Sommaire
ILes fondements de la mondialisation, les flux et les transports à l'échelle internationaleALes fondements de la mondialisation : acteurs, libre-échange et DIT1Les acteurs de la mondialisation2Les principes du libre-échange et de la Division internationale du travailBLa multiplication de flux divers1Les flux économiques2Les flux culturels3Les flux de personnesCUn réseau mondial de transports1Les voies et les façades maritimes2Le réseau des transports aériens3Les réseaux InternetIILes tensions liées à la mondialisation et leurs conséquencesALes tensions liées à la mondialisation1Les rivalités pour le contrôle des ressources et des territoires2La guerre commerciale entre les puissances économiquesBUne volonté nouvelle de fermeture des frontières1Les droits de douane2La construction de barrières et de mursIIIUne mondialisation difficile à régulerADes tentatives de régulation par le multilatéralisme1Les organisations internationales2Des organisations avec un nombre limité d'ÉtatsBDes tentatives de régulation par le régionalisme1L'Union européenne2Des accords régionaux économiques en Amérique latine3Des accords régionaux économiques en Asie4Des accords régionaux économiques en AfriqueLa mondialisation se caractérise par une intensification des flux économiques et humains à l'échelle du monde, fondée sur la libéralisation des échanges économiques, commerciaux et financiers et sur la Division internationale du travail. La mondialisation entraîne la mise en réseau de l'ensemble des sociétés et des territoires de la planète et la multiplication des accords de coopération et des interdépendances. Mais elle produit également de nombreux déséquilibres. Elle conduit à la montée des tensions et parfois à des conflits entre États voisins, désireux de défendre leurs intérêts nationaux.
Quels sont les principaux fondements de la mondialisation ? Pourquoi contribue-t-elle à l'augmentation des tensions dans le monde et quels sont les moyens mis en œuvre pour tenter de réduire les excès de cette mondialisation ?
Les fondements de la mondialisation, les flux et les transports à l'échelle internationale
La mondialisation est rendue possible grâce à différents acteurs, au libre-échange et à la Division internationale du travail (DIT). La mondialisation se caractérise par la multiplication des flux économiques, financiers, d'informations et de personnes à l'échelle mondiale. Un réseau mondial de transports réduisant les distances facilite ces échanges.
Les fondements de la mondialisation : acteurs, libre-échange et DIT
La mondialisation se fait entre différents acteurs (FTN, États, etc.). Elle est favorisée par le libre-échange et la Division internationale du travail (DIT).
Les acteurs de la mondialisation
Les acteurs de la mondialisation sont multiples et variés : les Firmes transnationales (FTN), les États, les institutions internationales et les Organisations non gouvernementales (ONG). Ils peuvent avoir des ambitions et des intérêts complémentaires ou contradictoires.
Les Firmes transnationales sont des entreprises présentes dans plusieurs pays et qui dégagent un chiffre d'affaires d'au moins 500 millions de dollars. Bien qu'internationales, ces firmes réalisent encore la moitié de leur activité sur leur marché national et y concentrent près des \dfrac{2}{3} de leurs effectifs. Leurs sièges sociaux sont également localisés dans leurs pays d'origine. Aujourd'hui, les FTN sont de plus en plus nombreuses.
On dénombre 7 000 FTN dans les années 1960, plus de 60 000 en 2000 et plus de 80 000 aujourd'hui.
Les États ont certes perdu une partie de leur influence avec l'affirmation des firmes transnationales ou des organisations internationales, mais ils continuent de jouer un rôle essentiel dans la mondialisation. Ce sont les États qui imposent des règles destinées à réguler la mondialisation des échanges.
Les institutions internationales et les grandes organisations internationales essaient de réguler la mondialisation par une réglementation. Elles souhaitent réduire les déséquilibres de l'intégration des territoires. Mais ces institutions et ces organisations sont encore largement dominées par les États les plus puissants qui défendent leurs propres intérêts.
Les ONG contribuent à aider les territoires les plus en marge de la mondialisation. Elles proposent des programmes de lutte contre la pauvreté, pour l'accès des enfants à l'école ou pour l'amélioration des soins apportés aux familles des pays les plus pauvres.
