Sommaire
ILa répartition et l'accès aux ressources majeures : l'eau et l'énergieAL'eau1L'eau, une ressource nécessaire et renouvelable2L'eau, une ressource inégalement répartie3Un accès inégal à l'eauBL'énergie1Les sources d'énergie renouvelables et non renouvelables2Des ressources énergétiques inégalement réparties3Un accès inégal aux ressources énergétiquesIIDes ressources sous pression provoquant des tensionsADes ressources sous pression1La surconsommation des ressources majeures2Les impacts environnementaux de la surexploitation de l'eau3Les impacts environnementaux de la surconsommation des énergies fossilesBLes tensions économiques et géopolitiques autour des ressources1L'eau : entre conflits d'usage et tensions internationales2L'énergie, source de compétition et de conflits entre ÉtatsIIIVers une gestion plus durable des ressourcesALa gestion durable des ressources en eauBLa gestion durable des ressources énergétiquesCLa coopération pour une gestion plus durable1Une coopération à l'échelle mondiale2Une coopération à l'échelle régionaleL'eau et l'énergie sont des ressources indispensables au développement économique des sociétés et à leur confort de vie. L'eau douce, abondante à l'échelle de la planète, est inégalement répartie et peut être limitée si elle est dégradée. Parmi les ressources énergétiques, les plus consommées sont actuellement non renouvelables : énergies fossiles, énergie nucléaire. Les besoins en eau et en énergie ne cessent de croître à l'échelle mondiale en raison de plusieurs facteurs : croissance démographique, urbanisation, hausse du niveau de vie. La surexploitation des eaux et des ressources énergétiques conduit à une baisse des ressources et à la pollution. Des tensions autour de la gestion de ces ressources existent entre les pays. Une gestion durable des ressources en eau et en énergie implique d'en améliorer l'accès au plus grand nombre, de réduire les gaspillages, de préserver la ressource et de réduire les pollutions engendrées.
Dans quelles conditions les ressources en eau et en énergie sont-elles accessibles dans le monde ? Comment réduire les tensions à propos des ressources et comment les gérer durablement ?
La répartition et l'accès aux ressources majeures : l'eau et l'énergie
Une ressource est une richesse potentielle offerte par la nature qui est exploitée et transformée par l'homme. Sa mise en valeur dépend non seulement de sa disponibilité mais aussi des capacités techniques des sociétés humaines à l'exploiter. L'eau et l'énergie sont des ressources vitales pour les sociétés humaines.
L'eau
L'eau est très présente sur le globe, c'est une source importante pour l'homme qui en a besoin pour sa survie et pour son industrie. Il faut toutefois que cette eau soit douce et potable pour être consommée. Bien qu'elle soit renouvelable, l'eau douce n'est pas bien répartie sur la planète et son accessibilité n'est pas toujours évidente.
L'eau, une ressource nécessaire et renouvelable
L'eau douce est une ressource essentielle pour l'être humain qui l'utilise dans l'industrie et pour sa consommation personnelle. C'est une ressource renouvelable qui suit le cycle de l'eau.
L'eau douce est utilisée :
- pour irriguer les terres agricoles ;
- pour faire fonctionner les industries ;
- pour les besoins domestiques.
L'eau sert davantage à se nourrir et à se chauffer qu'à s'hydrater.
Les usages de l'eau à l'échelle mondiale en 2018 selon l'ONU
L'eau est une ressource renouvelable. Même si dans certaines régions elle peut venir à manquer, elle ne peut pas être considérée comme rare puisque son stock est constant sur la planète depuis des millénaires. Cela s'explique par le cycle de l'eau au cours duquel l'eau s'évapore, se condense, retombe sous forme de précipitations, ruisselle et s'infiltre dans les nappes phréatiques.
Le cycle de l'eau
L'eau, une ressource inégalement répartie
La planète est couverte à 71 % d'eau, mais l'eau douce ne représente que 2,6 % de l'eau présente sur le globe. Plus des \dfrac{2}{3} de cette eau douce sont difficilement accessibles. De plus, l'eau douce est mal répartie sur la Terre : elle est abondante dans les milieux tempérés et équatoriaux mais rare dans les milieux arides où vit une partie de la population humaine. Les sociétés humaines peuvent connaître des situations de stress hydrique et des pénuries d'eau qui risquent d'être plus importantes avec le réchauffement climatique.
