Sommaire
ILes grandes métropoles et leur concurrenceALes différentes métropoles et leur hiérarchieBDes métropoles en concurrenceIILa densification, l'étalement et le caractère polycentrique des métropolesALa densification des métropoles et l'étalement urbainBDes métropoles polycentriquesIIILes métropoles face aux inégalitésALe creusement des inégalités dans les métropolesBDes situations et des réponses différenciées selon le niveau de développementIl existe des métropoles mondiales, qui sont hiérarchisées entre elles. À l'échelle mondiale, les villes sont en mutation : elles sont de plus en plus développées, elles se densifient et s'étalent, elles ont même plusieurs centres. Des inégalités importantes existent au sein des populations en métropoles, les solutions pour les diminuer diffèrent selon les pays.
Comment la mise en concurrence des métropoles et leurs transformations contribuent-elles au renforcement des inégalités au sein des métropoles ?
Les grandes métropoles et leur concurrence
Les grandes métropoles mondiales sont hiérarchisées entre elles, elles n'ont pas toutes la même importance à l'échelle mondiale. La densification des populations et des activités dans les métropoles expliquent l'étalement urbain, c'est-à-dire l'étalement des métropoles qui sont de plus en plus grosses. Les métropoles sont de plus en plus polycentriques, elles ont plusieurs centres, plusieurs noyaux. Elles sont en concurrence les unes avec les autres.
Les différentes métropoles et leur hiérarchie
On peut distinguer trois types de villes-mondes : les « villes globales », les « villes mondiales » et les métropoles-relais.
On trouve des « villes globales », selon l'expression de la sociologue américaine Saskia Sassen : New York, Londres, Paris et Tokyo. Ces villes dont les fonctions sont les plus complètes, dans tous les domaines, sont les premières places financières et leur rayonnement politique et culturel est vraiment mondial.
Tokyo, centre des finances
© Wikimedia Commons
On trouve des « villes mondiales ». Leur rayonnement est planétaire, leurs fonctions de haut niveau sont souvent plus spécialisées dans un domaine. Washington concentre plutôt des fonctions politiques et diplomatiques. De même, Dubaï s'est spécialisé dans le commerce, la finance, le tourisme.
Washington, centre politique et diplomatique
On trouve des métropoles-relais. Connectées au réseau urbain mondial, elles possèdent des fonctions internationales mais elles sont spécialisées. Leur rayonnement est surtout régional, souvent à l'échelle d'un sous-continent.
Photo de Mexico, © Alejandro Islas Photograph AC
Des métropoles en concurrence
Les différentes métropoles sont en concurrence, elles cherchent à s'affirmer. Elles rivalisent sur le plan architectural. Elles tentent également d'attirer le plus de flux possible et de créer des points de communication. Enfin, elles essaient de donner d'elles une image positive en s'intéressant aux problèmes environnementaux.
La compétition entre les métropoles est lisible dans leur architecture de verre et d'acier. Les quartiers d'affaires sont emblématiques de la rivalité entre les villes mondiales. Cela se traduit par une course au gigantisme : les quartiers d'affaires se densifient, les gratte-ciels se multiplient, des tours de plus en plus hautes sont érigées. Les trois immeubles les plus hauts sont localisés dans des métropoles émergentes : le Burj Khalifa à Dubai mesure 828 mètres, la Shanghai Tower 632 mètres et l'horloge royale de La Mecque en Arabie saoudite mesure 601 mètres. Beaucoup de villes souhaitent conserver certaines traces de leur patrimoine, mais la diffusion du modèle américain du CBD contribue à une certaine homogénéisation des paysages métropolitains. Les skylines ont pour ambition d'incarner la puissance et la modernité des métropoles et de forger leur identité visuelle.
La Shangai Tower
© Wikimedia Commons
Les métropoles cherchent à s'intégrer toujours davantage dans la mondialisation en cherchant à capter toujours plus de flux d'échanges. Elles développent ou renforcent leurs hubs (carrefours de communication) qui leur permettent de redistribuer les flux mondiaux à toutes les échelles. Les métropoles favorisent les multimodalités, c'est-à-dire les infrastructures permettant de faciliter le passage d'un mode de transport à un autre : aérien, routier, ferroviaire, portuaire.
Les aéroports de Londres, Paris et Francfort sont en compétition pour capter davantage de flux de passagers et de fret.
L'aéroport de Londres
© Wikimedia Commons
Depuis quelques années, dans un contexte de prise de conscience des enjeux environnementaux, de plus en plus de métropoles veulent se donner l'image de villes durables. Elles investissent dans la construction d'écoquartiers et développent le concept des smart cities. On parle de smart city, littéralement une « ville intelligente », lorsque l'innovation et les nouvelles technologies servent à améliorer les services urbains offerts aux citadins, souvent dans le respect de l'environnement. Cela concerne des domaines variés tels que les transports, l'énergie, les déchets, etc.