Les principes du libre-échange et de la Division internationale du travail
Le libre-échange repose sur la volonté de favoriser la multiplication des flux économiques par l'effacement des barrières douanières. La DIT est un processus de spécialisation des territoires, qui renforce leur interdépendance et leur hiérarchisation. Le libre-échange et la DIT sont les fondements de la mondialisation.
La mise en place du libre-échange entre les États débute au lendemain de la Seconde Guerre mondiale en 1947. Les pays signataires du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade = Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce) affirment leur volonté de favoriser la circulation des marchandises et des capitaux au-delà des frontières nationales. Les droits de douane sont diminués. En 1995, le GATT est remplacé par l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qui regroupe environ 150 États.
La DIT est la répartition de la production entre différentes régions du monde en fonction des avantages qu'elles ont à produire tel bien ou tel service. Certaines régions fournissent des matières premières, d'autres sont spécialisées dans la fourniture de services ou de hautes technologies. Les usines de production sont installées dans les pays où la main-d'œuvre est moins chère.
En 2019, Adidas décide de délocaliser en Asie deux usines de fabrication de chaussures de sport afin de réduire les coûts et d'accentuer la flexibilité et les quantités de sa production.
La multiplication de flux divers
La mondialisation se caractérise par multiplication des flux économiques, financiers, d'informations et de personnes à l'échelle mondiale. Ce sont ces flux qui génèrent la multiplication des coopérations entre les différents pays à l'échelle mondiale.
Les flux économiques
La mondialisation se caractérise d'abord par la multiplication des flux commerciaux. On observe une forte augmentation des échanges de biens matériels (produits manufacturés, produits agricoles, combustibles et produits miniers), et immatériels (flux de capitaux). La Triade et les pays émergents sont ceux qui exportent et importent le plus de marchandises. Les flux des capitaux, notamment des IDE, se font également le plus entre ces puissances.
Le commerce international est fondé à 80 % sur les échanges de biens et à 20 % sur les échanges de services. Les biens matériels qui sont échangés dans le monde sont de trois types :
- les produits manufacturés, c'est-à-dire les produits transformés dans les usines ;
- les produits agricoles ;
- les combustibles et produits miniers comme le pétrole, les gaz ou les minerais.
Depuis les années 1950, les échanges commerciaux mondiaux ne cessent d'augmenter. Cette augmentation s'est fortement accélérée à partir des années 1970-1980. La croissance est également très rapide depuis le début du XXIe siècle.
La valeur des exportations mondiales de marchandises est passée de 1 838 milliards de dollars en 1983 à 18 969 milliards de dollars en 2018 : elle a été multipliée par 10.
Les pays de la Triade et les pays émergents sont les régions qui exportent le plus de marchandises.
- L'Europe est la région au sein de laquelle les pays exportent le plus de marchandises. La majorité des flux sont entre pays européens.
- Les pays d'Asie exportent davantage que ceux d'Amérique du Nord en 2018, ce qui confirme les progrès économiques rapides des pays émergents.
Depuis 2010, la Chine est le pays qui réalise le plus d'exportations de marchandises (12,8 % des exportations mondiales). C'est aussi le deuxième pays le plus importateur (10,8 % des importations mondiales).
Par ailleurs, les pays de la Triade et les pays émergents importent en privilégiant les échanges entre eux.
D'après Banque mondiale, 2019
Les flux de capitaux, dont les IDE, sont devenus majeurs dans les échanges internationaux. Ces flux confirment la hiérarchisation des territoires dans la mondialisation. On note une nette domination des centres d'impulsion de la Triade, en particulier l'Europe et les États-Unis, et une affirmation de plus en plus forte des pays émergents depuis 2000.
Le montant des IDE de la Chine est de :
- 3,5 milliards de dollars en 1990 ;
- 200 milliards de dollars en 2017 ;
- environ 25 milliards de dollars en 2019.
La Chine est aujourd'hui le deuxième pays au monde pour ses investissements à l'étranger.
Les flux culturels
Les flux culturels sont très importants dans le monde. La culture américaine domine encore mais de nouvelles cultures parviennent à diffuser leur mode de vie, notamment la Chine.
L'homogénéisation culturelle est particulièrement liée à la large diffusion du modèle américain. Les entreprises américaines ont bénéficié de moyens de diffusion devenus planétaires. En 2017, parmi les 10 premières entreprises mondiales qui concentrent 90 % des médias dans le monde, 8 sont étatsuniennes.