L'eau douce est difficile d'accès pour trois raisons :
- Elle est située dans les glaciers en Antarctique ou en haute montagne.
- 30 % de l'eau douce est souterraine, présente dans les nappes phréatiques et les aquifères.
- Moins de 1 % de l'eau douce est localisée en surface, principalement dans les lacs, marais et cours d'eau.
L'eau douce est inégalement répartie à la surface de la Terre :
- Elle est très présente dans les milieux tempérées et équatoriaux en raison des précipitations régulières et abondantes qui alimentent les bassins hydrographiques et les nappes souterraines. 9 pays détiennent 60 % des réserves mondiales d'eau : Brésil, Russie, États-Unis, Canada, Chine, Indonésie, Inde, Colombie et Pérou. L'ONU les qualifie de « puissances de l'eau ».
- Elle est très rare en milieu aride où vit 15 % de la population mondiale : Sahel, Afrique du Nord, péninsule arabique.
Avec la croissance des besoins et les effets du changement climatique, les experts de l'ONU estiment que 2,3 milliards d'habitants (40 % de la population mondiale) pourraient connaître des situations de stress hydrique (la demande en eau dépasse la ressource disponible sur le territoire) en 2050. Des pénuries (pas assez d'eau pour couvrir les besoins d'une population) pourraient également être fréquentes.
L'ONU a fixé des seuils pour mesurer ces deux situations :
- Il y a stress hydrique lorsque la disponibilité en eau est inférieure à 1 700 m3 d'eau par habitant et par an.
- Il y a pénurie lorsque la disponibilité en eau est inférieure à 1 000 m3 d'eau par habitant et par an.
On peut dégager trois catégories de pays en fonction de leur situation face aux disponibilités en eau.
Un accès inégal à l'eau
Pour que les populations puissent satisfaire leurs besoins vitaux, il ne suffit pas que les ressources soient présentes, il est essentiel qu'elles soient accessibles. Cette notion d'accessibilité repose sur des critères de quantité, de qualité et d'accès à la ressource. L'ONU considère un accès satisfaisant à l'eau lorsqu'un habitant dispose d'au moins 25 litres d'eau potable par jour et qu'il dispose d'un point d'eau protégé à moins de 200 mètres de son habitat : robinet, puits ou borne-fontaine. Actuellement, une partie de la population n'a pas accès à l'eau potable, particulièrement dans les pays les plus défavorisés où le traitement de l'eau et les infrastructures ne sont pas adaptées.
L'accès à l'eau de la population mondiale ne cesse de progresser depuis les années 2000 : un milliard d'habitants ont été raccordés à un réseau de distribution des eaux. Toutefois, en 2015, l'ONU a recensé 844 millions d'humains, soit 11,5 % de la population mondiale, qui n'accèdent pas à l'eau potable.
Au souci des réseaux d'approvisionnement s'ajoute le problème de l'évacuation et du traitement des eaux usées. Le manque d'équipements d'assainissement favorise les maladies liées à l'eau, comme le choléra, qui ont fait 780 000 victimes en 2015.
L'accès à l'eau potable dépend aussi des infrastructures disponibles pour capter, transporter, assainir, distribuer l'eau.
La Californie est une région semi-aride où vit une population nombreuse aux besoins importants, notamment pour l'irrigation agricole. Son approvisionnement en eau potable est assuré grâce à de multiples aménagements : stations de pompage, barrages, canaux et aqueducs pour transférer l'eau, usines pour dessaler l'eau de mer.
Dans les pays en développement, les infrastructures sont souvent inadaptées, il faut aller chercher de l'eau au puits ou l'acheter. Ce sont surtout les femmes et les enfants qui assurent la corvée d'eau. Les populations pauvres peuvent payer leur eau 10 à 20 fois plus cher que les populations riches. Cette eau est souvent de qualité médiocre, achetée aux vendeurs ou aux camions-citernes.
La République démocratique du Congo (RDC) détient près de la moitié des réserves d'eau du continent africain. En théorie, la quantité est suffisante pour couvrir les besoins en eau de ses 92 millions d'habitants. Pourtant, près d'un habitant sur deux n'accède pas à l'eau potable avec de fortes inégalités entre villes et campagnes : 19 % en ville mais 69 % à la campagne.
