Sommaire
IAvec autrui : familles, amis, réseaux (5e)ALa littérature et les liens à autruiBAutrui et l'écriture de sa propre vie1L'autobiographie2Le roman autobiographiqueCAutrui dans les relations familialesDAutrui en société entre amitié et conflitIIIndividus et société (4e)ALa dimension morale de la littératureBLe conflit et les différents sujets de confrontationCLe personnage comme porteur de valeurs1Le héros2L'anti-hérosIIIDénoncer les travers de la société (3e)ALa satire1La dimension morale2La dimension socialeBLes genres littéraires de la satireCLes formes littéraires de la satireAvec autrui : familles, amis, réseaux (5e)
La littérature et les liens à autrui
La littérature, comme le roman et le théâtre, explore le rapport à autrui, c'est-à-dire nos relations avec les autres. Ces histoires nous aident à réfléchir à nos propres expériences et à mieux nous comprendre.
On y découvre trois types de relations :
- Autrui comme soi-même : on se reconnaît parfois dans les personnages, comme si leur histoire était la nôtre.
- Autrui en famille : les liens familiaux, entre amour et conflits, sont souvent au cœur des récits.
- Autrui dans la société : amitiés, entraide ou rivalités reflètent nos relations avec les autres dans le monde qui nous entoure.
En lisant, on apprend à réfléchir sur soi et à évoluer, tout comme les personnages.
Les nouvelles technologies et les réseaux sociaux transforment les relations sociales, rendant le lien à autrui plus complexe. Ces liens peuvent exister uniquement en ligne, sans rencontre physique, et se créer ou se briser facilement. La littérature reflète cette évolution, en montrant la complexité et parfois la violence de ces nouvelles interactions.
Dans le roman Elle a menti pour les ailes paru en 2020, Francesca Serra raconte l'histoire d'une jeune fille qui entre au lycée et cherche à intégrer le groupe des jeunes les plus populaires. L'auteure s'intéresse particulièrement à l'utilisation de plus en plus importante des réseaux sociaux chez les jeunes, et particulièrement Instagram et Snapchat.
Autrui et l'écriture de sa propre vie
Généralement, l'auteur relate sa vie de l'enfance jusqu'à l'âge adulte. Ce processus d'écriture permet de montrer comment il a construit son rapport avec l'autre.
L'autobiographie
Dans l'autobiographie, en restituant son histoire, l'auteur raconte sa propre vie en cherchant à être sincère et juste dans sa restitution.
Il écrit à la première personne et auteur, narrateur, et personnage sont la même personne. En évoquant ses souvenirs, il mêle deux points de vue : celui de l'enfant qu'il était et celui de l'adulte qu'il est devenu, montrant comment ses relations avec autrui l'ont aidé à se construire.
Dans Enfance (1983), Nathalie Sarraute raconte ses souvenirs d'enfance, les moments vécus avec sa mère, ceux vécus avec son père ; les deux lui ayant permis de se construire et de grandir.
Le roman autobiographique
Le roman autobiographique explore aussi la relation avec autrui, en mêlant réalité et fiction. Contrairement à l'autobiographie, l'auteur, le narrateur et le personnage sont distincts.
À travers la fiction, l'auteur revisite des événements de son enfance pour comprendre ses relations, apaiser des souffrances ou partager des moments de joie.
Jules Renard raconte sa propre enfance dans son roman autobiographique, Poil de Carotte (1894). Son héros, Poil de Carotte, incarne les douleurs et malheurs de son enfance.
Autrui dans les relations familiales
La famille est le premier groupe que l'enfant rencontre et auquel il se confronte pour faire l'expérience de son rapport aux autres et pour construire sa personnalité.
La littérature explore ces éléments de construction à l'autre, avec l'autre, par l'autre.
La mère incarne plusieurs émotions :
Un repère d'amour : elle aime, apaise, console, nourrit, donne de la tendresse. | Sido, Colette (1930) |
La perte par la mort : sa disparition cause une très grande souffrance ; les mots parviennent à maintenir la mémoire de la mère. | Le Livre de ma mère, Albert Cohen (1954) |
L'incarnation de la souffrance et de la maltraitance | Vipère au poing (1948), Hervé Bazin |
Le père est l'incarnation de l'autorité : il décide de l'avenir de ses enfants et de leur mariage.
Les Fourberies de Scapin (1671), Molière
Les liens fraternels traduisent souvent une bonne entente : la complicité et le soutien règnent entre eux.