Les États-Unis contrôlent les médias de divertissement. Ce sont de loin les premiers exportateurs de livres et de films. Dans la plupart des pays du monde, les films qui arrivent chaque année en tête du box-office sont des productions réalisées par des entreprises américaines.
Parmi les vingt émissions de télévision les plus regardées de tous les temps à travers le monde, quinze sont américaines.
Les États-Unis diffusent également leur culture par le biais de leurs chaînes de fastfood.
La multiplication des restaurants McDonald's dans la métropole chinoise est un symbole de la diffusion de la culture américaine. MacDonald's souhaite doubler le nombre de ses restaurants en Chine (+ 2 000) d'ici 2022. Si ces objectifs sont atteints, la Chine deviendra le plus vaste marché de consommation de l'entreprise après celui des États-Unis.
Un restaurant McDonald's à Changzhou, en Chine
© Wikimedia Commons
L'hégémonie américaine est souvent remise en cause. Le soft power américain est de plus en plus dénoncé comme une volonté globale des États-Unis d'imposer un ordre mondial qui sert leurs intérêts. Les tensions avec d'autres pays dont les ambitions sont planétaires sont donc multiples, en particulier avec la Chine. D'autres pays parviennent aujourd'hui à étendre leur culture :
- la Chine, avec le cinéma et les séries, les restaurants chinois qui sont très populaires, les instituts Confucius, etc. ;
- la Russie avec sa chaîne d'information Russia Today (RT) ;
- le Qatar, avec sa chaîne d'information Al Jazeera.
Les flux de personnes
La mondialisation se caractérise par la multiplication des mobilités touristiques et des flux migratoires à l'échelle de la planète. Les flux migratoires sont nombreux : Sud-Sud, Nord-Sud, Nord-Nord, Sud-Nord.
D'après l'Organisation mondiale du tourisme, 2018
Le nombre de touristes a presque triplé entre 1995 et 2019. La fréquentation des pays d'Europe et d'Amérique a doublé en 20 ans. Les pays d'Asie connaissent une augmentation beaucoup plus forte du nombre de touristes, elle est multipliée par 4. Les principales régions d'accueil des touristes sont celles dont les habitants font le plus de tourisme, en priorité sur leur propre territoire :
- l'Amérique du Nord ;
- l'Europe du Sud (et particulièrement le pourtour méditerranéen) ;
- l'Asie du Nord-Est.
Les migrations économiques (qui ont donc lieu pour des raisons économiques) sont en constant essor :
- Les migrations Sud-Sud représentent plus de la moitié des flux migratoires dans le monde. Les migrants quittent un pays pauvre du Sud pour vivre dans un pays plus riche du Sud. Ce trajet représente la moitié des flux migratoires actuels dans le monde.
- Les migrations Nord-Sud augmentent. Elles concernent d'abord des salariés qui quittent les pays les plus riches et qui rejoignent une entreprise installée dans un pays émergent, ou qui y investissent. Ces départs sont parfois volontaires mais ils peuvent aussi être imposés par un employeur.
- Les migrations Nord-Sud sont souvent le fait de personnes qualifiées, originaires d'un pays pauvre, qui rejoignent leur pays d'origine dès lors qu'elles ont terminé leurs études en Amérique ou en Europe.
- Les migrations Nord-Nord se multiplient également.
De plus en plus d'étudiants réalisent une partie de leur formation dans un pays étranger : aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Australie, au Japon, au Canada, en France. On observe également de plus en plus de départs de personnes très diplômées qui quittent leur pays pour trouver des opportunités professionnelles plus avantageuses : cet « exode des cerveaux », ou brain drain, a pris de l'ampleur vers les États-Unis, le Canada, l'Europe ou l'Australie.
Un réseau mondial de transports
La mondialisation est permise par la densification d'un réseau de transports performant. Les échanges mondiaux sont rendus possibles grâce à des réseaux de transports maritimes et aériens, relayés par les réseaux terrestres. Les réseaux Internet ont révolutionné la diffusion des flux d'informations. Les réseaux favorisent les pays de la Triade et les pays émergents.
Les voies et les façades maritimes
La majorité des échanges de marchandises se font par voie maritime : les façades maritimes sont les interfaces majeures de la mondialisation. Près de 85 % du commerce de marchandises est aujourd'hui réalisé par voie maritime.
Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, le trafic maritime mondial a connu une forte croissance. La croissance des flux est permise par la construction de navires de plus en plus volumineux.
L'intensification des échanges maritimes a contribué à la hiérarchisation des ports de commerce, avec une domination de plus en plus forte des ports d'Asie et de trois grandes façades maritimes, celle d'Amérique du Nord, la Northern Range en Europe et la façade Asie-Pacifique.
Le réseau des transports aériens
Le transport aérien concerne surtout les flux de personnes. Le transport aérien de marchandises représente plus du tiers du commerce mondial.
© Conseil international des aéroports
Le transport aérien de passagers a explosé depuis les années 1990. Tous les continents ont vu leur nombre de passagers augmenter. La croissance la plus forte est observable en Asie, qui est concernée par plus de 32 % du trafic mondial. La croissance du trafic aérien est liée :
- à la croissance économique qui favorise la consommation et les déplacements touristiques ;
- à l'ouverture du transport aérien à de nouvelles compagnies, notamment les compagnies low cost, qui pratiquent des politiques tarifaires accessibles à un plus grand nombre de clients.
En 2019, on dénombre plus de 4,5 milliards de passagers ayant pris l'avion, contre environ 1 milliard en 1990.
Le transport des marchandises par avion représente 30 % des échanges mondiaux.
Les flux aériens sont polarisés par les métropoles mondiales, où sont créés des hubs. Les principaux hubs se situent dans les aires de puissance de la Triade et dans les pays émergents.
Les réseaux Internet
La multiplication des câbles et les progrès technologiques mettent en réseau la moitié de la population mondiale. Ils permettent des flux de plus en plus rapides et volumineux.
Les câbles sous-marins constituent un réseau long d'environ 900 000 kilomètres. Ces câbles relient la plupart des pays de la planète. Certains pays ne sont connectés que par un seul câble.
La construction de ce réseau est de plus en plus assurée par les grandes compagnies des pays de la Triade : Alphabet (Google), Apple, Microsoft, Facebook, ou Amazon.
Les tensions liées à la mondialisation et leurs conséquences
La mondialisation génère des tensions entre les différents pays, autour du contrôle des ressources, des territoires et du commerce. Cela conduit de plus en plus de pays à fermer leurs frontières.
Les tensions liées à la mondialisation
La mondialisation met ses acteurs en concurrence, non seulement pour la conquête des marchés, mais aussi pour le contrôle des ressources et des lieux stratégiques du commerce mondial. Certains États se livrent de véritables guerres commerciales, qui ont de fortes répercussions géopolitiques.
Les rivalités pour le contrôle des ressources et des territoires
La répartition des ressources sur l'ensemble de la planète est très inégale. Du fait de la mondialisation et de la forte croissance économique, les ressources énergétiques et minières sont de plus en plus recherchées. Les rivalités pour le contrôle de ressources minières donnent lieu à plusieurs types de conflits. Certains territoires (détroits, cols, etc.) constituent ainsi des enjeux stratégiques entre deux ou plusieurs puissances politiques qui souhaitent en prendre ou en conserver le contrôle.
Les tensions entre les États pour le contrôle des ressources énergétiques et minières sont principalement liées à la délimitation inachevée ou contestée des ZEE. La raréfaction de certaines ressources naturelles incite de plus en plus d'États côtiers à revendiquer une extension de leurs droits exclusifs. Les prospections réalisées dans les grands fonds marins grâce aux innovations technologiques et scientifiques permettent d'envisager la découverte de ressources énergétiques importantes, ce qui conduit des États à vouloir renforcer leur souveraineté sur des espaces maritimes de plus en plus éloignés de leurs côtes.
Les puissances mondiales cherchent à contrôler les détroits, qui sont des points de passage obligés sur le trajet des routes maritimes.
Le détroit d'Ormuz est un point de passage stratégique pour le commerce mondial de pétrole sur la voie de navigation qui relie les producteurs d'hydrocarbures du Moyen-Orient aux marchés d'Asie, d'Europe et d'Amérique du Nord. Si ses eaux sont partagées entre l'Iran et Oman, des couloirs de navigation internationaux permettent à tous les navires de bénéficier du droit de passage. Pourtant, l'Iran a menacé à plusieurs reprises de bloquer le détroit en cas d'action militaire américaine dans la zone.