L'énergie
L'énergie est indispensable aux activités humaines. Il existe plusieurs sources d'énergie. L'homme ayant surtout utilisé des sources d'énergie non renouvelables, il essaie aujourd'hui de trouver des sources d'énergie plus durables. Les sources d'énergie sont inégalement réparties sur la planète, leur accès est donc inégal entre les différents pays.
Les sources d'énergie renouvelables et non renouvelables
Les ressources énergétiques sont indispensables à l'éclairage, au chauffage, à la climatisation, au fonctionnement des machines et aux déplacements. Près de 80 % des ressources exploitées sont des énergies fossiles non renouvelables. D'autres ressources sont actuellement exploitées, comme le pétrole et le gaz de schiste. Des énergies renouvelables sont également de plus en plus utilisées.
Les usages de l'énergie à l'échelle mondiale en 2016 selon l'Agence internationale de l'énergie
Les énergies fossiles non renouvelables sont principalement des hydrocarbures comme le pétrole, le gaz et le charbon, mais également l'uranium, un combustible de l'industrie nucléaire. Les réserves des énergies fossiles sont limitées dans le temps. On estime qu'au niveau actuel de production, il resterait, à l'échelle mondiale :
- 50 années d'exploitation pour le pétrole et le gaz ;
- 130 années pour le charbon :
- 90 années pour l'uranium.
Pour repousser ces échéances, certains pays comme les États-Unis se sont lancés dans l'exploitation d'autres ressources comme le pétrole et le gaz de schiste.
De plus en plus de pays investissent dans les différentes énergies renouvelables : l'éolien, le solaire, la géothermie, la biomasse ou encore l'hydroélectricité (énergie crée grâce à la force de l'eau).
Les ressources en eau et les ressources énergétiques sont fortement liées. Les \dfrac{3}{4} de l'eau utilisée par le secteur industriel servent à produire de l'énergie : fonctionnement des centrales thermiques, refroidissement des centrales nucléaires, exploitation du pétrole et du gaz de schiste, etc.
Des ressources énergétiques inégalement réparties
Les réserves mondiales d'énergies fossiles sont très concentrées dans le monde, tandis que les énergies renouvelables sont abondantes et présentes un peu partout sur le globe.
Les réserves d'énergie fossile sont réparties de la façon suivante :
- \dfrac{3}{4} des réserves mondiales de charbon sont détenues par seulement 5 pays : États-Unis, Russie, Australie, Chine et Inde.
- 3 pays concentrent 60 % des réserves mondiales de pétrole : Venezuela, Arabie saoudite et Iran.
- 4 pays possèdent 60 % des réserves de gaz naturel de la planète : Russie, Iran, Qatar et Turkménistan.
Les énergies renouvelables sont abondantes et présentes sur l'ensemble des continents. Certaines régions sont plus rentables en raison d'un bon ensoleillement ou de la présence de vents réguliers. Les potentiels hydroélectriques et géothermiques sont plus restreints géographiquement car ils nécessitent des conditions géomorphologiques particulières : montagnes, zones tectoniques, volcanisme, etc.
87 % de la consommation énergétique de l'Islande proviennent des ressources renouvelables dont 69 % de la géothermie et 18 % de l'hydroélectricité.
Un accès inégal aux ressources énergétiques
À l'échelle mondiale, on estime qu'un milliard d'humains n'ont pas accès à l'énergie, soit 1 habitant sur 7. L'accès à l'énergie dépend du niveau d'équipement et de développement. Il dépend aussi des choix économiques opérés par les gouvernants. Cela explique certaines situations paradoxales avec, dans certains pays bien dotés en ressources énergétiques, des populations qui n'accèdent pas à l'énergie.
Le Nigeria est le premier producteur de pétrole d'Afrique et dispose des plus importantes réserves de gaz naturel du continent. Pourtant, 80 millions de Nigérians, soit 42 % de la population totale, n'ont pas accès à l'électricité. Cela s'explique par un déficit du réseau de distribution et par des choix économiques qui privilégient les exportations d'hydrocarbures. Régulièrement, les habitants subissent des coupures de courant tout en payant leur électricité à un prix élevé.
