres commerciaux qui s'y concentrent. Symboles de la puissance et de la modernité de ces villes, les quartiers d'affaires se densifient avec la multiplication des gratte-ciels, de plus en plus hauts et modernes. Leurs skylines contribuent à l'identité de ces villes dans le monde.
Skyline
Une skyline (« ligne urbaine ») est la silhouette formée par l'alignement de gratte-ciels d'un quartier d'affaires d'une ville. Cette silhouette incarne l'identité visuelle et contribue au rayonnement de la métropole dans le monde.
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Certaines métropoles accueillent des technopôles dynamiques et performants, qui permettent leur domination dans le secteur des hautes technologies.
© Austin McKinley via Wikimedia Commons
La puissance financière de ces villes repose également sur la présence des banques et des grandes places boursières.
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En 2019, parmi les 20 premières places financières mondiales, 7 sont nord-américaines, 4 sont européennes, 1 est japonaise.
La connexion de ces métropoles mondiales est favorisée par les réseaux de transports mondiaux et le faible coût des transports qui permet la multiplication des échanges à l'échelle mondiale. Ces villes ont aménagé les infrastructures portuaires, aéroportuaires ou ferroviaires qui permettent leur connexion aux principaux flux mondiaux.
Les 25 premiers ports du monde, qui se situent pour l'essentiel sur ces façades maritimes, polarisent plus de la moitié des flux mondiaux de marchandises.
La majorité des échanges se font par voie maritime, puisque plus de 80 % des marchandises circulent par cette voie-là : les métropoles littorales sont donc les plus favorisées. Les trois grandes façades maritimes sont celle d'Amérique du Nord (Mégalopolis), la Northern Range en Europe et la façade asiatique.
Les principales villes mondiales développent des zones industrialo-portuaires (ZIP) et modernisent les équipements portuaires afin de pouvoir accueillir des navires de plus en plus volumineux. C'est le cas de Shanghai ou Shenzhen en Chine, ou de Rotterdam en Europe.
Zones industrialo-porturaires (ZIP)
Une zone industrialo-portuaire (ZIP) est un espace littoral qui associe les fonctions traditionnelles d'un port (échanges de marchandises) à celles d'une zone industrielle (production, transformation).
Le transport aérien concurrence le transport maritime conteneurisé pour des produits à très haute valeur marchande. L'essor du commerce aérien de fret a été permis par la création d'aéroports vers lesquels convergent de multiples lignes commerciales, qui favorisent là encore les principales métropoles mondiales, regroupant la plupart des hubs mondiaux.
Hub
Un hub est un point ou un nœud dans un réseau d'échanges où se concentrent des flux de passagers et/ou de marchandises et/ou d'informations qui sont redistribués aux échelles mondiale et régionale. Les principaux aéroports, ports et data centers sont des hubs mondiaux.
Des atouts politiques et culturels
Les métropoles les mieux connectées concentrent les pouvoirs politiques. Certaines sont des capitales ou accueillent les sièges de grandes institutions internationales. Elles sont également les villes qui regroupent les grandes universités et les principaux lieux culturels mondiaux.
Dans le domaine politique, les organismes internationaux sont basés dans ces grandes métropoles mondiales.
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L'Assemblée générale de l'ONU réunit chaque année à New York les représentants des 193 pays membres qui discutent et votent des programmes d'actions pour protéger la paix et améliorer la protection des Droits de l'homme dans le monde.
Ces villes sont également le cœur des créations culturelles majeures, dans les domaines du cinéma, de la musique, de la mode, etc. Elles offrent un cadre de vie attractif en développant une politique culturelle ambitieuse (musées, théâtres, opéras, etc.) et en donnant l'image d'une ville dynamique (grands travaux de prestige, organisation de compétitions sportives ou d'événements au rayonnement mondial).
New York est un symbole de la culture américaine, Paris de l'art de vivre à la française et des produits de luxe, Tokyo de la culture du manga.