La guerre commerciale entre les puissances économiques
Les grandes puissances économiques rivalisent pour la conquête des marchés. Elles défendent la mise en place de règles commerciales qui leur soient favorables. Ces rivalités économiques ont des répercussions géopolitiques majeures. La principale guerre commerciale actuelle oppose les deux grandes puissances économiques que sont les États-Unis et la Chine.
La Chine et les États-Unis sont deux partenaires commerciaux qui s'opposent sur les termes de leurs échanges. Les États-Unis reprochent au gouvernement chinois de ne pas respecter les principes du libre-échange en subventionnant des entreprises d'État pour qu'elles soient plus compétitives sur les marchés mondiaux face à leurs concurrentes américaines. L'utilisation par la Chine de transfert de technologies mises au point par la recherche-développement financée aux États-Unis est également un sujet de discorde.
Une volonté nouvelle de fermeture des frontières
Face à la mondialisation, de nombreux États choisissent aujourd'hui de limiter l'ouverture de leurs frontières pour contrôler les flux économiques et les migrations de populations. Cette volonté de fermeture se caractérise par des droits de douane et la construction de barrières et de murs.
Les droits de douane
Pour atténuer les effets de la mondialisation, des États mettent en œuvre des actions pour sa régulation en limitant la libéralisation des échanges. Le rétablissement de droits de douane est utilisé par certains gouvernements pour réaffirmer leur souveraineté sur leur marché intérieur. Actuellement, les droits de douane imposés par les États-Unis et la Chine déséquilibrent le commerce mondial.
La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine concerne les droits de douane. Ainsi, dès mars 2018, les États-Unis ont imposé de nouveaux droits de douane sur les importations de produits venus de Chine : des matières premières (acier, aluminium), des produits agricoles, des denrées alimentaires, des articles de sport, de l'ameublement, des produits électroniques.
La Chine a rétorqué par des droits de douane sur des produits américains : des produits agricoles (soja, fruits, porc), manufacturés (automobiles, électronique), des matières premières (pétrole).
Ces droits de douane ont des répercussions sur l'ensemble du commerce mondial et déséquilibrent les cours des produits échangés à l'échelle du monde entier.
Les droits de douane imposés par la Chine sur le soja ont eu des répercussions sur les ventes du Brésil, autre grand producteur de soja dont les cours ont fortement augmenté. L'Union européenne a privilégié le soja américain qui est devenu beaucoup moins cher. Finalement, la Chine a donc favorisé le commerce de soja étatsunien.
La construction de barrières et de murs
Pour protéger leur espace national, de plus en plus de pays construisent des barrières et des murs au niveau de leurs frontières. Le nombre de murs et de clôtures aux frontières a été fortement multiplié un peu partout sur la planète.
Les murs ou les clôtures s'étendent sur 6 % à 18 % des 250 000 kilomètres de frontières terrestres dans le monde.
Si leur nombre exact varie selon les estimations, les clôtures et les murs érigés par des États à leurs frontières se sont multipliés. Les États qui construisent ces barrières expriment leur volonté de renforcer leur souveraineté sur leur territoire. Ils estiment que la défense de leur sécurité et de leurs intérêts implique une surveillance accrue des migrants désireux de franchir leurs frontières.
Aux États-Unis, le gouvernement Trump souhaite construire à la frontière mexicaine un mur de plus de 3 000 kilomètres de long.
L'Europe est particulièrement concernée par la multiplication des murs et des barrières frontalières :
- Dès 2012, la Grèce construit un mur de barbelés à sa frontière avec la Turquie.
- En 2014, la Bulgarie fait de même.
- En 2015, la Hongrie construit une clôture à la frontière avec la Serbie et avec la Croatie.
Aujourd'hui, l'Autriche, la Slovénie et la Norvège construisent également des barrières ou des murs à leurs frontières.
Cette barrière est installée par la Hongrie à sa frontière avec la Serbie.
© Wikimedia Commons
Une mondialisation difficile à réguler
Pour réguler la mondialisation et limiter ses effets négatifs, des initiatives comme le multilatéralisme et le régionalisme sont prises. Mais ces mesures ne peuvent pas fonctionner car les États continuent de défendre leurs propres intérêts.