Souvent, la disponibilité de la ressource influence les choix énergétiques des pays.
- La France n'a pas beaucoup de ressources énergétiques et a fait le choix de l'industrie nucléaire. En 2018, 71 % de l'électricité produite en France provenait de l'énergie nucléaire.
- Inversement, le Qatar dispose de la 3e réserve mondiale de gaz et a privilégié cette ressource. Le gaz naturel représente 82 % de son mix énergétique.
Dans les pays les plus pauvres, où les infrastructures sont très insuffisantes, les populations non raccordées aux réseaux doivent avoir recours à la biomasse (bois, déchets, etc.).
En Afrique de l'Ouest, en moyenne, \dfrac{2}{3} des approvisionnements énergétiques proviennent du bois, de résidus agricoles ou de déchets. Au Myanmar, c'est près de 90 % de la population qui a recours à la biomasse.
Des ressources sous pression provoquant des tensions
À l'échelle mondiale, les besoins en eau et en énergie augmentent. L'eau est menacée par la surconsommation humaine et la pollution ; les ressources énergétiques disparaissent et polluent la planète. Des tensions autour du contrôle des ressources naissent entre les pays.
Des ressources sous pression
Les ressources majeures que sont l'eau et l'énergie sont sous pression : elles sont menacées par la surconsommation humaine. La qualité de l'eau est particulièrement touchée par les activités humaines, tandis que l'utilisation des différentes sources d'énergie contribue au dérèglement climatique et à la pollution.
La surconsommation des ressources majeures
La consommation en eau et en énergie ne cesse de croître à cause de la croissance démographique et de l'urbanisation. L'amélioration du niveau de vie des hommes est également un facteur qui explique cette croissance.
La consommation d'eau a triplé depuis 1950. L'ONU estime qu'elle devrait augmenter de 25 % d'ici 2050. Elle varie selon les continents et les populations, en fonction de leur accès à la ressource et de leur mode de vie. Selon l'ONU, un humain consommerait 137 litres d'eau par jour pour satisfaire ses besoins domestiques. Cette moyenne mondiale cache toutefois d'importantes disparités entre les pays.
La consommation de ressources énergétiques a été multipliée par 4 depuis 1950. Du fait de sa croissance économique soutenue, la Chine est devenue le premier consommateur mondial d'énergies fossiles depuis 2010, devant les États-Unis, la Russie, l'Inde : elle consomme à elle seule la moitié de la production mondiale de charbon.
La croissance démographique et l'urbanisation sont des facteurs qui expliquent cette croissance. D'ici 2050 :
- Il faudra augmenter les prélèvements en eau de 40 % pour alimenter la trentaine de mégapoles que compte le monde aujourd'hui.
- L'irrigation agricole devrait augmenter de 30 % pour nourrir les populations.
L'amélioration des moyens de transports favorise les mobilités des populations, ce qui nécessite davantage d'énergie pour faire fonctionner les transports (voitures, trains, avions, etc.) La hausse du niveau de vie observable dans les pays en développement implique également l'apparition de nouveaux besoins pour des habitants soucieux d'améliorer leur confort.
Les piscines ou les climatisations se multiplient dans certaines régions, elles consomment beaucoup d'énergie.
Les impacts environnementaux de la surexploitation de l'eau
L'augmentation des besoins en eau se traduit par une baisse inquiétante des nappes phréatiques et des aquifères (sources d'eau) dans le monde. La situation est particulièrement inquiétante en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. L'exploitation des eaux souterraines a des conséquences sur l'environnement. De plus, à cause des activités humaines, la qualité de l'eau se dégrade.
La surexploitation incontrôlée des eaux conduit à du gaspillage. On estime qu'à l'échelle mondiale, environ 30 % de l'eau exploitée serait perdue dans les fuites en raison du mauvais entretien des canalisations.
À Montréal ou à Londres, les pertes d'eau liées aux fuites dépasseraient les 30 % de l'eau transportée.