La smart city de Malte
© Wikimedia Commons
La densification, l'étalement et le caractère polycentrique des métropoles
La densification des populations et des activités dans les métropoles explique l'étalement urbain, c'est-à-dire l'étalement des métropoles qui sont de plus en plus grosses. Les métropoles sont de plus en plus polycentriques, elles ont plusieurs centres, plusieurs noyaux.
La densification des métropoles et l'étalement urbain
De plus en plus d'habitants et d'activités (sièges sociaux, services aux entreprises, finance) se concentrent dans les métropoles : on parle de densification des métropoles. Les métropoles s'étalent de plus en plus pour accueillir les habitants, mais également parce que les loyers dans le centre sont de plus en chers. Les transports se développent pour relier les quartiers périphériques aux centres des métropoles. Les espaces de la métropole se spécialisent de plus en plus.
Avec le renforcement des activités de haut niveau (sièges sociaux, services aux entreprises, finance) dans les villes-centres, de plus en plus d'activités secondaires (commerces, industries) qui prennent de l'espace sont repoussées vers les espaces périphériques. L'augmentation des prix de l'immobilier conduit les populations à vivre toujours plus loin en banlieue.
L'étalement urbain
La surface urbanisée de Shanghai a été multipliée par 4 depuis 2000.
Avec l'étalement, les réseaux de transport se développent : axes routiers et voies ferrées sont construits pour relier les différents espaces de la métropole.
Cet étalement se traduit également par une spécialisation plus importante des espaces. On trouve :
- des espaces « dortoirs » dont la fonction est surtout résidentielle (cités, lotissements pavillonnaires) ;
- des espaces dédiés aux loisirs et au commerce (zones commerciales) ;
- des espaces industriels, etc.
Des métropoles polycentriques
Les métropoles deviennent de plus en plus polycentriques avec l'apparition de nouveaux centres en périphérie. On voit émerger des edge cities en Amérique du Nord. Des activités d'un même secteur se regroupent dans les mêmes pôles. Des villes sont créées autour des métropoles, c'est la création de zones métropolitaines. Certaines zones métropolitaines sont des mégalopoles.
En Amérique du Nord, des edge cities émergent. Ce sont de nouveaux noyaux urbains qui concentrent entreprises tertiaires ou industrielles, services, centres commerciaux et équipements de loisirs. Les edge cities sont parfaitement desservies en matière de transport grâce à des autoroutes et des gares.
Afin de favoriser les synergies (interaction entre différents acteurs et différents territoires pour accroître le potentiel), des activités d'un même secteur se regroupent dans des pôles de compétitivité. Ces pôles sont souvent tournés vers l'innovation et les hautes technologies.
Depuis 2006, le plateau de Paris-Saclay, situé à 20 kilomètres au sud de la capitale a pour ambition de devenir un pôle d'excellence scientifique et technique d'envergure mondiale à l'image de la Silicon Valley en Californie.
Le centre de recherche-développement de Thales à Palaiseau, sur le campus de l'École polytechnique (Paris-Saclay).
© Wikimedia Commons
Dans d'autres pays, des villes nouvelles sont créées créer ex nihilo (à partir de rien) et deviennent de nouveaux noyaux urbains.
L'Égypte a entamé la construction d'une ville nouvelle en plein désert, à 45 kilomètres à l'est du Caire.
Lorsque l'étalement urbain devient important, plusieurs métropoles peuvent former une région métropolitaine, selon une organisation polycentrique : on parle de conurbation.
La région métropolitaine de Shanghai comprend les villes de Shanghai, Suzhou, Wuxi, Nantong, Ningbo, Jiaxing, Zhoushan et Huzhou : c'est une des plus dynamiques de Chine.
À l'échelle régionale, certaines conurbations forment des mégalopoles, de vastes régions urbaines s'étendant sur des centaines de kilomètres et composées de plusieurs pôles urbains. Par convention, on en compte trois actuellement dans le monde :
- La Mégalopolis nord-américaine, appelée « BosWash » car elle s'étend de Boston à Washington (800 kilomètres), compte près de 60 millions d'habitants.
- La mégalopole japonaise est la plus vaste (1 300 kilomètres) comprend les métropoles de Tokyo, Nagoya, Osaka, Kobe, Kyoto : elle compte 105 millions d'habitants.
- La mégalopole européenne s'étend de Londres à Milan : elle compte environ 70 millions d'habitants.
Les métropoles face aux inégalités
Les inégalités se creusent au sein des métropoles. Plusieurs réponses existent pour y faire face, elles dépendent du niveau de développement du pays.