Cléante et Élise dans L'Avare (1668), Molière
Parfois, l'enfant a besoin de se séparer de sa famille, de se détacher d'elle pour s'éloigner des rapports conflictuels et pour évoluer seul, pour gagner en autonomie.
Dans La Place (1983), Annie Ernaux évoque les relations tendues avec son père qui n'accepte pas que sa fille fasse des études. Elle maintient son choix pour s'émanciper.
Autrui en société entre amitié et conflit
La littérature met en scène de nombreuses amitiés car c'est ce qui permet de s'émanciper, de se sentir accepté, d'avoir un premier contact fort en dehors de la famille.
L'amitié aide l'individu à se former, à grandir, à appréhender le monde, à surmonter des épreuves, à vivre des grands moments de joie. C'est un lien basé sur la complicité, le soutien et l'admiration.
Dans Mémoires d'une jeune fille rangée (1958), Simone de Beauvoir montre notamment comment son amitié avec Elizabeth Mabille fut importante et décisive pour la construction de sa propre personnalité.
Le rapport à autrui peut aussi être marqué par l'exclusion et le rejet en raison de différences sociales, familiales ou financières. La littérature dépeint des héros marginalisés, rejetés par la société ou qui se définissent en opposition au groupe.
Dans Les Mots (1964), Jean-Paul Sartre raconte comment, enfant, il était différent des autres jeunes de son âge et comment il se retrouvait exclu des jeux.
Individus et société (4e)
La dimension morale de la littérature
Individu
L'individu est une personne unique, avec ses particularités physiques, intellectuelles, son caractère, ses pensées et ses idées. Dans la littérature, l'individu est souvent représenté par un personnage auquel le lecteur peut facilement s'identifier.
Société
La société regroupe plusieurs individus qui vivent ensemble selon des règles et des devoirs communs. Elle repose sur des rapports durables et organisés, qui régissent les relations entre les personnes.
Confrontation
La confrontation est un affrontement verbal ou physique pour défendre ses idées, ses valeurs et ses pensées. En littérature, notamment dans le roman et le théâtre, les conflits et les confrontations sont essentiels, permettant au lecteur de réfléchir et de prendre position sur les idées exprimées.
Le conflit et les différents sujets de confrontation
Dans la littérature, certains personnages s'opposent pour dénoncer et critiquer les injustices, les inégalités sociales, et les différences entre les riches et les pauvres. Ces confrontations permettent de mettre en lumière les tensions et les luttes sociales, incitant ainsi à la réflexion sur ces problématiques.
Dans Germinal (1885), Émile Zola décrit le milieu misérable des mineurs et leurs conditions de travail.
Les auteurs peuvent aussi dénoncer, critiquer, montrer des injustices qui touchent l'intégrité humaine et la liberté individuelle comme la peine de mort, le travail des enfants, l'esclavage, les différences hommes/femmes, l'éducation, la religion, etc.
Ils le font en créant des situations que le lecteur va considérer comme absurdes quand il en sera témoin.
Jean Valjean, le héros dans Les Misérables (1862) de Victor Hugo, passe dix-neuf ans au bagne pour avoir volé un seul morceau de pain.
Dans Pot-Bouille (1882), Émile Zola dénonce le plan d'éducation de la famille Vuillaume qui retient à l'écart de la société leur fille, Marie.
Le conflit avec le débat d'idées permet très souvent de faire avancer l'action et s'impose comme un moment essentiel de l'intrigue.
Dans la pièce de Pierre Corneille, Le Cid (1637), la gifle que reçoit le père de Don Rodrigue crée une véritable tension et transforme le destin des personnages. Corneille donne à voir le conflit de Don Rodrigue partagé entre ses valeurs personnelles et intimes, l'amour éprouvé pour Chimène, et les valeurs familiales et l'honneur, celui de venger son père.
Le personnage comme porteur de valeurs
Le personnage, dans le roman ou dans une pièce de théâtre, est celui qui incarne les différentes valeurs de la société.
Le héros
Le personnage de roman ou de théâtre accepte les valeurs défendues par la société, les respecte, les suit, les soutient en faisant preuve d'obéissance, d'acceptation, d'intégration, d'assimilation, de partage. Le personnage devient alors un héros.
Dans Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre, Albert Maillard et Édouard Péricourt servent courageusement la France durant la Première Guerre mondiale et deviennent des héros.
Dans la pièce de Pierre Corneille, Don Rodrigue devient héros et prend le nom « Le Cid » quand il combat victorieusement les Maures.