En Afrique du Nord et au Moyen-Orient, la situation est particulièrement inquiétante. Certains pays ont les moyens techniques et financiers pour prélever profondément, dans les aquifères, de l'eau fossile. Dans le monde, 1 aquifère sur 5 ne se rechargerait plus du fait des pompages excessifs. La surexploitation des eaux souterraines a des conséquences lourdes et visibles :
- affaissements de terrains observables dans plusieurs villes du monde ;
- salinisation des sols et donc l'appauvrissement des terres agricoles ; ce phénomène est particulièrement inquiétant dans les régions où le débit des cours d'eau est en baisse avec l'effet des barrages et des pompages excessifs.
Dans le Nord de la Chine, le niveau des eaux souterraines a diminué de 40 mètres au cours des vingt dernières années.
La qualité des eaux se dégrade fortement dans le monde avec l'utilisation massive d'intrants chimiques dans l'agriculture (engrais, pesticides) et les rejets industriels et urbains :
- Dans les pays en développement, 80 % des eaux usées ne seraient pas traitées et seraient rejetées directement dans la nature.
- 17 milliards de m3 d'eau seraient contaminés dans le monde par la production de combustibles fossiles.
Certains cours d'eau ou lacs présentent des niveaux inquiétants de pollution : le Gange en Inde, le Niger, le Jourdain au Proche-Orient, le Mississippi aux États-Unis, le Rhône en France. Cette pollution a des conséquences sur la biodiversité mais également sur la qualité de l'eau qui peut devenir impropre à la consommation humaine.
La qualité de l'eau en Bretagne, du fait des rejets agricoles, la rend impropre à la consommation.
Les impacts environnementaux de la surconsommation des énergies fossiles
La croissance de la consommation énergétique repose encore très largement sur les énergies fossiles non renouvelables. À ce rythme d'exploitation, les gisements d'hydrocarbures facilement exploitables s'épuiseront au cours des prochaines décennies. Cette situation pousse les États et les entreprises à chercher de nouvelles ressources pour pouvoir satisfaire les besoins des populations. Ces nouvelles ressources présentent toutefois également des risques pour les populations ou l'environnement, notamment l'énergie nucléaire.
La principale conséquence à l'échelle globale de la forte consommation d'énergie est le changement climatique, avec les émissions de gaz à effet de serre qui contribuent au réchauffement de la planète. La Chine, les États-Unis, le Japon et l'Inde figurent parmi les plus gros émetteurs de la planète.
Selon l'ONU, 60 % des émissions de gaz à effet de serre seraient liées aux énergies depuis leur extraction jusqu'à leur consommation : logements, industries et surtout transports.
Les milieux extrêmes comme l'Arctique ou les milieux fragiles comme l'Amazonie font l'objet de prospections et de convoitises, particulièrement dans un contexte où les prix de l'énergie augmentent. Il devient possible d'exploiter des gisements difficiles d'accès ou nécessitant des moyens techniques poussés.
L'exploitation, la transformation et le transport des énergies fossiles provoquent la pollution des eaux, des sols et de l'atmosphère. Le mauvais entretien des oléoducs et des gazoducs provoque des fuites d'hydrocarbures directement dans la nature. Selon Greenpeace, il y aurait environ 3 500 fuites par an au Nigeria, loin derrière la Russie et ses 20 000 fuites annuelles. Périodiquement, des marées noires posent de réels problèmes à la fois pour la faune aquatique et pour les activités économiques liées à la mer : pêche, tourisme, etc.
La plateforme pétrolière Deepwater Horizon, exploitée par British Petroleum à 80 kilomètres au large des côtes américaines en Louisiane, a explosé en avril 2010. Plus de 700 millions de litres de pétrole se seraient déversés dans le golfe du Mexique dont le quart serait encore au fond de la mer.
Le recours massif aux énergies non renouvelables s'accompagne de risques pour les populations et l'environnement. C'est le cas avec l'énergie nucléaire. En effet, si l'énergie nucléaire présente l'avantage de ne pas émettre de gaz à effet de serre, plusieurs problèmes sont soulevés :
- le stockage des déchets radioactifs non traitables ;
- la sécurité et le risque d'accident nucléaire, après les catastrophes de Tchernobyl en Ukraine (1986) et de Fukushima au Japon (2011) ;
- le coût du démantèlement des centrales nucléaires en fin de vie qui n'est souvent pas pris en compte dans le prix de cette énergie généralement bon marché.