Dans le domaine de l'enseignement et de la recherche, les métropoles disposent d'universités prestigieuses et de centres de recherche performants.
Les métropoles en marge de la mondialisation
Certaines métropoles des pays riches et de nombreuses métropoles des pays émergents ou pauvres restent en marge de la mondialisation.
Les métropoles des pays riches
Au sein des pays riches, certaines villes qui étaient autrefois des métropoles mondiales sont désormais en crise. Elles sont touchées par un déclin économique important, la population y est de plus en plus pauvre.
Certaines villes, qui étaient autrefois des métropoles mondiales, subissent un déclin des activités économiques avec la montée du chômage qui accompagne les fermetures d'usines, la diminution du nombre d'habitants et la dégradation de quartiers touchés par la violence et l'insécurité.
La ville de Detroit (États-Unis) se déclare officiellement en faillite en 2013, avec une dette de près de 20 milliards de dollars. La population de la ville est passée de 1,8 million en 1950 à moins de 700 000 en 2016. Avec un taux de chômage qui a atteint plus de 18,5 % de la population en 2014 (le double de la moyenne nationale), beaucoup d'habitants ont quitté la ville, laissant plus de 80 000 maisons vacantes, dans des quartiers qui se sont dégradés.
Des inégalités se creusent également dans les métropoles les plus dynamiques. Les inégalités socio-économiques s'y manifestent dans l'accès au logement, dont les prix augmentent sous l'effet de la pression immobilière, dans l'accès aux transports et aux services publics, moins présents dans certains quartiers défavorisés.
À New York, les quartiers rénovés du centre attirent des populations aisées et connaissent un phénomène de gentrification comme la partie sud, en même temps que des îlots de pauvreté subsistent. Dans les quartiers de Morrisania et Crotona, dans la partie sud du Bronx, près de la moitié de la population vit ainsi sous le seuil de pauvreté.
Les métropoles des pays émergents ou pauvres
La croissance économique des pays émergents s'accompagne de fortes inégalités au sein du territoire de leurs métropoles. Dans les pays les plus pauvres, la forte croissance urbaine entraîne la création de mégapoles (plus de 10 millions d'habitants) qui ne sont pas des métropoles.
Le nombre d'habitants ne suffit pas pour caractériser une métropole mondiale. Toutes les mégapoles, c'est-à-dire les agglomérations de plus de 10 millions d'habitants, ne sont pas des métropoles mondiales.
Dans les métropoles émergentes des pays du Sud, la croissance démographique urbaine et l'exode rural (les populations quittent les campagnes dans lesquelles les taux de pauvreté sont plus élevés pour les villes où elles espèrent trouver un emploi et de meilleures conditions de vie) conduisent à une forte augmentation de la population urbaine. Le manque d'infrastructures de logement pour accueillir ces nouveaux habitants conduit à la multiplication des bidonvilles.
Bidonville
Un bidonville est un quartier pauvre où les maisons sont construites par les habitants avec des matériaux de récupération. On les appelle des « habitations informelles », les habitants ont rarement le droit de s'installer dans ces espaces.
Plus de 880 millions de personnes habitent des bidonvilles dans le monde, contre environ 690 millions en 1990 et 790 millions en 2000. Les habitants de ces bidonvilles sont environ 200 millions en Afrique subsaharienne et 600 millions en Asie.
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À Mumbai, 4 habitants sur 10 vivent dans un slum, dont celui de Dharavi, deuxième plus grand bidonville d'Asie, qui s'étend sur plus de 200 hectares au cœur de la métropole indienne et dont la population est estimée entre 700 000 et 1 million de personnes. Plusieurs projets de réhabilitation du bidonville ont échoué du fait de la résistance des habitants qui craignent que les promoteurs fassent monter les prix de l'immobilier et obligent les plus pauvres à quitter leur quartier.