L'anti-héros
Le personnage de roman ou de théâtre n'accepte pas les valeurs défendues par la société, ne les respecte pas, ne les suit pas, ne les soutient pas. Il fait donc preuve de désobéissance, de refus, d'opposition. Il s'insurge conte la société de son temps et agit en dehors des règles sociales. Le personnage devient alors un anti-héros.
Dans Thérèse Desqueyroux de François Mauriac, le personnage principal est une anti-héroïne. En effet, elle refuse d'aimer le mari qu'on lui a imposé et elle tente même de le tuer.
Dans la pièce Phèdre de Jean Racine, Phèdre refuse les valeurs morales : elle aime son beau-fils, Hippolyte. C'est un amour interdit qui la conduit au suicide.
Dénoncer les travers de la société (3e)
La satire
Satire
La satire est une œuvre dans laquelle un auteur critique, dénonce les mœurs de ses contemporains, des défauts humains avec humour et légèreté pour dénoncer et pour corriger les travers de la société et des hommes. Elle amplifie souvent les défauts pour les tourner en ridicule, en utilisant des procédés comme la caricature, l'exagération et les oppositions, et se retrouve dans des genres variés comme le roman, la poésie ou les médias.
La dimension morale
La satire a une dimension morale quand elle dénonce les défauts des hommes comme l'avarice, la bêtise, la cupidité, l'hypocrisie, l'égoïsme, la jalousie, la cruauté.
Juvénal est un poète satirique latin de la fin du Ier siècle après Jésus-Christ. Il est reconnu pour être le créateur de la satire. Il critique Rome à son époque où il dénonce la foule et son impossibilité à marcher dans la rue sans être gêné ou sans recevoir de coups.
La dimension sociale
La satire a une dimension sociale quand elle dénonce les travers de la société comme les injustices et les inégalités entre pauvres et riches, entre femmes et hommes, le racisme, l'homophobie, l'antisémitisme, l'intolérance religieuse, l'esclavage, la guerre.
Dans le Dictionnaire philosophique (1764), Voltaire fait notamment la satire de la guerre, il la dénonce car il la considère comme une absurdité.
Les genres littéraires de la satire
La satire est présente dans tous les genres littéraires :
- le genre narratif ;
- le genre dramatique (théâtral) ;
- le genre poétique ;
- le genre argumentatif.
Dans Les Illusions perdues (1837-1843), Honoré de Balzac propose une satire de son personnage, Lucien de Rubempré, en en faisant un portrait dépréciatif : il dénonce sa volonté de paraître dans la société parisienne et son besoin frénétique d'acheter des vêtements appropriés.
Dans Le Bourgeois gentilhomme (1670), Molière fait la satire de son personnage, Monsieur Jourdain, en tournant en dérision sa tentative échouée d'acquérir les bonnes manières et les mœurs raffinées de la noblesse.
Dans Les Châtiments (1853), Victor Hugo, profondément hostile à Napoléon III, fait la satire de ce dernier en le rapprochant d'un animal, le singe.
Les formes littéraires de la satire
La satire apparaît dans différentes formes littéraires :
- la fable ;
- le conte philosophique (il reprend les éléments du conte traditionnel en ajoutant une visée plus morale et critique portant généralement sur la conduite du personnage principal) ;
- le pamphlet (c'est un écrit bref et virulent qui critique violemment quelque chose ou quelqu'un) ;
- la maxime (c'est généralement une phrase courte qui donne une règle de conduite morale).
Dans Jeannot et Colin (1764), conte philosophique, Voltaire fait la satire des nouveaux riches ou parvenus qui écrasent de leur prétention leurs anciens amis, ici Colin.
Dans son pamphlet Lettre d'un singe aux êtres de son espèce (1781), Nicolas Restif de la Bretonne fait la satire de la société humaine en critiquant les inégalités sociales par le biais d'un singe apprivoisé qui se nomme César-singe.
Dans ses Maximes (1664), La Rochefoucauld fait la satire d'un trait de caractère d'une personne en soulignant son égoïsme : elle n'écoute qu'elle et ne prête pas d'attention aux propos des autres.
La satire est également présente dans les médias (presse écrite, radio, télévision, Internet) sous différentes formes comme l'article, le dessin de presse, la chronique.
La presse revendique la liberté d'expression et utilise l'article pour partager ses idées, pour informer mais également pour critiquer, pour dénoncer par le biais de la satire. La presse satirique observe de près l'actualité. Elle cherche à faire connaître et à dénoncer les différents scandales qui existent dans le monde du pouvoir politique, économique, social.