En 2014, on compte 439 réacteurs nucléaires dans le monde dont 60 % localisés dans cinq pays : États-Unis, France, Japon, Russie et Corée du Sud.
Les tensions économiques et géopolitiques autour des ressources
Les pays cherchent à s'attribuer des sources d'eau et d'énergie. Cela provoque des tensions économiques et géopolitiques.
L'eau : entre conflits d'usage et tensions internationales
L'eau est au cœur de conflits d'usage (rivalités autour d'une ressource). À cause de sa raréfaction et des pics de sècheresse dûs au réchauffement climatique, des mesures de restriction d'utilisation de l'eau sont mises en place. Toutefois, ces mesures ne contentent pas tout le monde. Dans certaines régions du monde, les sources d'eau provoquent des tensions entre les pays qui veulent les contrôler.
Lors des épisodes de sècheresse, les pénuries d'eau obligent à prendre des mesures de restriction sur certains usages de cette ressource :
- Chaque été, en France, des agriculteurs sont contraints de réduire l'irrigation de leurs cultures.
- EDF doit réduire l'activité de ses centrales thermiques et nucléaires lorsque le niveau des rivières est insuffisant, provoquant ainsi une baisse de la production d'énergie.
Parfois, ces restrictions peuvent déboucher sur des tensions entre les différents usagers de l'eau.
Aux États-Unis, en 2012, une sècheresse a provoqué un conflit d'usage entre les agriculteurs qui irriguent les cultures de fruits et légumes ainsi que les plantations d'amandiers et les firmes industrielles qui exploitent le pétrole et le gaz de schiste. Les deux avaient besoin d'eau mais il n'y en avait pas assez.
Les conflits d'usage peuvent être permanents dans certaines régions, obligeant les autorités à trouver de nouvelles sources d'approvisionnement (transferts d'eau, importations) pour satisfaire les besoins de tous les usagers.
Au sud de l'Espagne, dans la région d'Almeria, la concurrence est permanente entre les habitants, les agriculteurs qui cultivent sous serres et les touristes dans les stations balnéaires.
Lorsque les ressources d'eau doivent être partagées entre plusieurs États, les concurrences peuvent aboutir à des tensions internationales autour d'un aquifère ou d'un fleuve. Selon l'ONU, il y a une hausse significative des conflits liés à l'eau depuis le début du siècle à l'intérieur des États ou entre États.
De 94 conflits entre 2000 et 2009, on serait passé à 263 conflits à propos de l'eau entre 2010 et 2018.
Ces tensions sont souvent localisées dans les régions marquées par l'aridité et parfois dans des régions très arrosées, où l'eau présente un risque en matière d'inondation. Ces tensions portent sur des sujets récurrents d'une région à l'autre :
- construction de barrages ;
- dérivation du fleuve (canaux, transferts d'eau) ;
- création de périmètres irrigués ;
- pollutions des eaux par des rejets chimiques et/ou industriels.
Le Mékong est un fleuve à gros débit d'environ 4 500 kilomètres de long. Il est l'objet de tensions entre la Chine en amont, la Birmanie, la Thaïlande, le Laos, le Cambodge et le Vietnam en aval. L'installation de barrages hydroélectriques par la Chine bouleverse un fleuve dont dépendent 90 millions de personnes pour les transports, l'agriculture irriguée (rizière) et la pêche.
L'énergie, source de compétition et de conflits entre États
Les ressources énergétiques génèrent une compétition et des conflits entre les États et entre les acteurs économiques. Avec la croissance des besoins mondiaux et la baisse des ressources énergétiques, le prix des matières premières devrait logiquement augmenter : chacun veut donc s'approprier ces ressources.
Le prix du baril de pétrole est passé de 30 à 100 dollars en moyenne entre 2000 et 2014.
Le contrôle des ressources énergétiques fait partie intégrante des stratégies des États qui se retrouvent en rivalité.
Face à l'essor du pétrole et du gaz de schiste aux États-Unis en 2014, l'Arabie saoudite a voulu riposter en augmentant massivement sa production de pétrole pour faire baisser les prix et ainsi rendre les investissements des États-Unis moins rentables.
Les grands pays producteurs possèdent un moyen de pression sur les autres États.
