Chacun des textes suivants appartient-il au registre merveilleux ou au registre fantastique ?
Donc je faisais semblant d'écrire, pour le tromper, car il m'épiait lui aussi ; et soudain, je sentis, je fus certain qu'il lisait par-dessus mon épaule, qu'il était là, frôlant mon oreille.
Je me dressai, les mains tendues, en me tournant si vite que je faillis tomber. Eh bien ?…on y voyait comme en plein jour, et je ne me vis pas dans ma glace ! Elle était vide, claire, profonde, pleine de lumière ! Mon image n'était pas dedans… et j'étais en face, moi !
(Guy de Maupassant, "Le Horla")
Il frappa à la porte. "Petit cochon, gentil petit cochon, je peux entrer?"
"Non, Non! Par le poil de mon menton !"
"Alors, je vais souffler et ta maison s'envolera !" Le loup gonfla ses joues, souffla, souffla de toutes ses forces, et la maison de paille s'envola.
"Au secours!" cria le premier petit cochon en courant vers la maison de bois de son frère.
À peine celui-ci eut-il refermé la porte que le loup frappa.
"Petits cochons, gentils petits cochons, je peux entrer?"
"Non, non! Par le poil de nos mentons!" répondirent les deux frères.
Alors, je vais souffler, souffler, et votre maison s'envolera ! Le loup se gonfla les joues, souffla, souffla de toutes ses forces, et la maison de bois s'envola.
(Les Trois Petits Cochons)
Il était une fois une vieille femme qui avait sept garçons et une fille unique, qu'on appelait "Warda". Ses frères l'adoraient et elle aussi les aimait beaucoup. Elle était si belle avec une longue chevelure dorée et ses joues roses qu'elle provoqua une immense jalousie chez ses belles-sœurs.
Un jour, elles décidèrent de se débarrasser de cette adorable créature. Elles demandèrent conseil à une vieille sorcière qui leur rendait souvent visite. Elle réfléchit longtemps, puis trouva une solution diabolique « Laissez-moi faire, dit-elle, dans quelques jours, vous n'entendrez plus parler d'elle ». Elle revint le lendemain avec un œuf de serpent ; quand elle se trouva avec toutes les belles-sœurs et Warda, elle dit : "Que celle qui aime beaucoup ses frères avale cet œuf d'un seul coup". Alors Warda arrache l'œuf de la main de la sorcière et l'avale sans hésiter.
Après quelques semaines, le ventre de Warda se mit à gonfler (le serpent commençait à s'y développer). Ce fut le désastre. Les sept frères remarquèrent le ventre de leur sœur. Ils se demandaient comment une chose horrible pouvait arriver à leur sœur qui ne sortait jamais et qui était très gentille.
(Warda)
J'étais arrivé au deuxième étage quand j'eus l'idée de regarder ma main, avec une singulière insistance qui allait jusqu'au malaise. Elle était accrochée à la rampe de l'escalier et, malgré moi, je pensais qu'on aurait pu croire à quelque gros mollusque fait pour sucer le bois des vieilles demeures en bavant lentement sa volonté d'arriver au terme. Un peu effrayé, je retirai mon bras de la rampe. Elle continua de ramper, un peu plus rapide toutefois, comme allégée d'un poids inutile. Elle arriva au cinquième, contre le mur, et là, immobile, elle m'attendait.
(Jacques Sternbern, "La Rampe", Contes glacés)
Ils reprirent leur marche, s'enfonçant toujours plus avant dans la forêt. À midi, ils virent un joli oiseau sur une branche, blanc comme neige. Il chantait si bien que les enfants s'arrêtèrent pour l'écouter. Quand il eut fini, il déploya ses ailes et vola devant eux. Ils le suivirent jusqu'à une petite maison sur le toit de laquelle le bel oiseau blanc se percha. Quand ils s'en approchèrent, ils virent qu'elle était faite de pain et recouverte de gâteaux. Les fenêtres étaient en sucre. "Nous allons nous régaler, dit Hansel, et faire un repas béni de Dieu. Je vais manger un morceau du toit ; il a l'air d'être bon !"
Hansel grimpa sur le toit et en arracha une petite portion, pour goûter.
(Jacob et Wilhelm Grimm, Hansel et Gretel)