Des tentatives de régulation par le multilatéralisme
Le principe du multilatéralisme est l'établissement de règles et de normes communes, élaborées par un ensemble de pays. Ces règles s'appliquent à tous et doivent permettre d'établir une régulation des relations entre les États. Le multilatéralisme se développe grâce à diverses organisations.
Les organisations internationales
Le multilatéralisme se développe dans des organisations internationales. Ces organisations essaient de mettre en place une gouvernance multilatérale entre tous les pays. L'Organisation mondiale du commerce (OMC) a pour but de régler les problèmes liés au commerce. Mais les États membres défendent avant tout leurs propres intérêts.
Le multilatéralisme se concrétise dans le cadre d'institutions internationales, comme l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ou l'Organisation des Nations unies (ONU). Ces organisations réunissent des représentants de chaque État. L'OMC a pour rôle de régler les problèmes liés au commerce. Depuis sa création, environ 600 plaintes ont été déposées pour différends commerciaux. Près d'un tiers ont été formulées à l'encontre des États-Unis, une centaine à l'encontre de l'Union européenne, et plusieurs à l'encontre de la Chine. Si de nombreux conflits sont résolus à l'amiable entre les États, d'autres demeurent plus compliqués à démêler.
Les États-Unis et l'Union européenne se sont affrontés lors de la rivalité entre les compagnies Boeing et Airbus dans les années 1990. Les deux ensembles de pays ont porté plainte auprès de l'OMC pour non-respect d'un accord signé en 1992. Cet accord prévoyait l'encadrement des subventions publiques reçues par les deux compagnies.
L'OMC peine à atteindre ses objectifs de régulation car les États ont souvent comme premier objectif l'instauration de règles qui leur profitent. Les Firmes transnationales, très puissantes, et particulièrement celles des pays de la Triade, élaborent des stratégies commerciales pour échapper aux règles mises en place.
Des organisations avec un nombre limité d'États
La régulation de la mondialisation s'opère également dans le cadre d'organisations qui regroupent un nombre limité d'États. Ces États souhaitent renforcer leur coopération et protéger leurs intérêts particuliers. Parmi ces organisations, les plus importantes sont le G8, le G20, et le G77. Le G8 et le G20 ne permettent pas de réguler les injustices liées à la mondialisation, puisqu'elles unissent les pays les plus puissants.
Le G8 est créé en 1974 par 5 premiers États : la France, les États-Unis, le Japon, le Royaume-Uni et la RFA. Ces pays s'unissent pour développer leur coopération face à la crise générée par le choc pétrolier. Ils sont ensuite rejoints par l'Italie puis le Canada et la Russie (suspendue depuis 2014 suite à l'intervention de l'armée russe en Crimée). Ce G8 est le groupe économique le plus puissant du monde.
Le G8 concentre les deux tiers des richesses mondiales et réalise les deux tiers du commerce international.
Le G20 est créé en 1999 suite aux crises financières des années 1990. La volonté initiale est de faciliter la coopération entre les pays industrialisés les plus puissants et les pays émergents. Seule l'Afrique du Sud y représente le continent africain. Le G20 comme le G8 ne visent donc guère la régulation de la mondialisation par la réduction des inégalités à l'échelle de la planète.
Les pays membres du G20 concentrent 85 % du PIB mondial.
Le G77 est un groupe réuni pour la première fois en 1964. Il est composé de pays en développement parmi lesquels certains sont devenus des puissances émergentes (Chine, Inde, Brésil, etc.). C'est le groupe le plus actif dans la lutte contre les inégalités Nord-Sud, et plus récemment contre la dégradation de l'environnement et le réchauffement climatique.
Des tentatives de régulation par le régionalisme
Dans leur volonté de faire face aux défis de la mondialisation, les États tentent de se renforcer dans le cadre d'organisations régionales. Des accords régionaux existent ainsi entre les pays européens, entre des pays d'Amérique latine, entre des pays d'Asie et entre des pays d'Afrique.
L'Union européenne
L'Union européenne apparaît comme le projet régional le plus avancé et le plus institutionnalisé. Initiée pour préserver la paix en Europe par la coopération économique, l'Union européenne est un projet qui vise d'abord la multiplication des flux entre les États européens. Elle se préoccupe aujourd'hui davantage de réduire les inégalités entre les États membres. Elle est confrontée à de nombreuses difficultés.