La Russie a fait plusieurs fois pression sur l'Ukraine en coupant son approvisionnement en gaz.
À l'échelle régionale, les énergies fossiles peuvent être à l'origine de conflits géopolitiques.
Certaines zones maritimes comme en Arctique ou en mer de Chine font l'objet de rivalités entre États pour l'appropriation de gisements offshore.
Vers une gestion plus durable des ressources
La gestion durable des ressources en eau et des ressources énergétiques est vitale pour faire face à la crise écologique actuelle. Cette gestion durable n'est possible qu'avec une coopération à toutes les échelles.
La gestion durable des ressources en eau
Cinq pistes sont envisagées pour gérer plus durablement les ressources en eau afin de répondre à trois objectifs : économiser l'eau, réduire les inégalités d'accès, préserver la qualité de l'eau. Ces pistes sont l'amélioration des équipements, la mise en place d'une « révolution bleue » dans l'agriculture, l'exploitation de nouvelles ressources, le recyclage des eaux usées et enfin la sensibilisation des consommateurs.
La première piste concerne l'amélioration des réseaux de traitement, de distribution et d'assainissement des eaux pour lutter contre les fuites et l'évaporation, permettre l'accès des populations à une eau potable de qualité et réduire les rejets polluants dans la nature.
Au Maroc, on cherche à remplacer les canaux à ciel ouvert par des canalisations enterrées.
La seconde piste concerne l'agriculture avec la mise en place d'une « révolution bleue » qui vise à augmenter les rendements agricoles tout en économisant l'eau et en préservant l'environnement. Cela passe par l'usage de techniques d'irrigation économes (goutte-à-goutte) et l'adaptation des cultures au climat.
Dans le Nord de l'Inde, les autorités essaient d'inciter les agriculteurs à remplacer les rizières par des cultures de maïs nécessitant moins d'eau.
La troisième piste consiste à trouver de nouvelles ressources pour répondre aux besoins des populations dans les régions de stress hydrique. Le pompage de l'eau fossile dans les aquifères s'avère peu durable. Le dessalement d'eau de mer offre des perspectives intéressantes, notamment dans les zones arides : 177 pays ont déjà recours à cette pratique.
On compte environ 16 000 usines de désalinisation dans le monde, dont près de la moitié est située au Moyen-Orient.
À l'échelle locale, dans les pays en développement, des solutions individuelles pour capter et stocker les eaux de pluies se diffusent dans les habitats : récupérateurs d'eau, citernes, etc.
L'usine de désalinisation de Nitzana dans le désert du Sinaï en Israël
© Wikipédia, Remi Jouan, novembre 2011
Une quatrième piste consiste à recycler les eaux usées, soit pour les redistribuer dans le réseau public dans le cadre d'une économie circulaire, soit pour réalimenter les nappes phréatiques.
L'Australie, fréquemment confrontée au problème de sècheresse, est à la pointe du recyclage des eaux usées.
La dernière piste concerne la sensibilisation des consommateurs par des campagnes d'information destinées à réduire les gaspillages d'eau dans les usages domestiques. Cela passe par la question du coût de l'eau car, selon l'ONU. Faire payer un prix qui tiendrait compte du coût réel de la ressource permettrait de pousser les usagers à l'économiser, notamment là où elle est gratuite.
La gestion durable des ressources énergétiques
Face au changement climatique et à l'épuisement des réserves, il convient de réduire la consommation d'énergies fossiles, d'augmenter la part des sources renouvelables et de réaliser des économies d'énergie. L'objectif ultime est de réduire les émissions de gaz à effet de serre afin de lutter contre le changement climatique. Toutefois, l'utilisation des énergies renouvelables fait débat.
La part du renouvelable dans la production mondiale d'énergie augmente lentement et reste modeste (environ 15 % du total). La moitié de la production de ces énergies propres repose sur l'hydroélectricité. Le solaire et l'éolien connaissent une forte croissance : leur compétitivité s'améliore avec la baisse des coûts de production, comme ceux des panneaux photovoltaïques. Le recours aux énergies renouvelables devient plus rentable.