Le creusement des inégalités dans les métropoles
Avec la métropolisation, on observe un renforcement des inégalités au sein des populations urbaines. Ce sont dans les métropoles que les écarts de revenus sont les plus importants. Ces écarts sont socio-économiques : accès à l'immobilier, aux transports, aux services publics. À cela s'ajoute la ségrégation ethnique et la gentrification. Des bidonvilles se développent.
Les inégalités socio-économiques se manifestent dans l'accès au logement, dont les prix augmentent sous l'effet de la pression immobilière, dans l'accès aux transports et aux services publics, moins présents dans certains quartiers défavorisés.
Aux inégalités économiques s'ajoute un phénomène de ségrégation ethnique observable dans de nombreuses métropoles. Des communautés sont regroupées dans certains quartiers centraux ou périphériques au risque d'être ghettoïsées. C'est le cas dans les townships d'Afrique du Sud ou certains ghettos des métropoles nord-américaines à l'image de West Baltimore.
Les centres se recomposent sous l'effet des politiques de rénovation urbaine. Les quartiers rénovés, en attirant des populations plus aisées connaissent un phénomène de gentrification comme la partie sud d'Harlem à New York ou à East End à Londres, obligeant les populations plus modestes à quitter leur quartier.
Gentrification
La gentrification est l'appropriation progressive de quartiers populaires par des couches sociales plus aisées, entraînant une hausse du prix des loyers, obligeant les populations modestes à s'installer en périphérie.
Même dans les métropoles les plus riches, des îlots de pauvreté subsistent dans les centres. Dans les quartiers de Morrisania et Crotona dans la partie sud du Bronx, près de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté.
Les inégalités territoriales sont observables dans les banlieues avec des écarts de revenus importants entre des banlieues résidentielles aisées et des quartiers défavorisés, mal équipés et mal desservis, où l'insécurité et le chômage sont élevés. De plus en plus, on observe une privatisation de certains espaces au profit des plus fortunés avec la multiplication des quartiers fermés sur le modèle des gated communities américains.
Gated community aux États-Unis
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Avec la croissance démographique et l'exode rural, les populations vivant dans les bidonvilles augmentent. Un bidonville est un quartier pauvre construit souvent de manière illégale et anarchique par les habitants eux-mêmes, en partie grâce à des matériaux de récupération. On parle aussi de quartiers informels, de slums en Inde, de favelas au Brésil. Dans certaines métropoles, les bidonvilles peuvent représenter une part importante de la population.
À Mumbai, 4 habitants sur 10 vivent dans un slum, dont celui de Dharavi, qui s'étend sur plus de 200 hectares au cœur de la métropole indienne.
Le slum de Dharavi
© Wikimedia Commons
En Afrique, près de 60 % des urbains vivent dans un bidonville. Les populations qui y vivent dans l'insalubrité et l'insécurité sont exposées aux risques d'inondation et d'épidémie.
Des situations et des réponses différenciées selon le niveau de développement
Les inégalités sont plus frappantes dans les métropoles émergentes des pays du Sud. Les réponses à ces inégalités sont variables. Les autorités peuvent mettre dehors les populations les plus pauvres ou trouver des solutions comme le relogement ou la légalisation de quartiers insalubres. Dans les pays du Nord, on observe de la précarité et du mal-logement, des logements sociaux sont construits pour y répondre.
Dans les pays du Sud, les réponses aux problèmes de la pauvreté dans les métropoles sont variables selon les lieux. Dans de nombreux cas, les autorités mènent des opérations de déguerpissement afin de détruire les quartiers informels. Parfois, elles proposent des solutions de relogement mais souvent très éloignées du centre.
Le quartier de San Buenaventura a été construit pour accueillir les populations défavorisées dans des logements sociaux modernes et donc réduire l'emprise des bidonvilles. Cependant, il est situé à 40 kilomètres du centre de Mexico.
Parfois, faute de moyens suffisants ou en raison des résistances des populations, les autorités légalisent les quartiers informels. Ces quartiers sont alors équipés d'infrastructures permettant notamment aux populations d'accéder à l'eau et à l'énergie. Cependant, lorsque ces services sont délégués à des entreprises privées, leurs coûts augmentent et restent difficiles d'accès pour les plus démunis.
À Mumbai, plusieurs projets de réhabilitation du bidonville de Dharavi ont échoué du fait de la résistance des habitants qui craignent que les promoteurs fassent monter les prix de l'immobilier et obligent les plus pauvres à quitter leur quartier.
Dans les métropoles du Nord, les problèmes sont moins aigus, mais la hausse de la précarité et le mal-logement sont des défis importants. En incitant à la construction de logements sociaux, y compris dans les centres, les municipalités cherchent à conserver une mixité sociale.