Les pays d'Europe de l'Ouest ont bénéficié de la croissance économique durant les Trente Glorieuses. Ceux d'Europe de l'Est, placés sous contrôle de l'URSS pendant la guerre froide, ont pris beaucoup de retard. Les aides versées par l'Union européenne dans le cadre de sa politique de cohésion ne comblent que lentement et partiellement ces difficultés.
Depuis leur intégration à l'Union européenne dans les années 1980, les pays du Sud de l'Union européenne voient leur agriculture et leurs industries se moderniser, et leur activité touristique se développer. Toutefois, leur dynamisme économique reste en deçà de celui de la plupart des pays l'Ouest et ne comble pas des disparités inter-régionales persistantes.
Les côtes méditerranéennes espagnoles, les régions littorales portugaises, italiennes, le Péloponnèse et les îles grecques sont des régions où le tourisme a permis un renouveau économique. À l'inverse, le centre et le Nord du Portugal, le Sud de l'Espagne et de l'Italie, la Grèce centrale et la Grèce du Nord restent très en retard, malgré les aides versées dans le cadre de la politique européenne de cohésion.
Des accords régionaux économiques en Amérique latine
Des accords régionaux économiques existent en Amérique latine : le MERCOSUR, l'UNASUR ou encore l'ALBA. Ces accords ont comme première ambition de faire face à l'hégémonie américaine. Les ambitions sont économiques mais aussi culturelles, géopolitiques. Il s'agit pour les pays membres de promouvoir leur croissance économique et leur développement.
Le MERCOSUR est une communauté économique qui regroupe plusieurs pays de l'Amérique du Sud.
L'UNASUR est créée avec la volonté de constituer une organisation dotée d'institutions politiques, sur le modèle de l'Union européenne.
L'ALBA est une alliance créée en 2004, à l'initiative du président du Venezuela. Elle rassemble les États d'Amérique latine et des Caraïbes et favorise les échanges commerciaux et la coopération politique et culturelle. L'ALBA a pour ambition de faire face aux États-Unis.
Des accords régionaux économiques en Asie
Plusieurs organisations de coopération existent en Asie. La principale est l'ASEAN, Association des Nations de l'Asie du Sud-Est.
© Wikimedia Commons
L'ASEAN est née en 1967 à l'initiative de cinq pays d'Asie du Sud-Est : l'Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour et la Thaïlande. Elle s'est élargie durant les années 1980-1990 et regroupe 10 pays depuis 1999. En 1992, les pays fondateurs instaurent une zone de libre-échange en supprimant les droits de douane pour favoriser leurs relations commerciales. Les pays de l'ASEAN ont ensuite conclu des accords avec la Chine, le Japon ou la Corée pour améliorer leur intégration à la mondialisation.
Le PIB total des membres actuels de l'ASEAN atteint 3 000 milliards de dollars en 2019, ce qui en fait la cinquième puissance économique mondiale.
Si les réussites économiques sont certaines, elles sont aussi déséquilibrées puisque les écarts de richesses entre les pays membres sont importants.
Le revenu moyen de l'ASEAN est d'environ 4 600 $/hab./an.
Des accords régionaux économiques en Afrique
Des accords régionaux économiques existent également en Afrique. Ainsi, en 2019, une cinquantaine d'États officialisent la création de la Zone de libre-échange continentale en Afrique (ZLEC). L'objectif est d'améliorer l'industrialisation et l'intégration de l'Afrique à la mondialisation. Ces organisations connaissent de nombreux obstacles.
L'entrée en vigueur de cette nouvelle Zone de libre-échange continentale en Afrique (ZLEC) date de 2019. Elle réunit une cinquantaine de pays membres et doit constituer un marché commun favorisé par la réduction des taxes douanières et la libre circulation des investissements et des travailleurs. Le but est d'accélérer le processus de croissance économique et l'intégration à la mondialisation.
Les accords qui existent entre les pays de l'Afrique sont confrontés à de nombreux obstacles :
- des accords entre certains États africains avec les pays de l'Union européenne ou avec la Chine ;
- la mauvaise qualité des infrastructures de transport ;
- la très grande hétérogénéité des économies africaines ;
- les inégalités de retard de leur développement (des pays sont émergents, nombreux sont des PMA).