London Array (Royaume-Uni), un des plus vastes parcs éoliens offshore du monde
© Wikipédia, Bodgesoc, février 2019
Le recours aux énergies renouvelables fait débat :
- Elles nécessitent des investissements importants inadaptés pour les pays les plus pauvres : seule l'énergie solaire semble plus accessible avec l'installation de panneaux photovoltaïques directement sur les habitations.
- La fabrication des batteries et des panneaux solaires nécessite l'usage de minerais non renouvelables : terres rares, lithium, silicium.
- Les parcs solaires ou éoliens, accusés de dégrader le paysage, peuvent être rejetés par les populations locales.
Ces débats expliquent la longueur du processus de la transition énergétique.
L'Allemagne a fait le choix de sortir du nucléaire avant 2023 et de promouvoir les énergies renouvelables dans les prochaines décennies. Pour répondre aux besoins des consommateurs et ne pas pénaliser les emplois dans le secteur des énergies fossiles, elle mise dans un premier temps sur le charbon, dont la consommation a augmenté depuis les années 2000. La stratégie fait débat dans la mesure où elle contribue à l'augmentation des gaz à effet de serre.
La coopération pour une gestion plus durable
La coopération pour une gestion plus durable des ressources que sont l'eau et l'énergie se fait à deux échelles : mondiale et régionale.
Une coopération à l'échelle mondiale
Depuis le milieu des années 1990, il a été reconnu officiellement qu'un développement durable est nécessaire. Les grands acteurs internationaux (ONU, Banque mondiale), les États et les ONG cherchent à fixer de grandes orientations pour favoriser un développement économique qui soit à la fois équitable pour les populations et soutenable pour l'environnement. Cette coopération à l'échelle mondiale a permis la reconnaissance d'un droit à l'eau à l'échelle internationale. Des accords sur le climat ont été signés.
En 2010, après quinze années de débats, l'ONU a voté une résolution qui reconnaît qu'accéder « à une eau potable propre et de qualité, ainsi qu'à des installations sanitaires est un Droit de l'homme ». En 2015, 122 pays membres de l'ONU adoptent un Agenda 2030 dans lequel sont fixés 17 Objectifs de développement durable (ODD). Un objectif porte spécifiquement sur l'eau (ODD n° 6) et un autre porte sur l'énergie (ODD n° 7). Chacun des ODD est décliné en cibles à atteindre pour 2030.
Dans le domaine énergétique l'accord de Paris sur le climat signé par 195 États après la COP 21 de 2015 a été marquant :
- Il a pour objectif principal de contenir le réchauffement climatique en limitant la hausse des températures à 1,5 °C d'ici à 2100. Les pays signataires doivent atteindre durant la deuxième moitié du siècle une neutralité carbone, c'est-à-dire que leurs émissions de gaz à effet de serre doivent être réduites pour être en équilibre par rapport aux capacités d'absorption de la planète.
- Il évoque un désinvestissement dans les énergies fossiles.
Cet accord comporte des limites :
- Certains pays producteurs d'hydrocarbures ne l'ont toujours pas ratifié : Russie, Angola, Libye, Iran, Irak, etc.
- Les États-Unis, sur décision de Donald Trump, se sont retirés de l'accord.
- Cet accord ne fixe pas d'objectifs chiffrés précis et est peu contraignant pour les États qui ne le respecteraient pas.
Une coopération à l'échelle régionale
Pour que les grandes orientations fixées à l'échelle mondiale soient suivies, il faut impérativement que les acteurs aux échelles régionales s'impliquent dans le processus. Chaque habitant doit être responsabilisé.
En matière de coopération sur l'eau, c'est l'échelle régionale qui est privilégiée, autour des bassins versants des grands fleuves. Ces dernières années ont été marquées par des initiatives intéressantes pour résoudre les conflits d'usage et les tensions entre les pays à propos des fleuves.
Un accord sur le Nil est signé en 2015 pour la construction du barrage de la Renaissance, le plus grand d'Afrique, afin de répondre aux besoins croissants des Éthiopiens en électricité. L'Égypte et le Soudan s'inquiétaient d'une baisse de niveau des eaux du Nil, vitales pour leur agriculture. L'Égypte a obtenu une garantie sur un débit minimal des eaux et le Soudan a obtenu un tarif préférentiel sur l'électricité produite par le barrage.